CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 J’avais 20 ans en 1954, j’étais normalien et communiste. J’ai commencé par militer contre la guerre d’Algérie et l’Algérie ne m’a jamais quitté comme question nationale. J’appartiens, comme on l’a dit pompeusement par la suite, à la « génération algérienne » qui critique le communisme par rapport à la question nationale algérienne.

2 Comme tous les normaliens et tous les étudiants, j’ai reculé au maximum mon service militaire, jusqu’à 27 ans, en utilisant mon sursis. À 27 ans, comme beaucoup de normaliens, j’ai demandé à aller dans une école militaire. Comme il y avait obligation d’aller en Algérie, j’ai été envoyé à l’école militaire de Koléa, à 30-40 km d’Alger, qui était l’école des enfants de troupe d’Algérie. Comme les enfants de troupe – c’est une anecdote assez amusante – ont des grades et des uniformes, les profs sont mis en civil pour ne pas avoir à saluer leurs élèves. Je raconte ça, car je suis allé là-bas la dernière année de la guerre d’Algérie, en 1961. En mai-juin 1962, après les accords d’Évian, j’ai été appelé par le général commandant la Région militaire d’Algérie qui m’a dit : « Gallissot, vous irez à l’université d’Alger pour montrer la part que l’armée française prend à l’indépendance de l’Algérie. » Ce n’est pas beau ?

3 À ce moment-là, le général me regarde ; il y a quelque chose qui ne va pas. Il me dit : « Pourquoi êtes-vous en civil ? » ; je lui réponds : « Parce que je suis 2e classe à cause de ma fiche politique qui interdit de faire le peloton des élèves officiers pour avoir un grade ; je ne peux pas être habillé en militaire pour ne pas avoir à saluer les élèves de l’école » ; il conclut : « Oui, c’est embêtant. » J’ai bien vu que dans son idée, il aurait voulu que je sois déguisé en sous-lieutenant ou en aspirant pour montrer la part que l’armée française prenait à la nouvelle université d’Alger, sachant que l’université avait été fermée après l’incendie de la bibliothèque. C’est ainsi que j’ai été le premier coopérant militaire, à la réouverture de l’université d’Alger – qui doit avoir eu lieu fin novembre 1962 –, et le 10 décembre j’étais démobilisé ; j’étais donc probablement aussi le premier coopérant civil de l’université d’Alger. Cette histoire militaire est quand même intéressante, cela prouve simplement que ce général était gaulliste ; il fallait montrer le retournement.

4 Je n’ai pas croisé Pierre Bourdieu à l’époque, il était déjà rentré à Paris (après avoir fait ses travaux sous la protection des blindés de l’armée française, ce que tout le monde oublie et qu’il ne dit jamais). Pour aller dans les centres de regroupement, il avait une escorte militaire. Ça donne quand même un caractère un petit peu artificieux à son enquête, au moins dans les centres de regroupement ; le déracinement y était évident. C’est comme s’il avait trouvé le montage direct de ce qu’il va écrire avec Abdelmalek Sayad, qui lui faisait par ailleurs découvrir la société kabyle.

5 Bourdieu est peut-être parti précipitamment, je ne connais pas le détail. Il n’avait pas ramené en France les exemplaires des sept volumes manuscrits qui constituaient l’enquête. L’enquête avait été traitée par des ingénieurs en mathématiques dans un organisme qui s’appelle AARDESS (Association algérienne de recherche en démographie et science sociale) ; ces ingénieurs avaient mis en statistiques, à pléthore, les informations reproduites sur des tableaux et graphiques qui vont avec la thèse. C’est donc à moi qu’il a demandé de lui rapporter les exemplaires qui étaient restés dans l’arrière-boutique d’une librairie qui était la librairie du parti communiste, la librairie Dominique, rue Charras, en face de l’ancienne librairie Les Vraies Richesses, qui fut la grande librairie de l’histoire intellectuelle de l’Algérie. J’ai donc rapporté les paquets qui sont partis pour être édités par Mouton  [1]. L’ensemble n’a jamais été réédité avec son pesant de statistiques qui témoignent d’un scientisme quelque peu naïf, c’est d’ailleurs uniquement la partie méthodologique qui a été republiée, plus le bouquin commun avec Sayad sur le déracinement  [2].

6 Après, je voyais Bourdieu tous les mois ou tous les deux mois, dans des réunions où il était question de l’Algérie, mais je n’ai pas été lié du tout à sa tentative d’ouvrir en Algérie, en 1968-1969, une antenne de son centre CNRS à l’École des hautes études en sciences sociales : le Centre d’éducation européenne. C’était, à mon avis, un parachutage impossible et qui n’a pas marché : on ne peut pas importer en Algérie une antenne du CNRS depuis Paris. Si on veut faire quelque chose en Algérie, il faut le faire en Algérie, c’est-à-dire avec les moyens du bord, en repérant les bons chercheurs et les bons intervenants et en formant les étudiants. En Algérie, j’y vais tout le temps mais sans escorte ; certains de mes anciens étudiants ont continué à avoir une activité de recherche ; ils m’étonnent même parce qu’ils sont restés critiques. Ils sont un peu partout : j’ai eu des étudiants à la faculté des lettres en histoire ; en outre, j’enseignais l’histoire des idées à l’Institut d’études politiques, et j’ai participé à la fondation de l’École nationale d’administration. Du reste nous sommes trois coopérants français à avoir recruté la première promotion de l’École nationale d’administration, en 1964. Les candidats n’ont pas passé d’examen mais sont entrés à la fois sur dossier et sur un entretien qui a eu lieu avec Jean Leca, en science politique, François Borella le juriste, et moi. Extraordinaire : c’étaient des personnes qui avaient interrompu leurs études, qui avaient une formation hors du commun, un savoir par l’action. Ces premières promotions sont portées par une expérience très forte. Après ça, elles ont été distribuées dans tous les services ; la plupart ont été aspirées par la machine infernale, mais ce qui m’étonne toujours c’est que l’on retrouve aujourd’hui des personnes qui sont restées correctes, critiques à partir de leur formation ancienne. C’est assez réconfortant, mais ceux-là n’ont pas les places du devant de la scène. Par contre, j’ai encore des préfets et des ministres parmi mes anciens étudiants.

7 À l’université d’Alger, au moment de l’indépendance, j’étais plus jeune que tous mes étudiants. Parmi eux, il y avait non seulement les étudiants algériens qui reprenaient leurs études ou qui les commençaient, mais il y avait également des dirigeants de tous les mouvements de libération d’Afrique (Mozambique, Angola, Canaries, etc.) et de mouvements noirs américains. Je n’ai jamais vu une université internationale et internationaliste comme l’université d’Alger des années 1962-1963 à 1965 : un bouillon de culture, avec les enseignements qu’on faisait dans la journée, puis les nuits qu’on passait à discuter des luttes de libération, des modes de production, de la segmentarité et de je ne sais quoi, qui étaient les discussions de l’époque. Mehdi Ben Barka, par exemple, qui, condamné à mort au Maroc, s’était réfugié à Alger, a appelé cela « l’université tricontinentale ». Son fils m’a passé ses notes : l’organigramme de l’université tricontinentale – je ne savais même pas que ça existait – avec comme premier professeur : Gallissot. L’université tricontinentale, ce sont les nuits de discussion que l’on a passées ; ce n’était pas si mal trouvé. Cela renvoie à 64-65 quand Mehdi Ben Barka a monté la Tricontinentale, juste avant sa disparition.

8 Quand je suis arrivé, Tiennot Grumbach était déjà là, puisqu’il faisait partie du petit groupe des intellectuels juifs qui étaient en même temps associés au mouvement trotskiste. C’est abusivement qu’on les a appelés pieds rouges, avec d’autres. À l’époque il était assistant à l’Institut d’études politiques où j’enseignais ; je voyais Tiennot toutes les semaines. Comme c’était un grand discutant, on parlait. Quand il est revenu à Versailles, à la tête du barreau de Versailles, il m’a aidé dans les recherches sur les assassinats politiques – non seulement de Ben Barka, mais également de l’opposant algérien Ali André Mécili que j’ai connu sur le tard, un an ou deux avant son assassinat.

9 J’ai vu Che Guevara, et ce fut une nuit extraordinaire. Il était hébergé à la Maison du Peuple, qui est l’ancien Palais du Bardo. Le bâtiment neuf en face, c’était le ministère de la Défense nationale, c’est-à-dire celui de Boumédiène. Il y a eu une fête pour célébrer l’anniversaire de la révolution cubaine, sarabande de filles et de garçons dans les escaliers et danse à l’intérieur du ministère de la Défense nationale. Che Guevara était là, puisqu’il était censé patronner cette fête. Une vraie fête cubaine, c’est assez époustouflant, sous l’austérité de Boumédiène, de voir cela.

10 Guevara n’est pas resté très longtemps à Alger puisqu’après il est allé au Caire, en Égypte, ensuite il est descendu au Soudan puis il a fini son périple au Congo. Le Che n’a pas discuté avec beaucoup de monde à Alger. Il est allé à une ou deux séances à l’Institut du développement, qui était une sorte d’université à tout vent, où tout le monde venait discuter.

11 J’ai connu également le petit Bouteflika, en culottes courtes. Quand il était Commissaire à la jeunesse ; il a lancé la campagne de plantation des arbres ; donc on est allé planter des arbres à l’été 1962-1963. À l’époque, il était le Monsieur Afrique de Boumédiène, il ne faut pas oublier cela, avec le grade de capitaine dans l’armée algérienne, c’est-à-dire qu’il était celui qui faisait les liaisons avec les groupes armés africains. Il était partisan de Frantz Fanon et son groupe d’action, si je puis dire, c’était les gens réunis par Didar Fawzy Rossano, la première collaboratrice d’Henri Curiel. Je raconte cela dans le livre que j’ai fait sur Henri Curiel  [3]. Ça faisait donc un autre noyau, intéressant. Une fois que Bouteflika a été ministre, ça a été fini ; il était pris par son ascension, une ascension d’arriviste qui tiendra jusqu’à la fin. Il y avait également, parmi les familiers de ce petit groupe autour d’Henri Curiel, Jean-Louis Hurst, « Maurienne ». Maurienne, c’est celui qui avait écrit le livre Le Déserteur [4] après avoir organisé le groupe des jeunes déserteurs pendant la guerre d’Algérie. Il est venu en Algérie et il faisait partie de ce groupe qui faisait campagne auprès des jeunes et avait ouvert un centre de formation pour les jeunes, etc.

12 À l’époque je ne suis pas sorti – parce que moi je n’aime pas démissionner – du Parti communiste français, mais ça faisait longtemps que je ne fréquentais plus les gens du Parti communiste français et je me gardais bien d’aller aux réunions du Parti communiste algérien, d’autant plus que ce dernier allait être uniquement réservé aux Algériens de nationalité. Je n’y aurais même pas eu pied mais je n’en ai pas eu la tentation. C’est là, ma position critique : je suis alors le marxiste critique de l’université d’Alger, critique du marxisme soviétique, ou des positions communistes françaises qui sont les mêmes, et des positions communistes algériennes qui sont les mêmes également. C’est une démarche que je développe aussi bien dans mon enseignement, que dans les articles que je publie.

Arrivée à L’homme et la société : entre Pronteau et Jonas

13 On peut en venir au début de ma fréquentation des gens de L’homme et la société : mes premiers contacts avec Jean Pronteau remontent à 1956, quand il a rapporté le rapport Khrouchtchev de sa mission en URSS et en Pologne. C’est lui qui a rapporté le vrai rapport Khrouchtchev. Il n’était plus député, mais il était encore membre du Comité central du Parti. Comme membre du Comité central, il essayait de repérer les gens qui étaient proches de ses positions. C’est ainsi que j’ai été en contact avec lui dès le printemps 1956. Il m’a toujours confié des petites missions ou des activités, publiées de façon anonyme. C’est en suivant Jean Pronteau que par la suite j’ai été en contact avec Serge Jonas, et qu’en 1966-1967 je suis devenu un collaborateur de la revue. Je ne sais même pas s’il y avait un organigramme établi du comité de rédaction. Il ne devait pas y avoir de comité de rédaction formel ; on se réunissait à 5 ou 6, et je participais aux réunions.

14 Ce qui m’intéressait dans L’homme et la société à l’époque, c’est précisément les autres approches marxistes que portait la revue d’une façon critique à l’égard du marxisme soviétique comme disait Marcuse. C’est cette critique du marxisme soviétique qui m’intéressait, à partir, par exemple, de l’austro-marxisme d’Otto Bauer (dont j’avais traduit du reste des extraits à l’université d’Alger), ou de l’école marxiste hongroise, avec Varga et compagnie, qui avaient des positions boukhariniennes, pour expliquer l’impérialisme avec la place des masses paysannes du Tiers Monde, etc. C’est cela qui m’intéressait. Ce qui me gênait dans L’homme et la société, c’était de vouloir lier marxisme et psychanalyse. Je n’ai jamais compris ce truc-là ; hors l’école de Francfort, la deuxième, en exil aux États-Unis, c’est un truc purement français. Freud a eu une importance démesurée en France intellectuellement, comme en Algérie, du reste. Je pense que cela venait de Jonas – Pronteau s’en foutait – cet intérêt pour la psychanalyse. Mais cela avait au moins un avantage : c’est de réintroduire dans la revue – c’est l’une des rares revues à avoir une place pour cela – les rapports de sexes, des articles donc, de réflexion sociale sur la sexualité ; au moins il y avait cela, psychanalyse oblige.

15Le véritable intérêt que je trouvais à cette revue c’était précisément cette ouverture dans le marxisme. Pronteau était en relation avec l’école des marxistes polonais marquée notamment par Stanislas Ossowski  [5], dont un livre était traduit en français, La structure de classes dans la conscience sociale  [6] et qui avait écrit aussi un ouvrage sur le marxisme et la religion en Pologne  [7]. C’était un sociologue intéressant qui a fait l’objet de plusieurs articles dans L’homme et la société  [8]. C’est Ossowski qui a introduit le marxisme hongro-polonais, la réflexion des intellectuels de Hongrie et de Pologne dans les discussions françaises. C’est L’homme et la société qui a été porteur de ces articles, c’est vraiment le début.

16 Un de mes titres de gloire c’est également, dans le numéro 14 de L’homme et la société, d’avoir publié un article sur les classes sociales en Algérie qui est non seulement la première mais peut-être la seule critique de Bourdieu que je connaisse  [9], hors polémique des fidèles d’Alain Touraine. Cet article sur les classes sociales en Algérie, a comme sous-titre « Pour un retour de Weber à Marx », dans la mesure où je pense que, par coquetterie, Bourdieu fait semblant de ne pas être marxiste en se réclamant de Weber. Mais pour moi, il fallait creuser, il fallait redresser, remettre Bourdieu sur ses pieds, à propos de la position de classe, de la situation de classe, de la condition de classe, parce que ses analyses sont intéressantes. Ce qui montre que, presque dès le départ, L’homme et la société se situe intellectuellement par rapport à Bourdieu. Et çà, ça demeurera : Bourdieu est en ligne de fond. Ce n’est pas la personne de Bourdieu, c’est son importance dans le champ sociologique, si l’on peut dire.

17 Jean Pronteau offrait le contretype de Jonas. Jonas était quelqu’un qui remuait tout ; il était un improvisateur incroyable, tandis que Pronteau, c’était un questionneur méthodique, c’est-à-dire qu’il avait une continuité dans ses interrogations politiques et les problèmes intellectuels, qui se trouvaient soulevés. C’est lui la pensée qui incite à continuer L’homme et la société. Le rôle de Pronteau me semble important – comme on l’a vu je le connais depuis 56 – jusqu’en 1968, mais après l’éclatement de 1968, il n’a plus la même importance, puisque L’homme et la société s’ouvre bien au-delà de la vision critique du communisme qu’il soutenait. Après, je l’ai retrouvé à la revue Politique aujourd’hui. Cette revue réunissait la plupart des marxistes critiques autour de Paul Noirot (pseudonyme de la Résistance d’Henri Blanc). Pronteau en était l’initiateur et le soutien, et c’est ainsi que j’ai continué à le fréquenter au sein de la revue Politique aujourd’hui, d’où sa marginalisation à L’homme et la société parce que Politique aujourd’hui lui paraissait beaucoup plus important. Je ne connaissais pas Pronteau personnellement, mais nous avons eu une collaboration très vivante. Je ne l’ai suivi que jusqu’à l’époque de Politique aujourd’hui, ensuite je l’ai perdu de vue.

18Jonas avait toutes les curiosités, c’est cela qui est intéressant, mais malheureusement quand on l’avait convaincu, si quelqu’un venait après, il pouvait être convaincu du contraire. Il était très influençable, mais quand même, il avait une sorte de capital de base qui était de sauver ou d’entretenir la part culturelle qui appartient très peu au marxisme économique, c’est-à-dire au marxisme prépondérant, pas forcément soviétique, également prépondérant ailleurs. Cette ouverture culturelle c’est la part de Jonas dans le positionnement vis-à-vis des autres marxismes avec son penchant pour la psychanalyse, mais pas seulement – la psychanalyse n’était pas son unique cheval – d’où l’espèce d’ouverture, à mon avis trop large, qu’il donnait à L’homme et la société. Jonas a été suprêmement excité dans sa démarche et dans la suite pour L’homme et la société, par mai 1968. C’est là que L’homme et la société, qui était une petite revue de critique marxiste, devient une revue ouverte, avec Mai 1968. C’est la grande époque de L’homme et la société. Jonas m’a soutenu de très près : j’avais même fait un questionnaire sur l’enseignement de l’histoire et de la géographie qui sera publié en 1969 dans L’homme et la société  [10] car le parti communiste l’avait rejeté suprêmement. C’était une critique de l’histoire nationale nationaliste, donc c’était insupportable pour le Parti communiste français.

19 Cela est lié au Centre d’études et de recherches marxistes (CERM). Quand je suis revenu d’Alger, à l’été 1967, pour être maître-assistant à la Sorbonne, j’ai été convoqué par Jean Suret-Canale (historien de l’Afrique) qui était chargé, par le Comité central, de suivre des études sur le Tiers Monde. Suret-Canale m’a bombardé secrétaire du CERM dont le directeur était Roger Garaudy, que je n’ai vu qu’une seule fois dans ma vie, probablement la seule fois où il est venu au Centre ; c’était à Corvisart, boulevard Blanqui, Paris 13e. Nous avons publié des livres sur les modes de production précapitalistes, les bouquins de Maurice Godelier, mes bouquins sur le féodalisme, sur l’impérialisme… C’était la grande discussion de l’époque : les modes de production, l’impérialisme, sur les voies du socialisme… Cela faisait partie de mon animation au CERM. Nous avons été éjectés après Mai 1968 et c’est devenu l’Institut de recherche marxiste (IRM).

20 J’étais maître-assistant d’histoire contemporaine à la Sorbonne et j’étais inscrit en thèse. Ma première thèse portait sur l’histoire du cinéma, j’avais eu du mal pour trouver un patron, finalement j’avais trouvé le philosophe Étienne Souriau. Avant de partir à Alger, j’avais commencé une thèse sur la mutation du cinéma en France, du muet au parlant. C’est un très beau sujet, mais comme à Alger je ne pouvais absolument pas continuer, je suis devenu historien des Internationales ouvrières, et c’est ainsi que je suis devenu maître-assistant à la Sorbonne sous la direction de Jacques Droz, l’historien du mouvement ouvrier, du mouvement socialiste, du mouvement international, etc. J’étais le poulain de Droz pour les Internationales. Les locaux étaient au Centre d’histoire du syndicalisme, dans les bureaux de Jean Maitron, au 14 rue de la Sorbonne, c’était un étage supérieur avec une vue imprenable sur la cour de la Sorbonne. C’est ainsi que l’on a suivi Mai 1968 depuis le Centre d’histoire du syndicalisme ; on descendait quand il fallait.

21Universitairement et intellectuellement, j’étais membre du comité de rédaction de la revue Le Mouvement social. Ce sont des gens d’Esprit qui tiennent Le Mouvement social, avec les Éditions ouvrières, et les historiens sociaux communistes y sont « abrités », si je puis dire, avec Madeleine Rebérioux, Michèle Perrot…, par Le Mouvement social. C’est ainsi que Le Mouvement social a publié La Sorbonne par elle-même  [11], le bouquin qui présente les témoignages sur ce que l’on voyait depuis le Centre d’histoire du syndicalisme et qui a commencé à réunir tous les tracts, dont Maurice Tournier a ensuite fait la lexicographie dans l’ouvrage sur les tracts de Mai 68  [12] ; le mot le plus employé en totalisant toutes les organisations, est le mot « bureau ». C’est très intéressant comme radiographie des mouvements de Mai.

22 À cette époque, mes travaux portent sur la question nationale pour le mouvement ouvrier. J’organise également le séminaire qui se passe au 14 rue de la Sorbonne, au Centre d’histoire du syndicalisme. Ce séminaire me rappelle Alger, car j’ai eu tous les communistes dissidents, les maoïstes de diverses obédiences, les trotskistes, comme étudiants de ce séminaire. Toute la LCR devait venir à ce séminaire à mon avis, enfin à la LCR chacun sait que la « coupole » est restreinte. Disons que la « coupole » des mouvements trotskistes était au séminaire du Centre d’histoire du syndicalisme. Tous les ans, le titre était le même depuis Alger : « Nationalisme et socialisme. » Jonas venait assez régulièrement aux séances de séminaire.

23 Je connais très mal Jonas, je dirais que c’est un autodidacte polyvalent, c’est-à-dire qu’il avait énormément lu et connaissait énormément de choses. Par contraste, Jean Maitron, le directeur du Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier, était un autodidacte parfait ; il était l’instituteur devenu maître-assistant à la Sorbonne et directeur de la série Maitron, tandis que Jonas était un autodidacte éclaté. Je suis allé quelquefois chez lui, y compris dans le Midi, nos relations étaient très bonnes. Il tirait toutes sortes de ficelles pour payer les imprimeurs et continuer la revue. Je n’ai connu que deux personnes à avoir ce talent de trouver l’argent quand la faillite était pour le lendemain : Jonas et Paul Noirot, le directeur de Politique aujourd’hui, qui a ensuite lancé l’hebdomadaire Maintenant. Ils étaient formidables pour trouver les ressources quand la situation était désespérée ; c’est pour cela que je ne reproche rien aux personnes qui font du business pour ce genre de fins. Les éditions Anthropos étaient également nourries par toutes ces opérations. À la fin – on revient à L’homme et la société – Jonas portait deux revues : L’homme et la société et Espaces et sociétés. Peuples Méditerranéens, qui était la revue de Paul Vieille, était en outre aux éditions Anthropos.

La direction de L’homme et la société

24 Quand Jonas a vendu Anthropos, malheureusement à quelqu’un qui l’a très mal payé, j’ai racheté L’homme et la société pour un franc symbolique, y compris tous les invendus qui sont restés longtemps dans mon garage avant que L’Harmattan vienne les chercher. C’était dans les années quatre-vingts mais je ne sais plus quelle année : 1985 ou 1986. Il y a eu la séance de l’élection du nouveau directeur de L’homme et la société, avant que le premier numéro sous ma direction ne sorte en 1987, « La mode des identités  [13] ». Remarquable ! Il est rigoureusement introuvable, je n’ai plus d’exemplaire.

25 Quand je deviens directeur, je suis propriétaire de la revue. J’ai un avantage pour l’élection devant l’ancien comité de rédaction (ça devait s’appeler comme ça à l’époque). Je ne sais pas quand le comité de rédaction a été mis en place, peut-être en 69-70, plus tard même, 71-72, je ne sais plus. En 1987, il y avait ce comité de rédaction formalisé à qui j’ai remis l’association porteuse de la revue. Nous avions déposé deux associations : une pour publier Espaces et sociétés, et l’autre, pour publier L’homme et la société, dont j’ai été élu directeur et en même temps président de l’Association pour la recherche de synthèse en science sociale.

26 Malheureusement il y a eu deux votes du comité de rédaction : dans le premier vote, sur le choix de l’éditeur, j’ai été battu, je ne voulais pas aller à L’Harmattan. Je pense que si on s’était un peu plus pris par la main, on aurait pu trouver un autre éditeur. Le deuxième vote était le vote du directeur où mon concurrent, si je puis dire, était Michaël Löwy. Il a été battu. J’en étais très content pour la raison suivante – qui importe beaucoup pour l’histoire de la revue – : pour moi, Michaël Löwy est le témoin de l’ancienne histoire des idées, faite par les philosophes et les littéraires : « une pensée, un auteur. » Cela permet de faire des articles à répétition, que l’on peut caser tous les ans dans L’homme et la société, mais c’est quand même une voie désuète, dépassée. Selon cette ancienne formule littéraire « un auteur, une œuvre », on choisit dans l’œuvre, un chapitre ou un moment de pensée sur lequel on s’appuie. C’est contre cela que j’ai fait ma « campagne » en disant que pour moi, l’important c’était l’ouverture de L’homme et la société, ce n’était ni une revue d’histoire, ni une revue de sociologie, c’était une revue internationale de sciences sociales comme l’indique le titre. Ce n’est pas moi qui l’ai inventé, c’est probablement Jonas. C’est vraiment pour ça que j’ai été élu contre Michaël Löwy, qui ne m’en a pas voulu personnellement, mais qui intellectuellement n’a jamais quitté sa ligne de pensée. Cela marque la relance de L’homme et la société.

27 C’est à ce moment-là que se sont posés les problèmes de choix. Mais, je pense que L’homme et la société avait déjà changé de sens : il y avait le sens de Mai 1968, cet éclatement pluraliste, et ensuite il y a eu un investissement particulier vers les questions qui accompagnent la marche générale des sciences sociales vers le « subjectif ». Mais aussi vers les questions identitaires, communautaires, de relations ethniques avec une plus-value qui est propre à L’homme et la société, à peu près la seule revue qui parle d’une façon importante, et parfois remarquable, de ce qui se passe dans le Tiers Monde, alors que dans les autres revues on a un regard français sur ce qui se passe ailleurs mais c’est toujours un regard français. À mon avis la bonne marche de L’homme et la société c’est d’avoir ces articles, ces ouvertures de chercheurs qui sont une compétence par la connaissance des pays dominés, ça, c’est le bon côté. Par contre au sein de L’homme et la société, outre l’ouverture vers le pluralisme culturel et le pluralisme marxiste qui a suivi Mai 1968, il y a cette espèce, non pas de dérive mais de glissement trop facile vers les questions de subjectivités autobiographiques, mémorielles, qui n’est pas propre à la revue (et heureusement, L’homme et la société n’a pas été englouti par cette dérive des sciences sociales).

28Pour ma part, je traite également de ces questions ailleurs et de façon critique, dans la revue fondée avec Véronique De Rudder et Pierre-Jean Simon, la revue Pluriel, que le ministre de l’Intérieur, Poniatowski, après avoir fait acheter la marque Pluriel par Hachette, nous a obligés a appeler Pluriel-débat. C’est dans Pluriel-débat que l’on traite des relations interethniques, des problèmes communautaires et d’identité, c’est là que je fais un véritable investissement dans un champ parallèle à L’homme et la société. Je m’investis beaucoup plus dans Pluriel-débat que dans L’homme et la société. Mais à L’homme et la société on a tout de même ouvert une collection dans laquelle on a publié Pluralisme culturel en Europe  [14], Populismes du Tiers-Monde  [15].

29 À partir de ce moment-là, je suis plutôt non pas opposant mais réticent à l’intérieur de L’homme et la société, en pensant que l’investissement vers la subjectivité ne mène à rien. J’ai même fait un article dans la revue sur le subjectif  [16], pour dire qu’il n’y a pas de subjectif ; la subjectivité c’est comme l’individu, ça relève du libéralisme, il n’y a que des relations intersubjectives qui sont en fait des relations sociales. C’était ma façon d’être réticent par rapport au glissement vers la « subjectivité ». C’est pourquoi dans la relance j’ai voulu renouveler.

30 À mon avis j’ai fait une erreur en reprenant L’homme et la société ; on ne peut fonder qu’une revue nouvelle quand il y a un mouvement, on ne peut pas « ressusciter » une revue qui a été fondée par un mouvement antérieur, c’est mon opinion. Même la revue Mouvements de François Gèze, à La Découverte, est en difficulté. S’il n’y a pas de mouvement porteur, comment se situer dans le monde intellectuel ? C’est du coup par coup, ça dépend de la composition, du renouvellement du comité, ça devient très aléatoire. C’est mon opinion, c’est pourquoi j’ai quitté la direction de L’homme et la société, parce que ça me semblait une mission impossible. Avant de quitter la direction, j’ai lancé l’investissement sur les nouveaux mouvements sociaux, avec le numéro qui s’appelle « Crise du mouvement ouvrier et nouveaux mouvements sociaux  [17] », cela me semblait la bonne voie à continuer.

La revue dans le champ intellectuel

31 La plupart des sociologues publient dans L’homme et la société, sauf Bourdieu parce que c’est le personnage qui est derrière le rideau de la scène, mais Abdelmalek Sayad nous donne des articles fleuves. Ce n’est pas propre à L’homme et la société, c’est l’histoire de la sociologie dans l’espace français : Bourdieu est la continuité d’une école sociologique. Les autres sociologues se situent par rapport à cette école sociologique, c’est tout. L’école sociologique est très peu présente dans L’homme et la société ; L’homme et la société n’est pas sur la ligne de continuité de Bourdieu parce que L’homme et la société est critique du sociologisme déterministe (c’est Pierre Lantz qui l’appelait comme ça, je crois). Comme critiques du déterminisme économique marxiste, on est critiques aussi du déterminisme sociologique et on est critiques du structuralisme. L’homme et la société est en quelque sorte le contrechamp de Bourdieu et de Foucault. J’ai connu Foucault au début de Vincennes, un amateur en tant que professeur, ça ne l’intéressait pas beaucoup. Foucault, c’est un autre déterminisme où tout est dans le pouvoir politique. Le Pouvoir majuscule, c’est la police, le père de famille, le patriarcat, Dieu le Père, le Pape, tout ce que l’on veut, tout ce qui commence par P.

32 L’homme et la société est la revue critique, tant du déterminisme sociologique de Bourdieu, que du déterminisme de la structure politique que valorise Foucault. La critique porte plus largement sur le structuralisme, celui d’Althusser et de ses trois instances reproduisant la distinction des Facultés, la faculté de sciences économiques, la faculté de droit, la faculté des lettres ou humanités sous l’égide de la philosophie, magistère suprême qui a été accaparé par la suite par l’anthropologie. Lévi-Strauss a remplacé l’école philosophique par le haut magistère de la science des sciences : l’anthropologie.

33 Par contre, Henri Lefebvre est véritablement, d’une façon continue, derrière L’homme et la société, avec Nicole Beaurain. Celle-ci fait entendre sa voix à l’intérieur de L’homme et la société, parfois avec une pertinence qui va au-delà des recherches un peu divagantes de Lefebvre. Mais Lefebvre, pour L’homme et la société, a une importance considérable. Il fait partie de la critique de l’althussérisme, du structuralisme à la Foucault etc., et d’une grande ouverture sur les transformations urbaines. C’est important. Ça existe depuis le début de la revue, Lefebvre est présent depuis le début. Il n’est pas présent en personne mais il est présent intellectuellement puisqu’il fréquentait Pronteau ; il fait partie de ce cercle Pronteau, du cercle critique de la revue du PCF Économie et politique, sanctionnée et épurée par le parti. Tous les ans, grâce à Henri Lefebvre, on était invités au congrès des intellectuels « socialistes » qui se tenait en Yougoslavie. Ce congrès était la rencontre des intellectuels de l’Est et de l’Ouest. Le patronage intellectuel, c’était Henri Lefebvre. On était les invités de la Ligue communiste de Yougoslavie, et même les clients, puisque celle-ci fournissait de l’argent pour la revue L’homme et la société ; et je pense que Jonas en a tiré des avantages pour la revue, des subventions pour les colloques, des achats de numéros, des à-côtés de ce genre-là.

34 On a pensé contacter Sartre au début de la revue, mais je ne sais pas comment ça c’est passé. C’est probablement Pronteau qui est allé le voir, Pronteau et Jonas, peut-être tous les deux, je ne sais pas, mais ça a été traité en petit comité. Cela explique une chose : si on voulait définir le syntagme de la revue, on dirait marxisme + existentialisme. La revue est un témoin historique de la conjonction marxisme et existentialisme ; c’est la meilleure conjonction, bien meilleure que celle avec la psychanalyse. Quant à Georges Gurvitch, c’est un peu l’ancêtre puisque Gurvitch, c’est en quelque sorte tous les marxismes racontés.

35 On pourrait presque dire que L’homme et la société, c’est de la sociologie historique politique. C’est une sociologie historique qui suit l’histoire des idées politiques ; ou c’est une sociologie d’histoire des idées politiques dont le fondement est une approche de sociologie historique. C’est la raison pour laquelle Jonas en particulier tenait à la formule « synthèse de science sociale » : pour lui il n’y a qu’une science sociale : la sociologie historique ; le reste, ce ne sont que des disciplines de science sociale, des sciences sociales au pluriel. Dans cet ensemble, l’ethnologie, c’est important, cela fait partie de l’ouverture sur les autres sociétés avant le rapatriement anthropologique vers les sociétés atlantiques. Avant, ça faisait partie de l’intérêt pour les sociétés dominées, les sociétés colonisées. Ça s’est fait par Mai 1968. À cette époque-là, j’étais invité régulièrement par la Société anthropologique, mais c’était toute la revue, ce n’était pas une question de personne et cela tenait précisément à l’étude des sociétés dominées, colonisées, etc.

36 Dans les années soixante-dix, dans le sillage de Gurvitch, l’influence de Joseph Gabel est importante ; c’est lui qui est, au nom de sa passion de marxiste hongrois, le principal critique des versions staliniennes du marxisme. Il a une grande influence au comité de rédaction. 68 justifie les ouvertures que nous avions prises auparavant, ça valide le pluralisme culturel qui était déjà une des lignes de la revue. Cela vient de Jonas, c’est même lui qui a voulu que l’on publie le numéro sur le pluralisme culturel dans la collection. Cela nous a donné une audience importante, parce qu’on a usé jusqu’au bout – je pense qu’il y a encore un fichier suffisant – le paquet d’abonnements qui avait été constitué avec le support des éditions Anthropos. C’était une revue qui avait plus d’abonnés que la plupart des autres revues. Je ne sais pas combien ça a compté, plusieurs centaines, alors que les autres revues avaient au plus 300 abonnés, généralement moins. Ce fonds de roulement s’est dispersé, comme pour toutes les revues, mais a assuré cependant la continuité. Des militants y ont trouvé leur inspiration, leur justification, leurs arguments, ça me semble intéressant de le rappeler, tant des « militants activistes » que des militants « intellectuels ».

37 Dans les débats d’idées qui ont suivi, je n’ose pas me prononcer sur l’audience de la revue, mais cela doit être plus sectoriel ou plus au coup par coup. Le numéro sur la mode des identités a été épuisé assez vite, parce qu’on avait vraiment tapé au point sensible. On ne croyait pas que ça allait marcher aussi bien : on était presque les premiers à faire un numéro systématique et un numéro critique, c’est donc un numéro qui a été rapidement épuisé. Les autres numéros, à mon avis, rentraient beaucoup moins dans des débats intellectuels qui sont devenus polycentriques, liés à l’évolution intellectuelle aux États-Unis, etc. On a peut-être été dépassés par le triomphe d’époque du structuralisme et, par la suite, des débats poststructuralistes. Mais on a eu des positions originales sur l’étude des sociétés colonisées après l’indépendance.

Notes

  • [1]
    Pierre Bourdieu avec Alain Darbel, Jean-Paul Rivet, Claude Seibel, Travail et travailleurs en Algérie, La Haye/Paris, Mouton, 1963.
  • [2]
    Pierre Bourdieu, Abdelmalek Sayad, Le déracinement, Paris, Minuit, 1964.
  • [3]
    René Galllissot, Henri Curiel, le mythe mesuré à l’histoire, Paris, Riveneuve, 2009.
  • [4]
    Maurienne, Le déserteur, Paris, Minuit, 1961.
  • [5]
    Stanislas Ossowski est un sociologue polonais qui a vécu de 1897 à 1963 ; il a été professeur à Lodz et Varsovie.
  • [6]
    Stanislas Ossowski, La structure de classes dans la conscience sociale (traduit du polonais par Anna Posner), Paris, Anthropos, 1971.
  • [7]
    On trouve une trace de son intérêt pour la religion dans Stanislas Ossowski, « Sociologie des religions en Pologne », Archives de sociologie des religions, n°  2, 1956, p. 111-115.
  • [8]
    Voir notamment Janina Markiewicz-Lagneau, « Sur Ossowski », L’homme et la société, n° 23, 1972 : « Sociologie critique et critique de la sociologie », p. 199-208.
  • [9]
    René Gallissot, « Les classes sociales en Algérie », L’homme et la société, n° 14, 1969 : « Sociologie et socialisme », p. 207-225. Cet article vient d’être republié en ligne par la revue Période (revueperiode.net) en annexe de l’entretien intitulé : « Génération algérienne ; entretien avec René Gallissot », à lire en parallèle de celui-ci.
  • [10]
    René Thoraval, René Gallissot, « L’enseignement de l’histoire et de la géographie. Enquête du Centre d’études et de recherches marxistes », L’homme et la société : « Freudo-marxisme et sociologie de l’aliénation », n° 11, 1969, p. 223-228.
  • [11]
    « La Sorbonne par elle-même, mai-juin  1968 », documents rassemblés par Michelle Perrot, Madeleine Rebérioux, Jean Maitron, Le Mouvement social, n° 64, juillet-septembre 1968.
  • [12]
    Michel Demonet, Annie Geffroy, Jean Gouaze, Pierre Lafon, Maurice Tournier, Des tracts en mai 1968. Mesure de vocabulaire et de contenu, Paris, Fondation nationale des sciences politiques, 1975.
  • [13]
    « La mode des identités », L’homme et la société, nouvelle série, n° 83, 1987/1.
  • [14]
    René Gallissot (ed.), Pluralisme culturel en Europe. Culture(s) européenne(s) et culture(s) des diasporas, Paris, L’Harmattan, coll. « L’homme et la société », 1993.
  • [15]
    René Gallissot (ed.), Populismes du Tiers-Monde, Paris, L’Harmattan, coll. « L’homme et la société », 1997.
  • [16]
    René Gallissot, « Variations sur L’homme et la société : les sciences sociales entre intégration nationale et critique sociale », L’homme et la société, n° 95-96, 1990 : « Mission et démission des sciences sociales », p. 9-23.
  • [17]
    L’homme et la société, n° 98, 1990.
Français

René Gallissot a rejoint la revue dans le sillage de Jean Pronteau dès les années 1960, avant d’en devenir directeur dans les années 1980. Son témoignage permet de revenir sur l’histoire de la revue qu’il appréhende à partir de sa trajectoire personnelle, marquée par son ancrage personnel et scientifique sur le terrain algérien. Il analyse également le positionnement de la revue dans le champ des sciences sociales, marqué initialement par la recherche d’un marxisme-existentialisme et la distance à l’égard des structuralismes bourdieusiens et foucaldiens.

Entretien avec
René Gallissot
par
Claude Didry
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 18/01/2017
https://doi.org/10.3917/lhs.201.0051
Pour citer cet article
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