En toute circonstance et en tout lieu, l’existence de chaque personne humaine reste toujours marquée par la période initiale et périlleuse des premiers mois de vie, qui se caractérise par un état de dépendance absolue aux entours.
La situation de crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, que nous avons eu à vivre de façon impérative et contraignante à partir de mars 2020 avec plusieurs mois de confinement, entre en résonance avec les moments structurants précoces de nos existences. En particulier, les moments où le rapport à l’espace se remanie de façon extraordinaire. Et nous l’avons entendu, cette situation impérative a été source dans la cité de passages à l’acte agressifs ou violents vis-à-vis des proches, et de décompensations personnelles dépressives ou psychotiques.
Freud utilise le terme allemand Hilflosigkeit, que l’on peut traduire par « sans recours », pour désigner l’état initial de détresse absolue corrélatif à l’impuissance du nouveau-né à subvenir seul à ses besoins. Freud recourt aussi à l’expression motorische Hilflosigkeit pour situer l’absolue détresse motrice qui est celle du nouveau-né dépendant du mouvement vers lui, et donc du désir pour lui de ceux qui l’entourent. Durant cette période première, la préoccupation maternelle primaire est d’une grande importance pour assurer la base de l’existence, que cette fonction de « préoccupation maternelle primaire » (Winnicott) vienne d’une mère suffisamment bonne ou « adéquate sans plus » (Joyce McDougall), soit tenue par la mère elle-même ou toute autre personne stable et sécure de son entourage…