Article
Voici près de vingt-cinq ans, j’ai fait quelques interventions à la prison de la Santé auprès de détenus pour faits de terrorisme – appartenant notamment au GIA (Groupe islamique armé) ou aux mouvances basques. Je continue d’en faire aujourd’hui auprès des radicalisés. Ce ne sont pas du tout les mêmes profils.
Les membres du GIA étaient des militants politiques, des combattants, tandis que les militants basques utilisaient une sorte de logorrhée – on ne pouvait pas en placer une… –, à l’image des terroristes d’extrême gauche (il suffit pour s’en rendre compte de lire le livre de Jean-Marc Rouillan). Ils ne laissaient jamais filtrer la moindre trace d’une fragilité psychologique. Les djihadistes ne tiennent pas le discours qui a réponse à tout, inébranlable, de leurs « aînés » ; alors que ces derniers mettaient à distance la subjectivité, qu’ils n’existaient pas face à l’organisation, les jeunes d’aujourd’hui sont plus fragiles, leurs trajectoires personnelles et leurs convictions sont inséparables.
Le risque est toujours, dans ces conditions, de faire disparaître l’acte lui-même, et de faire régresser les incriminations vers l’amont, c’est-à-dire vers les actes préparatoires. Cela n’est acceptable qu’à condition d’objectiver avec le plus grand scrupule ces éléments. C’est ainsi qu’a procédé le procureur de la République François Molins au moment des attaques terroristes de 2012-2017. Il s’est montré à juste titre très exigeant sur ce point. Il a dans le même temps lancé une politique de criminalisation, en renvoyant aux assises nombre de dossiers…
Auteur
html et pdf (par article) Ajouter au panier
- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0289
![Chargement](./static/images/loading.gif)
Veuillez patienter...