CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1En géographie, le travail de terrain n’empêche pas de théoriser mais il faut encore en faire la preuve tant les dernières décennies ont vu les activités de recherche se séparer jusqu’au point de l’incompatibilité. Le « terrain » et la fabrication de l’information géographique d’un côté, le traitement de données distanciées avec l’espace comme surface d’enregistrement de l’autre, ont servi à définir emblématiquement des genres scientifiques et même des doctrines concurrentes. Le premier a été grossièrement qualifié d’empirique avec une très forte connotation négative du fait de généralisations mal mesurées. Le second, qualifié de théorique du fait de l’usage explicite de la modélisation, devait porter l’image de la scientificité sans être très regardant sur l’amont des opérations. Entre les deux, l’opposition de la qualité et de la quantité, du concret et de l’abstrait etc. devait délimiter facilement les territoires scientifiques. Nous verrons que ce n’est pas si simple dans la réflexion générale à travers un exemple résumé de recherche, lorsque l’effet de retour du travail empirique conduit à une théorisation critique, l’ensemble du parcours couvrant trois décennies de recherche.

Comment traiter l’incertitude ?

2Il est des situations où le « terrain », loin de replier la réflexion sur le particulier et l’incomparable, amène à l’ouvrir au contraire et par la voie critique plus précisément, jusqu’aux fondements mêmes d’une discipline aussi « placide » que la géographie des évidences restituées. C’est le cas, pour l’exemple que nous suivrons, lorsque le « nomadisme » est l’objet qui doit entrer par force dans les concepts et les modèles d’une science de sédentaires. La géographie qui a connu ses premiers développements par le voyage a paradoxalement muté sous la forme d’une comptabilité de notaire. Le rapport dominant à la terre, rapport paysan, ne pouvait que conduire à l’enregistrement foncier des faits localisés comme la géographie de cabinet en a été l’illustration et la géographie statistique la suite.

3Or, dans la situation d’extrême altérité comme doit la supporter le nomadisme au regard d’une forme sédentaire de la connaissance qui engage classement et jugement, dans un environnement culturel qui, par surcroît, fait passer la ligne de partage entre ancrage et mouvement par des valeurs propres, l’explication géographique de la différence par l’espace suppose de savoir d’abord de quel type d’espace il s’agit. Ce à quoi les travaux sur le nomadisme rapportés ici ont été employés durant trois décennies.

4Comment plusieurs lieux peuvent-ils s’appuyer sur un même site ? Comment un territoire peut-il tenir dans la discontinuité des lieux ? Comment les « lieux » peuvent-ils être mobiles ? Ce sont des questions qui ont pris corps dans l’examen de l’incertitude géographique sahélienne et sud-saharienne, et de la mobilité qui lui est lié. Elles concernent tant les « nomades » que les « sédentaires » lorsque les habituelles catégories descriptives perdent de leur pertinence. Elles concernent l’espace lui-même en dernier ressort.

5La première découverte de terrain a donc été celle de l’incertitude. Une tension s’est manifestée au cœur même des raisonnements géographiques les plus classiques, repris et poussés dans leurs derniers retranchements. Les genres de vie et leur zonation bio-climatique étaient en cause, avec un problème central dans la situation sahélo-saharienne : le front séparant nomadisme et sédentarité. Le modèle courant disponible était là le plus simple, hérité d’une longue tradition peu remise en cause dans les situations réputées extrêmes : le « déterminisme » comme on dit en géographie pour aller vite, c’est-à-dire la détermination des activités humaines par les contraintes du « milieu naturel », jusqu’à fournir l’explication des niveaux de développement et parfois même des organisations sociales. Or l’extrême irrégularité interannuelle des précipitations nuit à la fixation du modèle, et place les sociétés locales devant une incertitude qui appelle d’autres réponses que l’adaptation pure et simple in situ. Peut-on, d’ailleurs, enfermer des sociétés dans des limites bio-climatiques et des genres de vie primordiaux comme dans une identité définitivement fixée ?

Définition par la délimitation

6Le Sahel a été longtemps présenté comme une « zone » biogéographique de contact voire d’affrontement entre deux formes d’exploitation des milieux et, partant, deux formes concurrentes d’organisation de l’espace : nomadisme et sédentarité.

7Comme zone, le Sahel est limité par les isohyètes moyennes, variables selon les auteurs, de 150 et 650 mm de précipitations annuelles, avec 400 mm comme médiane qui, dans les conditions thermiques locales, représentent la limite de l’agriculture sans irrigation. Mais cette définition par la délimitation souffre de graves imperfections : la variabilité l’emporte de beaucoup sur la régularité. Autrement dit, même dans le cas où l’on associe le « genre de vie » au milieu, celui-ci n’en est pas vraiment un, en tout cas pas dans la durée. Et cela se mesure à l’année. Faut-il donc introduire une adaptation à ce pas de temps et un mouvement perpétuel des nomades pasteurs et des sédentaires paysans affrontés le long d’une limite mobile, parce que là est la condition de cette définition qui passe de la nature aux sociétés : il faut alors admettre que même les sédentaires sont mobiles tout comme les « paysages ».

8Ce n’est pas encore si simple, et l’introduction de l’inertie comme marche vers l’adaptation permet de ralentir le mouvement jusqu’à le stabiliser en un phénomène géographique inscrit dans la terre, mais il faut changer d’échelle, passer de la zone à la niche. En envisageant les conditions locales d’implantation des établissements humains, la généralité de la zone peut être précisée par la possibilité de tenir le pari d’une forme de production sur la longue durée. Dans les conditions d’incertitude qui prévalent au Sahel, l’agriculture n’est possible durablement que là où les conditions de niche permettent les récoltes, même en cas de défaillance météorologique. Cette contraction au long des fleuves, autour des lacs et mares, ou encore, mais pour d’autres raisons, autour des villes, laisse de vastes intervalles aux circuits du pastoralisme qui en font les bases de sécurité et de repli, mais aussi des aires possibles d’extension des champs agricoles en cas de bonne pluviométrie. Or seule une transcription cartographique analytique séparant par principe pastoralisme nomade et agriculture sédentaire, permet de l’entrevoir et l’on peut se demander quelle est la part de la carte et quelle est la part de la « réalité ». En effet, séparer a priori les nomades des sédentaires, relève du classement écologique sans qu’on puisse être assuré de sa validité géographique et encore moins socio-culturelle. Il faut s’expliquer. Non seulement « nomades » et « sédentaires » sont mélangés, mais ils cohabitent dans les mêmes « localités ». Leurs activités ne sont pas non plus nettement distinguées : parfois elles « s’inversent ». Des « nomades » pratiquent l’agriculture, des « sédentaires » pratiquent l’élevage. Ils forment ensemble une société malgré l’absence de fermeture politique : l’État est très éloigné et l’ethnie relève de la fiction politique bien que parfois instrumentalisée. Mais des hiérarchies et des pouvoirs locaux existent et tantôt c’est la chefferie « sédentaire » tantôt la « chefferie nomade » qui est dominante, composant avec les hiérarchies internes aux groupes dits ethniques (figure 1).

Fig. 1

Le front mobile de la sédentarité paysanne et du nomadisme pastoral

Fig. 1

Le front mobile de la sédentarité paysanne et du nomadisme pastoral

9Si, historiquement, le pouvoir a pu passer d’un pôle à l’autre, la colonisation a transformé cette donne en figeant un cadre sédentaire calé sur les potentialités bioclimatiques et toujours l’agriculture, refoulant l’élevage vers le Nord. C’est alors qu’un front a pu paraître dans les représentations. Mais c’est aussi la possibilité d’observer une autre adaptation dans un mouvement alterné de resserrement et d’étalement.

Variation sur l’espace

10L’analyse spatiale a été mise en œuvre dans cette situation sahélienne, qui permettait d’extérioriser la contrainte climatique et de rompre le déterminisme physique de l’adaptation au milieu pour le transformer en un mécanisme spatial avec la distance comme règle et la polarisation ou la diffusion comme phénomènes.

11Premier constat : dans la région étudiée, le département de Zinder au Niger où se mêlent nomades et sédentaires, y compris dans les mêmes localités, les points de peuplement sont faiblement hiérarchisés sur la longue durée et alternent dans la position centrale. Mais des niveaux très différenciés par palier sont repérables avec la permanence relative du niveau supérieur et une alternance apparition/disparition pour le niveau inférieur, y compris dans le monde sédentaire, comme s’il s’agissait de campements nomades. En y regardant de plus près, l’étalement du peuplement marque les périodes de bonne pluviométrie, produisant cette différenciation provisoire par la hiérarchisation des lieux de peuplement alors que le regroupement marque les périodes de faible précipitation, les « lieux centraux » gagnant en « potentiel » mais restant sub-égaux entre eux. L’étalement marque aussi les phases géographiques de domination « sédentaire » alors que le resserrement marque plutôt celles des « nomades », les pulsations du peuplement touchant également ceux que l’on appelle « nomades » et ceux que l’on appelle « sédentaires ». Une même évolution en aller-retour se trouve à l’examen des marchés. Ils sont alignés en routes de solidarité fonctionnelle, disposés selon la même direction que ces mouvements généraux du peuplement qui conduit « nomades » et « sédentaires » tantôt plus au nord, tantôt plus au sud. Leurs places centrales se déplacent, se multiplient, s’éteignent (figure 2).

Fig. 2

Étalement, resserrement

Fig. 2

Étalement, resserrement

12Deuxième constat : une trame a été posée sur cette structure « sahélienne » principalement linéaire, dont l’allure est différente, fixement hiérarchisée cette fois et organisée selon le dispositif administratif colonial et son héritage : un pavage emboîté. Cet espace de l’État n’est plus un espace du mouvement mais une ressource, un espace de production dont les richesses doivent être exploitées, si possible rationnellement, c’est-à-dire en fonction des milieux naturels définis selon leur vocation : agriculture de différents types, élevage. Certains lieux centraux se trouvent renforcés par la présence de l’administration et les investissements exogènes qui l’accompagnent. La société mobile qui les environne y adapte facilement ses mouvements : même là, la mobilité perturbe les plans les plus dirigistes. Des travaux menés en Mauritanie selon cette problématique ont pu le montrer. La ville capitale, par exemple, est à égale distance migratoire de tous les départements du territoire national, réceptacle, dans un espace réduit, de la diversité maximum, comme une ville cosmopolite. Parfois, nous avons pu observer des déplacements de « villes » en fonction de la structure imposée par le schéma national de circulation (les routes goudronnées) comme dans le cas de Tintane qui est le double routier de Tamchaket. Ou bien encore, et c’est plus curieux, des déplacements de centres administratifs et politiques sont possibles lorsque la contrainte sociale est si forte que la trame étatique surimposée ne peut l’emporter et doit s’adapter toujours dans le cas de la « décentralisation » communale en Mauritanie. Les élections communales devenant des enjeux de pouvoir, la trame de la décentralisation politique est investie par les dispositifs tribaux ou ethniques recyclés dans ces élections, provoquant des adaptations nécessaires des circonscriptions aux configurations et aux mouvements d’association ou de dissociation des groupes locaux eux-mêmes filtrés par les stratégies partisanes nationales.

13Troisième constat, corrélatif : la combinaison spatiale de l’espace de la société (espace de circulation) et de l’espace de l’État (espace de production) introduit une forte dissymétrie par la hiérarchisation des lieux qui semblent d’abord ceux posés par le haut comme une trame proto-urbaine surimposée, vite intégrés dans l’espace de la mobilité qui se retrouve au cœur même du sanctuaire sédentaire de l’État. Rien des modes attendus de gestion du territoire ne fonctionne dès lors vraiment bien, en particulier pas les investissements fonciers dans le développement de l’agriculture, ni même les tentatives d’urbanisme, y compris dans les villes capitales. Qu’est-ce à dire ?

14La stabilisation du territoire selon des modèles de l’équilibre fermé, par exemple par la définition de zones de vocations économiques, ne se produit pas et l’application des bonnes formules achoppe sur une nature différente de l’espace. Il y a quelque temps, nous disposions d’une problématique qui semblait convenir, au-delà même de cette situation de front entre nomades et sédentaires. La généralisation du binôme territoire/réseau faisait l’affaire en permettant d’opposer des logiques de fonctionnements socio-spatiaux dans ou sur un espace dont la nature nous était familière. Le territoire pour les « sédentaires » et le réseau pour les « nomades ». Le problème c’est que peut-être nous avons affaire à une autre forme de l’espace : l’espace mobile qui est autre chose que simplement l’espace de circulation. Ce que le « terrain » a montré dans des conditions utiles à la théorisation.

La définition d’un nomadisme théorique vers l’espace mobile

15Il faut d’abord noter une condition : à la recherche de l’information, deux possibilités se présentent. Ou bien les cadres de saisie sont là, déjà prêts, et l’information doit être une vérification : nous sommes alors dans le régime de ce que l’on appelle la « science normale ». Ou bien, libre de tout, le chercheur est contraint de devenir un « apprenti ». Il ne sait rien ou du moins ce qu’il sait constitue-t-il un obstacle à l’échange simple permettant la survie. La recherche devient alors une négociation entre ce que l’on sait et ce que l’on vit. De rudes révisions peuvent, de temps à autres, s’imposer contre le confort de ce que l’on sait qui n’est en définitive que ce que l’on a appris. Et tout peut se trouver mis en cause si l’on accepte de reprendre l’apprentissage en situation.

16Des deux tableaux décrits précédemment, il ressort deux manières de prendre l’espace en géographie : ou bien les sociétés sont envisagées dans l’espace, ou bien elles sont envisagées sur l’espace. Prendre les sociétés en partant des milieux qui sont censés les définir, c’est les placer dans l’espace en jouant de l’assimilation de l’espace géographique et de l’espace terrestre, d’une part, et en assimilant l’espace à un contenant (comme milieu et paysage). Prendre les sociétés sur l’espace, c’est estimer, d’autre part, que l’espace est neutre, simple support et, pour nous, surface d’enregistrement de la réalité sociale, comme son image spéculaire. Dans les deux cas, celui du milieu premier ou celui de l’espace cadre et support révélateur, la causalité (l’explication) se trouve à l’extérieur de l’objet qui nous pose problème : la société avec l’espace. On le saisit, deux problèmes se posent d’emblée : ce que nous prenons pour société est-il une unité fonctionnelle, une unité organique, une fiction analytique, et ce que nous prenons pour espace est-il une matérialité physique, une étendue, ou une dimension constitutive de l’objet lui-même.

Variation sur la distance et sur le lieu

17Comme apprenti, le chercheur libéré autant que faire se peut de l’obligation de vérification des schémas déjà établis qu’il suffirait d’actualiser, doit se laisser prendre par le caractère impératif des faits comme ils sont établis, non par lui-même en position de surplomb, mais par ses « objets » qui se trouvent être les sujets de leur propre espace. Comment le lieu et la distance sont-ils exprimés et pratiqués par les intéressés ? En une expression heureuse : comment les sociétés font-elles avec l’espace ou plus exactement ce que nous considérons comme étant l’espace. Cela fait beaucoup de relativisme mais, au fond, l’espace comme intervalle est quand même posé « universellement » de quelque manière. Cela ne signifie pas pour autant que l’identité se prend par l’espace, et, dans ce sens, la proposition qui suit s’approche plus de la neutralité axiomatique que les deux analyses mésologique et spatiale déjà décrites qui postulent chacune une association externe homme/espace.

18Cette posture conduit à revoir les définitions du lieu, de la distance et de la limite. Commençons par la distance et son corollaire la limite. La distance standard a emporté le sens du côté de la physique et de la matérialité plus que du côté de la mathématique d’ailleurs, et a bien sûr occulté la variation de l’appréciation du fait d’un besoin de mesures objectives. Avec la surface terrestre comme étalon jusqu’à la définition de l’unité de base (le mètre), et la comparaison universelle étant rendue possible, la commodité de l’étendue comme marque majeure ou première de l’objet a effacé l’opération métonymique qui associe un objet social et un objet terrestre, ou du moins l’a naturalisée au point qu’elle n’est plus interrogée. Cela semble parfois nécessaire, cependant, pour dépasser les habituelles déclinaisons de la distance physique en distance-temps ou en distance-coût, et les torsions que l’on peut faire subir à l’espace par anamorphose.

19Un avant-goût de ce besoin se repère en analyse spatiale lorsque des ruptures s’observent dans les séries statistiques corrélées qui ont la distance comme une de leur variable : seuil, barrière laissent entrevoir, au-delà de l’irrégularité statistique, une rupture dans la règle. D’où peut-elle provenir ? Nous appellerons « distance écologique » cette autre forme de la distance qui ne s’arrête pas à la distance physique mais privilégie d’abord une topologie sous-tendue par l’existence ou non de la possibilité des liens. La distance n’est plus alors, en tant que telle, l’objet de la règle, mais la limite qui se présente sous plusieurs formes : confins, frontière, horizon. Dans l’ordre social de l’espace, c’est par la forme de la limite et non par l’étendue que se définit l’identité : nous ne sommes plus dans le déterminisme qui associe l’identité sociale et spatiale à des limites substantiellement extérieures comme les limites dites naturelles. Nous ne sommes plus non plus dans l’identité fonctionnelle et formelle que propose l’analyse spatiale, qui fonde la réalité sur la vérification d’une loi et recherche les barrières invisibles rompant la série statistique. Enfin l’objet ne se définit pas par son cœur qui présente le risque du primordialisme (essentialisme des identités culturelles fixées par nature avec un territoire aux qualités définitives). Parmi ces distances écologiques certaines sont « culturelles », ramassant ce que l’on peut trop vaguement appeler « tradition », héritage ; d’autres sont plus proprement sociales ou mieux « structurales » si l’on veut bien suivre encore Evans Pritchard. Le tout n’est pas figé mais en mouvement, la « limite » topologique pouvant se déplacer. Il reste à chercher par quoi se marque la persistance d’une limite (Barth, 1969), mais par quoi aussi la limite s’efface par annulation de la distance topologique en faisant « sauter » les frontières irréductibles.

L’étape du croisement plutôt que l’assignation à résidence

20C’est vers le lieu que le travail sur la mobilité des nomades et des sédentaires sahéliens nous a conduits. Parmi les surprises, l’existence de lieux invisibles n’a pas été la moindre. Des repères non matériels qui ne sont pas non plus des points géométriques abstraits en coordonnées, mais des lieux potentiels par la rencontre possible, et « n’importe où », d’un certain nombre d’éléments. Or ces éléments, des individus, des familles, des groupes, des troupeaux, des véhicules… sont mobiles. C’est leur regroupement qui fait le lieu selon des contenus assez variables : les composants ne sont pas toujours les mêmes.

21Deuxième surprise, l’abandon possible, avec ou sans retour, de sites qui peuvent servir de support à des lieux. Les traces qui ne sont pas qu’archéologiques sont très nombreuses de campements dont il reste les piquets, de villages dont les palissades gisent au sol. À l’intérieur même des villes et des villages habités, le nombre des maisons abandonnées est important mais le nombre des maisons en construction tout autant. Mouvement permanent donc qui nuit à la stabilisation de la définition du lieu par la délimitation matérielle du site. Le lieu apparaît plus comme croisement que comme localité : ce qui fait lieu est une étape dans les trajets variés des uns et des autres pour lesquels la distance écologique qui les sépare (entre nomades et sédentaires par exemple) est provisoirement levée. Le lieu ne se définit pas par son extension mais en compréhension : la propriété de la distance annulée. Cette ouverture théorique est de grande conséquence dans le cadre du travail sahélo-saharien. C’est le « territoire » qui est le lieu, avec le temps comme lien. Nous pourrons élargir le propos plus loin, jusqu’au monde, on le verra.

22Il faut s’expliquer encore. Quel que soit le pas de temps, l’année des saisons, la période pluriannuelle climatique, les siècles de l’histoire, la mobilité matérielle des établissements humains et la mobilité des limites de définition des identités, empêchent toute fixation « géographique ». Les sociétés sont avec l’espace, et ce qui fait tenir ensemble les sites éloignés ou ces lieux qui sont des croisements, c’est le temps partagé. C’est facile à comprendre dans le cas du nomadisme transhumant, quand plusieurs sites sont visités chaque année, qui ne sont pas toujours les mêmes d’une année sur l’autre et qui ne sont pas visités par tout le monde. Pourtant tous les trajets sont liés dans un calendrier de circulation à l’intérieur des limites topologiques réglées par la distance écologique. Ce qui fait le lieu c’est donc l’assemblage par le temps, d’une unité dispersée à l’intérieur de laquelle tous ceux qui se déplacent sont comme chez eux : un territoire défini par la commensalité, y compris dans la concurrence pour l’eau, les pâturages, le marché, éventuellement la terre.

23Nous conserverons malgré tout le concept de lieu, dégagé de la matérialité et de la fixation de la localité, pour signifier la circonstance spatiale par laquelle une identité non essentialiste prend corps avec le mouvement (ou avec l’espace, ce qui devient la même chose). C’est là que se situe le moment du retournement géographique, celui de l’application des « concepts du nomadisme » au monde contemporain. Le détour facile par les nomades qui poussent au paroxysme ce genre de dispositif, cette manière d’être avec l’espace, donne les moyens de penser autrement le monde, en particulier le monde mondialisé d’aujourd’hui qui est justement animé par de multiples mouvements. C’est le « temps du monde » qui le fait tenir comme une unité systémique par-delà les frontières : le monde est fini mais non borné nous a dit Ch. P. Péguy (1996). Il faut reprendre la question de la limite à partir de la distance et du lieu.

Trois formes de la limite

24Trois formes de limites tendent les structures géographiques : les confins, la frontière, l’horizon. Le travail sur les pasteurs nomades et paysans sédentaires en butte aux politiques de développement menées par et dans le cadre d’un État posé en surplomb, a permis de les distinguer. Les confins sont une limite à un seul bord, le bord interne, celui de l’identité repliée, mais ouverte sur l’extérieur dans une indécision qui est liée à l’altérité maximale, celui du « monde sauvage ». L’extérieur est vide ou comme seulement occupé par la nature même si des « barbares » traînent par là.

25La coalescence des territoires, la densification des réseaux de lieux, ont rempli l’espace-intervalle indéfini des confins jusqu’à le structurer en mailles délimitées par des frontières : des limites à deux bords qui se fixent au point d’équilibre. Mais l’échange généralisé, la circulation au loin et les allers – retours ont affaibli ces frontières au point d’en faire non plus une limite d’exclusion mais une interface, un bourrelet, un aimant. Les villes, les marchés sont une forme évoluée de ces limites-frontières devenues interfaces puisqu’elles mettent en relation des lieux situés dans des « territoires » différents.

26Replacé à l’échelle du monde ouvert, ce mouvement général pointe tous les lieux comme des croisements sur la pente de l’horizon : rien n’est fixé préalablement et c’est par le croisement que le lieu advient, surgit de l’horizon comme une saillance. L’horizon est une limite sans bord, ni du côté de l’extérieur, ni du côté de l’intérieur : c’est pour cela que nous pouvons dire que le monde est fini (la terre) mais non borné, l’horizon vers l’intérieur étant une manière d’exprimer l’indéfinition des identités qui ne sont pas fixées et toujours susceptibles de recomposition par le lieu venu « de l’extérieur » (le croisement). Dans cette forme de l’espace limité par l’horizon la mobilité fonde l’ordre de la coprésence.

27Le lent déport théorique des nomades sahéliens vers le monde a ensuite permis de formaliser trois formes d’espace associées à ces formes de la limite, qui ne se structurent pas de la même manière : l’espace de la guerre, l’espace de l’ordre, l’espace du contrat (encore que cette formulation ne convienne sans doute pas) :

  • l’espace de la guerre est celui qui est limité par des confins, qu’il s’agisse de vrais « vides » (fronts pionniers) ou de frontières refusées (guerre entre États) lorsque le bord extérieur est nié. Dans ce cas, l’ennemi et son territoire deviennent ressources à prendre. L’espace de la guerre est l’espace de la conquête et de l’absorption, c’est l’espace de l’aventure et de la découverte, l’espace du mouvement par excellence, l’espace nomade ;
  • l’espace de l’ordre peut être pris comme espace de l’équilibre en force, régi par des pouvoirs qui se reconnaissent et éventuellement s’associent pour étendre leur système. C’est l’espace de la guerre après traité et définition des pouvoirs par le territoire, ce que l’on appelle souveraineté. C’est aussi l’espace de l’ordre international qui doit d’ailleurs être redéfini. C’est qu’en effet, le temps des États qui servait de temps du monde, autrement dit le temps de l’histoire au sens hégélien, s’effrite, se décompose en multiples temporalités assez autonomes au point où l’accent est désormais placé sur l’instantanéité et sur l’association que l’on qualifie parfois de post-moderne et qu’il vaudrait mieux qualifier de contractuelle pour passer à la situation suivante tout en la distinguant ;
  • l’espace du contrat est l’espace de la mobilité généralisée qui ne prend sa forme que dans l’ordre de la coexistence : on parlera de co-présence. Cet espace mobile rompt avec les traditions géographiques puisque sa forme est parfaitement souple et ses éléments assez éphémères. Nous éprouvons même quelque difficulté à le saisir du fait de la résistance des représentations et des formes matérielles du monde d’hier. Encore une fois pourtant, les nomades nous donnent le moyen de construire concepts et modèles pour le monde contemporain. C’est l’idée générale de ces travaux lorsque, après une quinzaine d’années de « terrain » qui a rendu possible ou nécessaire la mutation théorique par la problématique de la mondialisation : les concepts et les modèles étaient transposables et même adaptés. L’espace nomade qui est la version du mouvement généralisé dans les cadres épistémiques d’une géographie de sédentaires a pu devenir « l’espace mobile » comme base d’un nouveau type de contrat à durée limitée, différent de la fiction du contrat social dont l’implicite territorial est si fort chez Rousseau.

Le nomadisme théorique

28Nous l’avons dit, les catégories globalisantes du nomade et du sédentaire sont rapidement apparues inadaptées à l’examen des dispositions sociales et spatiales sahélo-sahariennes. C’est que la globalisation des identités spatiales à partir de l’appartenance à des groupes pris en bloc selon leur qualité sociale (ethnique), permettait de traiter l’espace par territoires et éventuellement fronts, les mouvements apparaissant seconds au point que des territoires nomades ont pu être identifiés et même délimités ! En les prenant comme premiers avec les conséquences reconnues dans la définition du lieu et de la distance, il nous faut échapper à la représentation du nomadisme assimilé à la marginalité et à celle de l’espace ressource ou support, affaire de sédentaires. Il nous faut définir un « nomadisme théorique » pour saisir la nature de l’espace mobile, qui concerne les enracinés tout autant que les voyageurs. Nous en trouvons des éléments dans la « géographie structurale » que défendent Ritchot et Desmarais (2000) par leur modélisation des « positions » (et non des situations). Elle nous est utile en éclairant les dispositifs mouvants évoqués plus haut.

29Nous pouvons reprendre les deux mouvements alternants de resserrement et d’étalement déjà rapidement décrits. Au Sahel, la synchronisation de ces mouvements avec les aléas climatiques et les aléas politiques montre comment l’espace est une ressource sociale en tant que telle et pas seulement une ressource transitionnelle comme terre ou comme surface d’exploitation. On retrouve donc dans le mouvement et sa maîtrise, l’expression de ces positions sociales différenciées à l’extrême (jusqu’à la servilité). Mais alors que la géographie structurale s’ancre autour de positions permanentes fortement déterminantes appelées « vacuum » du fait d’un interdit qui en font les lieux symboliques de l’identité et dont la fréquentation est réservée aux détenteurs du pouvoir, le contexte de la mobilité généralisée réclame la mobilité pour ces pôles aussi. Tout lieu de concentration du sens de l’identité collective peut valoir. Dans l’espace mobile, cette sorte d’ancrage autour de quoi tout s’organise et qui fait le caractère structural de la position, n’est pas, de surcroît, recevable sous la forme de l’immuabilité : l’objet peut aussi changer. La position centrale relative reste forte cependant (on devrait dire la position centrale mobile ou centralité) et le système des positions subséquentes bien établi.

30La première leçon demande à distinguer les mouvements dominés voire forcés et les mouvements volontaires. Puisque le mouvement est au fondement du pouvoir, ce qui importe c’est la faculté de le contrôler versus l’obligation de s’y conformer : endo-régulation dans le cas du contrôle, exo-régulation dans le cas de la contrainte dans le vocabulaire de Ritchot et Desmarais. Cela donne aux mouvements que nous avons repérés des allures très différentes. Dans le cas de la polarisation (qui semble correspondre aux périodes de déficit pluviométrique de notre Sahel exemplaire, mais aussi aux périodes d’insécurité politique), les rassemblements marquent le contrôle, alors que la concentration qui produit en apparence le même résultat observable désigne la contrainte. Les « nomades » se sédentarisent autour des points forts qui jalonnent les « aires d’aisance », à proximité des gros villages sub-égaux de la trame sahélienne. Tantôt ils sont les maîtres des lieux (rassemblement), tantôt ils entrent dans la dépendance de la chefferie proche et plus souvent encore de l’administration (concentration). Nous pouvons, au passage, retrouver la même distinction dans les villes contemporaines, métropoles comme l’on dit, où la concentration concerne les dominés un peu parqués et le rassemblement comme une certaine forme de « gentrification » ou de requalification des centres et des « innercities », délaissés il y a quelques décennies seulement.

31La diffusion, au contraire, se présente sous la double forme de l’évasion (endo-régulation) ou de la dispersion (exo-régulation). Là encore la différence du contrôle et de la contrainte s’impose, que nous repérons bien dans les mouvements contemporains comme dans nos mouvements nomades. Chez les nomades historiques, l’évasion (endo-régulée) manifeste la capacité à contrôler de vastes « espaces », dans toutes les directions, à remplir en quelque sorte les vides (exit option). La dispersion, au contraire, montre assez la formule d’une fuite qui pousse toujours plus loin, vers les marges écologiques par exemple. Dans l’ordre contemporain, les mouvements des nomades comme des sédentaires peuvent se classer de la même manière. Les diasporas relèvent de la première alors que la migration relève de la seconde. Cela est à vérifier.

32Au total, si nous revenons à des formes métonymiques qu’il faudrait pouvoir développer, la « ville » se trouve du côté du mouvement contrôlé comme du côté des nomades, des marchands, des marins alors que la campagne est dominée, comme la « banlieue », du côté de la « sédentarité » subie. Mais les catégories descriptives, encore une fois, ne suffisent pas puisque les sédentaires et les nomades sont tous en mouvement et que de la nature voulue ou subie de ce mouvement découlent les positions puis les situations. En ville donc se trouvent rapprochés des « sédentaires » et des « nomades résiduels » dans les « quartiers » comme l’on dit aujourd’hui, tout près de « nomades métaphoriques » qui maîtrisent à volonté des déplacements choisis : le gradient d’urbanité passe par ces distinctions plus que par des circonscriptions figées dans leur nature. À la campagne, réciproquement, se rencontrent des nomades sélectifs, en mouvement à tous les pas de temps, à la journée, à la semaine, à l’année, parfaitement urbains, et encore quelques sédentaires par force, pauvres et vieux, ne disposant pas du capital spatial qui convient dans un environnement de mobilité. Pas plus que les catégories de nomades et sédentaires, ville et campagne ne conviennent tout à fait aux mouvements en cours. C’était l’idée aussi contenue dans les niveaux d’urbanité proposés par J. Lévy (1994).

33Cette proposition de l’espace mobile se trouve donc alimentée par l’obligation dans laquelle nous nous sommes trouvés de placer les pasteurs avec les paysans dans un système de distance écologique pris dans un sens « nouveau » (si l’on peut dire puisque c’est celui de l’écologie urbaine des années trente du siècle passé) qui ne renvoie pas à la nature ni à la tradition des activités matérielles (autrefois signes des genres de vie), pas seulement liés à la terre mais distribués selon des rapports socio-ethniques désignés par des pouvoirs assez éloignés. Parmi les nomades sélectifs se trouvaient ainsi réunis aussi bien les anciens « guerriers » que les grands commerçants mais aussi les fonctionnaires d’État tentant de traiter le sous-développement extrême, sans parler des experts expatriés. Hiérarchisés ou même en conflit, les différents groupes ou positions produisent un espace hétérogène, pourquoi il n’est pas un support neutre. Sélectifs, les dominants qui produisent les représentations de l’espace depuis l’espace de leurs représentations, forment la contrainte spatiale majeure puisqu’ils en édictent les règles. Ils sont producteurs de symboles : dans l’espace des sociétés, il ne peut y avoir de règles de l’espace encore moins de lois avant que l’on ait reconnu quel jeu avait été sélectionné. Chez les nomades-sédentaires du Sahel, il a fallu le prendre en compte. Il faudrait sans doute aussi le faire en traitant de l’espace contemporain du monde mondialisé, lorsque le jeu est de nouveau choisi par les « nomades » sélectifs, et que les nomades résiduels et les sédentaires, surtout les seconds, sont devenus les dominés, la main-d’œuvre et la marge de manœuvre, le volant par lequel il est possible de jouer de la différence quand on maîtrise la distance et que l’espace est transparent.

34Voilà une révision du nomadisme vers un nomadisme théorique qui n’est pas lié au mouvement matériel du déplacement mais à la faculté de régler les positions, c’est-à-dire finalement la mobilité sous toutes ses formes, même sans déplacement. Quand tout bouge pour que rien ne change peut être aussi une autre formule, celle de la préservation des positions relatives par des déplacements et des réorganisations dans le système de référence. Quelques exemples pris en situation sahélo-saharienne puis dans le monde mondialisé le confirment. C’est la mobilité de l’espace lui-même qui est montrée.

35Lorsqu’au Sahel, les établissements se déplacent, les marchés et même les routes, c’est que de nouvelles solutions sont recherchées à la perpétuation d’un ordre de la complémentarité qui permet de mettre en relation une variété de milieux, d’activités etc. dans le contexte de l’incertitude. Longtemps on a pu penser à une adaptabilité fondamentale, sans en tirer les conséquences : si dominants et dominés sont tous pris dans le mouvement, transportant leurs centres, en en modifiant les contenus pour peu que les courants passent toujours, c’est que l’espace est lui-même mobile. La géographie structurale nous a aidés dans la définition des positions relatives jusqu’au moment où il a fallu prendre en compte l’absence d’un espace extérieur aux rapports instantanés. L’espace est dans la société et ses rapports, et non à l’extérieur : l’objectivité de l’extérieur n’est pas un ordre mais une ressource dont le profil varie beaucoup avec les appréciations (la distance écologique au sens spécialisé).

36Il en va de même dans le monde mondialisé. Si les sites existent, habités par des sédentaires et des nomades résiduels, c’est là une ressource dont l’appréciation varie selon les critères changeants des « nomades sélectifs ou dominants », en particulier le « capital », mais aussi les manipulateurs de symboles qui agissent plus largement que les acteurs économiques. Les lieux de l’ancien régime de spatialité, ceux qui sont ancrés dans la terre et qui portent l’identité souvent primordiale, perdent de leur position comme celle que la géographie structurale pouvait définir dans un juste registre de positions relatives, mais dans l’oubli de ce que le mouvement ne touche pas que les hommes et leurs produits. Si l’espace est consubstantiel du vivant social pour ce qui nous intéresse, le vivant social l’adapte comme il adapte d’autres fonctions ou d’autres structures en vue de se perpétuer. Ce qui ne va pas sans contradiction ni sans tension, puisque l’évaluation et déjà le diagnostic peuvent varier avec les points de vue et les rapports de force. Nous en sommes là à devoir définir le « contrat spatial » qui fait l’objet de réflexions en cours. Le contrat géographique a été proposé par J.-P. Ferrier sous le sceau de la responsabilité emboîtée par palier d’échelle, autrement dit un contrat territorial qui renvoie au contrat social. C’est une conceptualisation qui reste, elle aussi, dans l’ordre sédentaire. Or la contrainte est celle de la mobilité. Pour pouvoir la traiter, il faut d’abord pouvoir la formuler en se libérant d’une géographie du fixe. Tout reste à faire.

Français

Résumé

Un travail empirique portant sur la rencontre entre paysans sédentaires et pasteurs nomades au Sahel a conduit à une révision théorique portant sur la nature de l’espace géographique. Établi sur la base du fixe comme la surface terrestre et les milieux ou comme la surface théorique de l’analyse spatiale, l’espace de la science géographique oublie le mouvement qui sans cesse anime le réglage des lieux et des distances. Ce réglage qui paraît comme habituel chez les nomades touche aussi les sédentaires. C’est le point de départ d’un transfert conceptuel vers le monde contemporain et l’observation du pouvoir spatial. L’espace mobile en est l’outil.

Mots-clés

  • Sahara-Sahel
  • nomadisme
  • sédentarité
  • géographie structurale
  • espace mobile
  • mondialisation
English

From a Sahelian paradigm of place to mobile world space

From a Sahelian paradigm of place to mobile world space

An empirical work about sedentary peasant farmers and nomadic shepherds in contact in the Sahel zone guided to a new theoretical proposition about geographical space. Based on fixed earth ground environment or on theoretical surface of spatial analysis, the space of geographical science does not take in account perpetual movement which liven it up through places and distances adjustment. Sedentary people are also concerned with this adjustment which seems usual for nomadic people. This is the starting point of a conceptual transfer to the contemporary world and spatial power assessment. The mobile space is its work tool.

Keywords

  • Sahara-Sahel
  • nomadism
  • sedentariness
  • structural geography
  • mobile space
  • globalization

Bibliographie

  • Barth F. [1969] (1995). « Les groupes ethniques et leurs frontières », in Ph. Poutignat et J. Streiff-Fenart, Théories de lethnicité, Paris : PUF.
  • Desmarais G. et Ritchot G. (2000). Géographie structurale, Paris : L’Harmattan.
  • Ferrier J.-P. (1998). Antée2. Le contrat géographique ou l’habitation durable des territoires, Lausanne : Payot, Sciences Humaines.
  • Lévy J. (1994). LEspace légitime, Paris, Presses de Sciences Po.
  • Péguy Ch.-P. (1996). LHorizontal et le Vertical, Montpellier : Reclus, Géographiques.
  • Retaillé D. (1989). « Comment lire le contact Sahara-Sahel », in De l’Atlantique à l’Ennedi, Paris et Abidjan, Centres culturels français d’Afrique de l’Ouest et Muséum national d’Histoire naturelle : 19-33.
  • Retaillé D. (1998). « Concepts du nomadisme et nomadisation des concepts », in Knafou R. (éd.), La Planète « nomade ». Les mobilités géographiques d’aujourd’hui, Paris : Belin : 37-58.
  • En ligneRetaillé D. (2005). « L’espace mobile ». In Antheaume B., Giraut F. (éd.), Le Territoire est mort. Vive les territoires ! Une (re)fabrication au nom du développement, Paris, IRD : 175-202.
Denis Retaillé
Denis Retaillé, Université de Bordeaux, UMR ADES
Dernière publication diffusée sur Cairn.info ou sur un portail partenaire
Mis en ligne sur Cairn.info le 04/05/2011
https://doi.org/10.3917/lig.751.0071
Pour citer cet article
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