Article
Le concept de bricolage élaboré par Claude Lévi-Strauss a très tôt retenu l’attention critique des philosophes. Paul Ricœur, d’abord, Jacques Derrida, ensuite, ont questionné sous l’angle conceptuel la métaphore du bricolage avancée par Lévi-Strauss au premier chapitre de La Pensée sauvage, en 1962. J’articulerai les notions anthropologiques de bricolage et de branchement. Leur enchaînement n’a rien d’arbitraire. Il permettra de mettre en lumière la pertinence qu’ainsi relancé le concept élaboré par Lévi-Strauss conserve au sein de l’anthropologie contemporaine. La notion de bricolage n’a pas perdu de son actualité en anthropologie. Pour ma part, j’interrogerai ici la notion de bricolage sur sa pertinence pour une anthropologie des changements sociaux, et très précisément sur sa capacité à rendre compte de l’innovation sociale.
Le débat de 1963 entre Ricœur et Lévi-Strauss, suscité par la publication de La Pensée sauvage, tournait autour du clivage entre sociétés occidentales et sociétés non occidentales, entre l’historicité intrinsèque des premières et l’anhistoricité supposée des secondes. A la tradition biblique (ou encore exégétique), dans laquelle nous baignons et qui nous constitue, s’appliquerait, selon Ricœur, une herméneutique compréhensive. L’éloignement des secondes rendrait cette démarche inopérante. Dans un article intitulé « Structure et herméneutique », Ricœur opposait à la réactivation herméneutique du sens la démarche objectivante du structuralisme, occupée de « séparer de l’équation personnelle du chercheur la structure d’une institution, d’un mythe, d’un rit…
Plan
Auteur
Cité par
- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/02/2014
- https://doi.org/10.3917/ltm.656.0083
![Chargement](./static/images/loading.gif)
Veuillez patienter...