Les hasards de la vie, l’avancée en âge aussi sans doute, m’ont fait côtoyer de plus en plus de veuves : amies proches, dont j’ai pu devenir le confident, simples connaissances ou encore patientes venues me consulter après leur veuvage, ont fini par constituer un assez large échantillonnage de « cas ». De plus, je suis veuf depuis sept ans et ma nouvelle compagne est également veuve…
Y a-t-il une spécificité de la sexualité des veuves ? Y a-t-il même des points communs entre la veuve âgée de jadis, vêtue de noir des pieds à la tête jusqu’au tombeau, et une jeune veuve d’aujourd’hui ? Certes, la sexualité de toute veuve – et de tout veuf – se décline sous la rubrique du deuil et de la sexualité ; cependant, ne doit-on pas supposer que l’état de la libido évolue en fonction de l’âge ? En la matière, il faut le dire d’emblée, la théorie psychanalytique bouleverse bien des préjugés, même si elle en partage d’autres avec le sens commun, comme nous le verrons plus loin. En affirmant l’omniprésence du sexuel de la naissance à la mort, la psychanalyse soutient en tout cas que l’élan amoureux et sexuel défie le temps.
Je garde en mémoire les aveux de deux femmes très âgées : confession pour l’une ; cri du cœur pour l’autre. La première, sœur Emmanuelle, qui ne pouvait être veuve puisque, en tant que religieuse, elle était unie à un être éternel, écrit :
« Les troubles qui m’ont poursuivie durant l’adolescence et la jeunesse furent d’un autre ordre. Je n’oserais pas dire que je n’en ai pas encore gardé les séquelles…