« C’est une fille coincée dans un corps de garçon. »
Pourquoi cet énoncé, qui sonne comme une proclamation, est-il considéré et accepté comme vrai ? Il ne s’agit pas d’entreprendre l’analyse de ses différentes modalités mais de partager quelques interrogations et associations qui me sont venues à l’esprit à la suite de cette présentation. D’abord, sur quels présupposés repose cet énoncé ? En fait, il semble venir authentifier la dichotomie corps/esprit qui, reprise par Platon avec le fameux jeu de mots sôma-sêma, désigne le corps comme tombeau de l’âme et qui inspirera de nombreux commentaires ; dualité reprise et développée ensuite par le christianisme.
Cet énoncé ne repose donc pas sur une démonstration, une preuve tangible, mais plutôt sur une croyance mythique, philosophique ou religieuse, qui n’est jamais ni interrogée ni remise en question.
Curieusement, cet énoncé est reçu d’emblée comme allant de soi, et se trouve accepté par tous comme une évidence. Il dit et certifie la présence d’une souffrance, souffrance insupportable pour Sasha d’« être une fille coincée dans un corps de garçon ». Mais de quelle souffrance s’agit-il ? Et d’où vient-elle ? Et cette fille, c’est qui, c’est quoi ?
À d’autres époques que la nôtre, on aurait évoqué un cas de possession : un esprit malin, un démon, ou démone en l’occurrence, peut-être même le Diable, se serait introduit dans le corps de ce pauvre garçon et lui aurait soufflé qu’il était autre que ce qu’il est. Ce serait alors le cas d’un garçon possédé par un espri…