CAIRN.INFO : Matières à réflexion

« Les rites funéraires habituels indispensables au travail de deuil sont toujours écrasés par l’urgence » souligne A. Epelboin, médecin et ethnologue dans le film qu’il a réalisé au Congo en 2007 avec F. Brunquell et P. Formenty : Ebola, ce n’est pas une maladie pour rire. Dans ses deux rapports de mission anthropologique sur l’épidémie d’Ebola au Congo en septembre 2012, et en Guinée Conakry en 2014, A. Epelboin insiste à nouveau sur la mise en place de « funérailles sécurisées » destinées à prendre congé de celui qui est parti et ce, de façon décente tout en limitant au maximum les risques de contagion tant pour la famille du défunt que pour les agents de santé. En effet, le virus, présent dans les liquides et les sécrétions qui s’écoulent du corps, demeure particulièrement virulent durant les 12 heures qui suivent le décès. Reste que le défunt, même victime d’Ebola, est toujours plus qu’un corps sans vie avec des humeurs contagieuses. En Afrique subsaharienne, il importe de souligner..…

Français

En situation d’épidémie voire de pandémie, les rites de mort persistent à être fondamentaux tant pour le défunt que pour sa famille. Il en est ainsi au temps du sida, il en va pareillement à l’arrivée d’Ebola en Afrique de l’Ouest même si la dépouille est contagieuse. Ne pas pouvoir effectuer ces rites funéraires conduit les populations à résister aux mesures de lutte sanitaire mises en œuvre par les organisations humanitaires dont MSF. La maltraitance du mort entraine un risque de malveillance. Les morts ne sont jamais totalement morts. En novembre 2014, l’OMS préconise la mise en place d’un nouveau protocole garantissant une inhumation sans risque et dans la dignité. Il s’agit de tenter de mettre fin à l’errance ontologique du défunt de manière sécurisée tout en contrariant le moins possible les processus d’ancestralisation qui garantissent « la paix des vivants » et donc ici leur concours à la lutte sanitaire à conduire contre Ebola.

Mots-clés

  • SIDA
  • Ebola
  • sécurité sanitaire
  • rite funéraire
  • contagion
  • épidémie
  • aide humanitaire
  • communication
  • rumeur
  • croyance
  • Afrique
  • OMS
  • ancêtre
English

From AIDS to Ebola

Death Rites with apotropaic function

From AIDS to Ebola

In the case of epidemics or pandemics, death rituals remain fundamentally important, as much for the deceased as for his family. As it is with AIDS, the same continues to be true with the arrival of Ebola in West Africa, even though human remains are contagious. Being unable to carry out their funeral rites leads traditional groups to resist sanitary measures imposed by humanitarian organizations, such as Doctors Without Borders, for mistreating the dead brings a risk of malevolence. The dead are never completely dead. In November 2014, WHO (the World Health Organization) advocated a new protocol guaranteeing a burial that is both risk-free and dignified. It involves trying to safely put an end to the spiritual wandering of the deceased, while minimally upsetting the ancestralization processes that guarantee “peace for the living,” and thus gain their participation in the disease control efforts against Ebola.

Keywords

  • AIDS
  • Ebola
  • health safety
  • funeral rite
  • contagion
  • epidemic
  • humanitarian aid
  • communication
  • rumor
  • belief
  • Africa
  • WHO
  • ancestor
Michèle Cros
Michéle Cros est professeure d’anthropologie à l’université Lyon 2.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/03/2016
https://doi.org/10.3917/lautr.048.0263
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