Article
La théorie de « l’échange économico-sexuel » de Paola Tabet (2004), du fait de son intitulé, est le plus souvent mobilisée pour parler de sexualité. Pourtant, sa conceptrice a expliqué et répété que celle-ci n’était pas son objet, les rapports de sexe étant pensés, dans sa perspective, comme rapports de classe. Après avoir proposé un « décentrement du regard » (Combessie & Mayer, 2013) puis envisagé des cas de figure nouveaux (Broqua & Deschamps, 2014), nous développons ici l’analyse de la place et du rôle de la sexualité lorsque le regard est focalisé sur le contexte spécifique où elle s’insère, celui des échanges intimes (couple, famille, amis, coprésents…). Il ne s’agit pas de traiter l’ensemble des dimensions de l’intimité, elles ont déjà été l’objet d’explorations, mais de montrer comment la sexualité peut s’y trouver articulée, de façon explicite ou implicite − et parfois même alors qu’aucune relation sexuelle, au sens strict, ne s’y développe.
Les enquêtes dont il est question dans ce dossier, récentes voire encore en cours, se situent à un moment historique particulier de la sexualité : ce n’est plus explicitement le VIH/sida qui les justifie. Cette urgence a cessé d’agir. On peut d’ailleurs s’étonner de la facilité avec laquelle certaines recherches récentes paraissent oublier la dette en légitimité qu’elles doivent à une maladie qui reste traumatisante, parfois mortelle. Cet épuisement de la dette par abandon n’est pas sans rappeler certains mécanismes décrits dans plusieurs articles ici réunis, où une rupture est préférée à l’acquittement explicite de la dette ou au maintien implicite de la dépendance…
Auteurs
Courriel : christophe.broqua@cnrs.fr
Courriel : ph.combessie@gmail.com
Courriel : cathdes@club-internet.fr
Courriel : rubiovincent@hotmail.com
- Mis en ligne sur Cairn.info le 29/10/2019
- https://doi.org/10.4000/jda.7996