CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1La Pandémie de Covid-19 qui a frappé le monde au printemps 2020 a lancé un vaste débat sur les réponses technologiques à apporter à la crise, et sur les meilleurs moyens pour enrayer la circulation du virus et réduire ses dangers. L’intérêt de l’épisode est d’avoir suscité toute une gamme de réponses, lesquelles ne sont pas sans relation à des questions récurrentes : l’alternative ou la complémentarité techniques-comportements, le choix entre low- et high-techs, l’importance des circuits-courts, les marges d’action des autorités publiques et leurs dérives possibles, policières notamment, les choix de rémunération et l’importance sociale des emplois les moins rémunérés. Au début de la crise, en Europe notamment, le défaut de techniques – cruel au sein d’une civilisation pour laquelle il n’est de problème sans solution technique –, à savoir l’absence de masques, de gels hydroalcooliques, de respirateurs artificiels, de tests ont contraint à un arrêt de nombre de flux, à commencer par ceux des personnes, et donc à un arrêt partiel de l’économie. Ce fut le retour en force de la puissance publique jouant en premier lieu sur les comportements, mettant un terme à certains automatismes de marché. Chassez toutefois le naturel, il revient au galop. Alors que de nombreux gouvernements, de la Chine en passant par l’Europe et l’Amérique du Nord, ont fait le choix de développer des logiciels numériques High-Tech afin de tracer les populations pour assurer un suivi épidémiologique en temps réel, accélérant par là même la numérisation de nos vies et le déploiement des équipements et infrastructures numériques, des solutions bien plus simples étaient pourtant disponibles et bien connues. Porter un masque, se laver les mains, respecter des distances physiques, mettre en quarantaine les objets contaminés, autant de mesures simples, bon marché, énergétiquement sobres, qui firent pourtant défaut. Beaucoup ont découvert à cette occasion que les entreprises et l’État étaient capables de se mobiliser pour mettre au point un logiciel « Stop-Covid », alors même qu’il semblait insurmontable de fournir des masques aux soignants et à la population, laquelle dut bien souvent recourir à des bricolages locaux et des formes d’entraide, en ressortant les vieilles machines à coudre. Reconnaissons-le cependant, ceux des pays qui s’en sont le mieux tirés – comme Taiwan, la Corée du Sud ou la Nouvelle-Zélande –, sont ceux qui ont précocement joué sur une large palette de mesures, hétéroclite, et ce de façon relativement transparente.

2Surtout, un enseignement commun aux crises sanitaire et écologique est le constat que les infrastructures jouent un rôle déterminant pour changer les usages : les villes qui ont connu un développement significatif des déplacements à vélo pendant la crise du Covid-19 sont celles qui avaient des pistes cyclables ou qui ont déployé rapidement et efficacement une démarche d’urbanisme tactique pour modifier les usages de la rue. A contrario, sans adaptation de ces infrastructures de mobilité, la part modale de la voiture a augmenté ailleurs. En conséquence, les dispositifs d’incitation ciblant seulement l’adaptation des comportements individuels (ex. se déplacer à vélo, télétravailler), sans engager de changements significatifs dans les infrastructures et le développement d’un nouvel équipement urbain (pistes cyclables, garages à vélo, réparateurs de vélos, tiers lieux de télétravail et autres espaces de travail pour les personnes ayant un petit logement), sont insuffisants et même générateurs d’inégalités et d’injustices sociales.

3Le monde de l’après pandémie ne sera pas celui de la quiétude. L’ampleur des dégradations environnementales ne fait plus aucun doute, le réchauffement climatique n’est plus un constat scientifique abstrait, mais est devenu une expérience partagée et presque universellement acceptée. Dès lors l’enjeu n’est plus de débattre encore de l’ampleur et de la réalité des crises écologiques contemporaines, il s’agit désormais d’imaginer des réponses et d’opérer des choix susceptibles d’affronter ces défis à proprement parler inédits. C’est dans un tel contexte que se pose la question de l’alternative entre Low-Tech et high-tech, et celle plus générale des choix technologiques à opérer aux temps des catastrophes entremêlant les aspects sociaux, sanitaires et environnementaux. Les débats sur les Low-Techs et leur rôle potentiel pour affronter les multiples crises sont en effet essentiels : les promesses et la rhétorique de séduction des high-techs, dans les mondes politique, industriel ou de la recherche universitaire, ne doit pas masquer leurs conséquences (effets rebonds, dépendances de sentier, inégalités sociales, impacts environnementaux indirects). En proposant ce dossier sur les Low-Techs nous souhaitons contribuer au débat en cours sur les choix technologiques et la variété des trajectoires possibles pour répondre à l’immense défi de l’anthropocène. Smart Grids, robotique agricole, promesses biotechnologiques, intelligence artificielle et autres avatars high-techs contemporains, l’ingéniosité humaine et les promesses technologiques prolifèrent plus que jamais en suscitant un grand nombre d’attentes et d’espoirs.

À propos de quelques enjeux de définition : qu’est-ce que le Low-Tech ?

4Dans le contexte des débats sur les transitions écologiques et énergétiques, désormais reconnues comme urgentes, les nouvelles technologies sont souvent mobilisées dans une mise en récit quasiment magique du « développement durable » : grâce à elles nous pourrions résoudre la crise écologique tout en maintenant nos modes de vie et la croissance de nos économies. Mais cet horizon d’une abondance partagée pour tous, qui fut le grand projet de la modernité, est entré en crise. C’est en effet cette même abondance, les flux et les techniques qui la sous-tendent, qui mettent désormais en danger l’habitabilité de la Terre. C’est dans ce contexte que la question des technologies redevient profondément politique, que les débats et les oppositions ressurgissent avec force et que la question des Low-Techs, ces dispositifs simples et robustes, envahit l’espace public.

5L’expression « Low-Tech », ou « basse technologie », demeure ambiguë et complexe à définir. Nous n’entendons pas en donner une définition définitive ou trop fermée, mais au contraire laisser ouvert le champ le plus large des significations, pour lui donner la force d’une heuristique. L’expression Low-Tech s’est imposée en France comme à l’échelle internationale depuis plusieurs années. Elle a été investie par de nombreux acteurs d’horizon varié soucieux de réinventer les pratiques matérielles et les systèmes techniques. Elle s’inscrit aussi dans une longue généalogie de réflexions sur les techniques, et prend la suite d’autres expressions proposées dans le passé, comme les « technnologies conviviales », « alternatives » ou « écologiques », autant de formules qui visent à ouvrir un champ d’expérimentation et une diversité de possibles technologiques contre l’imposition des systèmes techniques portés par les acteurs dominants, qu’il s’agisse des grandes entreprises ou des États.

6L’expression Low-Tech désigne avant tout un ensemble d’outils, d’équipements, de démarches intellectuelles, orientées vers l’économie réelle de ressources. Il ne s’agit pas de s’opposer à « l’innovation » ou au « progrès », catégories idéologiques bien trop vastes et ambigües, mais de réfléchir aux technologies les plus appropriées à notre condition actuelle, et d’enquêter sur le pouvoir créateur de cette approche. Interroger les Low-Techs conduit à poser quelques questions fondamentales et trop souvent laissées de côté : pourquoi produit-on, pour quels besoins réels, que produit-on, quels types d’objets, à quel rythme, pour quelles conséquences sociales prévisibles et à quel coût écologique, direct et indirect ? Ou encore comment les produit-on et pour quelles expériences de vie ? Ainsi comprises les Low-Techs s’apparentent plus à une démarche d’adoption, de conception, d’usage, et d’autonomie dans l’usage pour choisir un rythme, un style, éprouver le plaisir d’un bricolage, et d’intégration de techniques diverses qu’à un type d’objet identifiable. À l’opposé les high-techs renvoient au détachement de tout contexte autre que marchand d’un dispositif spécialisé problème-solution. Des high- aux Low-Techs, la sophistication change de camp : avec les premières, elle investit exclusivement l’objet lui-même, sans égard pour ses prérequis et ses conséquences possibles au-delà du strict problème auquel il cherche à répondre ; avec les secondes, elle investit les acteurs et leur démarche, laquelle se veut plus systémique.

7L’ingénieur Philippe Bihouix a largement contribué à rendre visible et populariser en France l’expression Low-Tech dans un livre à succès où il a tenté de définir quelques principes généraux (Bihouix, 2014). Mais il est vain et inutile de chercher à définir trop précisément ou de dresser une liste trop précise de « bonnes technologies ». La définition demeure inévitablement floue et à discuter en fonction de chaque situation concrète. Il apparaît en revanche certain que les Low-Techs ont comme caractéristique d’être appropriables à l’échelle locale et individuelle, d’être sobres en ressources et en énergie, pensées en lien avec les contextes et usages sociaux, accompagnant une réforme plus large des modes de vie. Ainsi, une voiture High-Tech écologique (ex. une Tesla) serait électrique, avec batteries rechargeable, reliée à une centrale nucléaire pour permettre aux populations aisées d’aller en week-end à Deauville ; une voiture Low-Tech serait de son côté bridée à 90 km/h, composée d’éléments facilement réparables et remplaçables, consommant le minimum possible, pour cela d’un poids réduit et utilisée dans un contexte encadré socialement, en système d’auto-partage convivial et en synergie avec d’autres modes, dans un monde où les flux et les mobilités seraient réduits [1]. Certains considèreront sans doute que c’est l’existence même de la voiture et de son monde qui doit être contesté et interrogé, mais compte tenu de la situation actuelle, des besoins de transport, et de l’expansion du parc automobile dans le monde, il est urgent de commencer par interroger ce qu’est une voiture, sa forme, ses modes d’existence, et ce qu’il pourrait être dans un monde réellement écologique. Ainsi, il ne s’agit pas de chercher à optimiser le fonctionnement d’un objet technique comme la voiture sans changer son identité par une démarche rationalisée d’éco-conception basée sur l’ACV, mais à rouvrir beaucoup plus largement le champ des possibles sur les pratiques de mobilité de demain en sortant des dépendances de sentier dont nous héritons historiquement. Un exercice de prospective comme « La marche au cœur des mobilités » réalisé dans les années 2000 par la RATP, qui explorait les potentiels de reconfiguration des systèmes de mobilité des villes du xxie siècle en plaçant l’expérience polysensorielle de la marche au cœur du système (Amar et Michaud, 2007), illustre bien cette démarche d’éco-conception plus radicale et audacieuse inspirée par le principe du Low-Tech.

8On voit combien le débat est difficile et compliqué et ne manquera pas de susciter de nombreuses controverses. Sans même évoquer l’inénarrable docteur Laurent Alexandre qui affirme dans son dernier opus que « Le Low-Tech c’est la mort ! », l’expression Low-Tech a été contestée, certains dénonçant son flou, ou l’opposition, jugée stérile, entre high- et Low-Tech, alors que d’autres multiplient les propositions alternatives, comme rebel tech, qui permettraient de contester l’ordre socio-politique établi, les wild tech susceptibles de multiples détournements et appropriations, ou encore les sLow-Tech inscrites dans le mouvement plus général en faveur d’un ralentissement, ou encore les small tech, etc. [2] La prolifération de ces termes, tous anglais, au cours des dernières années témoigne d’une inquiétude et d’un profond doute qui s’empare de nombreux auteurs à l’égard de notre devenir technologique et de ses contradictions de plus en plus manifestes avec la survie et le maintien de conditions écologiques acceptables sur Terre. Les Low-Techs sont critiquées comme renvoyant à un monde de technologie trop imprécis, trop binaire [3], voire pour les plus caricaturaux « au Moyen Âge ». Il est vrai que cette expression recouvre une grande pluralité de réalités, de pratiques et de possibilités, mais loin d’être sa faiblesse, cette indétermination nous semble être son intérêt et sa force.

9Nous ne souhaitons ni durcir la définition analytique des Low-Techs, ni rejeter ce terme pour sauver « l’innovation », mais interroger cette définition, la mettre à l’épreuve de divers projets et terrains contemporains pour explorer ses potentialités. L’expression de Low-Tech est construite en creux, elle est un outil rhétorique pour interroger ce qui reste non-dit, elle recouvre d’ailleurs une grande diversité de projets qui se reconnaissent derrière cette bannière unique, qui a l’avantage d’ouvrir un horizon et de rompre avec le productivisme et la frénésie technologique ambiante. Mais c’est au sein même du monde et de la nébuleuse des Low-Techs que se jouent les tensions et les oppositions. Ce dossier de la revue La Pensée écologique n’a pas d’autres ambitions que d’explorer quelques-uns de ces enjeux, tout en présentant les analyses croisées de théoriciens et de praticiens engagés dans ce domaine.

Le « problème des techniques » : apories et impasses des high-techs

10Les impacts écologiques et environnementaux de nos systèmes techniques, de nos appareils de production mondialisés et de nos styles de vie consuméristes sont bien connus et semblent irrésistiblement s’accroitre avec les mécanismes de l’effet rebond et de l’obsolescence programmée – deux moteurs de croissance –, malgré les discours rassurants vantant les « technologies vertes », la prétendue dématérialisation de l’économie numérique (qui est très matérielle !) ou la nouvelle croissance à base de high-tech. Un constat qui conduit certains à formuler un appel pour une décélération de la transition numérique, voire même en faveur d’un « luddisme écologique » (Laurent, 2019). La surexploitation des milieux et des métaux, de l’énergie, les rejets croissants de déchets et de polluants omniprésents, la destruction du vivant par l’agriculture industrielle, etc., tout cela est le résultat de notre rapport à la technologie et de nos trajectoires techniques passées et présentes.

11Pourtant, en dépit de ces constats, les principales réponses proposées par les États, les entreprises, et de nombreux scientifiques aux défis écologiques actuels consistent toujours dans une relance de la recherche et de l’innovation high-tech, dans une multitude de solutions techniques confinant à l’utopie futuriste. Les dernières annonces du gouvernement français sur les avions hydrogènes, ou sur le réseau 5G qui devrait être rapidement développé, témoignent de la prégnance d’un imaginaire technologique débridé qui absorbe les alternatives et ne cesse de relancer les promesses délirantes. Le penseur critique de la société numérique Evgeny Morozov, dans la foulée des réflexions plus anciennes d’un Jacques Ellul ou d’un Ivan Illich, a insisté sur les limites de ce « solutionnisme technologique » qui transforme tout enjeu social ou politique en problème à résoudre au moyen du bon outil technique (Morozov, 2016). Aujourd’hui, la réflexion sur les enjeux sociaux est en effet noyée par l’attrait de la nouveauté et une rhétorique proliférante de l’innovation high-tech, largement portée aujourd’hui par le tournant numérique. Qu’il s’agisse des algorithmes prédictifs pour lutter contre la délinquance, des outils du quantified self (données personnelles) pour assurer une santé préventive et personnalisée, ou des « technologies vertes » face à la crise environnementale, partout les techniques doivent résoudre les problèmes en offrant des solutions marchandes, censées rassurantes et consensuelles.

12Mais cet imaginaire dominant du high-tech, par ses multiples effets de cadrage, bloque et restreint plus qu’il n’élargit le champ des possibles. Un élargissement des imaginaires et des paradigmes de conception doit être opéré de façon urgente face à la crise environnementale, par-delà les ordres de discours, les dépendances de sentiers et les jeux de pouvoir. Il existe par exemple une riche tradition critique d’inspiration marxiste qui a montré combien les innovations techniques de l’ère industrielle étaient moins le choix du plus efficace ou du plus rationnel que celui de la puissance et du pouvoir (Hornborg, 2001). D’autres travaux nourris d’écologie et d’attention aux enjeux environnementaux ont souligné combien les high-techs contemporaines reposaient sur la consommation d’importantes quantités de ressources pourtant limitées, et sur des pollutions de plus en plus massives tout au long de leur cycle de vie (Pitron, 2017 ; Jarrige et Le Roux, 2017, The Shift Project, 2018). À contrario, de nouveaux champs d’expérimentation collective prêtant beaucoup plus d’attention aux dimensions sociales, urbaines et communautaires, comme l’économie circulaire par exemple, permettraient selon certains de régénérer le champ des possibles, et d’ouvrir un nouveau mythe rationnel (Hatchuel, 1998) offrant de nouvelles perspectives pour les Low-Techs (Arnsperger & Bourg, 2017).

13Nous nous inscrivons moins ici dans une approche normative que dans une réflexion prospective sur les Low-Techs, leurs enjeux et leurs limites… C’est pourquoi, l’objectif est bien de penser les limites de ce qu’on nomme high-tech, tout en dépassant le dualisme sans doute trop binaire entre high- et Low-Tech qui soulèvent de nombreuses difficultés. Comme le montrent les agronomes Matthieu Calame et Christian Mouchet dans leur réflexion sur les techniques les plus adaptées à une agriculture écologique, si les high-techs agricoles actuelles sont une illusion en raison de leur coût écologique induit, la promesse Low-Tech peut l’être tout autant, et le passé révèle d’ailleurs combien un mauvais usage de dispositifs Low-Tech peut conduire localement à des désastres écologiques.

14Ce dossier entend donc prendre à bras le corps le « problème de la technique » [4] dans les imaginaires et les pratiques contemporaines, question qui demeure trop occultée, traitée avec simplisme ou laissé aux seuls experts, comme si la technologie avait une signification évidente et ne devait pas être questionnée, débattue collectivement, et décidée démocratiquement. Réfléchir aux Low-Techs, et aux possibilités qu’elles ouvrent, comme à leurs limites, invite donc à penser les dimensions politiques des technologies – comme nous y pousse d’ailleurs la coopérative d’autoconstruction L’Atelier Paysan à partir de sa réflexion sur la « souveraineté technologique » des paysans – contre le motif classique et éculé de leur neutralité, ou du renvoi aux seuls usages dépolitisant et individualisant des objets [5].

Généalogie des Low-Techs

15Les questions soulevées par les Low-Techs n’ont évidemment rien de neuves, et l’expression Low-Tech s’inscrit, depuis les débuts de l’ère industrielle il y a plus de deux siècles, dans une histoire longue de débats et de controverses sur ce qu’on appelle les techniques (Jarrige, 2014). Tenter une généalogie du Low-Tech, c’est réaliser une enquête sur ses problématisations historiques, actuelles et prospectives, en les confrontant aux doctrines et pratiques variées de conception et d’écoconception (ex. d’ingénieurs, d’agronomes, de designer, d’architectes, d’urbanistes).

16L’intérêt pour les Low-Techs n’a cessé d’accompagner les réflexions sur les trajectoires et les choix techniques. L’idée actuelle de Low-Tech renoue avec des débats anciens sur les significations et les formes des technologies. Le passé offre en effet un réservoir presque infini d’expérimentations et de réflexions sur les meilleurs choix techniques. Il ne faut pas perdre de vue que ce qui apparait parfois comme une « innovation » – le besoin d’équipement technique simple, robuste, faiblement émetteur de déchets et sobre en termes de ressources – était l’horizon quotidien de la majorité des populations avant la « grande accélération » du second xxe siècle, et il le demeure aujourd’hui dans de nombreuses sociétés du Sud [6]. Dans les mondes sociaux très contraints sur le plan écologique et environnemental, où il faut faire avec ce qu’on a sur place, les Low-Techs n’ont rien d’innovants, mais sont une évidence partagée. Dans les anciennes sociétés rurales et paysannes, où l’énergie reposait sur la biomasse et le travail des hommes et des bêtes, la plupart des technologies étaient sobres, durables, adaptées à des usages locaux, réparables ; c’est pourquoi les puissantes machines fondées sur les ressources fossiles, coûteuses et polluantes, tardèrent longtemps à être employées (Jarrige et Vrignon, 2020). Ainsi, dans de nombreux territoires à la fin du xixe siècle – alors que la vapeur et l’électricité apparaissaient comme des promesses d’abondance – les acteurs font le choix d’équipement robustes et simples, non dépendant des énergies fossiles encore rares et chères.

17Ainsi Lucien Marcassin, un ingénieur agronome qui a enquêté sur l’agriculture du constantinois à la fin du xixe siècle note que, dans ces régions, où le charbon reste d’un prix exorbitant et où la main-d’œuvre manque, il faut renoncer à « la machine à vapeur et, en même temps aussi, aux moteurs à pétrole, il faut donc se tourner d’un autre côté pour produire la force nécessaire pour actionner ces instruments » [7]. L’auteur encourage ainsi le développement, là où c’est possible, de l’énergie hydraulique qui peut encore être perfectionnée, il milite également pour le développement des moulins à vent et l’usage des technologies simples et robustes des manèges perfectionnés actionnés par la force des bêtes : « Il ne faut pas songer à employer ici des batteuses à vapeur […] on obtiendra des rendements plus considérables avec des batteuses à manège circulaire, qu’on fera mouvoir avec les mulets de la ferme » [8]. De même les périodes de guerre marquées par des pénuries d’énergies et de ressources ont poussé à l’usage de technologies économes et sobres. Le prix de l’énergie joue en effet un rôle décisif dans les choix techniques, la crise écologique actuelle étant largement le produit d’une énergie fossile bon marché au xxe siècle.

18Sans idéaliser les mondes matériels et techniques des sociétés anciennes, il convient de les prendre en compte pour ne pas reproduire éternellement les mêmes impasses ou ne pas redécouvrir à chaque génération des projets et équipements déjà expérimentés et oubliés. Des militants actuels du Low-Tech enquêtent d’ailleurs sur les innovations passées à la recherche de solutions technologiques à adapter au présent, comme le tramway à air comprimé ou la presse à imprimer solaire, et d’innombrables autres outils et procédés simples susceptibles d’offrir des réponses à certains besoins actuels [9].

19Si les guerres, l’adoption massive des énergies fossiles et l’essor des technologies puissantes ont disqualifié l’idée de sobriété et de simplicité repoussée comme des archaïsmes, la situation actuelle leur redonne une pertinence. La question a ressurgi avec une force particulière dans les années 1960-1970, alors que l’ancien monde industriel taylorien et ses technologies lourdes semblaient entrer en crise. Beaucoup ont alors cherché à définir ce que seraient des technologies douces permettant d’enrayer la course à l’abîme déjà clairement entrevue à l’époque. Qu’il s’agisse des technologies « intermédiaires » (E. F. Schumacher), « libératrices » (M. Boochkin), « démocratiques » (L. Mumford) ou encore « conviviales » (I. Illich), il s’agissait d’imaginer des trajectoires techniques à petite échelle, décentralisées, sobres en énergie, respectueuses de l’environnement et à forte utilisation de main-d’œuvre. S’émancipant des alternative trompeuses et trop binaires en termes de refus ou d’acception des techniques, ces auteurs et beaucoup d’ingénieurs et d’expérimentateurs avec eux, ont tenté de penser ce que seraient des dispositifs à la fois socialement bénéfiques, écologiquement durables et politiquement démocratiques.

20À bien des égards, les années soixante-dix constituent un âge d’or avec le tournant environnemental, les chocs pétroliers et la hantise plus générale d’un épuisement global des ressources, qui conduisent de nombreux acteurs à interroger les modes de production d’énergie – et en premier lieu le solaire qui suscite un intérêt, voire un engouement, rarement observé jusqu’alors de la part des pouvoirs publics, de l’opinion et de certaines sphères militantes. Mais dans le domaine de l’énergie, c’est largement la disponibilité et le prix des énergies fossiles qui constituent les facteurs-clés. Au Japon par exemple, où les chauffe-eaux solaires étaient très répandus dans les années soixante, l’avènement d’une nouvelle génération de tankers facilite l’importation de pétrole du Proche-Orient et amène une chute brutale des prix. Les chocs pétroliers des années soixante-dix permettent à ce marché de retrouver son dynamisme (1 million d’appareils vendus en 1980) avant que le contre-choc pétrolier ne conduise à une chute des ventes de chauffe-eau solaire (250’000 par an dans la deuxième moitié de la décennie) [10]. Au lieu de généraliser cette technique simple et robuste du solaire thermique, celle-ci est demeurée marginale dans le monde, alors qu’elle constitue sans doute un procédé particulièrement économe, efficace et pertinent en matière d’énergie.

Diversité des imaginaires et pratiques Low-Tech

21Ces brefs rappels montrent combien ce qu’on nomme aujourd’hui Low-Tech ne cesse de se réinventer et de se modifier. Il est possible de s’inspirer du passé et de ses mondes techniques, pour le revisiter et le réinterpréter au gré de la créativité des acteurs et de modes de réappropriation plus sophistiqués, comme le proposent par exemple J. Carrey et S. Lachaize dans leur contribution sur la métallurgie solaire. Contre l’idée que les techniques seraient neutres et que seul leur usage définit leur sens, les théoriciens et promoteurs des technologies douces – qui ressurgissent aujourd’hui sous le terme Low-Tech – considéraient qu’il ne suffit pas d’intervenir par la fiscalité, le droit ou les prix pour réguler les changements, c’est la forme même des technologies et des infrastructures matérielles qui doit être interrogée. C’est cette ambition qui anime les principaux acteurs de la nébuleuse Low-Tech aujourd’hui.

22Dans ce dossier, les enjeux environnementaux soulevés par les choix techniques contemporains seront au cœur du questionnement. Il s’agit d’interroger et dénouer les liens qui relient l’effondrement environnemental, la question des technologies et celle de la résilience. Mais à travers les Low-Techs, c’est aussi la question du travail qui doit être pensée, ainsi que celle du corps comme socle d’expériences sensibles, et de l’accélération des rythmes de vie contemporains. Interroger les Low-Techs dans la diversité de leur forme implique aussi de penser de façon critique les innombrables promesses high-techs et leurs limites, pour réinvestir autrement l’expression d’innovation, devenue un mot valise omniprésent (Godin, 2015), sous une forme plus sociale et collective. Il s’agira enfin, et peut-être surtout, de tenter de dresser les contours d’un monde technologique permettant une soutenabilité forte de la planète, à partir d’une réflexion sur la sobriété technologique, les styles de vie et le design des objets.

23Les travaux de Fanny Lopez sur l’ordre électrique et l’histoire des projets de maison autonome sont particulièrement riches et évocateurs à cet égard. Ces projets découlent du mouvement de la contre-culture né au début des années 1960 aux États-Unis, en opposition au modèle dominant du capitalisme. La rupture avec ce dernier conduit à penser la question de l’autonomie et des systèmes techniques susceptibles de la rendre possible. Divers projets de communautés autosuffisantes voient ainsi le jour, même si la plupart restent des expériences éphémères au bilan contrasté. C’est surtout la crise énergétique de 1973 qui relance le projet d’autonomie et la recherche d’équipements simples, robustes et économes. L’autosuffisance devient en effet un sujet de débat politique majeur, que les grands systèmes techniques avaient fait oublier. Les habitations autonomes se multiplient aux États-Unis et en Europe. On reproche souvent aux porteurs de ces projets, leur amateurisme ou leur rêverie. Le volet institutionnel du mouvement est quant à lui incarné de manière emblématique par l’Autonomous Housing Project, mené par Alexander Pike à Cambridge entre 1971 et 1979, dont l’objectif est de produire une habitation prévue pour fonctionner sans aucun branchement. Mais les années 1980 interrompent largement ces trajectoires et réflexions, ouvrant une nouvelle période de soumission des énergies alternatives au réseau, au macro-système technique, et aux nouvelles promesses High-Tech (Lopez, 2014 et 2019) [11].

24Les Low-Techs sont en permanence au cœur de vives tensions, elles englobent en effet des projets très divers et parfois contradictoires, comme le montre l’essai de cartographie de l’archipel français des Low-Techs proposé ici par le « Low-Tech Lab ». L’enjeu des Low-Techs n’est pas de juxtaposer aux technologies industrielles dominantes d’inoffensives alternatives « douces », en bref il ne s’agit pas d’inventer de nouveaux marchés pour des innovations vertes et responsables, cela reviendrait à créer un nouveau marché de niche pour consommateurs et ingénieur inquiets [12]. Si les Low-Techs se réduisent à des gadgets permettant aux consommateurs aisés des pays du Nord de se déculpabiliser à bon compte, selon les logiques de green washing qu’on observe partout, ou objets recyclables en économie circulaire, alors leur potentiel pour affronter les crises sera presque nul. Il s’agit bien d’utiliser et d’imaginer d’autres systèmes techniques susceptibles d’enrayer les destructions provoquées par le modèle industriel dominant, et à cet égard les Low-Techs ne sauraient être une fin en soi, elles ne sont qu’un moyen parmi d’autres pour tenter de réinventer les relations que nous, humains, être d’artifices producteurs de techniques, entretenons avec le monde et les autres vivants.

Penser et expérimenter les Low-Techs, outiller les transitions

25Penser les Low-Techs dans ses différentes dimensions soulève évidemment de nombreux enjeux complexes au croisement de plusieurs disciplines et de plusieurs axes de réflexion. D’abord il s’agit d’ouvrir plus directement la boite noire des Low-Techs en interrogeant à partir de cas situés les questions de leur forme actuelle, de leur design, de leurs conditions de possibilité. Il s’agit ici d’interroger le potentiel génératif du Low-Tech à partir de compte-rendu d’expérimentations concrètes à l’image de celles conduites en France par l’association l’Atelier paysan autour des techniques agricoles, de celles des associations luttant contre l’obsolescence programmée (ex. HOP, ateliers de réparations communautaires), d’initiatives citoyennes en économie circulaire ou de « hackathons écologiques » (ex. POC21), ou encore de circulation internationale de techniques et de savoirs Low-Techs. Il s’agira de scruter des dispositifs et objets singuliers en croisant l’étude des acteurs qui les porte, leur organisation et la manière dont l’idée de Low-Tech est mobilisée dans les raisonnements de conception, les modalités de leur réception, les singularités de leur design, mais aussi les modes de relations qu’ils inaugurent à l’égard du monde, des agents humains qui les manipulent comme des milieux physiques qui les accueillent.

26Derrière les Low-Techs s’invente et s’expérimente ainsi un autre rapport aux savoirs scientifiques, à l’écart d’une technoscience façonnée par les grands groupes industriels et les enjeux financiers. Dans le domaine agricole par exemple, la permaculture (voir ici l’article de Goy et Bollinger) et l’agroécologie tirent tout autant leur inspiration de pratiques dites traditionnelles que des sciences des écosystèmes, invitant à une attention renouvelée aux interactions entre les êtres humains et leur environnement.

27Mais le thème des Low-Techs interpelle également les identités et les pratiques professionnelles. Le Low-Tech peut-il être générateur de nouveaux outils et de nouveaux paradigmes de conception, de planification, d’aménagement ou de politiques publiques, pour accélérer la transition écologique dans des secteurs aussi variés que l’agriculture, les transports, l’habitat, les loisirs, les communications, l’énergie, la finance (cf. Bihouix, 2014) ?

28De William Morris au xixe siècle à Victor Papaneck un siècle plus tard, l’histoire du design est jalonnée de prises de position politiques. Comment le Low-Tech réinterroge-t-il le design et l’écodesign ? Les disciplines de l’ingénieur sont bien normalisées. Une école d’ingénieurs en « génie du Low-Tech » pourrait-elle voir le jour ? Quels seraient ses savoirs et ses modèles fondamentaux ? Face à la Raison technicienne, De Certeau souligne que l’homme ordinaire « invente le quotidien grâce aux arts de faire, ruses subtiles, tactiques de résistance par lesquelles il détourne les objets et les codes, se réapproprie l’espace et l’usage à sa façon ». Pour un anthropologue ou sociologue des techniques, comment le Low-Tech permet-il un autre régime d’intéressement ? Un réinvestissement du corps et du geste dans l’appropriation des choses ?

29Les Low-Techs pourraient par ailleurs bousculer des secteurs économiques complets comme les transports, l’industrie, ou la finance. Comment les économistes peuvent-ils intégrer ces mutations dans leurs modèles ? Les systèmes de production, de distribution et de consommation alimentaires font aujourd’hui l’objet de multiples expérimentations écologiques alternatives à l’agro-alimentaire dominant. Quelle serait la boite à outils de l’agronome Low-Tech ? La smart city High-Tech devient un paradigme dominant pour l’organisation des villes, y compris pour la transition écologique. Comment un urbaniste ou un architecte Low-Tech piloterait la transition écologique d’une grande ville ? [13] Mais surtout, un numérique Low-Tech est-il même possible ? Si le Low-Tech numérique consiste à créer un jeu vidéo où la bande passante utilisée serait réduite au minimum, alors on peut s’interroger sur sa pertinence. Le risque est grand qu’il ne devienne qu’un aspect du greanwashing généralisé qui ne modifie rien de fondamental dans notre relation au monde matériel, c’est le problème de l’approche design et celle des sciences de l’info-com qui sont d’emblée inscrite dans le monde numérique et ses contraintes.

30Un autre axe de réflexion vise à mettre en perspective les projets et expérimentations Low-Techs envisagées précédemment au regard des enjeux écologiques contemporains. Il s’agit notamment d’anticiper de manière critique quelles pourraient être les problématisations les plus prometteuses des Low-Techs pour la conception, les controverses associées, et les stratégies de réappropriation de cette catégorie. Le discours sur la résilience et l’adaptation face au changement climatique est très investi par les high-techs qui y trouvent un champ d’application privilégié. Cependant ces technologies participent aussi à la crise environnementale et peuvent être vulnérables en cas de crise grave. Comment les Low-Techs ouvrent un autre paradigme de la résilience (voir ici l’entretien avec Matthieu Auzanneau dont certaines conclusions apparaîtront hautement paradoxales).

31Comment le Low-Tech peut-il se conjuguer à l’économie de la fonctionnalité pour stimuler la conception de solutions de services durables ? Cette association peut-elle conduire à la redéfinition des fonctions des biens et services Le Low-Tech pourrait devenir un critère de robustesse du fonctionnement d’une boucle de valeur circulaire (ex. en textile, alimentation, objets du quotidien). Le Low-Tech comme « low impact tech » pour une fonction donnée, dans le raisonnement d’éco-conception réglée de l’ingénieur, qui consiste à minimiser les impacts en Analyse de cycle de vie (ACV), à la différence d’une perspective d’une transformation créative des styles de vie explorée par un designer. Le Low-Tech comme « sLow-Tech » visant à explorer les valeurs sensorielles et somatiques de la lenteur, de la polyrythmie et de ses potentiels pour réinventer une mobilité expérientielle et des styles de vie durables dans une approche de design fiction. On pourrait parler d’objets et d’usages sLow-Tech qui rendent visible et ralentissent le besoin d’énergie, en fixant par exemple un objectif de 10% de ralentissement par an. Cette perspective d’un ralentissement de la demande d’énergie par les objets techniques et les scénarios d’usage qu’ils induisent (cf. les concepts de slow city, de slow food…) est intéressante car elle problématise une mécanique de rythme et de ralentissement redonnant de l’autonomie au cœur des usages domestiques et des pratiques industrielles ou agricoles. Le projet « SoWatt Du design dans l’énergie » (EDF) est une illustration d’une exploration des rythmes d’usages soutenables passant par des nouvelles interactions entre usagers et objets.

32Pour finir et en guise d’ouverture, formulons une conjecture autant qu’un vœu: si le xxie siècle a débuté par un grand divertissement, avec la fascination collective pour l’intelligence artificielle, pour se détourner de l’urgence écologique et se rassurer que la modernité était encore possible, il se poursuivra bientôt par un retour au réel, avec un large engouement pour les (s)lowtech.

Notes

  • [1]
    Laurent Castaignède, « Transports : l’automobile face au “toujours plus” », in « Quels Choix technologiques pour une société durable ? », Hors-série de la revue Centraliens, 2016.
  • [2]
    Ritimo, « Low tech : face au tout numérique se réapproprier les technologies », Passerelle, n° 21, avril 2020. https://www.coredem.info/rubrique85.html
  • [3]
    Voir par exemple « Au-delà du low tech : technologies zombies, soutenabilité et inventions. Interview croisé de José Halloy et Nicolas Nova par A. Monnin », Passerelle, n° 21, avril 2020, p. 120-128.
  • [4]
    Rappelons ici qu’une des constantes des réflexions écologiques a été la mise en lumières des limites au solutionnisme technique, voir par exemple le commentaire de D. Bourg in Hardin G. (2018), La Tragédie des communs, Puf, Paris. Voir aussi à ce sujet aussi le rapport Meadows de 1972, The Limits to Growth.
  • [5]
    Winner Langdon, « Construire la meilleure tapette à souris », in La Baleine et le Réacteur. À la recherche de limites au temps de la haute technologie, Descartes & Cie, Paris, 2002
  • [6]
    Par exemple, cf. Caroline Weill, « A Cusco, des Low-Techs qui ne disent pas leur nom », Passerelle, n° 21, avril 2020, p. 129-136
  • [7]
    Lucien Marcassin, L’agriculture dans le Sahara de Constantine : étude agronomique générale, agriculture indigène, colonisation française, son avenir, conditions de réussite : première étude, 1893-1894, Nancy, Berger-Levrault, 1895, p. 88.
  • [8]
    Ibid. p. 85-86.
  • [9]
    Cédric Carles, Thomas Ortiz et Éric Dussert (dir.), Rétrofutur. Une contre-histoire des innovations énergétiques, Paris, Buchet-Chastel, 2018.
  • [10]
    Pehlivanian Sophie, Histoire de l’énergie solaire en France. Science, techologies et patrimoine d’une filière d’avenir, Thèse en histoire contemporaine, Savoie Mont-Blanc, 2014, p. 147.
  • [11]
    Les réflexions sur les Low-Techs ont été particulièrement nombreuses et anciennes dans le domaine de l’architecture, la maison autonome à basse consommation d’énergie étant l’archétype du Low-Tech : Daniel A. Barber, “Tomorrow’s House: Solar Housing in 1940s America”, Technology and Culture, vol. 55, n° 1 (February 2014), p. 1-39.
  • [12]
    Nicolas Alep et Julia Laïnae, Contre l’Alternumérisme, La Lenteur, 2020.
  • [13]
    Sur les smart city : Claude Rochet, Les villes intelligentes: Réalité ou fiction, ISTE Group, 2018 ; François Jarrige, « L’impasse des smart cities », Notes de la fondation d’écologie politique, n°14, janvier 2020 : http://www.fondationecolo.org/activites/publications/Impasse-smart-cities-Jarrige

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Christophe Abrassart
François Jarrige
Dominique Bourg
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Mis en ligne sur Cairn.info le 22/10/2020
https://doi.org/10.3917/lpe.005.0001
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