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Le Débat. – Vous vous réclamez volontiers de Jean-Pierre Vernant, de Pierre Vidal-Naquet, de Marcel Detienne pour l’histoire ancienne, mais aussi, dans d’autres registres, d’Yves Bonnefoy, de Jean Starobinski ou de Léon Poliakov. Comment vivez-vous ce multiple héritage?Maurice Olender. – Ils m’ont tout appris, en compagnie de quelques autres. Mais être héritier est périlleux et exige des fidélités qui ne sont peut-être pas de mise dans les démarches scientifiques, pas plus que dans les recherches littéraires. Cela supposerait aussi d’être capable d’assumer un héritage, d’avoir été effectivement désigné comme «héritier». Ma reconnaissance à l’égard de ceux qui m’ont initié prend plutôt la forme d’une dette – souvent d’une dette infinie. La posture d’héritier m’inquiéterait. Et me semblerait une charge trop lourde, une responsabilité démesurée – un autre péril, d’une grande banalité, serait… la captation d’héritage. Il n’est pas impossible que dans la transmission des savoirs qui se joue entre générations la fidélité ne soit pas une garantie de rigueur, ni de créativité – ni même, finalement, de reconnaissance à l’égard des prédécesseurs. Ou alors cela supposerait des fidélités plurielles, paradoxales, qui pourraient, jusqu’à un certain point, être, ou du moins paraître, contradictoires.Le Débat. – On a pu être surpris de trouver, dans les «Remerciements» des Langues du Paradis (1989), Georges Dumézil et Léon Poliakov associés aux débuts de cette enquête sur «Aryens et Sémites: un couple providentiel»…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/01/2011
- https://doi.org/10.3917/deba.162.0162
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