Priape est un petit dieu au sexe toujours en érection qui a fait rire toute l’Antiquité. À propos de ce dieu, qui souffre d’une pathologie de la forme, j’évoquerai des questions d’esthétique visuelle, qui occupent Le Fresnoy, cette « Villa Médicis high tech » créée par Alain Fleischer il y a bientôt un quart de siècle, et des problèmes mobilisant science et érudition, socles du Collège de France. Administré aujourd’hui par le professeur Alain Prochiantz, le Collège va bientôt célébrer son cinquième centenaire. Sur le conseil de son « maître de librairie », Guillaume Budé, François Ier a nommé en 1530 « six lecteurs royaux », ancêtres du Collège de France qui accueille la toute jeune école du Fresnoy – un Studio à la fois national et international des arts contemporains. Le jeu des générations, entre savoirs, sciences et arts, se retrouve ainsi à l’occasion de cette rencontre sur « Le Rêve des formes ».
Parler de Priape suppose de le présenter brièvement. Car il n’a pas la renommée de ses parents, la belle Aphrodite et le célèbre Dionysos. Priape est cette petite figure ithyphallique que l’historiographie mythologique a désigné dieu des jardins et de la fécondité – une lecture faite d’évidences qui, sans être inexacte, est restreinte, aussi partielle que partiale.
Les textes anciens insistent sur le fait que Priape, bien que figure divine, est un dieu déclassé, un divus minor. Hésiode ne le nomme pas. Absent des textes homériques, Priape n’a jamais croisé la vénérable Pénélope… Tard venu au Panthéon, il apparaît dans un contexte dionysiaque, à la fin d…