Cette courte étude – face à l’étendue d’un tel sujet – vise à proposer un cadre de réflexion plutôt qu’à développer les différentes directions dans lesquelles l’étude de la sexualité infantile s’est perdue jusqu’à présent. Je partirai, pour m’engager dans un pareil raccourci, des deux remarques effectuées par J. Laplanche et J.-B. Pontalis dans leur Vocabulaire. L’une met l’accent sur l’aspect autoérotique de la sexualité infantile, tandis que l’autre rappelle l’importance des fantasmes qui déterminent le choix d’objet, conduisant ainsi à la place prédominante qui doit être accordée au lien moi-objet.
Je me propose de donner une cohérence théorique à cette double appartenance, qui a caractérisé jusqu’à présent la sexualité infantile.
Sans doute pouvons-nous mettre sous le terme de « sexualité infantile » la constitution, dans la psyché de l’enfant, d’une scène sexuelle entre deux adultes de sexes différents, ses parents, qui l’ont engendré.
L’analyse des enfants, des petits et des grands, nous a permis de mettre en évidence que cette scène n’est pas formée d’emblée dans le moi infantile. Le « fantasme originaire » d’une scène primitive entre les parents s’appuie, selon moi, sur l’histoire du lien que l’enfant noue d’emblée avec son premier objet, la mère ou, plus précocement encore, le sein de la mère.
Comment peut-on penser l’émergence d’une scène primitive dans cette relation première à l’objet ?
L’étude du développement même du concept d’objet nous permet d’aller dans ce sens, car il n’existe pas d’objet qui ne soit formé lui-même d’un lien croisant des éléments différenciés…