Parmi les recherches en sciences sociales sur les homosexuels masculins, qui se sont multipliées depuis les années soixante-dix, certaines se sont intéressées aux pratiques sexuelles se déroulant dans des lieux « publics » de rencontre (extérieurs ou commerciaux). L’objectif de cet article est de discuter les enjeux méthodologiques de ces recherches. Une première partie retrace l’évolution des approches méthodologiques dans le domaine des recherches sur la « sexualité publique entre hommes » depuis les premiers travaux américains. Nous montrons que les méthodes ethnographiques ont connu un nouveau développement lorsqu’est apparu le sida, notamment sous l’effet d’une transformation de la relation entre recherche et action de terrain dans le contexte de l’épidémie. Dans une seconde partie, sont discutés, à partir de ces recherches, les enjeux méthodologiques de l’engagement sexuel de l’ethnographe sur le terrain, qui permettent de repenser plus largement la notion classique en anthropologie sociale de « bonne distance ».
- observation participante
- homosexualité
- méthode ethnographique
- sexualité publique
- sida
- ethnography
- participant observation
- homosexuality
- public sex
- aids
Questions concerning ethnographical methods in the study of sexuality between men
Among the social science research studies (which have multiplied since the 1970s) carried out on the subject of male homosexuals, some are interested in sexual practices which occur in exterieur or commercial « public » meeting places. The aim of this article is to discuss the methodological questions involved in this research. The first part traces the evolution of the methodological approaches in research studies on « public sexuality between men » since the first American works on the subject. We show how ethnographical methods came to know a new development with the coming of AIDS, mainly under the effect of a transformation in the relation between research and fieldwork in the context of the epidemic. In the second part, the methodological issues as regards the sexual commitment of the ethnographer in fieldwork as based on these research studies, are discussed. This leads to re‑thinking in wider terms the classical notion in social anthropology of « correct distance ».