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Pourquoi aborder la question des rapports entre éthique scientifique et pays en développement sous l’angle de la recherche biomédicale et de la santé publique ?
À coup sûr, la médiatisation de certaines recherches, notamment dans le domaine du sida, a fait prendre conscience les populations des pays du Nord de l’implication de celles des pays du Sud dans de telles recherches et de la nécessité d’un suivi éthique qui rende celles-ci bénéfiques pour tous.
N’est-ce pas cependant, dans nos priorités, faire encore preuve de préoccupations bien plus utiles aux pays développés qu’à leurs vis-à-vis ? En effet, le besoin premier de ces derniers n’est-il pas de promouvoir un accès équitable aux soins, quitte à faire parfois l’impasse sur les traitements plus « performants » et, en tout cas, plus onéreux alors que le souci des promoteurs de la recherche est que le fruit de celle-ci en matière de médicaments bénéficie d’un marché solvable ?
Vouloir intégrer une dimension de santé publique à la recherche suppose aussi de s’interroger, ce qui n’est pas spécifique aux pays en développement, sur la capacité de nos sociétés à faire face aux conséquences sociales, culturelles, anthropologiques des applications des nouvelles techniques biomédicales. Que restera-t-il de la symbolique du corps capturé par la génétique ? L’individu, la famille, les liens sociaux résisteront-ils à la technoscience ?
Et si la lucidité sur ces temps de « post-modernité » peut nous conduire à sauvegarder l’esprit de curiosité et de compréhension hérité du « Siècle des Lumières », alors peut-être songerons-nous à faciliter à tous les niveaux dans les pays en développement, comme dans les autres, la parole des acteurs de la santé…
Auteur
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[*]
Magistrat, Secrétaire général, Association internationale droit, éthique et science.
Adresse : 19, rue Carpeaux, 75018 Paris, France.
Cité par
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/03/2009
- https://doi.org/10.3917/jib.141.0015
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