CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Associés, les deux termes, sexe et politique, ouvrent un vaste champ de réflexion que l’actualité a brutalement remis sur le devant de la scène, enjoignant, pour comprendre le présent, à revisiter ses multiples déclinaisons. Sexe et politique s’articulent en effet sur de nombreux plateaux idéologiques, historiquement situés et aux résonances contrastées. Les liens entre formes de sexualité et modes de domination politique ont ainsi nourri l’inspiration freudo-marxiste des décennies 1950/1960. Le mouvement féministe, dans les années 1970 a reformulé la coagulation du sexe et du politique en luttant pour que le corps des femmes cesse d’être la propriété de l’État et des hommes et leur soit restitué dans toutes ses dimensions sexuées et générales. La fin de la guerre froide et les croisades humanitaires avaient laissé croire que dans les anciennes démocraties industrielles le politique avait été définitivement délié de ses avatars sexuels de toutes sortes. La barbarie des tyrans assoiffés de vierges aurait été refoulée vers des sphères lointaines dans la Chine maoïste ou dans les terres musulmanes, où les horreurs sidérantes perpétuées par les despotes déchus s’étalent cependant encore aujourd’hui dans les médias.

2 Et pourtant, en 2011, sexe et politique ont refait ensemble une irruption fracassante dans le monde globalisé, au sein même de ses organes de « bonne gouvernance ». Dès lors, une autre trame s’est fait jour appelant à dénoncer une violence sexuelle masculine irrépressible et omniprésente. Derrière la centralité du viol qui incontestablement perdure partout et dans toutes les classes sociales, seraient retissées dans l’imaginaire des positions d’assignation pérennes des femmes aux rôles naturalisés de victime. La problématique de leur consentement s’en voit réactualisée souvent avec justesse mais parfois dans des termes extrêmes d’assimilation de tout acte sexuel à une domination hégémonique et forcluante. Dans ce théâtre fantasmatique fascinant c’est la figure même du désir qui paraît pouvoir être expulsée. Quel sens donner alors à cette éradication symbolique dans un monde saturé par le(s) marché(s) et la consommation hédoniste.

3 Ce numéro de L’homme et la société interroge et confronte — bien au-delà du postulat désormais bien institué que le sexe est politique — sous différents angles et dans des configurations variées, de la France à la Chine, de l’Irak au Chili et au Mexique, de la Guyane à la Mongolie, sans oublier l’Algérie, les constructions idéologiques qui ramènent la sexualité sur la scène du politique : ces constructions mobilisent le capital symbolique des sociétés mais le transforment sous l’effet des imaginaires qui visent à dépasser les situations socioéconomiques et politiques. La conjoncture présente de crise — qui édifie l’altérité en négativité radicale — est particulièrement propice à la réflexion : les débats sont nombreux qui font de la sexualité un enjeu politique majeur sur des champs aussi contrastés que la prostitution, la sexualité précoce des petites filles, la pédophilie, l’homoparentalité, etc. Les termes et les contradictions internes à la somme de ces débats prise comme une totalité significative et symptôme du politique et de la politique au présent montrent que la sexualité est désormais, au XXIe siècle, une affaire entièrement publique et que les scènes dites autrefois privées sont devenues des marchandises et des spectacles comme les autres, offrant à l’individu un mode de construction de soi d’un côté, et, de l’autre, à la gouvernementalité politique de nouvelles ressources : c’est pourquoi aliénation et émancipation s’enchevêtrent, lorsque le sexe s’invite à la table du et de la politique. Reprenons donc les jalons de cet enchevêtrement.

4 Sexe et politique ont, sous un certain angle, a priori peu de choses à voir et c’est de leur rencontre conjoncturelle que se rassasie la presse, sous la forme de « faits divers », quand leurs débordements sexuels rattrapent les politiques, ou sous la forme de débats plus ou moins passionnés, quand le politique se penche sur ce que l’on a coutume de désigner pudiquement les « sujets de société » comme le mariage pour tous, l’avortement ou la contraception. Rappelons qu’historiquement, jusqu’au XXe siècle, le sexe relève de la vie privée, sur laquelle veille le droit, réservant au politique la réglementation de la vie publique. État de droit oblige, la discrétion est donc de rigueur sur le sexe renvoyé à la normalité des « bonnes mœurs », limitant l’intervention publique à la répression des « mauvaises ». Marginalité et « exclusion » deviennent le lot de ces « débauchés » que leur comportement, ou leur condition sociale, mettrait au ban de cette normalité à laquelle renvoient les « bonnes mœurs ». Bourgeoises par principe pour les uns, les déviances sexuelles sont aussi attachées à cette « question sociale » poussant les femmes à la prostitution et les familles à l’inceste. Sewell (1983) souligne ainsi que les enquêtes du docteur Villermé vont jusqu’à déduire de la promiscuité ouvrière dans les caves lilloises, une pratique de l’inceste à grande échelle qui établit la déchéance ouvrière au niveau de l’animalité. La politique ne peut que se faire discrète sur de telles déviations, abandonnant la répression aux forces de l’ordre et traitant de la question sociale sous l’angle d’un niveau de vie insuffisant, que la bienveillance d’un « État-providence » saura élever par un salaire minimum et des allocations familiales. Bien sûr, on regrettera bien vite que les femmes soient renvoyées aux tâches ménagères et que triomphe le « male bread winner ». À force de tenir le sexe en lisière, voilà que les mœurs « évoluent » et viendraient régulièrement rappeler au politique la nécessité de procéder aux ajustements nécessaires du droit pour intégrer le nouveau partage entre les « bonnes » et les « mauvaises » mœurs qui en résultent. Rejetées du côté des conventions anciennes qui entravaient la liberté des individus, les bonnes mœurs d’hier céderaient la place à de « meilleures mœurs » plus en accord avec la liberté naturelle d’individus soumis à des pulsions que la société tente de guider vers un libéralisme respectueux des droits de chacun. La gêne, un temps au rendez-vous, quand il faut parler de divorce, de contraception ou d’homosexualité, serait surmontée par l’héroïsme de politiciens capables de briser les tabous et de mettre le droit en phase avec une nature que la société ne peut prétendre entraver que provisoirement. On se réjouira alors de débats démocratiques vigoureux et d’« avancées » importantes, avant que ne reviennent le calme et la sérénité qui s’attachent à une normalité renouvelée.

5 Est-ce à dire qu’en dehors de ces moments de tension qui ponctuent la vie démocratique, le sexe prendrait congé de la politique en attendant un prochain rendez-vous, pour laisser les citoyens jouir paisiblement de leurs droits ?

6 Le regard change si, au lieu de parler « du » sexe comme ensemble de pratiques encadrées par une « normalité » transitoire réservant la « débauche » à une « minorité », on envisage « les » sexes et plus particulièrement celui dont Beauvoir a traité magistralement, le « deuxième ». Masculin-féminin devient une question tellement centrale du politique, qu’elle en devient un implicite, travaillant de l’intérieur un patriarcat d’autant plus efficace qu’il est ignoré. Dans cette perspective, les révolutions politiques sont aussi des révolutions sexuelles comme en témoignent Condorcet pour l’éducation des filles, Olympe de Gouges et Mary Woodworth pour l’accès à la citoyenneté des femmes. La « domination masculine » en est ébranlée et ne se rétablit que sous la figure du « bon père de famille », que le Code civil érige en modèle de gestion. Atteinte dans sa naturalité, cette domination tente de se trouver des justifications juridiques dont les limites ouvrent les voies d’une « autoémancipation » pour des femmes dont la trajectoire soulève la question d’une égalité qui s’impose en permanence comme un horizon du politique. Parler « du » sexe, c’est donc d’abord parler « des » sexes en remettant sans cesse sur le terrain politique cette domination qui assigne les femmes à la reproduction d’un ordre social par là même ébranlé dans son fonctionnement implicite. Comme le montre Ludivine Bantigny, Mai 68 est ici un moment crucial, non seulement comme révolution sociale mais également comme révolution sexuelle renforçant l’affirmation d’une autonomie des femmes qui remet en cause les enjeux mêmes du mouvement social. On en retiendra le droit à l’avortement comme droit de disposer de son corps, préparé par la loi sur la contraception de 1966, ou encore le débat sur l’« éducation sexuelle » bouleversant cette éducation civique qui avait timidement remis en cause les frilosités d’une « morale républicaine » pourtant attachée en son temps au droit des filles à l’étude. On redécouvrira le souci de libérer « le » sexe comme préalable à la condensation de cette énergie, vue par Wilhelm Reich comme un flux révolutionnaire. Mais pour crucial qu’il soit, Mai 68 n’est pas un moment inaugural. Il est un moment fort, dans des trajectoires de femmes qui déjouent les tutelles traditionnelles et le paternalisme bienveillant dans lesquels on tente de les enfermer. C’est que le politique ne se limite pas aux arènes parlementaires qui font les délices de la science politique, il se joue dans la vie quotidienne par où des femmes s’affirment comme sujets de leur existence en assumant leurs désirs et leurs choix, comme, en premier lieu, le désir de travailler. De ce point de vue, le témoignage de Tassadit Yacine se présente comme cette auto-analyse nécessaire par où l’anthropologue déjoue la domination traditionnelle pour se découvrir comme telle et en faire profession. On voit une petite fille « plantée comme un garçon », cherchant sa voie dans l’Algérie en révolution que Pierre Bourdieu a pris comme une pierre d’angle pour sa sociologie, obligée de devenir femme, en devenant mère et citoyenne, et ainsi prise au dépourvu face à un pays affirmant son identité contre les cultures constitutives de son histoire et contre ses femmes, se détournant du socialisme à visage musulman pour céder à la menace de la surenchère islamique.

7 Avant d’être une révolution « du » sexe en conduisant, par exemple, à sortir l’homosexualité du placard des déviances, la révolution sexuelle qui émane de Mai 68 est une révolution « des » sexes qui se joue sur terrain bien plus refoulé dans la politique actuelle que le sexe, le travail. Les évolutions prennent la dimension d’un fait social, qui se manifeste par la croissance continue de l’activité féminine depuis lors. Cet ancrage des femmes dans le travail s’y révèle certes souvent précaire, partiel et incertain, mais il est également révélateur d’une dimension libératrice en obligeant à considérer le travail autrement que comme la subordination à laquelle on le réduit trop souvent. Là encore, 68 est sans doute crucial, mais pas inaugural. Car cette activité féminine que l’on redécouvre aujourd’hui, ne concerne pas seulement les femmes et leur hypothétique libération. Elle oblige à sortir de cette naturalisation du travail, comme arène de la production en présupposant concomitamment une naturalisation de la reproduction qui assigne les femmes au rôle de mère, et, par voie de conséquence, les hommes au rôle de père, c’est-à-dire de « chef de famille ». Avec la naissance du droit du travail, c’est en effet le « travail » qui entre sur la scène d’une histoire sociale dominée jusque-là par le marchandage et l’« ouvrage ». On ne travaille pas véritablement, mais on vend l’ouvrage familial confié au chef de famille qui engage à l’occasion quelques ouvriers. Dans ce régime patriarcal issu du Code civil, les midinettes étonnent et détonnent. Comme le montre Claude Didry, ces femmes, qui produisent, le plus souvent à domicile, les articles de mode que dessinent les couturiers ou que vendent les grands magasins, prises dans les rets de ce que l’on qualifie alors de « sweating system », sont au cœur de l’interrogation du législateur sur ce « travail » dont il entend écrire le droit. Tantôt ouvrières, tantôt entrepreneuses, elles fixent aussi un imaginaire masculin de la fille célibataire au grand cœur illustrant la légèreté de la « Parisienne ». On en retient leur culte légendaire de la Sainte-Catherine, oubliant que le contrat de travail, en établissant leur condition de salariées, est devenue pour elles un enjeu de lutte bien avant que les métallurgistes de 1936 n’incarnent l’idéaltype du prolétaire. De la grande manifestation parisienne de 1910 suscitant le commentaire médusé des journalistes, aux ouvrières de Lejaby luttant aujourd’hui pour leur emploi, les ouvrières de la couture sont pourtant des actrices centrales dans une histoire sociale qui a trop longtemps négligé leur contribution à l’écriture de ce droit du travail si malmené aujourd’hui. Des couturières parisiennes aux journalistes cantonaises, le travail des femmes est révélateur dans cette lutte pour une identification du travail dans un contexte où les dominations sexuelles et politiques se redoublent. Reléguées à la production de l’information, payées à l’« idéogramme », les journalistes femmes sont les premières exposées à la censure du Parti-État, lorsque surgissent les affaires encombrantes que les dignitaires du Parti entendent mettre sous le boisseau. Elles ouvrent la voie d’une véritable activité de journalisme, en « dansant avec les chaînes » comme le dit si bien l’une d’entre elles. Mais le poids de ces dominations croisées est si lourd que la fuite hors de la profession devient rapidement la seule évolution possible, ramenant ces femmes à une activité familiale en comptant sur des jours meilleurs pour leurs filles, ou les projetant dans de nouveaux cursus universitaires pour espérer trouver une activité professionnelle plus ouverte.

8 En effet, liberté des femmes et libération sexuelle ne suivent pas la voie tracée d’un progrès humain, à l’aune duquel se mesurerait l’avancée des sociétés. Elles sont le produit d’une histoire que font les femmes et les hommes et que, parfois, ils défont. À cet égard, la place de la femme et de la liberté sexuelle dans la politique chilienne est révélatrice de ce cheminement complexe où la citoyenneté vient aux femmes dès le début du XXe siècle, sous les effets d’une conjonction entre un féminisme de gauche, que l’on retrouve dans la période du Front populaire (1936-1946), et un féminisme de droite, ancré dans un catholicisme moral hostile au divorce et à la contraception. Le catholicisme fait son œuvre dans le mouvement des femmes contre le gouvernement de l’Unité populaire, connu pour ses manifestations avec casseroles contre les rationnements prétendument attribués à la présidence Allende. Il faut attendre vingt ans après le départ de Pinochet pour que les questions de l’avortement et de la contraception reviennent au centre du débat politique avec l’élection de Michele Bachelet puis, en 2010, le retour de la droite au pouvoir.

9 Avec la pandémie du SIDA, la « politique des sexes » est entrée sur le terrain de la « politique du sexe ». En effet, cette pandémie a suscité une multiplication des études sur les pratiques sexuelles, en plaçant celles-ci sur le terrain du « risque » et de la responsabilité individuelle dans les interactions qui se nouent autour des rapports sexuels. Dès lors, surgit une étonnante « question de méthode » pour une de ces chercheuses, Catherine Deschamps, sur la portée d’une appréhension des pratiques sexuelles dégagées de toute « transcendance » sociale, écartant un structuralisme vu comme suranné pour un interactionnisme plus en phase avec la société issue de cette révolution sexuelle que l’on attribue aux années 1970. Elle relève ici une affinité entre la posture du chercheur et cet ancrage d’un néolibéralisme attaché à remettre en cause la dimension collective des systèmes de protection sociale au nom d’une rationalité individuelle substantialisée, sur laquelle elle est conduite à s’interroger. La thématique foucaldienne de la « biopolitique » comme (auto)contrôle des corps succédant à la discipline des comportements s’en trouve du même coup soumise à discussion, parce qu’elle laisse planer l’illusion d’une fin de l’histoire sous la figure d’une « gouvernementalité » néolibérale, naturalisant du même coup un individu soucieux en premier lieu de son propre plaisir. Il semble alors préférable, pour une science sociale soucieuse de ne pas se mêler au concert idéologique dominant, d’envisager la sexualité comme un objet sui generis, en restituant toute sa place à la cristallisation d’un attachement entre homme et femme susceptible de déjouer le culte d’un individu délié de toute appartenance sociale. Miroir renversant les évidences métropolitaines de la famille nucléaire, une observation du monde guyano-antillaise conduit également à « dénaturaliser » le sexe et les modes de reproduction qui s’y attachent. « Le dispositif de sexe et de genre créolisé » donne à voir une sexualité « en réseau », dans une société « matrifocalisée » qui doit beaucoup à son passé esclavagiste. Dès lors, les politiques de prévention du SIDA venant de la métropole tendent à stigmatiser le multipartenariat en l’assignant aux populations noires.

10 La politique du sexe a contribué à faire sortir l’homosexualité du placard, abolissant en France la répression de l’homosexualité qui a survécu juridiquement jusque dans les années 1980. Elle a ouvert la voie à une publicisation du sexe par le politique, comme présentation de soi, revendiquée en premier lieu par les femmes et les hommes politiques homosexuels sous la figure du coming out. Le temps n’est plus à un engagement militant contre la pénalisation de l’homosexualité, comme dans les années 1970. Il est à une affirmation de soi, sans préjuger de son appartenance politique dans le clivage gauche-droite…

11 Revenons pour conclure sur ce presque demi-siècle qui sépare Mai 1968, symbole phare du XXe siècle, d’aujourd’hui, d’un présent rongé par la crise, la financiarisation capitaliste, un marché sans limites. Si la sexualité fut, en 1968, l’objet d’une volonté de libération, c’est avant tout parce qu’elle était conçue comme un signifiant absolu de liberté : le plaisir auquel elle donnait accès était pensé comme une jouissance totale, rendant impossible la séparation entre sexe, intellect, sentiment, sensation, politique, etc. Cette jouissance dans et par la sexualité était vue comme une émancipation radicale. À l’aube du XXIe siècle, la sexualité s’est au contraire clôturée sur elle-même, ses techniques, performances et exercices divers, relevant de la satisfaction immédiate, de l’hygiène et de la promotion de soi. Incluse dans un marché dont elle est un levier central, en même temps qu’un produit indépendant parmi une multitude d’autres, la sexualité, désormais entièrement libre, sans limites, n’ouvre finalement qu’à elle-même. On peut alors s’interroger sur les raisons d’un retour d’images sexuées profondément retraditionnalisantes, qui obligent hommes et femmes à des conformismes sexuels tristement opposés. Force est de constater que les femmes sont renvoyées à un rôle déjà écrit, dont les règles mille fois jouées œuvrent peu pour leur liberté. Cette régression vers une humanité que d’aucuns auraient qualifiée d’« unidimensionnelle » — là où on attendait un dépassement — fait du plaisir une non-jouissance, de l’absence d’interdit une non-liberté : les individus s’y déploient comme dans un supermarché, picorant çà et là ce qui leur est offert, calculant intérêts et bénéfices selon les principes hédonistiques de l’utilitarisme benthamien.

12 Comprendre comment les sociétés produisent le sens de la sexualité — au-delà de la production symbolique des appartenances de sexe — est une des clés d’appréhension des transformations politiques et des mutations du politique : aujourd’hui, contrairement à ses perspectives initiales de déconstruction des sexes, d’un côté, le ‘genre’ tendrait à renaturaliser et communautariser les identités sexuelles, au nom d’une lutte contre les discriminations ; de l’autre, la praxis sexuelle s’en trouverait de multiples façons hégémonisée à l’image des Femen inaugurant une contestation féministe authentique dans un monde globalisé. C’est face à de telles manifestations que se signifient le plus clairement les flux d’inconscience qui agitent les acteurs individuels et collectifs. Cette permanence de l’inconscient dans le théâtre que dressent sexe et politique, confère à la problématique de cette livraison de L’homme et la société, une acuité qui traverse les périodes et dévoile leurs ressorts sous un angle inattendu : aliénation et émancipation s’y donnent en effet à penser dans des dédoublements conscients et inconscients du désir, faisant de l’ordre politique un ordre sexuel incorporé.

Mis en ligne sur Cairn.info le 10/03/2014
https://doi.org/10.3917/lhs.189.0007
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour Association pour la Recherche de Synthèse en Sciences Humaines (ARSSH) © Association pour la Recherche de Synthèse en Sciences Humaines (ARSSH). Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
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