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L’été 2017 aura semblé n’en plus finir d’apporter son lot quotidien de nouvelles effroyables : les attentats se seront succédés à une vitesse accélérée, chacun avec sa marque propre, tous cependant avec beaucoup de similarités. Tout se passe comme si un scenario devait être à l’infini répété et cette répétition générale interpelle en premier lieu l’anthropologue. Le véhicule bélier initié à Nice le 14 juillet 2016 est l’objet d’une réappropriation de tous bords, faisant délaisser relativement les explosifs divers qui, de Karachi à Kaboul, en passant par Londres avaient été privilégiés pendant de nombreuses années. De ce point de vue, les djihadistes islamistes ont réussi à s’ériger mondialement en modèles si bien que les suprématistes blancs, héritiers du Ku Klux Klan, les copient sans vergogne à Charlottesville aux USA. Au-delà de ce constat se fait jour un mode désormais global et facile de semer la terreur pour éventuellement simplement exister de façon visible, se signaler. Ainsi le chauffeur de la BMW qui fonce sur une pizzeria du village de Sept-Sorts en Seine-et-Marne voulait hypothétiquement se suicider. Ce vigile, que sa profession destine à la protection des autres, aurait choisi ce moyen tonitruant de se manifester.
Les faits dérangent et en priorité les autorités : où commence et où s’arrête le terrorisme ? Quand, comment employer le mot ? Aux USA, même les Républicains ont qualifié de terroriste l’extrême droite haineuse qui a frappé à Charlottesville, faisant ainsi une équivalence entre islamistes et néonazis…
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Courriel : monique.selim@irdf.fr
- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/02/2018
- https://doi.org/10.4000/jda.6735