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Avons-nous jamais été aussi aveugles qu’aujourd’hui ? Nous vivons dans une période étrange, balançant entre deux mondes, qui se complaît dans la confusion tout en se refusant à regarder en face sa propre vérité historico-politique. C’est ainsi que, trop souvent, nos passions d’hier nous dictent nos jugements sur la situation d’aujourd’hui, postérieure au 11 septembre. Claude Lanzmann, le premier, dans un article du quotidien Le Monde titré « Les délires de la haine anti-israélienne », a stigmatisé cette manie compulsive de la réitération : « [...] plainte rôdée, théâtralisée, rejouée et remise en scène jour après jour depuis cinquante-quatre ans, se nourrissant chaque fois à neuf de ses enflures anciennes et de ses mensonges historiques. » Animé par ces anciennes passions, réactivant d’antédiluviennes litanies tiers-mondistes, un arc anti-américain s’est formé en France, qui étale son consensus de Jean-Marie Le Pen — lequel estime, après avoir posé que « la menace terroriste » trouve sa cause dans « la politique agressive des Etats-Unis », que « George Bush est pire qu’Hitler » — jusqu’à l’extrême gauche et aux altermondialistes, dont certains intellectuels, certains militants et certaines publications reprendraient avec envie à leur compte cette déclaration du chef de l’extrême droite. Dans ce climat de trouble intellectuel et politique, marqué par l’aveuglement volontaire, deux livres, plus lucides que la plupart des autres, font exception : J’ai vu finir le monde ancien, dont l’auteur est Alexandre Adler, e…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/10/2015
- https://doi.org/10.3917/ltm.622.0164
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