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L’épreuve que traversent les familles confrontées à l’engagement, l’embrigadement d’un ou plusieurs de leurs enfants dans la cause djihadiste, confine à l’esseulement, c’est-à-dire un au-delà de la solitude dans sa dimension ontologique ou symptomatique. L’expérience de l’esseulement est aussi ce qui accompagne les candidats au voyage au bout de la solitude, du candidat au djihad dans un voyage vers un Orient fantasmé au candidat terroriste, à celui qui se fait sauter au milieu du plus grand nombre, qui n’a plus le respect de l’humain et de l’ennemi, éthique qui préoccupait pourtant les combattants jusqu’à la Première Guerre mondiale. L’écart ne serait-il pas lié à l’escalade de déshumanisation dans nos sociétés qui va de pair avec des processus de solitude croissante ? Ce que l’on ne peut que constater dans notre monde contemporain, c’est que l’expansion accélérée de l’idéologie de l’économie de marché, du pouvoir de la finance et de la fétichisation de l’argent, de la raison algorithmique de l’ère technique et digitale s’accompagne de la montée des raisonnements de type mytho-religieux et de l’inflation du nombre de sectes et de la violence. La sursaturation prosaïque du quantitatif, du chiffre, au détriment de la vérité de l’être, étouffe toute possibilité d’espace poétique et de créativité, ne laissant la voie d’expression possible qu’à la décharge pulsionnelle. La radicalisation islamique prend la dimension aujourd’hui d’une véritable épidémie – Fethi Benslama en analyse dans bon nombre de ses travaux les ressorts subjectif…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/10/2019
- https://doi.org/10.3917/lgh.061.0261
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