L’adolescent en souffrance se confronte à l’imprévisibilité et à la radicalité de ses passages à l’acte. Ceux-ci surviennent dans des situations où l’adolescent se perd, perd son libre-arbitre et sa capacité à penser. Il devient la proie facile de celui qui lui offre l’exutoire violent à sa souffrance. Le virtuel numérique permet l’illusion d’une puissance résolutive des conflits psychiques et sociaux. Quand on est installé devant l’écran, on se projette, on laisse libre cours à sa violence et à sa haine. Alors, on va dézinguer ses rivaux sans prendre de risque pour sa vie grâce au bouton Reset. L’ado en position virtualisée n’a pas conscience des effets de sa violence et du danger de se transformer en marionnette manipulée et asservie.
Que devient ce potentiel de violence impulsive s’il est sur-stimulé par l’offre des jeux virtuels qui entretient l’illusion d’une toute-puissance ? Que devient ce potentiel de révolte violente s’il est utilisé par des malfrats quels qu’ils soient (secte, dark games, terrorisme) qui endoctrinent les jeunes recrues en les déchaînant (au sens littéral) grâce à des défis séduisants ?
Camille, adolescente de 14 ans, consulte avec ses parents. La mère angoissée, Camille effondrée. Son désarroi est profond et elle exprime des idées de mort.
Visage blême, corps amaigri, Camille décrit au fil des séances le processus qui l’a conduite au bord du départ en Syrie avec un tuteur/recruteur Internet. Le processus d’emprise est classique : je t’écoute, je te comprends, j’ai ta réponse et tu peux me faire confiance, je ne suis pas comme les autres, moi, je ne te veux que du bien…