CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Dès la fin de la Grande Guerre, la véritable mise en scène, par le journaliste américain Thomas Lowell [1] puis par le capitaine Liddell Hart [2], de la personnalité fulgurante de T.E. Lawrence et de son action aux côtés de l’émir Fayçal pendant la révolte arabe tend à faire oublier le rôle et la place des contingents français déployés au Hedjaz à partir du deuxième semestre 1916. Après 1962, pour le grand public, dans le sillage des échecs européens lors des conflits de la décolonisation, la figure anglo-hollywoodienne de Peter O’Toole, portée à l’écran par David Lean, s’impose comme le modèle, l’archétype, l’idéal de la « petite guerre » dans le désert.

2Dans le même temps, le souvenir de la contribution active à ces opérations de la Mission militaire française du Hedjaz (M.M.F.H.) disparaît presque totalement des mémoires et son premier chef, le colonel Brémond, victime des soubresauts de l’histoire (et en particulier du revirement du gouvernement français sur la question de Cilicie en 1919-1920), n’est plus que très marginalement évoqué par quelques spécialistes. Les appréciations rapidement portées sur lui, au détour d’un paragraphe, s’inspirent dans une large mesure des quelques phrases écrites par Lawrence d’Arabie [3].

3Brémond a croisé T.E. Lawrence à plusieurs reprises à partir de l’automne 1916 [4]. Témoin et acteur des événements qui scandent l’histoire de la « Révolte arabe », il publie en particulier Le Hedjaz dans la guerre mondiale[5], pour réfuter nombre d’affirmations fantaisistes ou approximatives insérées dans ses souvenirs par l’auteur des Sept piliers de la sagesse[6].

Le colonel Brémond

4Fantassin issu de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, formé à l’école de Lyautey, Brémond n’a séjourné en France métropolitaine que quatre ans entre 1891 et 1921 [7], servant successivement en Algérie, au Sahara, sur les confins algéro-marocains et au Maroc occidental. Comme il l’écrit lui-même lorsqu’il prend, à nouveau, le commandement d’un régiment métropolitain en 1921, il totalise alors « 94 années de campagnes » [8]… Celui dont le général Paul Azan a pu dire qu’il « n’était pas l’islamisant de bureau, qui a étudié le Coran dans la traduction de Kasimirski, et imaginé, dans un fauteuil de cuir rembourré, les mesures à prendre pour assurer le bonheur des indigènes. C’était l’homme qui avait vécu au milieu d’eux, sous la tente, dans le bled » quitte le service actif à la fin des années 1920 et décède peu après la Seconde Guerre mondiale, après avoir publié de nombreux articles et plusieurs ouvrages de référence, sur la base de son expérience personnelle et de sa profonde connaissance du monde musulman.

5Une telle carrière [9] n’est pourtant pas, stricto sensu, exceptionnelle en cet âge d’or de l’expansion coloniale. Les responsabilités assumées et les postes occupés, par contre, la rendent plus originale et tout à fait intéressante : Brémond alterne commandements militaires et fonctions politiques dans des environnements particulièrement délicats. Il est d’abord engagé dans des opérations de pacification contre les tribus insoumises au titre du 19e corps d’armée d’Algérie-Tunisie ou du corps d’occupation du Maroc. Puis, sous les ordres de Lyautey, il est détaché auprès du sultan et participe à la création des premiers tabors de police marocains, commande la Mehalla chérifienne [10], prend en charge la police des ports et l’administration des villes de Rabat-Salé, sert comme officier des renseignements du service des Affaires indigènes pour la région de Meknès.

6Il a ainsi participé tour à tour à la répression de révoltes locales et au contrôle politique des tribus, dans ce qui est en train de devenir l’Afrique du Nord française, avant de participer à une guérilla dans une zone extérieure à l’influence de Paris. Passant d’un côté à l’autre du miroir, alternativement représentant de la légalité institutionnelle ou d’une forme de légitimité en lutte contre le pouvoir en place, « sa grande connaissance de l’élément indigène et de la langue arabe, sa longue expérience, sa fermeté de caractère et son jugement » [11] donnent à ses écrits une tonalité particulière.

Conditions de création et d’engagement de la mission militaire française

7Désigné en août 1916 [12], le lieutenant-colonel Brémond est promu colonel quelques mois plus tard. L’appréciation portée sur le mémoire de proposition pour l’avancement le concernant résume les responsabilités qui ont été les siennes depuis plusieurs mois et témoigne de la haute estime en laquelle ses chefs le tiennent : « Sa connaissance des questions islamiques et son expérience des pays musulmans l’ont fait désigner le 16 août 1916 comme chef de la mission politique et militaire du Hedjaz. Débarqué en Égypte, puis à Djeddah, il a présidé aux relations de la députation musulmane française avec le Chérif de La Mecque et dirigé le concours militaire apporté au mouvement insurrectionnel d’Arabie. Il a rendu, à cette occasion, les plus précieux services politiques et militaires »[13]. Malgré ces observations élogieuses, l’état-major ne s’est pas départi des réserves exprimées dès le mois de juillet précédent : « L’Arabie a été reconnue par nous zone anglaise. Nous ne pouvons pas nous désintéresser des Lieux Saints musulmans et je comprends bien que nous cherchions à prendre contact avec le Chérif. Pour cela, quelques personnages bien choisis d’Algérie et du Maroc sur qui nous puissions compter sont tout indiqués. Mais s’il s’agit de prêter notre concours au Chérif pour organiser ses contingents armés, s’est-on bien mis d’accord avec les Anglais ? L’Intelligence du Caire, les Indes, Londres ne sont pas d’accord. Quel but précis cherchons-nous ? » [14].

8La mission, telle qu’elle est constituée à l’été 1916, n’a qu’une durée de vie limitée. Dans un premier temps, Brémond coordonne en effet l’action des différentes composantes (politique, religieuse et militaire) mais, dès la fin du Pèlerinage, diplomates et autorités musulmanes d’Afrique du Nord quittent l’Arabie et seuls les militaires restent sur place.

9Les préoccupations tactiques et opérationnelles prennent immédiatement le pas sur toute autre considération. Dès la fin du mois d’août, confronté à la menace pressante d’une contre-offensive des forces turques contre Médine, qui menace de repousser le Malik[15] et les Alliés à la mer par la perte du port de Rabeigh, il propose à l’état-major britannique sa propre conception de manœuvre et, devant les objections des autorités du Caire et d’Ismaëlia, rend compte à Paris : « Les mesures prises par les Anglais ne sont pas susceptibles d’arrêter les Turcs s’ils marchent. S’ils ne marchent pas, elles sont inutiles… Je puis prendre part à une défaite, mais pas l’empêcher » [16]. Le contingent français est engagé sans réserve et prend « une grande part à la décision de l’opération qui donna au Chérifiens le temps de s’organiser : le débarquement de Rabegh […] obligea sous la menace d’une attaque de flanc les Turcs à renoncer à leur progression de Médine sur La Mecque » [17]. Pour pouvoir renforcer son action [18] et peser d’un poids accru dans l’équilibre militaire régional, Brémond presse Paris de demandes de moyens matériels (artillerie, mitrailleuses, TSF, etc.) et humains (soldats et cadres indigènes sélectionnés parmi les volontaires des régiments d’Afrique du Nord), qui ne sont pas satisfaites.

10Au cours des semaines et des mois qui suivent, Brémond tente également à plusieurs reprises, après avoir conduit sur zone une reconnaissance personnelle, de faire accepter l’occupation d’Akaba [19], refusée par l’état-major anglais qui privilégie un déroulement très formel et procédurier des opérations par le Nord du Sinaï en direction de la Palestine. Le 20 janvier 1917, il insiste à nouveau sur « l’intérêt primordial qu’il y aurait à être à Akaba » [20], mais doit essuyer un nouveau refus du haut commandement anglais. Lawrence saura s’affranchir de cette interdiction, reprendre l’idée et, par la pratique du fait accompli, s’emparer sans difficulté par les terres de la ville faiblement défendue.

11Brémond détermine rapidement les quatre domaines dans lesquels il peut jouer un rôle actif : participation aux engagements armés, instruction de la nouvelle armée hachémite, équipement militaire et soutien matériel, plus généralement actions d’influence.

12Afin de soutenir les opérations actives des formations arabes et bédouines, il affecte à chacune des quatre colonnes hachémites, nominalement commandées par les fils du Chérif [21], un officier ou un sous officier, soigneusement choisi parmi les cadres de la Mission, et « de petits éléments de techniciens », sapeurs et artilleurs généralement issus du 19e Corps d’Algérie. Les uns et les autres (Cadi [22], Pisani [23], Raho, Saad, Lahoud, etc.) bénéficient rapidement d’une flatteuse réputation de piété et de courage au combat, qui impressionne les Bédouins et favorise leur action : « Leur collaboration marque nettement que la France ne se désintéresse pas du sort du Chérif et leur influence peut, dans une certaine mesure, faire contrepoids à celle des Syriens et des Égyptiens » [24]. Observons ici que les « Syriens » sont des officiers transfuges de l’armée ottomane qui ont souvent trouvé au Caire une ville de repli, et que les « Égyptiens » sont en fait les représentants locaux de l’influence britannique auprès du Chérif.

13Discipliné mais sans illusion, Brémond ordonne à ses chefs de détachement de jouer le jeu de l’alliance entre Paris et Londres : « Toutes vos opérations doivent avoir lieu en liaison avec le commandement anglais, mais vous donnez seul des ordres à vos troupes… Dans toutes ces relations, vous apporterez une complète bonne camaraderie » [25]. Même lorsque l’opposition franco-britannique en Orient est devenue plus perceptible en 1917, il accepte de placer à plusieurs reprises, à la demande du Caire, les détachements français déployés en Arabie aux ordres du commandement britannique dans le cadre de missions communes, autour de Médine en particulier.

14La quasi-totalité des télégrammes et des comptes rendus font apparaître non seulement que le rôle de ces détachements est essentiel dans le succès des raids entrepris contre le chemin de fer du Hedjaz du fait des médiocres qualités manœuvrières des Bédouins [26], mais encore que les hommes de Brémond les conduisent parfois seuls, au nom des émirs : « Le colonel Wilson me communique que l’émir Abdullah a détruit un mille de voie ferrée. Il croit que c’est le détachement français » [27] ; ou « Lettre d’Abdullah annonçant que le détachement du capitaine Raho est parti pour la voie ferrée le 7 octobre » [28]. De même, le nom du capitaine Pisani reste associé aux opérations autour de Maan et sur la rive orientale du Jourdain. Les citations et décorations attribuées aux soldats, sous-officiers et officiers de la M.M.F.H. portent témoignage de leur participation extrêmement active aux combats [29]. Brémond, qui a été très tôt partisan d’instruire les contingents indigènes d’Afrique du Nord sur l’emploi des matériels lourds les plus techniques et les plus modernes, doit constater avec regrets que « la paresse dominait. On ne voulait pas se donner la peine d’instruire », et l’état-major français (qui en cet automne 1916 doit à la fois reprendre l’offensive sur la Somme et préparer les contre-attaques dans le secteur de Verdun) soutient les arguments de Londres pour lui refuser son appui : « À n’envisager que le seul point de vue militaire, la remise de ces unités à des cadres exclusivement indigènes correspondra pratiquement à leur inutilisation totale… Il ne faudra, dans ces conditions, rien en attendre de plus que l’effet moral devant en résulter, suivant les prévisions du War Office, de l’aspect du matériel aux yeux des troupes turques et des contingents chérifiens » [30].

15Soucieux de permettre à ses chefs de détachement isolés d’être aussi autonomes que possible, il impose aux officiers et sous-officiers métropolitains qui ne sont pas encore bilingues ou trilingues des cours intensifs d’arabe et d’anglais, et fait de ses meilleurs gradés musulmans « des chefs de section d’artillerie ou d’infanterie ». Brémond espère pouvoir, en valorisant les cadres, décupler ses capacités d’intervention.

16Il convient aussi de créer de toute pièce une armée régulière hachémite. En janvier 1917, le lieutenant-colonel Cadi « augure bien de l’instruction de la batterie de 80 de montagne » [31]. Le même mois, le colonel Brémond souligne : « Le Grand Chérif m’a fait promettre qu’il allait donner des ordres pour la création d’une école de sous-officiers arabes avec nos instructeurs » [32]. La responsabilité de cette formation n’est pas confiée à la France, mais les activités d’encadrement se poursuivent dans une relative discrétion pour les spécialités techniques (sapeurs, artilleurs, mitrailleurs) jusqu’à la fin de la guerre.

17Dans ce domaine également, les autorités parisiennes, soumises aux influences contradictoires du Quai d’Orsay et du boulevard Saint Germain, hésitent entre un retrait pur et simple, un engagement plus significatif ou une présence symbolique : « Votre dépêche 3 535 du 2 septembre 1916 fait ressortir que la présence de nos soldats en Arabie serait une manifestation de la puissance de la France dans ces régions où les circonstances ne nous ont pas permis de la déployer à ce jour et où nous avons le plus grand intérêt à donner toute l’idée de notre force en raison même de nos intérêts ultérieurs en Orient… Je vous serais reconnaissant de me faire connaître si telle est votre pensée » [33]. Entre demi-mesures et tergiversations, aucun choix politique clair n’est affirmé et ce n’est qu’après l’automne 1918, lorsqu’il semble acquis que les ambitions de l’émir Fayçal sur la Syrie sont nettement favorisées par l’administration britannique du général Allenby, que cesse cette forme de coopération. Il n’est plus question alors de favoriser l’instruction d’unités éventuellement susceptibles d’être engagées contre les troupes françaises du Levant.

18Significatif pendant les premières semaines de l’intervention française dans la région (mais il s’agit en cette fin d’été 1916 de favoriser le déroulement du Pèlerinage et d’afficher une présence aux côtés des Britanniques), le soutien matériel aux contingents hachémites diminue rapidement. Malgré les demandes de renforcement qu’il adresse à Paris, Brémond se voit limité dans ses initiatives et sa capacité d’action à la fois par les atermoiements de la diplomatie française et par l’incapacité du ministère de la Guerre à détacher ses regards des fronts européens. Le directeur des affaires politiques aux Affaires étrangères somme ainsi la section d’Afrique du ministère de la Guerre de retenir son représentant sur place : « Il y a lieu de maintenir nos contingents jusqu’à nouvel ordre à leur base de Suez […] À les diriger dès maintenant sur Rabeigh, […] nous nous priverions d’un moyen de pression sur les Anglais. Je vous serais obligé de mettre les instructions de votre département au colonel Brémond en harmonie avec celles que j’envoie au chef de notre mission au Hedjaz » [34].

19De même, alors que Brémond ne cesse d’expliquer qu’une batterie de plus ou de moins sur le sol de France ne constitue pas une modification significative du rapport de force, mais pourrait être décisive dans les combats particuliers d’Arabie qui opposent des effectifs limités sur de vastes espaces, l’état-major de l’armée refuse de détourner le moindre canon ou le moindre mitrailleur du front du Nord-est [35]. Le dossier des batteries d’artillerie de montagne à destination du Hedjaz erre pendant près de dix-huit mois dans les bureaux des administrations centrales, tandis que les Affaires étrangères se satisfont du maintien de troupes inactives dans leur base arrière de Port-Saïd. Un sort identique est réservé aux demandes de quelques automitrailleuses, qui auraient pu se révéler particulièrement utiles dans cette guerre du désert tout en permettant de se dispenser de l’appui des véhicules anglais.

20Dans la préface qu’il rédige en 1931 pour le livre de Brémond, le maréchal Franchet d’Espérey écrit, avec un sens étudié de la litote : « Il convient de ne pas s’arrêter davantage aux difficultés signalées par l’auteur en ce qui concerne ses rapports avec le gouvernement […] On conçoit certes qu’il déplore la série d’incompréhensions qui ont parfois gêné son action […] Le théâtre sur lequel il opérait paraissait alors, à Paris, bien secondaire et fort éloigné ».

21Le quatrième axe d’effort de Brémond est de tenter, avec les quelques moyens dont il peut disposer, de développer l’influence française auprès des élites dirigeantes et de la population hedjaziennes. Outre les relations personnelles qu’il demande à tous ses officiers d’entretenir avec les officiers de l’armée hachémite et l’entourage des émirs, il s’appuie essentiellement sur les organes d’information et l’ouverture aux tribus des dispensaires créés par le Service de santé des armées. Il favorise la création de lieux d’hébergement pour les pèlerins d’Afrique du Nord et envisage la création d’une banque franco-arabe pour remplacer la banque Ottomane.

22Au titre de la mission française, il fait venir de Paris des journaux, pour présenter aux émirs une vision française des combats de la Grande Guerre : le Chérif Hussein bénéficie d’un abonnement gracieux à L’Illustration et au quotidien Le Temps. En décembre 1916, il demande d’ailleurs « un abonnement de plus » [36]. Le cinéma aux armées naissant dépêche en août 1917, à sa demande, quelques opérateurs dans la région : « Ils rapportent de l’armée de Faysal une collection unique, notamment la vue de l’armée arabe rentrant de la voie ferrée. Faysal les a reçus agréablement » [37]. Ces documents [38] constituent aujourd’hui l’un des très rares fonds d’époque présentant, sur le théâtre même des opérations, les hommes et les lieux de la révolte arabe.

23Il s’appuie enfin, suivant un usage largement répandu au Maroc, sur le Service de santé des armées dont les trois médecins présents au Hedjaz travaillent aussi au bénéfice des populations locales : « Les médicaments filent grand train, malgré tout notre esprit d’économie […] Dans d’inconfortables immeubles, avec des installations de fortune, par une chaleur accablante, nos médecins font chaque jour de la pénétration pacifique en prodiguant leurs soins à l’Islam souffrant ». Les résultats ne sont pas négligeables, comme le constate le docteur Simon (« J’ai un bon critérium pour en juger : c’est l’abondance chaque jour plus grande de ma clientèle arabe » [39]), mais les rapports soulignent également que les réticences culturelles et religieuses restent particulièrement vives.

24Ces déploiements d’ingéniosité et de bonne volonté ne peuvent pourtant pas être suffisants pour compenser les centaines de milliers de livres sterling-or largement distribuées par Lawrence.

Évolution des rapports franco-anglo-hachémites

25Dès son arrivée en Égypte, Brémond est confronté à l’hostilité avouée des représentants britanniques au Caire. Rendant une première visite protocolaire à Sir Henri Mac Mahon, il s’entend répondre sans fard que ce dernier est défavorable à une action française significative en Orient [40], propos généralement partagés par les autorités coloniales et confirmés à plusieurs reprises dans ses rapports par le lieutenant de Saint-Quentin : « Général Murray en rendant compte au War Office de la réponse favorable qu’il m’avait faite, n’a pas caché qu’il aurait préféré se passer du concours français » [41]. Il précise quelques mois plus tard, devant les objections et réserves opposées aux propositions du colonel Brémond : « Prudent par tempérament et soucieux de sa réputation acquise, général Murray ne voudra rien risquer » [42].

26La « question syrienne », entendue au sens large, est indiscutablement le fil rouge qui permet de comprendre l’évolution des relations entre les trois parties en cause. Le chef de la mission française retrouve sur le sol de la péninsule arabique les mêmes réticences qu’en Égypte et multiplie les avertissements à l’attention du Quai d’Orsay, soulignant le peu de franchise dont fait preuve son homologue anglais : « Le colonel Wilson a écrit par une voie que je ne connais pas à Nouri-Ech-Châalan, pour l’engager à une action combinée du Chérif, du général Murray et d’Anazah. La question de la Syrie est une avec celle du Hedjaz » [43], ou les ambitions dynastiques et territoriales de la famille hachémite, suggérant moins de six mois après la signature des Accords Sykes-Picot, dont les termes exacts ne lui ont paradoxalement pas été communiqués : « La France doit rendre son action plus intense en Syrie et en Angleterre. Il ne saurait exister aucun doute sur l’étendue des ambitions qu’on a à La Mecque » [44]. Le Chérif Hussein ne s’en cache d’ailleurs pas : sa proclamation comme « roi des Arabes » par une assemblée des notables le 30 octobre 1916 a été précédée par la remise officielle de nombreux courriers arrivés de Syrie, le reconnaissant « souverain de la nation arabe » ; tandis que le journal officiel du régime, La Qibla, affirme le 8 novembre suivant : « La Syrie attend sa délivrance du Grand Chérif, tous les Syriens, musulmans ou non, reconnaissent sa souveraineté ».

27Le même constat est par la suite fréquemment renouvelé, qu’il s’agisse des opérations militaires ou des conversations diplomatiques : « J’ai appris ce matin que l’opération contre Ouedj devait avoir lieu aujourd’hui […] Le fait d’avoir préparé cette opération sans en avertir ni le colonel Brémond, ni le commandant Cadi […] dénote peu de confiance et de cordialité » de la part du commandement britannique [45].

28Le lieutenant de Saint-Quentin évoque également dans ses rapports les difficultés qui surgissent entre les quatre fils du Chérif Hussein, aux ambitions parfois contradictoires, et souligne même en novembre 1916 que le Bureau Arabe du Caire « parle d’exiger du Grand Chérif de La Mecque l’éloignement d’Ali, qui est particulièrement indocile » [46]. Chacun des émirs joue sa propre partition (« En somme dissentiments entre frères continuent » [47]), rêvant d’être possessionné sur une partie des terres arabes entre la Méditerranée et la Perse, s’imaginant déjà sur le trône d’un royaume qui lui soit propre, quelque part entre le Nord du Yémen et la Mésopotamie. Fayçal fait pour sa part très tôt le choix de la Syrie et de Damas [48], où il conserve de ses séjours antérieurs à la guerre d’anciennes amitiés.

29Toute de nuances, la politique britannique est faite de pragmatisme. Elle laisse entendre une promesse sans s’engager formellement et privilégie les relations bilatérales : après la correspondance directe Hussein-Mac Mahon de 1915, qui envisage sans en avoir discuté avec Paris d’accorder la protection de Londres [49] à un État arabe mal défini, Le Caire convient en décembre de la même année d’un véritable accord de « neutralité favorable » avec Ibn Séoud, principal adversaire du Chérif de La Mecque. Conservant la plus grande discrétion sur les accords Sykes-Picot du printemps 1916, négociés sans avertir les Hachémites, le colonel Wilson « se flatte de tenir dans sa main » le Chérif dès août 1916, grâce aux importants subsides qui lui sont versés.

30La plus grande discrétion entoure les réalités financières qui accompagnent ces luttes d’influence et, dans ce domaine, les Britanniques prennent immédiatement l’avantage. Ambassadeur de France à Londres, Paul Cambon suggère le 13 juillet 1916 l’attribution à Hussein de fonds des Affaires étrangères, « qui viendraient s’ajouter aux sommes déjà offertes par les Anglais », mais le Parlement vote une diminution des crédits, déjà insuffisants, prévus. Cette réalité, qui n’est que marginalement et pudiquement évoquée dans les différents ouvrages, affleure pourtant dans tous les rapports et comptes rendus, au point de faire écrire à Jean Béraud Villars [50] : « Le pays était gorgé d’or et les nomades connaissaient une prospérité dont ils n’avaient jamais eu idée […] ; les fonctionnaires d’Hussein, reprenant les vieilles traditions orientales, volaient à qui mieux mieux et emplissaient leurs poches ; les Émirs Ali et Zeid, découragés par la tournure des évènements, quittèrent le front et s’installèrent à Rabegh pour y vivre grassement du ravitaillement anglais ».

31Dans ce jeu trouble, Hussein n’est pas dupe des manœuvres britanniques et tente d’annuler, en les équilibrant, les influences qui s’opposent : « Je demanderai plus tard des officiers maghrébins au gouvernement français quand j’organiserai mon armée, parce que ce sont les seuls qui n’ont pas d’intérêts dans le pays, parce que tous ceux que j’ai vu jusqu’à présent se bornent à être soldats et ne s’occupent pas des affaires intérieures du pays » [51], affirme-t-il à Brémond le 25 mai 1917.

32Mise en place à la demande de Londres, la M.M.F.H. voit également sa mission et ses effectifs diminuer moins d’un an plus tard sur requête pressante de la Grande Bretagne. Lord Bertie, ambassadeur anglais à Paris, n’hésite pas à écrire dès mai 1917 : « Les membres de la mission sans exception semblent malheureusement être hors de sympathie avec les aspirations arabes et montrent ouvertement leurs sentiments ; leur attitude ne peut que préjudicier aux relations et à la politique des Alliés au Hedjaz » [52]. La situation ne fait ultérieurement que se détériorer et le commandant Cousse, successeur de Brémond, télégraphie à la veille de l’armistice de Moudros : « Les succès alliés en Palestine et en Syrie sont accueillis avec un certain froid à La Mecque où on semble les trouver trop complets et trop rapides […] Le royaume des pays arabes existant déjà [ndlr : le Hedjaz] la Syrie doit à un titre quelconque lui être rattachée » [53].

Un praticien et un érudit

33Sans le soutien des automitrailleuses ou des avions britanniques et l’appui direct au sol des artilleurs et sapeurs français, la révolte arabe est condamnée dès l’été 1916 à n’être qu’une rébellion parmi d’autres, comme l’Arabie en connaît depuis des siècles. Au-delà des déclarations d’intention du Chérif et de ses fils, souvent qualifiées de « rodomontade » dans les rapports, « la mise en œuvre de [leur] programme paraît douteuse ». À l’ambition romantique et au travail de sape de Lawrence, Brémond oppose la rigueur de sa formation militaire classique et son expérience des populations musulmanes. Mais alors que le premier bénéficie d’une large autonomie d’action et de l’appui a posteriori de ses autorités de tutelle, le second reste étroitement contraint par la centralisation et la lourdeur du processus français de prise de décision politico-militaire.

34Il est faux d’affirmer, sur la base d’une lecture trop rapide de la Révolte dans le désert, qu’à la différence du jeune officier de complément britannique, Brémond n’aurait été qu’un adepte des formes traditionnelles de la guerre « à l’européenne ». Il a très tôt lancé ses détachements contre le chemin de fer de Médine, identifié l’utilité d’une prise d’Akaba et prôné les techniques de la « petite guerre » : « Il faut les pousser à la guerre de guérillas. Que pas un convoi ne passe. Que les rails sautent tous les jours » [54]. Il accorde une importance toute particulière à la collecte du renseignement et donne en ce sens des ordres stricts : « Vous organiserez un service de renseignement […] Rien ne doit se passer sans que vous le sachiez. Il faut avoir 50 ou 60 agents toujours en route » [55]. Ses officiers reçoivent pour consigne, lorsqu’ils nomadisent avec des détachements égyptiens « d’écouter (car il faut savoir) ».

35Au cours des mois et des années qui suivent la fin de la Grande Guerre, le développement (et l’utilisation comme argument de référence) du mythe de la contribution quasi-exclusive de « l’armée arabe » à la dernière phase de la campagne de Palestine et de Syrie devient un argument politique dans le cadre des négociations franco-anglo-hachémites sur l’avenir de la Syrie, littorale, intérieure ou « intégrale ». Relevons à cet égard que le volume 17 du Times History and Encyclopaedia of the War[56], sur le thème de la révolte arabe, ne cite à aucun moment ni la participation française aux combats du Hedjaz, ni même l’existence de la mission militaire du colonel Brémond.

Conclusion

36Réduite à quelques officiers de liaison ayant presque exclusivement une mission de renseignement lors du départ du commandant Cousse pour Damas en décembre 1918, la mission militaire française du Hedjaz parvient à survivre pendant dix-huit mois. En avril 1919, alors que l’opposition en Français et Hachémites, au Liban et en Syrie, menace de tourner à la guerre ouverte sous le regard complaisant des Anglais, le commandant des Troupes Françaises du Levant (T.F.L.), auquel elle a été rattachée, demande que soit maintenus « des centres de renseignement surveillants opinion islamique et aussi la mission qu’y ont laissé nos alliés [ndlr : Britanniques] pour surveiller intérêts français » [57].

37Les notations de Brémond, en fin de scolarité à l’École supérieure de guerre, soulignaient déjà que « l’action est son fort ». Il ne retire de son séjour en Arabie ni vision extatique de soleil couchant sur le désert, ni long monologue sur l’inanité de la condition humaine. Il ne développe pas a posteriori une théorie générale de la guerre qui lui permettrait de ciseler le monument de sa propre gloire. Ses textes, à redécouvrir aujourd’hui, sont précis comme des comptes rendus. Soulignant « [qu’] on ne récolte à la guerre que ce qu’on a semé en temps de paix », il témoigne de la maigre réalité militaire de la révolte arabe, romancée par Lawrence : « Une insurrection s’étend comme un brouillard autour des troupes ennemies. Mais il ne faut pas lui demander plus de consistance que cette vapeur ». Tout oppose donc l’officier de carrière saint-cyrien, fantassin blanchi sous le harnais des campagnes coloniales, à l’officier de complément britannique, héros de la littérature, au corps et à l’esprit torturés. À travers les quelques exemples donnés dans le cadre de cet article, il apparaît qu’il y aurait une passionnante étude comparative à faire sur le rôle exact (militaire et politique, tactique et stratégique) des uns et des autres, étude s’appuyant sur les sources primaires et non sur les récits ultérieurement publiés.

38Promu commandeur de la Légion d’honneur, il reçoit une lettre personnelle, manuscrite, de félicitations du ministre des Affaires étrangères pour cette « juste récompense des services rendus par vous au Hedjaz, où vous remplissiez votre mission à l’entière satisfaction de mon département ». Le capitaine Pisani, pour sa part, sera fait officier dans l’ordre national, en même temps que le brigadier-général Noury Saïd, lors de la visite de Fayçal en France à la fin de l’année 1918. Bien des années après la fin de la guerre, en décembre 1923, alors que le trône du roi Hussein vacille sous les coups d’Ibn Séoud, le consul de France à Djeddah, Krajewski, écrit au président du Conseil et ministre des Affaires étrangères : « L’ancien chef de la mission militaire française a laissé dans tous les milieux les meilleurs souvenirs par l’intérêt qu’il a témoigné à la cause arabe et la courtoisie dont il ne s’est jamais départi ». Propos non sollicités, postérieurs aux évènements et qui contredisent les affirmations trop rapides de la plupart des auteurs, reprenant successivement les mêmes exemples, tirés de la geste de Lawrence.

39« Goutte d’eau dans l’océan que fut la mêlée de 1914-1918 », la mission Brémond est allée bien au-delà de son mandat et de ce que ses faibles moyens pouvaient permettre d’attendre. Le 6 février 1919, après avoir publié le mois précédent un mémorandum résumant ses positions, l’émir Fayçal présente les revendications de son père, roi du Hedjaz, devant le comité des Dix de la conférence de la paix [58]. La presse française souligne aussitôt qu’il est « assisté d’un Anglais, le major Lawrence, qui joue dans la politique arabe un rôle mal défini et qui, en tous cas, n’a jamais été officiellement mandaté par le gouvernement de Londres ».

40Le souvenir de la M.M.F.H. disparaît, la personne et l’action du colonel Brémond s’effacent devant la personnalité fulgurante du « roi secret de l’Arabie », si parfaitement mise en scène, ou instrumentalisée. Lorsqu’en 1921 la crise franco-britannique devient particulièrement aigüe au sujet de l’Orient, le nom de Brémond n’est jamais cité par les journaux, en dehors de quelques articles spécifiquement consacrés à la Cilicie, dont il est devenu administrateur en chef. Lawrence, par contre, devient le symbole « d’un groupe de coloniaux ardents et insatiables d’impérialisme, représenté par un homme, archéologue baptisé colonel, et qui fait le pendant de Gordon en Égypte et de Jameson au Transvaal », souligne aigrement une partie de la presse française.

41« Officier de valeur qui avait un long et brillant passé militaire, […] homme cultivé, intègre, excellent arabisant », Brémond ne brode pas. Son style est clair, simple, son raisonnement s’appuie méthodiquement sur des faits. Sans doute fait-il moins rêver que l’étoile filante que fut Lawrence, dont Benoist-Méchin fit un héros dans sa collection au titre évocateur [59]). Lawrence pourtant, reconnaît à Brémond, au détour d’une page, « sa compétence dans la pratique des guerres coloniales » et écrit du chef de la Mission française qu’il était « le seul vrai soldat dans le Hedjaz ».

42La lecture de ses ouvrages permet de retrouver le témoignage d’un officier au parcours particulièrement riche, dont Lyautey disait qu’il avait « l’une des plus belles carrières coloniales que j’ai connues ».

Notes

  • [*]
    Rémy Porte est Lieutenant-Colonel du Pôle Réserves Terre. Il est rattaché au Centre d’Études stratégiques de l’Armée de Terre et au centre de recherches CHERPA de l’Institut d’Études politiques d’Aix.
  • [1]
    Auteur en particulier, dès la fin de la Première Guerre Mondiale, du film With Allenby in Palestine and Lawrence in Arabia et en 1924 de l’ouvrage With Lawrence in Arabia.
  • [2]
    Capitaine B.-H. Liddell Hart, La vie du colonel Lawrence (éd. française), Paris, Éditions de la Nouvelle revue critique, 1935.
  • [3]
    Bien que déjà ancienne, la thèse de Maurice Larès, publiée sous le titre T.E. Lawrence et les Français (Paris, Presses universitaires de la Sorbonne, 1980) constitue toujours sur ce point l’étude la plus exhaustive des écrits de Lawrence.
  • [4]
    « Le capitaine Lawrence est nommé officier politique à Yambo », télégramme du lieutenant de Saint-Quentin au ministère de la Guerre, n° 516, 23 novembre 1916. SHD-Terre, 7N2138.
  • [5]
    Paru chez Payot en 1931. Voir également sur le même sujet, par exemple, Cohen Gustave, « Affaire Aldington contre Lawrence d’Arabie », Homme et Monde, 3-1956, n° 116 ; Matte Marcel, « La vérité sur Lawrence d’Arabie », Les Nouvelles Littéraires, 14 mars 1963.
  • [6]
    Parus en 1926, Les sept piliers de la sagesse ont été réédités en collection Poche Folio en 1992. Révolte dans le désert a fait l’objet en français de plusieurs éditions successives chez Payot entre 1928 et 1935.
  • [7]
    Affecté au 1er régiment de Tirailleurs algériens en 1890, il est stagiaire à l’École supérieure de Guerre (Paris) de 1899 à 1901 et sert sur le front de France comme chef de corps d’un régiment d’infanterie puis chef d’état-major d’un corps d’armée entre 1914 et 1916.
  • [8]
    Formule à comprendre au sens administratif du terme, tenant compte pour le calcul des droits à pension des bonifications pour opérations de guerre, des campagnes doubles, etc.
  • [9]
    Dossier individuel : SHD-Terre, 13Yd696.
  • [10]
    Armée régulière du sultan du Maroc, principalement utilisée avant l’instauration du protectorat pour « aider » à la levée des impôts.
  • [11]
    Extrait de la note le désignant comme chef de la mission du Hedjaz. Dossier individuel.
  • [12]
    Note n° 5267 9/11 de l’EMA relative à « l’organisation d’une mission politique et militaire au Hedjaz ». SHD-Terre, 4H1. La mission militaire a été instituée par décision ministérielle du 5 août 1916, SHD-Terre, 7N2143.
  • [13]
    Dossier individuel déjà cité.
  • [14]
    Note du colonel Hamelin, chef de la section Afrique de l’E.M.A., au major-général du G.Q.G., 29 juillet 1916. SHD-Terre, 7N4133.
  • [15]
    Titre reconnu au Chérif Hussein, la formule « roi des Arabes » semblant aux Alliés, et surtout aux Britanniques, trop porteuse de sous-entendus à l’égard de leurs populations musulmanes et pouvant ouvrir trop rapidement la porte à une revendication officielle du califat.
  • [16]
    Télégramme n° 503 du 9 novembre 1916 à l’E.M.A., via Le Caire. SHD-Terre, 5N155.
  • [17]
    « La participation française à la victoire de l’armée Allenby », Bulletin du Comité de l’Asie française, octobre 1918-janvier 1919, p. 138.
  • [18]
    La mission militaire du Hedjaz compte un peu plus de 1 100 hommes en janvier 1917, mais une grande partie du personnel reste stationnée en Égypte dans l’attente d’un éventuel déploiement en Arabie péninsulaire. Les effectifs se stabilisent autour de 650 hommes à partir de la fin de l’année. En 1917, les troupes restées dans la région de Port-Saïd sont versées au sein du Détachement français de Palestine-Syrie nouvellement créé.
  • [19]
    Le 23 février 1915 déjà, une compagnie de débarquement du croiseur français Desaix s’empare d’Akaba et met en fuite la petite garnison turque.
  • [20]
    Télégramme n° 27 du 20 janvier 1917 au ministère des Affaires étrangères, via Le Caire. SHD-Terre, 6N191.
  • [21]
    Ali, Abdullah, Fayçal, Zeid.
  • [22]
    Jean-Yves Bertrand-Cadi, Le colonel Chérif Cadi, serviteur de l’Islam et de la République, Paris, Maisonneuve & Larose, 2005.
  • [23]
    Voir par exemple Pierrard P. E., « Le capitaine Rosario Pisani, frère d’armes de Lawrence d’Arabie (1917-1919), La Cohorte, n° 124, août 1993.
  • [24]
    Note du ministre des Affaires étrangères au colonel Brémond sur « l’encadrement et l’instruction des forces arabes », 25 avril 1917. SHD-Terre, 7N2142.
  • [25]
    Instruction pour le lieutenant-colonel Cadi, n° 15, 12 novembre 1916. SHD-Terre, 5N155.
  • [26]
    Ce point marque l’une des plus importantes différences intellectuelles entre Lawrence et Brémond. Alors que le premier affirme, malgré ses échecs avérés sur le terrain, avoir compris qu’il fallait employer les Bédouins tels qu’ils étaient dans des raids ponctuels, Brémond pense qu’il est nécessaire d’organiser d’abord une armée régulière qui sera ensuite, étant constituée de personnels formés, apte à conduire des opérations de « petite guerre ».
  • [27]
    Télégramme n° 266 du 30 août 1917 au ministère des Affaires étrangères, via Le Caire. SHD-Terre, 16N3200.
  • [28]
    Télégramme n° 367 du 23 octobre 1917. SHD-Terre, 16N3200.
  • [29]
    Nombreuses pièces conservées au SHD-Terre dans le carton 4H27.
  • [30]
    Note de l’état-major général, section d’Afrique, 17 octobre 1916. Citée par Jean-Yves Bertrand-Cadi, Op. cit., p. 152.
  • [31]
    Télégramme du colonel Brémond au ministère des Affaires étrangères via Le Caire, n° 21 du 17 janvier 1917. SHD-Terre, 5N155.
  • [32]
    Télégramme n° 26 du 19 janvier, via Le Caire. SHD-Terre, 6N191.
  • [33]
    Note n° 5843 9/11 du ministère de la Guerre au ministère des Affaires étrangères, 4 septembre 1916. SHD-Terre, 7N2082.
  • [34]
    Note n° 4670 du président du ministère des Affaires étrangères à son homologue de la Guerre, 15 novembre 1916. SHD-Terre, 5N155.
  • [35]
    Télégramme du 15 octobre 1917 : « L’émir Abdallah me fait renouveler pour la vingtième fois, et avec une insistance telle que je ne peux plus me dérober sans grave inconvénient, la demande d’une batterie de 65 de montagne […] Je n’ai toujours aucune nouvelle des deux canons de 65 demandés par l’émir Fayçal par télégramme du 19 avril ».
  • [36]
    Télégramme du consul Defrance aux Affaires étrangères, n° 579, 4 décembre 1916. SHD-Terre, 7N2138.
  • [37]
    Télégramme n° 252 du 16 août 1917, via Le Caire. SHD-Terre, 6N191.
  • [38]
    Conservés à la fois par les archives du ministère des Affaires étrangères (Nantes) et par l’E.C.P.A.D. (Fort d’Ivry), ils ont été mis en relief lors d’une exposition organisée par Pierre Fournié, conservateur général. Numéro spécial de L’Express, « Trésors et secrets du Quai d’Orsay », 26 mai - 1er juin 1994.
  • [39]
    Docteur Simon, « Une campagne au Hedjaz », Revue de Paris, 15 septembre 1918, pp. 64-88.
  • [40]
    Édouard Brémond, Le Hedjaz dans la guerre mondiale, Paris, Payot, 1931, p. 45.
  • [41]
    Télégramme du lieutenant de Saint-Quentin à ministre de la Guerre et commandant en chef, n° 503 à 507, 17 novembre 1916. SHD-Terre, 5N155.
  • [42]
    Télégramme n° 41 à 45 du 21 janvier 1917. SHD-Terre, 6N192.
  • [43]
    Télégramme n° 24 du 10 novembre 1916, via Le Caire. SHD-Terre, 5N155.
  • [44]
    Télégramme n° 130 du 11 novembre 1916, via Le Caire. SHD-Terre, 5N155.
  • [45]
    Télégramme n° 36 du 23 janvier 1917, via Le Caire. SHD-Terre, 6N191.
  • [46]
    Télégrammes n° 479-480-481 au ministère de la Guerre, 4 novembre 1916. SHD-Terre, 7N2138.
  • [47]
    Télégramme secret du consul Defrance, n° 21, 7 janvier 1917. SHD-Terre, 6N191.
  • [48]
    Le prestige de l’ancienne capitale des Omeyades est resté extrêmement puissant dans le monde musulman et faire de la ville sa capitale peut constituer pour Fayçal le premier pas vers la reconstitution à son profit d’un empire arabe plus large.
  • [49]
    Il convient de souligner ici que les deux principales métropoles de l’Empire concernées, Le Caire et Delhi, sont en désaccord total sur la politique à conduire à l’égard de la Révolte arabe, les autorités des Indes craignant les réactions de la puissante minorité musulmane. En 1916, le gouvernement anglais tranche définitivement en faveur du Caire et confie la responsabilité entière de la zone (politique, renseignement, action militaire) à ses représentants en Égypte.
  • [50]
    Jean Béraud Villars, Le colonel Lawrence, ou la recherche de l’absolu, Paris, Albin Michel, 1955, p. 127.
  • [51]
    Édouard Brémond, Op. cit., p. 152.
  • [52]
    Note remise par l’ambassadeur de S.M. britannique à Paris, 13 mai 1917. SHD-Terre, 7N2142.
  • [53]
    Retransmis du Caire au ministère des Affaires étrangères par le capitaine Coulondre, 30 septembre 1918. SHD-Terre, 6N191.
  • [54]
    Note de Brémond au lieutenant-colonel Cadi, 27 mai 1917, citée par Jean-Yves Bertrand-Cadi, Op. cit., p. 176.
  • [55]
    Instruction n° 15 du 12 novembre 1916, déjà citée.
  • [56]
    « The Arab Uprising », The Times History and Encyclopaedia of the War, part. 209, vol. 17, 20 août 1918, pp. 1-18.
  • [57]
    Télégramme chiffré n° 550 du 22 avril 1919. SHD-Terre, 7N2142.
  • [58]
    Nom donné à la réunion des délégués (deux par pays) des cinq grandes puissances.
  • [59]
    « Le rêve le plus long de l’histoire » : Lawrence d’Arabie, ou le rêve fracassé, Réédité chez Perrin, collection Tempus, 2007.
Français

Cet article revient sur le rôle du colonel Brémond, cheville ouvrière du front proche-oriental durant la Première Guerre mondiale et pourtant totalement évincé des mémoires par l’épopée de T. E Lawrence.

English

Colonel Brémond and the French military mission in Hejaz (1916-1919): between British interests and Hashemite ambitions

This article reviews the role of Colonel Brémond, linchpin of the Middle East front during First World War and yet totally evicted from memories by the epic of TE Lawrence.

Rémy Porte [*]
  • [*]
    Rémy Porte est Lieutenant-Colonel du Pôle Réserves Terre. Il est rattaché au Centre d’Études stratégiques de l’Armée de Terre et au centre de recherches CHERPA de l’Institut d’Études politiques d’Aix.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/11/2016
https://doi.org/10.3917/lcdlo.117.0067
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Centre d'études et de recherches sur le Proche-Orient © Centre d'études et de recherches sur le Proche-Orient. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
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