CAIRN.INFO : Matières à réflexion

« Je hais la télévision. Autant que les cacahuètes. Mais je ne peux pas m’arrêter de manger des cacahuètes » (Orson Welles, 1956).
Centré sur la télévision, cet article propose une analyse critique du « discours de la fin » d’un média. Je suggère que les « discours de la fin » (qu’il s’agisse d’une fin souhaitable ou redoutée) affectent certains médias plus que d’autres, et dans des tonalités différentes, pour des raisons qui n’ont pas grand-chose à voir avec une réelle possibilité d’identifier la fin précise d’une technologie donnée. Pour le dire sans détour, parler de la fin d’un média relève en grande partie de l’idéologie et non de l’histoire. Ce sont des idéologies que je tente de débusquer. La télévision, nous le verrons, est un média idéal pour un tel exercice.
Les discours de la fin ne peuvent être détachés de l’axiologie : la fin d’un média est généralement présentée comme désirable ou redoutable, en fonction d’une certaine évaluation du média en soi, dont on croit pouvoir isoler une essence (souvent sans rapport avec son contenu réel ou les genres qu’il propose). La fin de la télévision a été envisagée comme souhaitable très tôt dans son histoire, en raison de son évaluation massivement négative comme « mauvais objet », basée sur un noyau d’arguments communs à tous les pays recensés ici.
Je commencerai par un historique des principaux discours sur la télévision. Après une courte période d’utopie(s) télévisuelle(s), elle a été vilipendée et sa fin présentée comme hautement souhaitable…

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Cet article analyse les discours sur la fin de télévision en relation avec son statut de mauvais objet, notion empruntée à la psychanalyse. Il part du traitement négatif de la télévision, qui fut d’emblée massif et transnational. Il suggère quatre explications : sociologique (la télévision comme média populaire), économique (comme investissement décevant), métapsychologique (comme expérience frustrante), et technologique (comme dispositif d’insincérité). Il suggère que ces discours de la fin touchent à leur fin, parce que la télévision prend de plus en plus le statut d’archive, objet d’une réhabilitation par la nostalgie, tandis que les « séries de qualité » acquièrent peu à peu un statut canonique. En conclusion, il propose de comparer les discours sur la fin des médias dans l’histoire, comme révélateurs de leurs statuts changeants de « bons » et « mauvais » objets collectifs.

Jérôme Bourdon
Professeur à l’Université de Tel Aviv.
jerombourdon@gmail.com
Camille Noûs
Laboratoire Cogitamus.
camille.nous@cogitamus.fr
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Mis en ligne sur Cairn.info le 22/09/2020
https://doi.org/10.3917/tdm.034.0185
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