CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Si on demandait : « mais qu’est-ce qu’un psy, à quoi sert-il ? ». Je dirais volontiers : c’est un professionnel qui propose une écoute dont la particularité est d’être attentif et empathique. Il propose à chacun d’exprimer ce qui habite l’esprit en cherchant à transformer les représentations douloureuses de l’existence qui entravent le sentiment d’être ce qu’on pense être et désire être. Mais « ça résiste ».

2Un « psy » doit-il alors être pessimiste ou optimiste ? Ne doit-il pas être pessimiste par empathie avec les sentiments négatifs qui amènent à demander une aide et malgré tout optimiste pour mettre à l’épreuve les obstacles à la liberté de penser et d’exister ? Donner un sens au rêve, confronter une pensée à une autre, prendre en compte les contraintes biologiques interdisant les progrès ne sont-elles pas les moyens dont le « psy » dispose et qu’il peut proposer pour ouvrir le champ des possibles. Ceci peut amener aussi le « psy » à s’interroger sur les théories qu’il a apprises et devenir son propre théoricien pour et par la pratique qu’il exerce. Ses sublimations mais aussi sa créativité ne nécessitent-elles pas d’être régulièrement à l’œuvre ? La tragédie des corps ne doit-elle pas autant l’intéresser que celle de l’esprit, comment ne saurait-il aussi s’envisager hors du champ social et culturel qui le façonne lui aussi.

3Face au pessimisme qui par moments l’envahit comme pour chacun, ne doit-il pas rechercher un point de vue optimiste pour en transmettre les effets sur ceux qui en manquent trop ? Pour ma part, à la recherche de l’optimisme et à titre d’illustration, j’ai été particulièrement sensible à trois réflexions que j’ai eues au gré de mes lectures l’occasion de découvrir : celle d’Emil Michel Cioran, reconnu pour son pessimisme « avec quelle quantité d’illusions j’ai dû naître pour pouvoir en perdre une chaque jour ! » ; celle de l’écrivain et journaliste militant engagé dans la Résistance française, Albert Camus : « dans les profondeurs de l’hiver, j’ai finalement appris qu’il y avait en moi un invincible été » ; et celle de l’anthropologue contemporaine Françoise héritier : « quoi qu’il en soit, vibre toujours on nous l’étincelle qui nous fait croire que tout est toujours possible ». A chacun de découvrir ses propres appuis pour atteindre l’optimisme qui parfois nous fait trop défaut.

Alain Braconnier
vient de publier Optimiste
aux éditions O. Jacob
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2014
https://doi.org/10.3917/lcp.179.0001
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