CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1L’essor des technologies modernes de l’information et de la communication (TIC) depuis quelques années a jeté les bases d’une nouvelle ère de démocratie capable d’améliorer la transparence de l’action gouvernementale, la participation politique des citoyens et la collaboration entre gouvernements et citoyens. Ces trois aspects sont largement considérés comme les principes qui constituent le concept de gouvernement ouvert (Wirtz et Birkmeyer, 2015), qui a rapidement retenu l’attention du public et de la communauté scientifique. Selon Geiger et von Lucke (2012 : 266), le gouvernement ouvert (ou la transparence dans l’action publique) désigne « la transparence, la participation et la collaboration de l’État envers des acteurs tiers, comme l’économie ou la citoyenneté ». Cette attitude du gouvernement se manifeste par la mise à disposition de données gouvernementales ouvertes (OGD) par le biais de plates-formes gouvernementales en ligne comme data.gov aux États-Unis, data.gov.uk au Royaume-Uni et govdata.de en Allemagne, faisant des OGD un élément essentiel du gouvernement ouvert en général.

2Les OGD désignent « les ensembles de données non personnelles auxquels le grand public peut avoir accès » et « il ne s’agit pas seulement de la publication des données en soi, mais aussi des commentaires des utilisateurs afin d’améliorer la performance du gouvernement et les mécanismes de surveillance » (Parycek et al., 2014 : 81). Cela signifie que les OGD s’appuient sur les mêmes principes de base que le gouvernement ouvert et que l’on peut considérer les premières comme l’outil de mise en œuvre réel du second. Les deux expressions sont dès lors fondamentalement équivalentes, à l’exception du fait que les OGD représentent une manifestation du gouvernement ouvert. Nous utilisons cependant délibérément le terme OGD pour opérationnaliser la construction dépendante relative à l’intention d’utilisation des citoyens parce qu’il témoigne d’un comportement d’utilisation plus concret et qu’il semble par conséquent plus adapté à des fins de recherche que l’utilisation du gouvernement ouvert en général.

3Malgré ses divers avantages (Janssen et al., 2012) et les investissements importants consentis par l’administration publique (Evans et Campos, 2013), le gouvernement ouvert fait face à plusieurs défis quant à son utilisation et son plein potentiel n’a pas encore été exploité. Dans ce contexte, la question se pose de savoir ce qui motive l’intention des citoyens d’utiliser des OGD. Les recherches antérieures se sont fortement concentrées sur les questions technologiques, organisationnelles et liées aux données, et nettement moins sur les aspects liés aux citoyens (Janssen et al., 2012 ; Wirtz et Birkmeyer, 2015). Même si les recherches antérieures laissent entendre que les aspects axés sur les citoyens, comme l’insatisfaction résultant d’expériences négatives avec le gouvernement ouvert ou le manque de connaissances, peuvent entraver l’utilisation du gouvernement ouvert (Janssen et al., 2012), il existe peu d’études empiriques qui examinent le gouvernement ouvert du point de vue des citoyens. Par conséquent, « il faut poursuivre les recherches empiriques sur les attitudes des citoyens afin d’établir un modèle plus complet, quoique parcimonieux, permettant de saisir les relations entre les principaux facteurs » (Nam, 2012 : 364).

4Dans ce contexte, la présente étude vise à examiner les déterminants de l’intention des citoyens d’utiliser les OGD. Dans ce cadre, nous commençons par présenter l’état actuel de la recherche empirique sur le gouvernement ouvert, qui porte sur les questions liées à l’utilisation du point de vue des citoyens. Nous abordons ensuite les fondements théoriques et établissons les constructions de notre modèle de recherche. Nous décrivons ensuite notre étude empirique multivariée, en appliquant la modélisation par équation structurelle (SEM) aux données d’enquête de 210 citoyens. Pour terminer, nous examinons les résultats de l’étude et concluons par des implications pour la recherche et la pratique.

État actuel de la recherche

5La recherche sur le gouvernement ouvert a produit un ensemble considérable de connaissances, mais manque en même temps de preuves empiriques (Wirtz et Birkmeyer, 2015), surtout en ce qui concerne le rôle des citoyens et les attitudes et comportements liés à l’utilisation. Dans ce qui suit, nous passons en revue l’état actuel des recherches empiriques sur le gouvernement ouvert qui tiennent compte du point de vue des citoyens et examinent la participation et l’utilisation. Nous nous limiterons ici aux études qui font appel à des méthodes de recherche empirique sophistiquées, puisque la présente étude suit également une telle approche. Dans l’ensemble, on recense six études empiriques (Goldfinch et al., 2009 ; Goodspeed, 2011 ; Janssen et al., 2012 ; Veeckman et van der Graaf, 2015 ; Wijnhoven et al., 2015 ; Zuiderwijk et al., 2015), dont trois appliquent des méthodes à plusieurs variables et répondent dès lors à nos critères. Goldfinch et al. (2009) étudient la relation entre participation et confiance dans le gouvernement. Même s’ils ne peuvent pas confirmer que la confiance des citoyens dans le gouvernement mène à une plus grande participation politique, ils fournissent des preuves empiriques que l’utilisation des TIC et la participation au gouvernement électronique favorisent la participation politique des citoyens.

6Wijnhoven et al. (2015) étudient la motivation des citoyens à s’engager dans des activités de gouvernement ouvert. Leurs résultats indiquent que les citoyens ont diverses motivations pour participer à un gouvernement ouvert et que celles-ci diffèrent selon l’objectif des projets de gouvernement ouvert à venir et leur tâche respective. Zuiderwijk et al. (2015) examinent les prédicteurs de l’acceptation et de l’utilisation des technologies de données ouvertes, et démontrent que les attentes en matière de performance et d’effort, l’influence sociale et le caractère volontaire de l’utilisation influencent l’intention des gens d’utiliser les technologies de données ouvertes.

7L’analyse documentaire révèle que les recherches empiriques qui adoptent une perspective citoyenne en matière d’utilisation dans le contexte du gouvernement ouvert sont rares, et que les méthodes confirmatoires à plusieurs variables ne sont guère utilisées pour examiner cette question de recherche. Même si les études mentionnées plus haut traitent des aspects liés à l’utilisation du gouvernement ouvert, elles ne répondent pas à la question de savoir ce qui motive l’intention des citoyens d’utiliser des OGD, et ne permettent dès lors pas de répondre aux défis existants qui empêchent le gouvernement ouvert d’exploiter pleinement son potentiel. Compte tenu de l’importance de l’utilisation du gouvernement ouvert par les citoyens et de l’absence de méthodes de recherche empirique sophistiquées, la présente étude est l’une des premières à examiner les déterminants de l’utilisation des OGD par les citoyens d’un point de vue citoyen en appliquant une méthode de recherche confirmatoire multivariée.

Cadre théorique et conceptuel

8En combinant un modèle d’acceptation de la technologie (TAM) élargi et les trois principes du gouvernement ouvert, la présente étude propose un modèle de recherche exhaustif sur l’utilisation par les citoyens des OGD. Les fondements théoriques et conceptuels de ce modèle de recherche s’appuient sur les recherches antérieures et décrites ci-après. [2]

Modèle d’acceptation de la technologie (TAM) [3]

9La technologie est considérée comme jouant un rôle essentiel dans le gouvernement ouvert et représente globalement l’élément moteur derrière ce concept redécouvert et nouvellement défini (Luna-Reyes et al., 2014). Les OGD concernent principalement l’information numérique sur le gouvernement qui est recueillie, traitée et diffusée par l’entremise des systèmes d’information publics. Par conséquent, il s’avère que l’utilisation de la technologie est une condition importante pour pouvoir accéder aux OGD et les utiliser. Le TAM (Davis, 1986) est l’une des approches les plus reconnues dans les recherches sur les technologies de l’information (TI) pour expliquer l’utilisation de la technologie, car il représente un modèle parcimonieux présentant un plus grand pouvoir explicatif que les approches similaires (Melville, 2010).

10Le modèle a été appliqué avec succès à une vaste gamme de contextes de recherche, y compris des contextes liés au gouvernement (Carter and Bélanger, 2005 ; Wirtz et al., 2015), et s’est révélé être une approche utile et fiable pour examiner les déterminants de l’utilisation des technologies. L’idée de base du TAM est d’examiner l’acceptation des TI par les utilisateurs au moyen de deux facteurs : la facilité d’utilisation et l’utilité, qui sont censées déterminer en définitive l’acceptation et l’intention de l’individu d’utiliser la technologie concernée (Davis, 1986). La facilité d’utilisation désigne le degré d’effort que les utilisateurs estiment nécessaire pour pouvoir utiliser la technologie (voir Davis, 1986 ; Ma et Liu, 2004). Les recherches antérieures suggèrent que la facilité et l’efficacité d’utilisation jouent un rôle important dans la motivation des citoyens à utiliser les applications de participation électronique (Kim et Lee, 2012). Dans la présente étude, la facilité d’utilisation désigne l’effort d’apprentissage nécessaire pour que les citoyens puissent utiliser les OGD et, partant, l’effort associé à la traçabilité des OGD et à la convivialité des portails du gouvernement électronique et de leurs éléments de navigation sur lesquels ces données sont proposées. Sur la base du TAM, nous formulons l’hypothèse de recherche suivante :

  • Hypothèse 1 : plus les citoyens perçoivent la facilité d’utilisation des OGD, plus grande est leur intention de les utiliser.

11L’utilité décrit la mesure dans laquelle les utilisateurs pensent que l’utilisation d’un système de TI améliore leur performance individuelle (voir Davis, 1986 ; Ma et Liu, 2004). Dans notre étude, l’utilité est liée à la mesure dans laquelle les citoyens pensent que l’utilisation des informations gouvernementales ou des OGD améliore leur performance personnelle. Conformément au TAM, nous proposons l’hypothèse de recherche suivante :

  • Hypothèse 2 : plus les citoyens perçoivent l’utilité des OGD, plus grande est leur intention de les utiliser.

12Les recherches antérieures recommandent d’adapter le TAM au contexte spécifique de l’étude en le complétant au moyen de facteurs qui sont particulièrement importants pour l’objet spécifique de l’étude ou qui découlent d’autres approches théoriques pertinentes (Venkatesh et Davis, 2000). Compte tenu de l’importance de la technologie en ce qui concerne le gouvernement ouvert et du pouvoir explicatif relativement élevé du TAM, nous utilisons ce dernier comme base théorique et le complétons par les trois principes du gouvernement ouvert : transparence, participation et collaboration. Plus précisément, nous lions l’intention des citoyens d’utiliser des OGD à leurs attentes en ce qui concerne ces principes.

Attentes en matière de transparence

13La transparence consiste à donner au public accès à l’information gouvernementale (Pasquier et Villeneuve, 2007) et à renforcer l’imputabilité des institutions gouvernementales (Shkabatur, 2012). La technologie joue un rôle crucial à cet égard, car elle ouvre de nouvelles voies en matière de transparence, qui ont fait apparaître une nouvelle qualité de transparence, qui en fait un élément essentiel d’un gouvernement ouvert. Meijer (2009 : 259) résume cette nouvelle qualité de transparence sous le terme de « transparence assistée par ordinateur », qui permet aux citoyens « de regarder clairement à travers les fenêtres d’une institution en utilisant des systèmes informatisés ». Les gouvernements disposent non seulement de nouveaux outils, tels que des sites Web, qui leur permettent d’améliorer la transparence (Harder et Jordan, 2013), mais ils sont également en mesure de mieux traiter des aspects essentiels de la transparence, tels que la publication de l’information en temps opportun (McDermott, 2010). En outre, la transparence est également liée à la participation. L’idéal du gouvernement ouvert suppose une relation synergique entre la transparence et la participation, selon laquelle la transparence assure l’accès du public à l’information gouvernementale et la participation permet au public d’accéder au gouvernement même (Meijer et al., 2012). En fournissant des informations gouvernementales, la transparence devient en même temps un fondement essentiel pour l’intégration des citoyens dans le processus décisionnel gouvernemental et semble donc être une condition importante pour une participation efficace des citoyens et leur utilisation des OGD. Bien que la relation entre transparence et participation soit peu documentée dans la littérature, on considère souvent qu’elles s’accompagnent mutuellement (Welch, 2012). Plus important encore, la transparence des OGD semble non seulement accroître la confiance des citoyens dans la qualité des données, mais aussi dans le gouvernement ou les autorités respectives qui les fournissent, ce qui peut favoriser les intentions d’utilisation des citoyens. Ainsi, lorsque les citoyens s’attendent à ce que les OGD soient transparentes, ils ont plus de chances de les utiliser. Sur la base de ces considérations, nous formulons l’hypothèse de recherche suivante :

  • Hypothèse 3 : plus les attentes des citoyens sont grandes en matière de transparence par rapport aux OGD, plus ils ont de chances de les utiliser.

Attentes en matière de participation

14La participation permet aux citoyens d’accéder au gouvernement et consiste à « associer les citoyens à la prise de décisions concernant leurs affaires civiques par la discussion et la délibération » (Wirtz et Birkmeyer, 2015 : 390). La participation en soi n’est pas une idée neuve, mais elle offre de nouvelles possibilités et présente une qualité nouvelle depuis la révolution des TIC modernes. Les chercheurs parlent en général de « participation électronique » pour évoquer cette nouvelle qualité de participation (Kim et Lee, 2012).

15Même si la participation n’est pas une partie innée des TIC proprement dites et semble également dépendre d’autres facteurs, les recherches antérieures indiquent que les évolutions que connaissent les TIC et la participation sont interconnectées et que « la diffusion généralisée des technologies de l’information et de la communication (TIC) en tant que nouveau canal de communication est associée à des niveaux plus élevés d’engagement politique et à des changements spectaculaires dans la politique » (Jho et Song, 2015 : 488). Ces nouvelles possibilités de participation couvrent un large éventail d’outils et de technologies publics en ligne, comme, depuis peu, les réseaux sociaux publics (Chun et al., 2010). Des possibilités de participation plus nombreuses et simplifiées permettent aux citoyens de prendre part à la prise de décision politique et de mieux intégrer leurs connaissances, idées et compétences collectives. Conjuguée à une transparence accrue en termes d’accès plus rapide et plus facile à l’information gouvernementale, cette mesure facilite la participation éclairée des citoyens et est donc susceptible d’accroître leurs attentes en matière de participation et, au final, leur intention d’utiliser les OGD.

16En outre, les gouvernements encouragent la participation grâce à des efforts de transparence accrus, par exemple en fournissant des informations sur les sites Web des gouvernements, mais aussi en les encourageant activement au moyen d’enquêtes d’opinion, de demandes de feedback ou d’activités de crowdsourcing via les réseaux sociaux (Linders, 2012), ce qui peut, là aussi, renforcer les attentes des citoyens en matière de participation. Sur la base de ces considérations, nous proposons l’hypothèse de recherche suivante :

  • Hypothèse 4 : plus les attentes des citoyens sont grandes en matière de participation en ce qui concerne les OGD, plus grande est leur intention de les utiliser.

Attentes en matière de collaboration

17Selon Chun et al. (2010 : 2), la collaboration désigne « les partenariats et la coopération entre les organismes du gouvernement fédéral, à tous les échelons de gouvernement et avec tous les organismes sans but lucratif, les entreprises et les particuliers en vue d’améliorer l’efficacité du gouvernement ». Par conséquent, les citoyens, parmi d’autres parties prenantes, sont censés travailler main dans la main avec le gouvernement et être associés à l’ensemble du processus politique, de l’établissement des priorités, la planification et la mise en œuvre à l’évaluation de solutions nouvelles et innovantes aux problèmes de l’État et de la société (Deckert et al., 2011). L’interaction et la collaboration entre le gouvernement et le public ont évolué radicalement avec l’essor des TIC modernes, qui ont par ailleurs donné naissance à une série de possibilités de collaboration novatrices. Les réseaux sociaux publics sont notamment une réalisation remarquable et un précieux outil de collaboration. Ils permettent non seulement aux citoyens de participer au processus démocratique en créant, partageant, commentant et évaluant le contenu politique pertinent, mais aussi de bâtir une communauté politique en interagissant et en établissant des liens entre eux, avec les autres intervenants et avec le gouvernement. La collaboration étant étroitement liée à la participation et pouvant être considérée comme une forme particulière de participation, qui met l’accent sur l’échange coopératif entre le public et le gouvernement, nous renvoyons à nos considérations sur la participation mentionnées plus haut. Conformément à cette argumentation, nous proposons l’hypothèse de recherche suivante :

  • Hypothèse 5 : Plus les attentes des citoyens sont grandes en matière de collaboration en ce qui concerne les OGD, plus grande est leur intention de les utiliser.

L’intention d’usage et l’intention de bouche-à-oreille (WOM) concernant les OGD

18Les constructions de l’intention des citoyens d’utiliser des OGD et de leur intention de WOM concernant les OGD constituent les variables dépendantes dans notre modèle de recherche. Nous avons préféré le principe d’intention d’usage à celui d’usage réel en raison, surtout, du fait qu’il fournit une base bien documentée qui permet de comparer les observations dans différents domaines de recherche et instruments de mesure, y compris dans le cadre des contextes post-adoption, dans lesquels il rend compte de l’intention de continuité (Piehler et al., 2016). De plus, le principe méthodologique sous-jacent provient de la mesure attitudinale telle que proposée par la théorie de l’action raisonnée (Fishbein et Ajzen, 1975), qui représente une théorie bien établie utilisée dans de nombreuses études empiriques (Sheppard et al., 1988). La théorie postule que le comportement humain est déterminé par une intention, qui dépend quant à elle d’une attitude à l’égard d’un acte ou d’un comportement. Ces attitudes sont censées résulter d’un ensemble de croyances sur des sujets, des objets ou des processus. Dans le contexte de la recherche sur l’administration publique, les attitudes sont couramment utilisées comme concept de mesure quantitative (Wright et al., 2004). Cela concerne également le TAM, qui a adapté ce concept au contexte des systèmes technologiques, en le conceptualisant comme une variable dépendante et en examinant dans quelle mesure il est influencé par la facilité d’utilisation et l’utilité perçues des systèmes technologiques pour les individus (Legris et al., 2003). Le concept d’intention d’usage étant largement utilisé et confirmé comme variable valide dans le contexte de l’adoption ou de l’utilisation des systèmes d’information publics (Carter et Bélanger, 2005 ; Schaupp et al., 2010), nous l’appliquons également dans la présente étude.

19La deuxième variable dépendante appliquée concerne l’intention de WOM des citoyens concernant les OGD. La communication de bouche-à-oreille (WOM) traditionnelle s’est étendue au monde numérique public (Li et Du, 2011) et donc aussi au domaine nouvellement découvert qu’est le gouvernement ouvert. Bien que cette nouvelle forme de WOM ait fait l’objet d’une attention particulière dans le secteur privé (Cheung et Thadani, 2012), ce concept a été plutôt négligé dans le contexte public et peu d’études s’y intéressent (Khasawneh et Abu-Shanab, 2013). Les recherches antérieures sur le WOM suggèrent que les intentions comportementales des individus, par exemple en ce qui concerne l’utilisation des produits, sont liées à leur intention de participer au WOM (Cheung et Thadani, 2012). Par conséquent, ces relations ou dispositions comportementales entre les individus sont également susceptibles d’être présentes dans leur rôle de citoyens et en ce qui concerne les services publics tels que les OGD. En outre, la communication WOM semble être étroitement liée au gouvernement ouvert, puisqu’elle fait référence à un certain type de partage de l’information, qui représente un phénomène d’intérêt général qui résulte de l’action collective et donc de la collaboration entre individus (Cheung et Lee, 2012). Compte tenu du rôle essentiel que jouent les réseaux sociaux dans le domaine du gouvernement ouvert (Khasawneh et Abu-Shanab, 2013) et étant donné qu’ils constituent « un environnement très bénéfique pour le bouche-à-oreille » (Pfeffer et al., 2014 : 117), nous intégrons l’intention de WOM des citoyens comme autre variable dépendante dans notre modèle de recherche. À cet égard, l’intention de boucheà-oreille désigne ici l’intention du citoyen de recommander l’usage des OGD (Kang et Hustvedt, 2014). De plus, l’orientation de la relation entre l’intention d’usage et l’intention de bouche-à-oreille suit une logique inhérente, puisque la recommandation d’utiliser les OGD exige que la personne se soit préalablement fait une opinion ou une intention en faveur de l’usage. Nous proposons dès lors l’hypothèse de recherche suivante :

  • Hypothèse 6 : Plus les citoyens ont l’intention d’utiliser des OGD, plus leur intention de WOM est grande à propos des OGD.

20La figure 1 présente les six hypothèses de recherche mentionnées plus haut et illustre le modèle de recherche conceptuel.

Figure 1

Modèle de recherche conceptuel

Figure 1

Modèle de recherche conceptuel

Données et méthodes

21Les données ont été collectées auprès de citoyens allemands au moyen d’une enquête en ligne (voir aussi Wirtz et al., 2017). Les données officielles n’étant pas accessibles à la population des utilisateurs d’OGD en Allemagne, il est impossible de vérifier la représentativité de l’échantillon utilisé. Compte tenu de la difficulté d’identifier la population de ce groupe cible, nous appliquons un échantillon de commodité, une méthode d’échantillonnage couramment utilisée dans de tels cas (Creswell, 2009). Même si, par définition, l’échantillon de commodité ne prétend pas représenter la population statistique parmi laquelle il est choisi, nous en comparons les caractéristiques pour déterminer dans quelle mesure notre échantillon représente la population allemande. Le tableau 1 montre que la répartition par genre de l’échantillon et de la population allemande est presque égale.

Tableau 1

Caractéristiques de l’échantillon et de la population

CaractéristiquesÉchantillon (N = 210)Population allemande
GenreHomme48 %49 %
Femmes52 %51 %
Âge≤ 19 ans2 %18 %
20-29 ans27 %12 %
30-39 ans30 %12 %
40-49 ans13 %14 %
≥ 50 ans27 %43 %
Usage de l’internet≤ 3 heures18%n.a.
3-10 heures50%n.a.
≥ 10 heures33%n.a.

Caractéristiques de l’échantillon et de la population

22Il en va de même pour la catégorie d’âge des 40-49 ans. Même si les autres catégories d’âge diffèrent, il faut garder à l’esprit qu’elles sont biaisées dans une certaine mesure parce que les catégories d’âge les plus basses et les plus élevées de la population allemande comprennent un grand nombre de personnes qui sont très peu susceptibles de participer à une enquête en ligne, comme les enfants ou les personnes âgées. Dans ce contexte, l’échantillon représente une image approximativement exacte de la population allemande.

23Les participants ont été invités à participer à l’étude par le biais de messages sur les réseaux sociaux. Nous avons publié une invitation sur Facebook, qui a d’abord été partagée avec 250 contacts, et qui est ensuite devenue virale au sein de leurs réseaux sociaux. Par ailleurs, des lettres d’information électroniques ont été envoyées à deux universités différentes, pour l’une au réseau des anciens élèves, pour l’autre au réseau des étudiants. L’échantillon total résultant de cette procédure comprend 210 réponses valides.

24La modélisation par équation structurelle (SEM) s’est avérée être une méthode statistique appropriée et fiable pour analyser des relations multivariées complexes avec des variables latentes, comprenant un modèle de mesure et un modèle structurel (Hair et al., 2010). Alors que le premier indique si les variables mesurées sont de bons indicateurs des constructions latentes, le second décrit les relations entre les constructions latentes. Étant donné que notre intention principale est d’expliquer ce qui détermine les intentions d’usage des citoyens, nous effectuons une analyse structurelle de la covariance qui est particulièrement adaptée pour expliquer les structures de données (Chin et Newsted, 1999).

Analyses et résultats

25L’analyse du modèle de mesure révèle que toutes les variables indépendantes du modèle répondent aux critères de qualité communs définis (voir annexe 1) et aux valeurs seuils respectives proposées par Anderson et Gerbing (1982) et Bagozzi et Yi (1988). En outre, les deux variables dépendantes présentent des valeurs raisonnables à cet égard (voir annexe 2). Les résultats d’une analyse confirmatoire de premier ordre confirment par ailleurs la relation proposée entre les items et les constructions. Nos résultats suggèrent également une validité discriminante parmi toutes les constructions. Le tableau 2 montre que le critère de Fornell-Larcker (Hair et al., 2010) est rempli, car les variances moyennes extraites (AVE) de chaque construction (indiquées en italique) dépassent les corrélations au carré entre les constructions affichées sous les AVE.

Tableau 2

Critère de Fornell-Larcker

Tableau 2
1 2 3 4 5 6 7 Facilité d’usage (1) 0,571 Utilité (2) 0,314 0,640 Attentes en matière de transparence (3) 0,084 0,482 0,705 Attentes en matière de participation (4) 0,031 0,092 0,339 0,655 Attentes en manière de collaboration (5) 0,069 0,162 0,334 0,491 0,750 Intention d’usage (6) 0,201 0,401 0,411 0,267 0,293 0,751 Intention de bouche-à-oreille (7) 0,157 0,267 0,329 0,319 0,323 0,664 0,760

Critère de Fornell-Larcker

26Pour estimer le modèle structurel présenté à la figure 2, nous effectuons une analyse multivariée et une modélisation par équation structurelle. Les pondérations de chaque facteur reflètent leur impact sur la construction dépendante correspondante, les saturations plus élevées exerçant des influences plus fortes. Le modèle montre que tous les antécédents proposés de l’intention d’usage des citoyens sont statistiquement significatifs. Alors que l’utilité présente l’impact positif le plus fort (0,280) sur l’intention d’usage des citoyens, l’influence positive des attentes en matière de transparence (0,206) et de participation (0,207) sur la construction respective est presque égale. Bien qu’influençant positivement l’intention d’usage des citoyens, la facilité d’utilisation (0,163) et les attentes en matière de collaboration (0,141) présentent la plus faible influence. Individuellement, tous les antécédents présentent un effet modéré, mais expliquent dans l’ensemble près de 60 % (R2 = 0,575) de l’intention d’usage des OGD de la construction dépendante, ce qui représente un résultat important (Chin, 1998). De plus, l’intention d’usage des citoyens a un impact positif significatif et très fort sur leur intention de WOM (0,846). Le coefficient de détermination de cette relation est encore plus élevé, ce qui explique près de 70 % de l’intention de WOM de la construction dépendante (R2 = 0,679), ce qui est considéré comme un résultat plus que substantiel (Chin, 1998).

Figure 2

Modèle structurel

Figure 2

Modèle structurel

27Enfin, nous évaluons la qualité du modèle global selon Hair et al. (2010) en tenant compte des critères de deuxième génération suivants : Indice d’ajustement comparatif (CFI), indice de Tucker-Lewis (TLI), indice de qualité de l’ajustement (GFI^) et indice de qualité de l’ajustement ajusté (AGFI^) ainsi que l’erreur quadratique moyenne au carré (RMSEA). Ces statistiques d’ajustement global présentées sous le modèle structurel dans la figure 2 indiquent un bon ajustement global du modèle, puisque toutes les valeurs critiques sont atteintes.

Analyse et conclusion

28Compte tenu des défis actuels concernant l’utilisation par les citoyens du gouvernement ouvert et le manque de recherches abordant cette question du point de vue des citoyens, la présente étude a pour objectif d’examiner ce qui pousse réellement les citoyens à utiliser les OGD. Plus précisément, nous proposons que la facilité d’utilisation et l’utilité, ainsi que la transparence, la participation et les attentes en matière de collaboration des citoyens déterminent leur intention d’utiliser les OGD, ce qui est censé déterminer leur intention de WOM. Nos résultats indiquent que toutes ces relations de cause à effet suggérées sont significatives. Il est remarquable qu’aucun des déterminants proposés ne se démarque des autres. Cette observation témoigne non seulement de la nature multidimensionnelle du gouvernement ouvert et corrobore les résultats de recherches antérieures, qui soulignent l’importance de diverses dimensions dans le domaine du gouvernement ouvert (Wirtz et Birkmeyer, 2015), mais elle indique aussi que ce pluralisme est équilibré plutôt que dominé par une seule dimension.

29L’utilité présente l’influence la plus forte parmi tous les déterminants proposés. Ce résultat peut s’expliquer par la théorie du choix rationnel, selon laquelle les individus sont des acteurs rationnels qui visent à maximiser leur propre intérêt (Hastie et Dawes, 2010). Si les citoyens sont censés utiliser les informations gouvernementales ou un service d’OGD, elles doivent améliorer leur performance individuelle ou leur être utiles d’une façon ou d’une autre. Cette observation cadre également avec les recherches qui s’appuient sur la théorie TAM et soulignent l’importance générale de l’utilité concernant l’utilisation des systèmes d’information tels que les services d’OGD (Wirtz et al., 2015).

30La facilité d’utilisation souligne le rôle important de l’accessibilité et de l’utilisabilité des services d’OGD pour les citoyens. Cette observation cadre plus particulièrement avec les recherches antérieures qui s’intéressent à la qualité et à l’accessibilité des services publics (Papadomichelaki et Mentzas, 2012). Conformément aux recherches antérieures, nos résultats confirment également l’importance des trois principes du gouvernement ouvert (Harrison et al., 2012) et mettent en évidence leur rôle majeur dans la détermination des intentions d’utilisation des citoyens. Lorsque les citoyens estiment que les OGD leur fournissent des informations qui améliorent la transparence, la participation et la collaboration, ils ont des chances de les utiliser. On peut aussi interpréter ces attentes des citoyens en fonction de la mesure dans laquelle le gouvernement ouvert réalise ses objectifs ou atteint ses buts. Comme les citoyens sont certainement conscients que les avantages qu’ils peuvent tirer du gouvernement ouvert dépendent de ces résultats, on peut aussi expliquer ce résultat par la théorie du choix rationnel. Si les citoyens veulent que le gouvernement ouvert remplisse son objectif, et crée au final de la valeur pour eux, ils ont des chances de participer à ce processus créateur de valeur et d’utiliser les OGD. Ces constatations cadrent avec le point de vue de la valeur publique proposé par les recherches antérieures, selon lequel l’objectif principal du gouvernement ouvert est d’obtenir une valeur publique ou citoyenne, qu’elle soit de nature économique, politique, sociale ou stratégique ou qu’elle concerne la qualité de vie (Harrison et al., 2012). De plus, nos résultats indiquent que si l’influence de la transparence et des attentes en matière de participation est presque égale, les attentes en matière de collaboration ont une influence relativement faible. Même si cette observation indique que le principe de collaboration n’est peut-être pas aussi marqué que les autres, elle démontre clairement dans les faits l’existence et l’indépendance de la collaboration et va donc à l’encontre du débat en cours depuis peu sur la séparation et l’univocité des concepts de participation et de collaboration (Abu-Shanab, 2015).

31L’observation selon laquelle l’intention d’usage des citoyens a une forte influence sur leur intention de WOM est elle aussi intéressante. Il semble important que les citoyens forment leur propre intention d’usage avant de recommander l’utilisation à d’autres. Cela signifie qu’ils ont développé des opinions positives à l’égard des OGD en termes d’utilité, de facilité d’utilisation et de réalisation des objectifs. Par conséquent, nos résultats révèlent que le WOM est non seulement un facteur important dans le monde des entreprises (Cheung et Thadani, 2012), mais qu’elle joue également un rôle important dans le secteur public et mérite que l’on s’y intéresse davantage. Ce résultat confirme l’existence d’une relation étroite entre le gouvernement ouvert et la communication WOM, les citoyens semblant disposés à contribuer à ce dernier en termes de partage d’informations d’un type particulier et donc d’intérêt général (Cheung et Lee, 2012). Cette observation est particulièrement pertinente compte tenu de la portée et de l’importance croissantes des réseaux sociaux publics pour le gouvernement ouvert et pour le WOM.

32Les résultats de l’étude ont également diverses implications pratiques pour l’administration publique : les gestionnaires publics doivent prendre conscience, d’une manière générale, que de nombreux aspects entrent en ligne de compte pour déterminer l’intention des citoyens d’utiliser des OGD. La relation entre l’utilité ou la facilité d’utilisation et l’intention d’usage montre à quel point il est important pour les gestionnaires du secteur public de choisir la bonne plateforme pour fournir des OGD. Les plates-formes que sont les réseaux sociaux semblent particulièrement adaptées, car elles offrent la possibilité d’interagir directement avec les citoyens en temps réel et constituent en même temps un puissant outil de WOM pour ceux-ci. À l’appui de ce constat, des recherches antérieures préconisent également d’en prendre conscience et mettent l’accent sur le rôle prometteur des réseaux sociaux dans ce contexte (Zuiderwijk et al., 2015).

33Dans l’intérêt de la démocratie, les pouvoirs publics doivent veiller à ce que tous les citoyens aient un accès égal et puissent facilement utiliser leurs offres. Par conséquent, ils doivent non seulement concevoir leurs plates-formes de manière adéquate et axée sur les citoyens, mais aussi tenir compte des différences respectives entre les groupes sociaux, par exemple en poursuivant une stratégie multicanaux ou en offrant des options de personnalisation qui répondent aux besoins de tous les groupes de population. À cet égard, une synthèse progressive avec le gouvernement électronique et ses possibilités propres en matière de transparence, de participation et de collaboration semble prometteuse. Les gestionnaires publics doivent également susciter et façonner les bonnes attentes auprès des citoyens à l’égard de ces principes de gouvernement ouvert. Ils doivent mettre particulièrement l’accent sur la qualité des OGD et sur les données que les citoyens considèrent comme génératrices de transparence, de participation et de collaboration.

34Les gestionnaires publics doivent également garder à l’esprit l’influence observée du WOM positif associé à l’usage des citoyens, qui peut déclencher un processus d’autorenforcement du gouvernement ouvert parmi les citoyens, processus dont les pouvoirs publics peuvent également tirer parti pour assurer l’efficacité de leurs actions en matière de transparence gouvernementale ainsi que des gains en termes d’efficience. Cependant, ils doivent aussi être conscients de la contrepartie, selon laquelle le non-respect de ces exigences peut conduire les citoyens à développer une sorte d’apathie politique à l’égard du gouvernement ouvert et ainsi à l’oublier ou, pire encore, à s’engager dans un WOM négatif.

35Cette étude a aussi ses limites. Même si le modèle présente un pouvoir explicatif relativement élevé, d’autres facteurs semblent contribuer à l’intention des citoyens d’utiliser des OGD. Par conséquent, les recherches futures devraient s’attacher à élargir le spectre des déterminants, par exemple en intégrant des composantes de la motivation sociale. On pourrait également procéder en appliquant d’autres cadres théoriques, comme la théorie de l’acceptation et de l’utilisation de la technologie, pour étudier l’utilisation des OGD et comparer ensuite les résultats à ceux de notre étude. Étant donné le contexte allemand de notre étude, nous ne pouvons garantir la validité du modèle pour d’autres pays. Les recherches futures pourraient étendre l’étude à d’autres pays, en particulier ceux dont la culture politique et les modes d’utilisation des TIC modernes sont très différents. Par ailleurs, le caractère transversal de notre étude porte sur un moment particulier dans le temps. Étant donné l’importance des TIC modernes pour le gouvernement ouvert et leur développement dynamique, des études de réplication et des approches longitudinales seraient très utiles pour confirmer la validité générale de nos résultats. Même si nous ne pouvons totalement exclure la possibilité d’un biais d’autosélection dû au fait que les données ont été collectées par le biais des réseaux sociaux en ligne, cette question semble moins importante, les caractéristiques socioéconomiques des citoyens n’ayant aucun impact sur la participation au gouvernement ouvert (Wijnhoven et al., 2015). Néanmoins, les recherches futures pourraient étudier le rôle modérateur des caractéristiques démographiques ou socioéconomiques, car on en sait peu sur leur impact dans le contexte de l’utilisation des OGD. Cela concerne également les relations avec les attentes en matière de transparence, de participation et de collaboration, ainsi que leur impact sur le bouche-à-oreille.

36Étant donné que les recherches sur le gouvernement ouvert en sont encore à leurs balbutiements, des recherches complémentaires sont essentielles pour confirmer empiriquement les observations et nous aider à mieux comprendre l’usage des OGD par les citoyens. En outre, le concept de WOM, jusqu’ici plutôt négligé, peut être d’un grand intérêt pour les recherches futures sur le gouvernement ouvert, en particulier au vu des effets de ce dernier sur les réseaux sociaux et de la question de savoir dans quelle mesure un WOM positif stimule la volonté des autres citoyens de participer à un gouvernement ouvert. Dans l’ensemble, la présente étude est l’une des premières approches empiriques confirmatoires à étudier les déterminants pertinents de l’intention des citoyens d’utiliser les OGD, ainsi que sa relation avec leur intention de WOM.

Annexes
Annexe 1

Fiabilité de l’échelle et validité des variables indépendantes

Annexe 1
Facteurs Indicateurs Correction ITK Pondération A de Cronb. Var. expl. Facteurs extr. Elimin. Items Références Facilité d’usage Je trouve facile l’apprentissage du traitement des données gouvernementales ouvertes. 0,549 0,619 0,784 57,004 % 1 3 Venkatesh et al. (2003) Les sites qui proposent des données gouvernementales ouvertes sont en général présentés de manière claire et compréhensible. 0,706 0,887 Je trouve que les données gouvernementales ouvertes sont faciles à trouver. 0,624 0,735 Utilité Les données gouvernementales ouvertes sont une source intéressante d’informations pour les citoyens. 0,783 0,846 0,897 64,139 % 1 1 Wirtz et al. (2015) L’utilisation de données gouvernementales ouvertes améliore la qualité de l’information. 0,802 0,866 L’utilisation de données gouvernementales ouvertes améliore la quantité d’informations. 0,705 0,750 Les sites qui proposent des données gouvernementales ouvertes m’aident à obtenir plus facilement des informations publiques. 0,766 0,814 Je trouve que les données gouvernementales ouvertes permettent d’obtenir les informations de manière beaucoup plus rapide. 0,679 0,720 Attentes en matière de transparence Les données gouvernementales ouvertes me permettent d’avoir une meilleure vue sur les activités publiques. 0,797 0,854 0,904 70,616 % 1 2 Vaccaro et Echeverri (2010) Les données gouvernementales ouvertes améliorent la transparence de l’administration publique. 0,831 0,898 Les données gouvernementales ouvertes permettent aux citoyens d’être plus au fait de la situation. 0,751 0,793 Les données gouvernementales ouvertes me permettent de prendre des décisions plus éclairées. 0,767 0,813
Annexe 1
Attentes en matière de participation Les données gouvernementales ouvertes améliorent mes chances de participer au processus politique et administratif. 0,755 0,827 0,878 65,598 % 1 1 Clarke et Ward (2006) Yeung et al. (2012) Les données gouvernementales ouvertes me permettent de renforcer ma participation dans les sphères politique et sociale. 0,711 0,765 Les données gouvernementales ouvertes renforcent la participation civile dans le processus politique et administratif. 0,805 0,892 Les données gouvernementales ouvertes améliorent les possibilités d’influencer le processus politique et administratif. 0,696 0,748 Attentes en matière de collaboration Les données gouvernementales ouvertes améliorent la collaboration entre les citoyens et l’administration publique. 0,804 0,846 0,922 74,965 % 1 1 Mai et al. (2012) Les données gouvernementales ouvertes aident les citoyens et l’administration publique à résoudre les problèmes communs. 0,857 0,909 Les données gouvernementales ouvertes accélèrent la collaboration entre les citoyens et l’administration publique. 0,811 0,853 Les données gouvernementales ouvertes amènent les citoyens et l’administration publique à collaborer plus souvent. 0,809 0,853

Fiabilité de l’échelle et validité des variables indépendantes

Annexe 2

Fiabilité de l’échelle et validité des variables dépendantes

Annexe 2
Facteur Indicateurs Corr. ITK Pondération A de Cronb. Var. expl. Extr. facteurs Élimin. Items Références Intention d’usage J’ai l’intention d’utiliser les données gouvernementales ouvertes lorsque j’aurai l’occasion de le faire. 0,853 0,881 0,921 75,070 % 1 1 Wirtz et al. (2013) J’imagine que j’utiliserai les données gouvernementales ouvertes. 0,844 0,894 J’aimerais utiliser les données gouvernementales ouvertes. 0,821 0,867 J’utiliserai les données gouvernementales ouvertes à des fins personnelles. 0,784 0,822 Intention de bouche-à-oreille Je recommanderais à mes amis et à mes connaissances de recourir aux données gouvernementales ouvertes pour obtenir des informations. 0,886 0,992 0,894 75,967 % 1 2 Harrison-Walker (2001) Kang and Hustvedt (2014) Je recommanderais à mes amis et à mes connaissances de recourir aux données gouvernementales ouvertes pour obtenir des informations. 0,839 0,908 Je ne pense que du bien des données gouvernementales ouvertes comme source d’information. 0,668 0,686

Fiabilité de l’échelle et validité des variables dépendantes

Notes

  • [1]
    Traduction de l’article paru en anglais sous le titre : “Open government and citizen participation : an empirical analysis of citizen expectancy towards open government data”.
  • [2]
    Pour une explication plus détaillée des concepts, voir Davis, 1986 ; Ma et Liu, 2004 (facilité d’utilisation, utilité et intention d’usage) ; Wirtz et Birkmeyer, 2015 (transparence, participation et collaboration) ; ainsi que Cheung et Tadani, 2012 (bouche-à-oreille).
  • [3]
    Pour la description suivante du TAM et de ses facteurs, voir aussi Wirtz et al., 2017.
Français

Les citoyens sont au cœur du gouvernement ouvert, et leur participation représente un principe fondamental de ce dernier. En dépit de leur rôle essentiel et des grands avantages potentiels que la transparence dans l’action publique offre au public, les citoyens ont encore du mal à s’en servir. Les recherches empiriques antérieures n’ont guère abordé ces questions du point de vue des citoyens. La présente étude examine les déterminants de l’utilisation des données gouvernementales ouvertes par les citoyens en Allemagne. Nos résultats indiquent que la facilité d’utilisation, l’utilité, ainsi que la transparence, la participation et les attentes en matière de collaboration déterminent de façon significative l’intention des citoyens d’utiliser des données gouvernementales ouvertes, ce qui a une incidence positive sur leur intention de procéder par le bouche-à-oreille. D’une manière générale, nos observations nous aident non seulement à mieux comprendre le comportement des citoyens dans le contexte des recherches sur le gouvernement ouvert, en particulier en mettant en lumière les aspects clés de l’intention d’utilisation des citoyens, mais elles ont aussi des implications tant pour les chercheurs que pour les praticiens.
Remarques à l’intention des praticiens
L’utilisation par les citoyens des données gouvernementales ouvertes (OGM, pour « Open Government Data ») comporte de multiples facettes, dont les praticiens doivent être conscients. L’administration publique doit tenir compte du rôle important de l’accessibilité et de la facilité d’utilisation dans la fourniture de services d’OGD, l’objectif étant de relever le défi majeur consistant à permettre l’égalité d’accès pour tous les citoyens par des canaux appropriés et une personnalisation. La préparation des services d’OGD en ce qui concerne le contenu doit viser à améliorer la transparence, la participation et la collaboration, en suscitant et en façonnant les attentes respectives des citoyens. Enfin, les praticiens devraient porter une attention particulière aux possibilités et aux risques associés à la communication de bouche-à-oreille dans le contexte des OGD.

  • utilisation par les citoyens
  • démocratie électronique
  • analyse empirique
  • gouvernement ouvert
  • modèle par équation structurelle
  • bouche-à-oreille

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Bernd W. Wirtz
Bernd W. Wirtz est titulaire de la chaire de gestion de l’information et de la communication à l’Université allemande des sciences administratives de Speyer, en Allemagne. Ses intérêts de recherche comprennent le gouvernement électronique, le gouvernement ouvert, le commerce électronique, les réseaux sociaux et la gestion des modèles économiques. Il publie régulièrement dans des revues scientifiques à comité de lecture, telles que Long Range Planning, Public Management Review et Public Administration. Pour ses publications les plus pertinentes, voir www.berndwirtz.com.
Jan C. Weyerer
Jan C. Weyerer travaille comme chercheur associé et est doctorant à la chaire de gestion de l’information et de la communication de l’Université allemande des sciences administratives de Speyer, en Allemagne. Ses principaux intérêts de recherche sont le gouvernement électronique, le gouvernement ouvert, le commerce électronique et le big data. Il a récemment publié dans Public Organization Review et International Journal of Public Administration.
Michael Rösch [1]
Michael Rösch est titulaire d’une maîtrise de l’Université allemande des sciences administratives de Speyer, en Allemagne.
  • [1]
    Traduction de l’article paru en anglais sous le titre : “Open government and citizen participation : an empirical analysis of citizen expectancy towards open government data”.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 22/10/2019
https://doi.org/10.3917/risa.853.0583
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