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Considérer les points de convergence et de divergence entre psychanalyse et sciences sociales confronte à l’épineuse question de la méthodologie d’une approche pluridisciplinaire des phénomènes sociaux. Cette démarche demande de s’ouvrir à l’altérité des codes et paradigmes d’une discipline à l’autre, de se confronter à l’altérité d’une autre discipline que la sienne. Or, avec la question de la radicalisation, nous nous attelons à l’étude d’individus qui justement méprisent l’altérité, voire cherchent activement à l’éradiquer. Cette approche pluridisciplinaire prend donc ici un tour périlleux, mais sans doute nécessaire.
René Kaës, psychanalyste spécialisé dans l’étude des groupes, écrit que, à prendre l’idéologie radicale comme objet d’analyse, « comment ne pas être pris soi-même dans l’alternative psychotique et dans le piège manichéen du Vrai et du Faux, du Bien et du Mal absolus, sans produire l’antidote contre le doute et l’insécurité : un nouveau dogme ? ». L’approche pluridisciplinaire – véritablement pluridisciplinaire, avec la part de malentendus et d’incertitude qu’elle comporte – permet d’appréhender l’idéologie radicale sans se trouver soi-même dans une réflexion clôturante et dogmatique sur le sujet, multipliant les points de vue sur une situation complexe et multifactorielle. Encore faut-il pour dialoguer trouver les ponts et les points d’articulation entre les disciplines.
Du point de vue de la sociologie, une approche psy clinicienne de la radicalisation peut sembler hors de propos, car comportant des risques de psychologiser le comportement, en le vidant de sa sève idéologique, sur laquelle le mouvement radical s’appuie…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0061
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