Article
À l’instar de la santé ou la maladie, la sexualité est un marqueur de frontières. Loin de renvoyer toujours à une logique d’homogamie, elle peut se définir comme un espace de pratiques et de représentations où s’expriment et parfois se renforcent diverses formes d’altérité, qui concernent non seulement les catégories du désir ou des actes sexuels mais aussi bien d’autres dimensions qui débordent le sexuel strictement dit. La sexualité constitue en même temps un outil de normalisation et de contrôle, mobilisé de manière privilégiée par divers corps professionnels (de la santé en premier lieu) qui ont en commun de contribuer à la (re)production des normes sociales à travers la définition et la classification des sujets soumis à leur expertise. Ce double processus d’altérisation, qui s’effectue à la fois dans et par la sexualité, constitue assurément un objet de choix pour les sciences sociales.
Œuvrant à faire de la sexualité un objet d’étude légitime pour leurs disciplines, certains chercheurs en sciences sociales ont mis au jour ce travail des normes qui fabrique des catégories particulières d’individus ou de pratiques. Ce faisant, ils ont progressivement rompu avec une longue tradition d’activités savantes moins distanciées ou critiques, voire parties prenantes de la construction des altérités sexuelles. Les travaux anthropologiques sur la sexualité, par exemple, ont longtemps classiquement porté sur les « autres lointains », à une époque où le monde colonisé constituait le théâtre de représentations et de comportements fortement exotisés…
Auteurs
- Mis en ligne sur Cairn.info le 20/03/2015
- https://doi.org/10.3917/lautr.033.0276
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