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Il ne semble pas que la note de M. Löwith apporte aucun élément susceptible de modifier l’opinion de ceux qui connaissent les deux articles en cause. J’espère donc que les lecteurs de cette revue voudront bien me pardonner mon insistance, si je saisis cette occasion de préciser un point de vue qui, apparemment, n’a pas été compris de L.
L. se trompe s’il croit que j’entends présenter la défense de M. Heidegger. Je répète que la personne de ce dernier n’importe aucunement à mon propos et que le seul objet de l’article incriminé était d’examiner s’il existe une dépendance ou une compatibilité idéelles entre la philosophie de Sein und Zeit et l’adhésion au fascisme. Il n’est donc pas pertinent de m’opposer les déclarations ou les actes de Heidegger, à moins de prouver qu’ils sont dans la ligne de sa doctrine ; et il ne l’est pas davantage de constater l’apparition, dans les proclamations politiques ou les propos privés de l’homme, de certaines expressions familières à sa doctrine, si du moins on s’abstient de montrer qu’elles y ont conservé le sens que les œuvres philosophiques définissaient comme authentique. Il n’est pas contestable ni contesté que Heidegger a tenté une application politique de sa philosophie, mais le seul problème qui se pose (pour nous tout au moins) est de savoir si cette application est légitime.
L’article incriminé répond longuement à cette question. Il expose pourquoi, selon nous, on ne peut déduire une politique déterminée d’une philosophie, bien que certaines politiques, en raison de la nature des rapports interhumains qu’elles mettent en œuvre, doivent être absolument condamnées au nom de certaines philosophies…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/03/2014
- https://doi.org/10.3917/ltm.650.0042
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