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A quel titre et en quel sens peut-on dire que l’existentialisme sartrien constitue un développement éthique conséquent de l’ontologie phénoménologique de Heidegger ? L’apparence de simplicité et d’évidence de cette question est trompeuse : il ne suffit pas de répondre que Sartre, en déplaçant le centre de gravité de l’analytique de l’existence du Dasein vers la liberté, et en abandonnant le projet heideggérien de la « répétition expresse de la question de l’être », aurait élaboré pour son propre compte une éthique, si l’on entend par là une esquisse de « philosophie pratique » ou de philosophie morale.
S’il ne s’agissait que de cela, en effet, on pourrait à bon droit rétorquer que l’existentialisme est tout sauf un développement conséquent (entendons par là fidèle) de la pensée de Heidegger : celui-ci a très nettement marqué la neutralité axiologique de l’ouvrage de 1927, Sein und Zeit. Et à Beaufret qui lui avait demandé bien plus tard quels liens il convenait d’établir entre l’ontologie et une « éthique possible », Heidegger avait répondu, dans la Lettre sur l’humanisme, que sa pensée pouvait certes être envisagée comme « éthique originelle », mais à la condition de revenir au sens originel de e¯thos comme « séjour, lieu d’habitation » : l’éthique en ce sens étant alors la pensée du « séjour de l’homme » dans la vérité de l’Etre. Pensée du séjour de l’homme dans la vérité et non « éthique » au sens banal du terme. Cette pensée n’étant « ni théorique, ni pratique », se déployant « avant cette distinction », il n’était questio…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/03/2014
- https://doi.org/10.3917/ltm.650.0248
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