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Le 23 février 1981, devant le XXVIe congrès du Parti communiste de l’urss, Leonid Brejnev dresse ce tableau de l’état du monde : « La sphère de l’impérialisme a été réduite », l’urss, « alliée naturelle du tiers monde, y a contribué ». Et dans la liste des pays liés au puissant Empire soviétique, Brejnev n’oublie pas une conquête récente, l’Afghanistan, où les troupes soviétiques campent depuis décembre 1978 au prétexte de répondre à l’appel au secours d’un dirigeant ami. L’exposé triomphaliste de Leonid Brejnev qui traduit un incontestable « vertige du succès » peut pourtant, dès ce moment, susciter le doute. Le coup de force soviétique a été vivement dénoncé par le président Carter, très attaché jusqu’alors à la Détente, et il n’a pas peu contribué à faire élire à la Maison Blanche Ronald Reagan, décidé à « arrêter la progression de l’empire du Mal ». Avant même ce tournant américain, mais aussi avant l’opération afghane, un autre signal eût pu inquiéter les responsables soviétiques. En octobre 1979, un pape polonais monte sur le trône de Saint-Pierre. En son temps, Staline demanda, méprisant : « Le pape, combien de divisions ? » Mais nul, en 1979, ne peut éviter de s’interroger sur la portée de l’événement. Dix ans passent et, le 8 décembre 1991, les présidents des trois États fondateurs de l’urss, Russie, Ukraine, Biélorussie, annoncent au monde que l’urss n’existe plus, qu’elle s’est autodissoute. Aucun coup de feu n’a été tiré, le sang n’a pas coulé, nulle foule ne s’est rassemblée pour accompagner l’événement, le si puissant Empire, surarmé, surprotégé, que décrivait Brejnev dix ans plus tôt, disparaît dans l’indifférence générale…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/09/2020
- https://doi.org/10.3917/deba.210.0021
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