1La place que l’histoire a entendu assigné à la femme – la maternité et le soin du foyer – montre combien l’identité sexuelle ne peut uniquement être une question physiologique et génétique mais repose grandement sur une perception sociale et une dimension culturelle.
2La différence entre la situation faite aux femmes et celle vécue par les personnes dont l’identité psychique ne correspond pas au sexe biologique est que les premières semblent vouloir échapper à une identité de genre que d’autres – la société – ont construit pour elles alors que les secondes remettent en cause l’identité physiologique et génétique que l’ordre public leur impose.
3Au-delà des apparences, les unes comme les autres aspirent pourtant au même but, faire respecter l’identité « globale » qui est la leur en obtenant que prime sur toute ingérence leur liberté de décision.
4Cela ne veut pas dire que la société, l’Etat n’ont pas de rôle à jouer mais que leur intervention implique au premier chef, dans une société démocratique, de défendre les droits de chaque individu tant par le respect des lois que par l’éducation de tous au respect d’autrui et à une prise de conscience des stérotypes qui nourissent l’injustice, la stigmatisation, la discrimination, les violences.
5Cela ne veut pas dire également que dans le domaine de la procréation assistée et du recours à d’autres techniques médicales, telle la génétique, l’Etat qui doit promouvoir un égal accès au service de santé, ne puisse légiférer tant sur les aspects médicaux que sur l’exercice des libertés.
6Mais, il doit le faire en prenant en compte un double équilibre : celui de la diversité des intérêts individuels concernés et celui de la relation entre ces intérêts et l’intérêt général.
7C’est dans ce choix que réside, bien entendu, la difficulté de toute politique publique. Et c’est précisément l’intérêt des quelques études présentées dans ce numéro de nous donner l’opportunité d’analyser à partir de situations concrètes, géographiquement et humainement diverses, comment se construire de telles politiques. A défaut d’en être les acteurs, nous en devenons les spectateurs attentifs et peut être qu’il naîtra ainsi de ces expériences connues une réflexion utile à nos propres pratiques.
