CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1. INTRODUCTION

1 L’expression des odeurs représente un excellent observatoire pour voir comment s’articulent dénomination et désignation (Kleiber 1984, 2001, 2003). Les odeurs passent en effet pour ne pas avoir de dénominations propres, l’affirmation revenant le plus souvent dans la littérature étant qu’« il n’y a pas de noms d’odeurs ». En va-t-il réellement ainsi ? Et si oui, comment s’effectue la saisie langagière des odeurs ? L’objectif de cet article est d’apporter des éléments de réponse à ces deux questions. Après avoir présenté dans une première partie les principales dimensions qui structurent l’opposition dénomination/désignation, nous examinerons, dans la deuxième, le statut dénominatif de noms comme brûlé, moisi, etc., et celui des noms de la série parfum, fragrance, senteur, puanteur, etc., et mettrons ainsi en relief le caractère paradoxal de la situation ontologico-dénominative des odeurs. Nous montrerons, dans la troisième et dernière partie, que la « sortie » de ce paradoxe passe par la désignation, et que le recours à la distinction désignation de types et désignation d’occurrences mise en avant dans la première permet d’expliquer comment se fait l’accès aux types d’odeurs du niveau basique, et comment on arrive à fixer les occurrences. Notre contribution, d’une part, prolonge ainsi l’étude entreprise sur la sémantique des odeurs en général (Kleiber 2011, à par. ; Kleiber & Vuillaume 2011) et, d’autre part, apporte, par les distinctions introduites entre les différents plans où opèrent dénomination et désignation, des éléments explicatifs nouveaux sur la problématique même que constituent ces deux concepts.

2. UN RAPPEL : DÉNOMINATION, DÉSIGNATION ET NOMS

2 Nous n’entendons évidemment pas remettre ici en jeu la question de la définition de la dénomination, dont les développements fructueux qu’elle a suscités depuis une vingtaine d’années (cf. Petit 2009) témoignent à la fois de son importance pour la construction conjointe du sens et de la référence et de la difficulté qu’il y a à maîtriser la complexité des dimensions qu’elle implique. Nous nous contenterons de rappeler les éléments de nos analyses antérieures (Kleiber 1981, 1984, 2001, 2003) qui nous seront nécessaires pour mener à bien notre enquête sur la situation dénominative des odeurs, en y apportant des compléments et des précisions nouveaux destinés à éclairer notre position.

3 Si l’on entend répondre aux questions Comment dénomme-t-on les odeurs ? et Comment désigne-t-on les odeurs ?, il faut au moins s’entendre au préalable sur ce qu’on appelle dénommer et désigner, les deux notions étant fréquemment confondues dans la littérature sur les odeurs, aussi bien dans la littérature anthropologique que psycho-linguistique. On commencera par rappeler qu’une expression (simple ou polylexicale) est la dénomination (ou name) d’une entité, si cette entité a eu par convention cette expression comme name, i. e. si elle a réellement été dénommée ou appelée ainsi (cf. librairie pour le magasin où l’on vend des livres, nager pour une certaine manière de se déplacer dans l’eau et Paul pour le voisin du dessus, s’il s’appelle... Paul). On parle de désignation quand l’expression n’a pas été attribuée a priori en propre à l’entité à laquelle elle renvoie, mais qu’elle permet néanmoins d’y accéder par l’intermédiaire des informations (descriptives ou autres) qu’elle comporte (cf. le magasin où l’on vend des livres pour « librairie », le voisin du dessus/cet homme pour Paul, etc.) (Kleiber 1984). Dénomination n’est donc pas synonyme de désignation, et l’on ne pourra accorder qu’un statut de désignation et non de dénomination à des expressions qui saisissent ou renvoient par tel ou tel moyen à telle ou telle odeur, sans avoir été conventionnellement attribuées a priori en propre à l’odeur en question. Si l’on se limite au secteur des noms d’odeurs, les désignations seront, bien entendu, également restreintes au secteur des constructions nominales.

4 Cette plate-forme définitoire appelle plusieurs précisions. En premier lieu, du point de vue des catégories grammaticales. Dénomination n’est pas non plus synonyme de nom, bien que, très souvent, les deux soient confondus. La dénomination ne se cantonne pas, en effet, au domaine des noms ou substantifs, parce que si un nom (ou noun) est bien une dénomination (name), l’inverse n’est pas vrai : les verbes, les adjectifs, etc., sont aussi des dénominations. Il reste que les noms (nouns) apparaissent comme étant des dénominations « préférées », au point de remplir, aux yeux de certains, à eux tout seuls l’espace dénominatif. Ce lien privilégié entre dénomination et nom trouvera sa justification infra. À ce stade, on retiendra seulement que, même si nous nous limiterons volontairement à la question de l’existence de noms (nouns) d’odeurs, il ne faudra pas oublier que les verbes et les adjectifs comme sentir, puer, schlinguer, cocotter, embaumer, odorant,odoriférant, pestilentiel, etc., sont également des dénominations olfactives, et qu’il conviendra, le cas échéant, de les mettre en rapport avec les noms d’odeurs.

5 En deuxième lieu, il faut préciser le statut ontologique des entités dénommées. Une première opposition entre type et token ou catégorie et occurrence (ou encore général et particulier) conduit à distinguer la dénomination effectuée par les noms propres de celle effectuée par les items lexicaux [1]. Les noms propres (cf. Paul, La Maison Blanche) dénomment des occurrences [2], les items lexicaux des types ou catégories (ou concepts si l’on veut) (cf. librairie, nager, triste), i. e. des entités qui sont destinées à avoir des occurrences que l’on peut appréhender à l’aide de la dénomination en question, sans qu’elles aient été elles-mêmes nommées ainsi. À cette opposition « dénomination de type » vs « dénomination d’occurrence » correspond sur le plan désignationnel – chose généralement inaperçue, mais qui, comme nous le verrons, a son importance dans l’analyse désignationnelle des odeurs – une opposition similaire entre « désignation de type » (cf. le légume avec lequel on fait les frites pour ‘la pomme de terre’) et « désignation d’occurrence » (ce voisin ou l’ancien prof de linguistique alsacienne pour Paul).

6 Si l’on conjoint les deux plans – grammatical et ontologique – on constate que la dénomination d’occurrence n’existe que du côté de la catégorie nominale. Il n’y a pas lieu de parler de dénomination d’occurrence pour les autres catégories (verbe, adjectif, etc.). Face aux noms propres, il n’y a pas de verbes « propres », d’adjectifs « propres », etc., i. e. il n’y a pas d’expressions qui seraient la dénomination d’une de leurs occurrences particulières. La raison en est le statut ontologique dépendant de leurs occurrences spécifiques. Ce qui caractérise les entités dénotées par les verbes, adjectifs, etc., c’est que l’existence de leurs occurrences dépend de celle d’autres occurrences. On n’a une occurrence particulière de beau que si quelqu’un ou quelque chose est beau, une occurrence d’exploser que si quelque chose (ou quelqu’un) explose, etc., alors qu’une occurrence particulière de chimpanzé n’a pas besoin d’une autre occurrence pour exister [3]. Cette non autonomie des occurrences particulières entraîne l’impossibilité de les dénommer et explique donc l’asymétrie dénominative relevée entre les noms et les autres catégories grammaticales majeures [4], asymétrie qui, avec la différence ontologique [5], explique pourquoi les noms passent pour être les prototypes de la dénomination.

7 Il convient d’observer que cette même non autonomie ou syncatégorématicité des entités dénotées par les verbes, les adjectifs, etc., se traduit par la même absence au niveau des occurrences d’une désignation des occurrences au moyen de la catégorie verbale, adjectivale, etc., alors qu’au niveau du type elle reste présente (cf. enlever la poussière pour dépoussiérer). Si l’on entend désigner une occurrence particulière de beau ou d’exploser, on ne peut en rester à un syntagme adjectival ou verbal, il faut endosser la livrée nominale avec des désignations du type la beauté de Marie ou encore l’explosion de la bombe, etc. On tient là une autre raison, fonctionnelle, cette fois-ci, qui explique la prépondérance des noms dans la problématique dénomination – désignation.

8 Cette importance « nominale » se trouve encore renforcée lorsque l’on fait valoir l’exacte portée du critère fonctionnel. La raison fonctionnelle que nous venons d’évoquer pour les occurrences particulières des entités non autonomes est en fait plus générale et concerne toutes les entités quel que soit leur statut ontologique : pour que l’on puisse parler d’une chose, il faut basculer du côté nominal (Kleiber 1981, 2001). Si l’on entend parler de l’entité dénotée par beau, il faut recourir soit au substantif beauté, soit l’utiliser en emploi autonymique, donc comme un SN.

9 On l’aura compris : même si l’opposition dénomination – désignation n’est pas restreinte à la catégorie nominale, il n’en reste pas moins que le nom, pour des raisons ontologiques et fonctionnelles, se révèle être la pièce maîtresse sur laquelle s’articulent ces deux notions. Et c’est donc tout logiquement que la question qui nous servira de point de départ est : Y a-t-il des noms d’odeurs ?

3. Y A-T-IL DES NOMS D’ODEURS ?

3.1. Les « faux » noms d’odeurs

10 Une première réponse, en forme de boutade, est de dire qu’il y en a au moins un, celui contenu dans la question elle-même, c’est-à-dire le nom odeur lui-même. De façon plus sérieuse, il s’agit de voir s’il y a des noms qui sont des hyponymes d’odeur, i. e. des noms qui se définissent comme étant des sous-classes ou sous-catégories d’odeurs. Et là, même si la réponse négative généralement formulée pointe un des aspects les plus importants de la sémantique lexicale des odeurs, elle ne peut être maintenue telle quelle, dans la mesure où il semble bien exister des noms qui se définissent par odeur + quelque chose et qui donc apparaissent comme correspondant à des subdivisions de la classe des odeurs. On pense évidemment à des N comme parfum ou senteur, mais une enquête lexicographique approfondie, comme celle à laquelle se sont livrées S. David, M. Barkat-Defradas et C. Rouby (2006) [6], fait apparaître une liste de prétendants beaucoup plus importante. Les auteurs ont, en effet, mis en relief dans trois dictionnaires électroniques, le Robert électronique (v. 1.1., 1996), le Larousse (Bibliorom, v. 1.0., 1996) et le Trésor de la Langue Française informatisé, une liste de 26 noms [7] (dont le N odeur lui-même), dont le definiens comporte comme terme définitoire le N odeur :

11

(1)
aigre, arôme, brûlé, empyreume, exhalaison, fragrance, fraîchin, fumet, graillon, gravéolence, infection, odeur, parfum, pestilence, puanteur, rance, relent, remugle, renfermé, roui, roussi, sauvagin, sent-bon, senteur, sentiment, vent[8]

12 Le critère de la présence de l’incluant odeur dans les définitions lexicographiques de ces noms devrait être suffisant pour en garantir le statut de dénomination d’odeur. On s’aperçoit toutefois très vite que l’on ne peut s’y fier, parce qu’une bonne partie des noms recrutés [9], tels aigre, brûlé, fraîchin, graillon, rance, renfermé, roussi, sont en réalité des noms dénommant la source ou plutôt, comme nous le verrons, la spécification de l’odeur et non l’odeur elle-même, et ne peuvent donc être définis comme étant des noms d’odeurs. Ce qui a sans doute induit les lexicographes en erreur, c’est leur emploi à la place N de la construction prédicative olfactive SN / Ça sent le N. Or, dans la construction SN / ça sent le N, comme l’a montré A. Theissen (2011), c’est sentir qui exprime le sens d’odeur, le N ne fait que spécifier le type d’odeur dont il s’agit. Autrement dit, dans (2) :

13

(2)
Ça sent le roussi

14 le SN le roussi ne correspond pas à ‘odeur d’une chose qui a légèrement brûlé’ (Petit Robert), mais uniquement à la spécification que l’odeur dont il s’agit est celle d’une chose qui a légèrement brûlé. Il continue donc d’avoir son sens qui n’a rien d’olfactif en lui-même.

3.2. Des noms « superordonnés »

15 Une autre partie des noms relevés, à savoir arôme, fragrance, parfum, puanteur, senteur, relent, etc., ont eux véritablement le statut de noms d’odeurs, dans la mesure où ils dénomment effectivement des sous-classes ou sous-catégories d’odeurs :

16

(3)
Fragrance = ‘odeur agréable’
Parfum = ‘odeur agréable et pénétrante’
Puanteur = ‘odeur infecte’
Senteur = ‘odeur agréable, parfum’
Relent = ‘mauvaise odeur qui persiste’ (cf. le Petit Robert)

17 Le point essentiel est que ce ne sont pas des dénominations semblables à celles que l’on trouve du côté des couleurs où l’on a comme hyponymes du nom couleur, des noms comme bleu, rouge, vert, etc., qui eux-mêmes peuvent subsumer des noms tels que bleu azur, rouge vermillon, etc. Les noms du paradigme fragrance, parfum, relent, etc., n’identifient pas l’odeur particulière dénotée, mais restent au niveau général d’odeur, en apportant simplement une restriction d’ordre hédonique ou de durée. Si l’on se place dans le cadre de la catégorisation verticale de la sémantique du prototype (Rosch et al. 1976 ; Kleiber 1990, 1994), ce ne sont pas des catégories de base (ou subordonnées) comme les noms de couleur, mais des catégories superordonnées comme odeur. Ils représentent tout comme odeur des catégories hétérogènes destinées à rassembler des catégories de base homogènes différentes. De même que je ne puis pas m’imaginer une odeur sans m’imaginer une odeur particulière, de même je ne puis penser à un parfum, par exemple, sans penser à un parfum particulier.

3.3. « Les odeurs n’ont pas de nom » ou il n’y a pas d’odoronymes

18 Le bilan dénominatif fait apparaître clairement qu’il y a des noms d’odeurs en plus du nom odeur lui-même, mais que ces noms d’odeurs, mis à part un emploi de remugle[10] (et des noms vraiment rares comme le savant empyreume), malgré une restriction hédonique (bonnes odeurs / mauvaises odeurs) ou temporelle (vieilles odeurs, odeurs tenaces), restent des noms de type superordonné comme odeur, qui rassemblent des occurrences hétérogènes, et qui donc ne spécifient pas le type d’odeur dont il s’agit, même si elles apportent des précisions de nature hédonique ou « temporelle » sur l’odeur en question. Lorsque les spécialistes ou non spécialistes soulignent que les odeurs, contrairement aux couleurs, n’ont pas de nom, c’est cette quasi-inexistence de noms de base pour les odeurs qu’ils entendent avant tout signaler. Même si le locuteur lambda n’en a pas conscience, ce « vide dénominatif » fait intrinsèquement partie de notre manière d’appréhender les odeurs et d’en parler. La meilleure preuve en est l’incongruité d’une interrogation sur le nom d’une odeur particulière. Alors que l’on peut fort bien poser pour les couleurs des questions dénominatives du type de (4) :

19

(4)
Quel est le nom de cette couleur ? / Comment s’appelle cette couleur ?

20 il semble plus étrange d’y recourir lorsqu’il s’agit d’odeurs :

21

(5)
 ? Quel est le nom de cette odeur ? /? Comment s’appelle cette odeur ?

22 Et, en admettant qu’une telle interrogation dénominative sur une odeur particulière ait lieu, il semble bien que les usagers, certains du moins, seront amenés à répondre :

23

(6)
Mais les odeurs n’ont pas de noms !

24 découvrant ainsi un fait linguistique, dont ils n’avaient sans doute pas conscience, celui de l’absence de « véritables » noms d’odeurs, i. e. de noms spécifiant effectivement le type de l’odeur particulière perçue.

25 À quoi cela tient-il ? On pourrait penser qu’il n’y a pas de noms de base d’odeurs tout simplement parce que les odeurs n’ont pas d’odeurs de base. Le N odeur et les autres N généraux comme parfum, fragrance, relent, etc., seraient dans la même situation que les noms de propriété, de qualité, d’états, etc., comme tristesse, douleur, etc., regroupés sous l’étiquette de noms abstraits intensifs par N. Flaux et D. Van de Velde (2000), qui soulignent que :

26

la possibilité qu’ont les N concrets indénombrables de se laisser dénombrer non pas en individus comme les dénombrables, mais en espèces n’existe pas pour les N abstraits intensifs, qui sont peut-être les seuls N du lexique à être, au sens le plus strict du terme, des N d’espèces dernières, puisqu’il n’y a aucun moyen de constituer des sous-espèces qui leur seraient subordonnées. (Flaux & van De Velde, 2000 : 77)

27 L’absence d’odoronymes ou noms d’odeurs de type basique ne ferait ainsi que traduire le caractère d’espèces « dernières » du nom odeur. Mais une telle explication ne tient guère la route, dans la mesure où le N odeur engage intrinsèquement l’existence de telles catégories.

3.4. Le paradoxe ontologico-dénominatif des odeurs

28 Le N odeur, tout comme le N couleur, est, comme nous l’avons montré ailleurs (Kleiber 2011), fondamentalement ou basiquement comptable. Il prend en effet sans difficulté aucune les déterminants qui impliquent le trait ‘dénombrable’ comme un, trois, des, les, quelques, plusieurs, etc., et se met au pluriel, lorsqu’il se combine avec assez de, peu de, beaucoup de, pas mal de, combien de, etc. :

29

(7)
Une odeur
Deux / des / les / quelques / plusieurs odeurs
Assez de / peu de / beaucoup de / pas mal d’odeurs
Combien d’odeurs ?

30 Il s’accorde beaucoup plus difficilement avec les déterminants et quantificateurs révélateurs de la non-dénombrabilité, comme l’article partitif du et un peu de, et a du mal à rester au singulier après assez de, peu de, beaucoup de, pas mal de, combien de :

31

(8)
(?) de l’odeur
(?) un peu d’odeur
(?) Assez de / peu de / beaucoup de / pas mal de couleur / d’odeur
? Combien d’odeur

32 Le point important est que les occurrences qu’il permet de compter ne sont pas des individus, mais bien des sous-espèces d’odeurs, des sous-catégories d’odeurs, ce que E. Husserl appelle les « singularités spécifiques » [11]. La lecture de (9) :

33

(9)
Je déteste trois odeurs

34 est similaire à la lecture dite « taxinomique » de (10) :

35

(10)
Je déteste trois fruits

36 comme le prouvent les suites possibles (11) :

37

(11)
Je déteste trois odeurs, à savoir l’odeur de citron, celle de cannelle et celle de rose
Je déteste trois fruits, à savoir les bananes, les citrons et les mangues

38 Par contre, contrairement à fruit, il n’y a pas pour odeur de lecture où ce sont des occurrences individuelles et non des sous-catégories qui sont comptées :

39

(12)
Il y a trois fruits sur la table, à savoir trois pommes

40

(13)
*Trois odeurs règnent dans la maison, à savoir trois odeurs de citron

41 Le fait que odeur est un N intrinsèquement comptable par distinguabilité qualitative interne prédit donc l’existence de sous-espèces d’odeurs ou catégories d’odeurs de base, mais conduit aussi à une situation ontologico-dénominative pour le moins paradoxale : d’un côté, le N odeur renvoie bien à des entités conçues comme ayant des sous-catégories homogènes, des espèces d’odeurs, et, de l’autre, il n’y a, comme nous venons de le voir, (pratiquement) pas de dénominations disponibles pour elles. C’est ainsi que, si odeur donne lieu tout naturellement à une interrogation sur le type de ses occurrences :

42

(14)
C’est quoi comme odeur ?
Quelle odeur préfères-tu ?

43 – questions qui paraissent incongrues avec les N de propriété comme tristesse, douleur, impatience, etc. :

44

(15)
 ? C’est quoi comme tristesse / douleur / impatience ?
? Quelle tristesse / douleur / impatience éprouves-tu ?

45 – on ne saurait répondre à ces questions à l’aide de noms dénommant ces types, tout simplement parce qu’il n’y a pas de telles dénominations.

4. DÉSIGNATIONS DES ODEURS : ODEUR DE...

4.1. Recours à la « source »

46 Cela n’entraîne pas, bien entendu, que l’on ne puisse répondre, c’est-à-dire que l’on ne puisse saisir ces catégories d’odeurs basiques prévues par le sens même d’odeur. Si la dénomination fait défaut, c’est la désignation qui prend le relais. Tous les odorologues ont souligné que l’absence d’odoronymes se trouvait palliée par l’emploi de syntagmes binominaux en de comportant en première place le nom odeur ou un des N du paradigme des noms « généraux » tels parfum, senteur, relent, etc., et, en seconde place, après la préposition de, le nom d’une source odorante :

47

Constructions using odeur, parfum, senteur, fragrance, effluve and exhalaison, followed by the preposition de and a noun, are frequently used in French when a particular smell is being considered. (David, 2002 : 86)
In the construction “odeur + preposition + (det) + N2”, [...] N2 is the name of a source. (David, 2002 : 88)

48 Même si dans la littérature, on a pu parler de nom ou de dénomination pour ces constructions binominales [12], il ne peut s’agir que de désignations. L’odeur de citron ou l’odeur de réglisse n’a jamais été appelée ainsi, comme le confirment l’absence de telles constructions dans les dictionnaires et la variation lexicale assez grande qui caractérise leur second membre.

49 Mais le plus important, c’est de voir comment ce type de désignations arrive à saisir les sous-catégories d’odeurs en question. Dire que c’est par la source qu’une odeur particulière se trouve reconnue ou identifiée n’est pas faux, mais ne suffit pas. D’une part, parce qu’il convient de préciser de quelle source il s’agit (est-ce celle de l’odeur particulière catégorisée ?) et, d’autre part, parce qu’il faut déterminer dans quelles conditions une source d’odeur(s) peut servir de spécificateur qualitatif olfactif.

4.2. Désignations de types et désignations d’occurrences

50 Le jeu des déterminants donne lieu à deux types de SN en odeur de... suivant que le second membre se trouve déterminé ou non :

51

(16)
Une odeur de citron
L’odeur de citron

52

(17)
L’odeur du citron
L’odeur des citrons
L’odeur d’un citron

53 Les deux ne sont évidemment pas équivalents, même si de prime abord on peut penser que, du fait de la présence des mêmes constituants que sont la préposition de, le N odeur et le N citron, il s’agit du même rapport de « source » à odeur. La différence provient de ce que l’incorporation du second membre dans le premier que demande d’effectuer la préposition de dans le cas des SN binominaux (Cadiot, 1997 : 62) ne conduit pas au même résultat suivant qu’il s’agit d’un N seul qui est à incorporer ou de tout un SN, i. e. un N déterminé. Dans le premier cas, celui d’odeur de citron, l’incorporation se traduit par la formation d’une sous-catégorie d’odeur, à savoir l’odeur de citron, parce que citron, n’étant pas déterminé, ce n’est que la partie notionnelle qui demande à être incorporée dans odeur. L’expression odeur de N caractérise ainsi directement un type d’odeur. Dans le second cas, celui de odeur de + déterminant + citron, c’est un SN (spécifique ou générique comme le montre (18)) que de instruit d’incorporer dans la représentation d’odeur :

54

(18)
L’odeur du citron est agréable (générique)
L’odeur du citron (qui est sur la table) / de ce citron est agréable (spécifique)
J’aime l’odeur des citrons (générique)
L’odeur des citrons (achetés la veille) / de ces citrons régnait encore dans la cuisine
L’odeur d’un citron est plus agréable que l’odeur d’une poire (générique)
L’odeur d’un citron, qui avait roulé sous la table, embaumait la pièce

55 Il y a donc deux entités référentielles qui sont en jeu. Du coup, le résultat de l’incorporation opérée par de ne peut plus être celui d’une catégorisation (d’odeur à la sous-catégorie odeur de citron) comme dans le premier cas, mais celui d’une relation qui lie odeur à l’entité dénotée par le second membre. Et, cette relation, qui estfournieiciparla seulemicro-structure de odeurdu /des / d’uncitron, est celle de « propriété » ou, si l’on préfère, étant donné que l’on sait que les odeurs émanent des substances ou d’états de substances, celle de « source ».

4.3. Trois conséquences

56 Trois conséquences majeures découlent de cette analyse. En premier lieu, il faut abandonner l’idée, souvent exprimée dans la littérature, que c’est plus la substance odorante qui se trouve visée que l’odeur elle-même [13]. Nos deux types de syntagmes mettent bien l’odeur en jeu à chaque fois, même si c’est de manière différente.

57 En deuxième lieu, il faut aussi renoncer à l’idée que dans odeur de citron, le N citron désigne la « source » de l’odeur : il spécifie une des sous-catégories d’odeurs qu’implique la comptabilité basique du N odeur. Le syntagme odeur de N correspond ainsi à ce que nous avons appelé supra une désignation de type, i. e. de sous-catégorie d’odeurs, et il remplit ainsi le rôle que jouent les noms tels bleu, bleu azur, etc., du côté des couleurs. On peut considérer, avec les grammaires de construction, que la fréquence des syntagmes du type odeur de citron a contribué à leur ancrage cognitif et a fait émerger le schéma odeur (relent, fragrance, etc.) de N comme schéma de représentation pour la désignation de sous-catégories d’odeurs. Le SN odeur de N comme désignateur d’odeurs de base suppose que l’entité dénotée par N ait comme propriété celle d’avoir une odeur particulière, caractéristique. La construction odeur de citron prend ainsi appui sur l’information générique Les citrons ont une odeur caractéristique ou dit, de façon peut être meilleure, une odeur de citron est une odeur qui a les caractéristiques de l’odeur du/des citron(s). C’est cette information stéréotypique qui fait que l’on maintient le plus souvent le terme de « source » pour le N des désignations catégorielles odeur deN, puisque la construction de ce SN qualitatif est basée sur la connaissance stéréotypique que les citrons sont une « source » d’odeur caractéristique ou ont une odeur caractéristique. La preuve en est que, si une entité dénotée par un N passe pour n’avoir pas d’odeur, il est difficile de l’utiliser dans la désignation de sous-catégories d’odeur odeur de N :

58

(19)
 ? Une odeur d’eau
? L’odeur d’eau

59 Cela peut paraître trivial, étant donné le point de départ, mais l’est sans doute beaucoup moins si on observe que le SN où le N se trouve défini :

60

(20)
L’odeur de l’eau

61 passe, lui, la rampe, alors que l’on s’attendrait à ce qu’il soit également mal formé. La raison en est qu’il n’exprime pas un type d’odeur comme odeur de N.

62 Et nous tenons là notre troisième conséquence : les SN du type l’odeur du citron / des citrons / d’un citron n’expriment pas directement une sous-catégorie d’odeurs, un type d’odeurs, mais ils désignent un individu ou occurrence d’odeurs (spécifique ou générique) via la source que représente le second membre. Il s’agit de désignations d’occurrences. Malgré leur proximité, qui peut amener à des conclusions « olfactives » effectivement semblables, les SN l’odeur du citron et l’odeur de citron ne sont pas identiques : le premier désigne une occurrence d’odeur, à savoir celle qui émane du citron, le second désigne une sous-catégorie d’odeur, l’odeur qui a les caractéristiques de celles du citron. Dans le second SN, la constitution de la sous-catégorie d’odeur ou du type d’odeur (‘odeur de citron’) repose sur le détachement vis-à-vis de la source, opéré par l’absence de détermination, source qui se trouve, elle, pleinement présente dans le premier. Avec le premier, la désignation de l’occurrence d’odeur visée se fait via le référent dénoté par le SN déterminé du second membre (le citron). Rien d’étonnant si le possessif peut se substituer au deuxième membre dans le premier cas, mais non dans le second :

63

(21)
L’odeur du citron ? son odeur

64

(22)
L’odeur de citron ? son odeur

65 Deux résultats découlent de notre analyse. Le premier est que les SN binominaux de type odeur de... se divisent en deux classes, qui correspondent aux deux types de désignation distinguées supra : il y a les SN de forme odeur de N qui assurent une désignation de sous-catégories ou de types d’odeurs, et il y a les SN de type odeur du N / des N / d’un N qui effectuent une désignation d’occurrences d’odeurs. Le second est que le N des SN de la première classe (odeur de N) n’est pas la source de l’odeur dénotée, mais le spécificateur d’un type d’odeur, alors que c’est l’inverse pour ceux de la seconde classe où le deuxième membre du SN binominal joue le rôle de source de l’occurrence d’odeur désignée et ne spécifie pas directement le type d’odeur dont il s’agit.

66 Ce double résultat se trouve conforté par plusieurs observations. En premier lieu, lorsqu’il s’agit de odeur de N, N peut fort bien ne pas être la source de l’odeur visée (Kleiber & Vuillaume 2011), comme le montrent (23) et (24), où la source de l’odeur effective est à chaque fois le sujet de la phrase (les poires trop vertes / cette poire) et non, bien entendu, le 2e N (cresson ou pomme verte) :

67

(23)
Les poires trop vertes ont une légère odeur de cresson

68

(24)
Cette poire ne sent pas la poire, elle a une odeur de pomme verte

69 Deuxièmement, avec les SN au 2e N déterminé (type odeur du N), on remarque que, si, effectivement dans beaucoup de cas, la mention de la source donne indirectement, via cette source, des indications sur le type de l’odeur elle-même – on peut penser qu’il en va ainsi avec l’odeur de la réglisse / du Munster – ce n’est pas toujours le cas. Avec des SN comme l’odeur de Bernard, l’odeur de la chemise, l’odeur de la boîte, etc., la connaissance de la source ne renseigne pas grandement sur le type d’odeur dont il peut s’agir, et l’on peut demander fort logiquement C’est quoi comme odeur ?. Une telle question peut rester légitime même lorsque la « source » est réputée avoir une odeur caractéristique, comme dans le cas des seringas, par exemple, tout simplement parce que le statut de « source » du SN du second membre autorise une interrogation sur les qualités de l’occurrence d’odeur dénotée :

70

(25)
J’aime l’odeur des seringas. – C’est quoi comme odeur ?

71 Semblable question est beaucoup moins naturelle pour le SN correspondant du premier groupe, parce qu’il se présente lui-même déjà comme type d’odeur :

72

(26)
J’aime l’odeur de seringa. – (?) C’est quoi comme odeur ?

73 En troisième lieu, la possibilité de combiner dans un même syntagme spécification du type d’odeur et source de l’odeur est un argument fort en faveur de notre analyse. À partir de l’odeur de citron et l’odeur des palétuviers roses, et à condition, bien entendu, que les palétuviers roses sentent le citron, ce que l’on ne saurait garantir, on peut former le syntagme :

74

(27)
L’odeur de citron des palétuviers roses

75 Dernier point, en faveur du caractère spécificateur du N des SN du type de odeur de N, le complément prépositionnel de N peut se voir substituer un adjectif de type classifiant. C’est ainsi que l’on peut avoir comme spécificateur de sous-catégories d’odeurs des SN tels que odeur florale, odeur végétale, odeur citronnée, etc.

5. CONCLUSION

76 Le bilan est clair : oui, il y a des noms d’odeurs, mais mis à part remugle et peut-être des noms « pointus » que nous avons volontairement laissés de côté à cause de leur spécialisation, ces noms, du paradigme parfum, fragrance, senteur, relent, etc., restent au niveau superordonné d’odeur et ne dénomment donc pas les types d’odeurs qu’appelle pourtant la comptabilité qualitative du nom odeur. Nous avons vu qu’il faut écarter les noms du paradigme de la spécification (ou de la source) tels brûlé, moisi, fraîchin, etc., que les lexicographes définissent le plus souvent à l’aide de l’incluant odeur, parce qu’ils n’englobent pas ‘odeur’ et dénomment donc uniquement la spécification du type d’odeur dont il s’agit. L’accès aux types d’odeurs du niveau basique se fait ainsi essentiellement par la désignation, par des désignations de sous-catégories et cela principalement à l’aide d’un SN binominal odeur de N, dans lequel N a perdu le statut de « source » pour acquérir celui de spécificateur de la sous-catégorie d’odeur visée. Ce n’est que lorsque le second N se trouve déterminé que l’on peut parler de « source » de l’odeur, mais, dans ce cas, il s’agit non plus de désignation de types d’odeurs, mais de désignation d’occurrences d’odeurs. Pourquoi la désignation et non la dénomination, lorsqu’il s’agit des odeurs de niveau basique ? C’est une question que nous laissons volontairement ouverte pour le moment.

Notes

  • [1]
    En 1984 (Kleiber, 1984 : 89-93), nous avons mis l’accent sur la différence de niveau du codage et avons donc parlé respectivement de dénomination ordinaire et de dénomination métalinguistique, en réservant d’ailleurs faussement la seconde aux noms communs ou lexies nominales complexes.
  • [2]
    Pour cet aspect, voir Kleiber (2007).
  • [3]
    Voir l’opposition que nous avons faite (Kleiber 1981) entre concept catégorématique (autonome) et concept syncatégorématique (non autonome).
  • [4]
    Si la dénomination de type trouve à s’appliquer aux verbes et adjectifs, c’est parce qu’au niveau générique auquel correspond le type ou la catégorie, les entités dénotées sont, parce qu’« abstraites », précisément autonomes.
  • [5]
    Les entités « autonomes » sont toujours exprimées par un nom, alors que l’inverse n’est pas vrai (Kleiber 1981, 2001).
  • [6]
    Voir aussi sur ce point l’analyse de David (2002).
  • [7]
    C’est le regroupement des résultats des trois dictionnaires qui conduit à ce chiffre, le Robert électronique livrant 17 noms, le Larousse-Bibliorom 19 et le Trésor de la Langue Française informatisé 16.
  • [8]
    Effluve ne s’y trouve pas, sans doute parce qu’il est défini comme ‘émanation qui se dégage de...’ et non comme ‘odeur qui se dégage de...’.
  • [9]
    Nous n’avons pas analysé tous les termes de la liste, certains noms nous étant totalement « étrangers » comme gravéolence, vent, sauvagin, etc. Pour plus de détails, voir David, Barkat-Defradas & Rouby (2006) et David (2002).
  • [10]
    Le statut de remugle est instable : il connaît les trois emplois que l’on peut envisager à partir de la définition ‘odeur de moisi, de renfermé’ que l’on en donne habituellement, à savoir ‘odeur’, ‘moisi’ et ‘odeur de moisi’ (Kleiber 2011).
  • [11]
    C’est-à-dire « une espèce qui, considérée dans le rapport qu’elle a aux autres espèces, est comparable à un individu dans son rapport aux autres individus » (Van de Velde, 1995 : 100). Van de Velde renvoie aux Recherches logiques (vol. 2, II, ch. 1) de Husserl.
  • [12]
    « L’odeur est systématiquement nommée par sa source. » (Rouby & Sicard, 1997 : 75)
  • [13]
    Les travaux menés en linguistique cognitive conduisent à ne plus voir dans les odeurs des entités par elles-mêmes. Se fondant sur les discours des sujets parlants, ils postulent que les odeurs ont deux côtés définitoires : celui des sensations ou celui de la substance-source : « Pour les sujets interrogés l’odeur a un statut double, si l’on observe les deux noms les plus employés après quelque chose : elle se définit comme une sensation, c’est alors un phénomène qui implique un sujet ; ou comme une substance : l’odeur est alors prise du côté des “objets” et acquiert une certaine objectivité » (David, 2000 : 77). On notera que ce double statut lui dénie toute existence propre.
English

From denomination to designation : the ontologico-denominative paradox of odours

The reference to odours constitutes an excellent domain when studying how denomination and designation interact. Odours are indeed thought not to have denominations of their own, the most common claim in the literature being that ‘there are no names for odours’. Is it really the case ? And if so, how are odours expressed in language ? The aim of this paper is to bring on the one hand some answers to those two questions and, on the other hand, some new explanatory facts on the very issue of the denomination–designation couple.

Keywords

  • denomination
  • designation
  • odours
  • names
Français

L’expression des odeurs représente un excellent observatoire pour voir comment s’articulent dénomination et désignation. Les odeurs passent en effet pour ne pas avoir de dénominations propres, l’affirmation revenant le plus souvent dans la littérature étant qu’« il n’y a pas de noms d’odeurs ». En va-t-il réellement ainsi ? Et si oui, comment s’effectue la saisie langagière des odeurs ? L’objectif de cet article est d’apporter, d’une part, des éléments de réponse à ces deux questions et, d’autre part, des éléments explicatifs nouveaux sur la problématique même que constitue le couple dénomination et désignation.

Mots-clés

  • dénomination
  • désignation
  • odeurs
  • noms
  • catégories

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Georges Kleiber
Université de Strasbourg et LiLPa/Scolia (EA 1339)
Mis en ligne sur Cairn.info le 19/07/2012
https://doi.org/10.3917/lf.174.0045
Pour citer cet article
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