Les premiers dispositifs de prévention du harcèlement, mis en place il y a dix ans, n’incluaient pas les jeunes. Pourquoi ?Nicole Catheline : Dans un premier temps, les adultes se sont sentis fautifs. Ils ont compris qu’ils avaient laissé trop longtemps les enfants seuls face à ce problème et ont eu à cœur de rétablir l’équilibre. De ce fait, les premières Assises nationales sur le harcèlement à l’école, en 2011, présentaient très peu de dispositifs impliquant la participation des jeunes. À mesure qu’on réalisait l’importance des témoins dans la dynamique du harcèlement, qu’on prenait conscience de la nécessité de penser le problème à l’échelle plus large de l’amélioration du climat scolaire, on a commencé à proposer des interventions qui mettaient en jeu les enfants autant que les adultes.Joëlle Busson : Effectivement, il n’y a eu de la part des adultes aucune volonté consciente d’exclure les jeunes mais, au début, il nous paraissait impossible de les intégrer sans les mettre en difficulté vis-à-vis de leurs pairs.Quels sont les atouts spécifiques des jeunes, par rapport aux adultes, pour lutter contre le harcèlement scolaire ? J. B. : La manière dont se sont structurées les actions au sein de mon établissement est très révélatrice. Notre travail a commencé en 2013 à la demande d’un groupe d’élèves concernés par un cas de harcèlement dans leur classe. Rapidement, il a été question d’organiser une conférence de sensibilisation au harcèlement à destination des autres élèves, coanimée par les adultes et les jeunes…