Nous voudrions tenter de définir des termes parfois utilisés de manière indifférenciée : « radicalisation », « radicalité » et « terrorisme ». Ils décrivent des cadres de pensée et des conduites que l’on retrouvera, en bout de chaîne, impliqués dans des passages à l’acte violent hétéro-agressif.
La radicalité viendrait comme élément de base, désignant un cadre de pensée, un processus présent dans une multitude de contextes autres que la mouvance djihadiste : les exemples politiques récents (Brexit, montée des populismes) l’illustrent. L’incertitude ambiante amènerait à se tourner vers des systèmes de pensée explicatifs simplifiés, voire simplistes, des idées extrêmes fournissant une grille de lecture avec laquelle s’orienter dans un monde devenu complexe. Prémices de l’engagement dans un autre processus, celui de « radicalisation ». Ce terme, un anglicisme judiciaire apparu après les attentats de 2001, s’est étendu dans la sphère sociologique, anthropologique, politique, avant d’arriver aujourd’hui dans le champ de la psychiatrie et de la psychologie. Il désignerait l’adhésion à une pensée radicale extrême justifiant le recours à l’action violente, mais non limitée à la sphère djihadiste (voir les condamnations dans les milieux d’extrême droite et d’extrême gauche). Enfin, le troisième terme, « terrorisme », désignerait le passage à l’action violente terroriste. Nous nous intéresserons plus particulièrement aux actes commis par des auteurs isolés, sources d’inquiétude grandissante, en raison de leur apparente imprévisibilité…