CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1L’élevage ouest-africain, historiquement sahélien, repose sur la mobilité des troupeaux. Un système de commun, fondé sur la réciprocité dans l’accès aux puits, sécurisait alors les mobilités sur des parcours régionaux. Cependant, les crises climatiques, les choix politiques et les évolutions économiques ont bouleversé les communs sahéliens et les systèmes pastoraux. Du Sahel à la zone soudano-guinéenne, ces derniers cohabitent avec l’agriculture depuis les années 1970 au moins (Vall et al., 2011). Toutefois, un peu partout, les surfaces cultivées s’accroissent au détriment des parcours, bien qu’à des rythmes différents selon les terroirs (Gonin, 2014). Cela ne pose pas problème en saison sèche et froide (octobre-février) : la complémentarité entre les deux activités joue alors à plein, les troupeaux broutant les résidus de culture et amendant les champs grâce à leurs déjections. Les difficultés pour les éleveurs surviennent en saison sèche et chaude (mars-mai), alors que le fourrage et l’eau se font plus rares. La transhumance vers le sud demeure alors la meilleure option possible. Toutefois, l’extension des vergers d’anacardiers en zone soudano-guinéenne (notamment au Sud-Burkina, Sud-Mali, Nord-Côte d’Ivoire, Nord-Ghana) perturbe de plus en plus les transhumants. En saison des pluies (juin-octobre), c’est dans les terroirs d’attache que l’extension des champs entraîne la réduction des parcours. Or, après la déstructuration des communs à vocation pastorale sahéliens, les éleveurs ouest-africains ne bénéficient pas d’un régime foncier qui leur garantisse un accès aux ressources pastorales et leur permette de défendre leurs pâturages. Pour préserver des espaces de parcours et par-delà assurer le développement de l’élevage sur deux piliers, la mobilité et l’intégration avec l’agriculture, sécuriser les droits fonciers des éleveurs est nécessaire. Pour cela, il faut d’une part sécuriser les transhumances de saison sèche et chaude grâce à des pistes régionales de transhumance (notamment pour sécuriser le retour des troupeaux vers le nord au début de la campagne agricole) ; cet enjeu a été abondamment traité dans la littérature (Gonin et Tallet, 2012 ; Kitchell et al., 2014 ; Moritz et al., 2013 ; Moutari et Giraut, 2013). D’autre part, il est nécessaire de préserver l’accès aux espaces de parcours, à la fois pour le pâturage des transhumants en zone soudano-guinéenne en saison sèche et chaude, et de façon générale dans toutes les régions pour le pâturage en saison des pluies.

2C’est au deuxième enjeu que s’attache cet article, en soutenant que la sauvegarde des parcours stratégiques de transhumance et de ceux de saison des pluies dans des régions agricoles ne sera acceptée localement que si elle s’appuie sur un modèle renouvelé de commun à base territoriale. La zone pastorale de Barani (Burkina Faso/Mali) en fournit un exemple, en particulier pour les zones de pâturage en saison des pluies. Elle montre que, contrairement aux zones pastorales imposées par l’État, un processus participatif que l’on peut assimiler, à la lumière des écrits d’Elinor Ostrom (1992), à un commun a des chances de bien fonctionner. Mais elle montre aussi que la construction d’un commun territorialisé n’est pas neutre politiquement : elle entraîne l’exclusion d’un certain nombre d’acteurs tout en renforçant certains ayants droit.

1. Des communs sahéliens aux communs territorialisés

1.1. Les communs à vocation pastorale sahéliens : une sécurisation foncière de la mobilité

3Les zones semi-arides du Sahel ouest-africain se caractérisent par une grande incertitude pluviométrique. Les précipitations sont très variables aussi bien dans le temps (d’une année à l’autre et durant une même saison des pluies) que dans l’espace, à l’échelle locale (Behnke et al., 1993). La mobilité pastorale est une adaptation très fine à la répartition spatio-temporelle des pluies. Elle est la clé de voûte de la réussite des systèmes pastoraux (Hiernaux et al., 2014 ; Niamir-Fuller, 1999 ; Scoones, 1994), mais elle pose aux pasteurs la question de la sécurisation de leurs accès aux ressources pastorales, aussi bien dans leurs « terroirs d’attache » que dans leurs destinations de transhumance.

4La sécurisation foncière des mobilités pastorales a historiquement été garantie sur les trois aspects qui composent un commun, selon Ostrom (2010). D’abord, la ressource : au Sahel, l’eau, aussi bien de pluie que provenant des puits, est la ressource déterminante, elle commande l’accès au fourrage. Ensuite, des règles de gestion : la famille qui a financé la construction d’un puits dans son terroir d’attache dispose, si l’on reprend la typologie proposée par Edella Schlager et Elinor Ostrom (1992), des droits d’accès, de prélèvement et de gestion, mais pas de ceux d’exclusion, ni d’aliénation (Thébaud, 2002). Elle bénéficie d’un usage prioritaire du point d’eau, mais cet usage prioritaire n’est pas un usage exclusif. Le troupeau d’une autre famille, des transhumants par exemple, a également un droit d’accès et de prélèvement de l’eau du puits. Il est tacitement convenu que si le gestionnaire du puits part à son tour en transhumance, celui-ci pourra avoir accès au puits de son visiteur dans des conditions similaires. L’accès aux puits offre l’accès aux pâturages environnants dans un rayon de 15 à 20 kilomètres. Premier avantage des parcours communs sahéliens : la fluidité des mobilités – et par conséquent la sécurité du mode de vie pastoral – est assurée à moindre coût. Il est en effet bien moins onéreux (en termes d’argent, de temps, de capital social et politique) de contrôler l’accès à des points (d’abreuvement – logique topocentrique) qu’à des surfaces (les pâturages – logique géométrique). Deuxième avantage, les gestionnaires des puits adaptent sans cesse la charge animale à la capacité, très variable car liée à la pluviosité des pâturages environnants, en jouant sur la durée du séjour de leurs visiteurs. La ressource fourragère est ainsi pérennisée. Troisième avantage : les éleveurs se constituent un réseau social important qui ouvre largement le champ des destinations possibles de transhumance (Bonnet, 2013). Ils peuvent partir loin de chez eux à la recherche de pâturages de qualité en ayant la relative assurance de pouvoir en obtenir l’accès : leur mobilité est sécurisée. Ce troisième avantage rejoint la troisième caractéristique des communs selon Ostrom : ils sont gérés dans le cadre d’une communauté d’usagers, ici le groupe des pasteurs transhumants d’une vaste région, bien souvent unis par des liens familiaux, mais les accords d’accès aux puits peuvent très bien être passés entre des éleveurs d’ethnies différentes.

1.2. La fragilisation des communs à vocation pastorale

5Depuis une cinquantaine d’années, la gestion commune des parcours est progressivement fragilisée en Afrique de l’Ouest. Au Sahel, quatre facteurs de déstabilisation peuvent être identifiés, qui sont liés les uns aux autres : la construction de points d’abreuvement modernes à grand débit par les États, les conflits liés au libre accès aux nouveaux points d’abreuvement, l’enclosure[1] des ressources pastorales (Thébaud et Batterbury, 2001) ainsi que l’insécurité liée aux mouvements terroristes. Les grands programmes étatiques d’hydraulique pastorale, commencés au Tchad, au Niger et au Sénégal sous la colonisation et poursuivis aux indépendances, ont bouleversé les équilibres sociaux et économiques que garantissaient les communs. La soudaine disponibilité de l’eau en libre accès a déstructuré la gestion traditionnelle des puits, dont beaucoup n’ont plus été entretenus. L’absence d’autorité régulatrice légitime sur les ressources pastorales a entraîné des conflits autour des points d’abreuvement, parfois très violents, comme au Niger oriental. Ces conflits se sont soldés par l’enclosure des puits et des forages, et donc des pâturages attenants, au profit exclusif de quelques groupes de pasteurs. Finalement, la non-gestion des nouveaux points d’eau a entraîné leur rapide détérioration.

6À l’échelle de l’Afrique de l’Ouest, la deuxième source de fragilisation des communs à vocation pastorale est liée au déplacement du centre de gravité du monde pastoral du nord sahélien vers le sud soudanien (fig. 1).

Figure 1 : Migrations pastorales et fronts pionniers agricoles en Afrique de l’Ouest

Figure 1 : Migrations pastorales et fronts pionniers agricoles en Afrique de l’Ouest

Figure 1 : Migrations pastorales et fronts pionniers agricoles en Afrique de l’Ouest

Cartographie : A. Gonin, J. Robert, Université Paris Nanterre. D’après Nicholson et al. 1988, Boutrais 1994, base de donnée GAEZ (FAO 2012).

7Dès les années 1950, des migrations de pasteurs, en majorité peuls, ont eu lieu de manière très progressive le long de plusieurs couloirs méridionaux, du Sénégal au Tchad (Bassett et Turner, 2007 ; Boutrais, 1994). La pression sur les pâturages sahéliens et les pâturages soudaniens abondants ont constitué des raisons majeures de départs. Ceux-ci se sont accélérés après les grandes sécheresses sahéliennes de 1974 et 1984. Les pasteurs sont désormais installés en grand nombre dans toute la bande soudanienne. Ils effectuent des transhumances de plus en plus au sud, jusqu’à atteindre la zone guinéenne, où les fortes précipitations et les maladies – notamment la trypanosomiase – imposent une limite méridionale de leurs migrations. Lors de leur migration historique, les pasteurs n’ont pas amené avec eux leur modèle de gestion en commun des ressources pastorales (Gonin, 2016). D’abord, ils se sont installés dans des espaces où la mise en valeur agricole était depuis longtemps dominante. Ensuite, les plus fortes densités des zones soudaniennes ont pour corollaire une moindre fluidité de l’espace et donc des mobilités. L’eau est plus abondante dans ces régions, la ressource limitante devenant progressivement le fourrage, ce qui impose de repenser le modèle de gestion des ressources. Enfin, les modes de gestion foncière dans les zones soudaniennes diffèrent de ceux des zones sahéliennes. La gestion de l’espace de production est faite par et pour des acteurs qui sont avant tout agriculteurs.

8Si l’on analyse les évolutions de la gestion des ressources pastorales à l’échelle de l’Afrique de l’Ouest au cours des cinquante dernières années, on constate que les trois piliers des communs à vocation pastorale ont été fragilisés. D’abord, les ressources et leur mise en valeur ont été profondément modifiées. Au Sahel, la détérioration ou l’abandon des puits traditionnels, la construction puis le non-entretien des points d’eau modernes ont finalement rendu l’accès à l’eau plus aléatoire. En zone soudanienne, les pâturages, abondants lors de l’arrivée des premiers pasteurs, des années 1950 à 1990, connaissent depuis vingt ans une très forte réduction devant l’avancée des champs le long des fronts pionniers. Ensuite, les règles d’accès et de gestion, fondées dans le modèle des communs à vocation pastorale sahéliens sur la réciprocité et qui garantissaient un accès régulé à tous les ayants droit, ont été mises à mal. Le modèle dominant est aujourd’hui celui du libre accès. Les institutions locales de gestion sont fragilisées, ce qui se solde par la multiplication des conflits entre éleveurs, d’une part, et entre éleveurs et agriculteurs, d’autre part. Enfin, la communauté d’ayants droit, structurée par des liens sociaux de solidarité et de réciprocité dans le modèle des communs sahéliens, a éclaté avec la multiplication des conflits et la diversification des acteurs de l’élevage au-delà des groupes de pasteurs traditionnels. Avec la fragilisation de ces trois piliers, on ne peut plus parler aujourd’hui de gestion en commun des parcours en Afrique de l’Ouest.

1.3. Adapter le foncier pastoral aux mutations des systèmes agro-pastoraux : refonder des communs sur des bases territoriales

9Un nouveau mode de gouvernance des ressources pastorales doit être aujourd’hui renégocié. Dans un contexte majoritairement agricole, il doit permettre l’intégration des deux activités. Pour que celle-ci soit effective, il faut réserver des territoires à l’élevage. Outre les pistes à bétail qui sécurisent la mobilité du cheptel, il est nécessaire de penser des zones de pâture locales pour la saison des pluies et pour la saison sèche et chaude. Comment sécuriser des territoires pastoraux saisonniers dans des mondes ruraux massivement agricoles ?

10Les communs apparaissent comme la meilleure solution pour atteindre cet objectif, mais leur refondation ne peut s’appuyer, dans des espaces soumis à une pression foncière croissante, sur les mêmes bases que le modèle des communs à vocation pastorale sahéliens. Il s’agit pour les pasteurs de renégocier un système foncier qui sécurise les mobilités dans un monde sahélo-soudanien en mutation. En cinquante ans, en Afrique de l’Ouest, on est passé d’espaces lisses (faibles densités, fluidité des modalités, faibles marques d’appropriation) à des territoires striés (fortes densités, discontinuités, appropriation plus marquée des territoires) (Deleuze et Guattari, 1980). Dans ce contexte, l’accès aux parcours ne peut plus être contrôlé par l’accès aux puits (logique topocentrique). Dans un monde territorialisé par l’agriculture, les parcours pastoraux doivent également être inscrits dans des cadres territoriaux (logique géométrique). La territorialisation, opération de délimitation et de contrôle d’un espace, permet de distinguer ce qui est à vocation pastorale par rapport à ce qui est à vocation agricole. Comment légitimer l’exclusion de l’agriculture de certaines brousses considérées par la majorité des acteurs locaux comme des réserves foncières à défricher ? Par ailleurs, cette opération de distinction des espaces selon leur usage prioritaire se double d’un processus d’inclusion/exclusion (Brighenti, 2006) : définir un territoire d’usage revient dans le même temps à définir les contours sociaux de la communauté des usagers. Cette question politique se pose pour chaque commun : qui sont les ayants droit ? Qui sont les exclus de la ressource ? Où et comment placer la limite entre insiders et outsiders ? Les réponses doivent être apportées au cas par cas.

2. Territorialisation des parcours, exclusion/inclusion des acteurs

11La zone pastorale de Barani, à la frontière du Burkina Faso et du Mali, peut être considérée comme la refondation d’un commun à vocation pastorale d’un genre nouveau en zone sahélo-soudanienne. Elle donne l’exemple d’une sécurisation des parcours par la territorialisation d’un espace qui a eu pour conséquence la recomposition des rapports de force locaux en fonction des droits des différentes catégories d’usagers sur la ressource. C’est un cas original, car la zone a été fondée dans un terroir dominé par les éleveurs. Les données proviennent de trente entretiens réalisés en 2012 et 2013 auprès des éleveurs usagers de la zone, des agriculteurs riverains, des gestionnaires de la zone, des autorités locales et coutumières, et des services vétérinaires.

2.1. Puissance et déclin du royaume peul de Barani

12Fondé vers la fin du xviiie siècle, le royaume peul de Barani s’étend alors depuis l’actuelle frontière nord-ouest du Burkina avec le Mali jusque dans l’intérieur de la boucle du Mouhoun (fig. 1).

13La colonisation marque le début d’un long et très progressif déclin de la famille Sidibé, qui gouverne le royaume au xiXe siècle. La paix coloniale et l’interdiction de l’esclavage minent les fondements de la puissance de Barani. Les anciens esclaves, les riimaaybe, sont affranchis et deviennent agriculteurs ou agro-éleveurs. Les Sidibé eux-mêmes retrouvent les pratiques pastorales qu’ils avaient abandonnées à la fin du xviiie siècle. Les parcours autour de Barani sont abondants. À l’est du village, une vaste plaine sableuse (seeno) est pâturée en saison des pluies. En saison sèche, les troupeaux sont conduits dans les pâturages de décrue du Sourou (bourgoutières ; fig. 2).

14Les années 1950 marquent une nouvelle étape dans ce déclin. Les Sidibé de Barani émigrent massivement avec leurs troupeaux vers le sud, le Mali, la Côte d’Ivoire (Benoît, 1978 ; Diallo, 2008). Les causes de cette émigration sont multiples : pression croissante sur les ressources pastorales de Barani, accentuée par les grandes sécheresses sahéliennes des années 1970 et 1980 ; développement des marchés des grandes villes littorales ; politique d’accueil des États côtiers (notamment de la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët Boigny) ; éradication progressive de mouches tsétsé, vectrices de la trypanosomiase (Bassett et Turner, 2007). La chefferie traditionnelle de Barani se trouve affaiblie par ces départs, qui affectent particulièrement le clan des Sidibé. Celui-ci bénéficie alors de relais dans tous les villages placés sous sa domination, grâce à des chefs de village issus de la famille royale. Pourtant, la responsabilité des villages est progressivement confiée aux anciens esclaves, les riimaaybe. Ceux-ci s’affranchissent de plus en plus de la tutelle du chef de canton sur les questions foncières. Des champs sont ouverts dans les parcours historiques.

15Le rapport démographique va définitivement tourner en défaveur des Peuls dans les années 1970 et 1980, avec l’installation de nombreux migrants agricoles, notamment des Dogons venus du Mali. Les densités augmentent et les champs s’étendent au détriment des espaces de parcours. Les migrants agricoles s’installent notamment dans la grande plaine sableuse (seeno) entre Barani et le Sourou, et cultivent du riz dans les pâturages de décrue du Sourou (fig. 2). À la fin des années 1980, le pouvoir de la royauté peule est très affaibli. Les Sidibé ont de fait perdu leur pouvoir sur l’espace qu’ils contrôlaient historiquement : l’espace politique, avec l’autonomisation des villages auparavant sous la tutelle de Barani, et l’espace des pratiques, avec la mise en culture des parcours.

2.2. La territorialisation des parcours à Barani : un nouveau type de commun pastoral

16C’est dans ce contexte de déclin de la chefferie peule et de son pouvoir sur l’espace que le Projet de développement rural intégré (PDRI), financé notamment par l’Agence française de développement (AFD) et lancé en 1991 dans trois provinces de l’Ouest burkinabè, arrive à Barani. L’idée de sauvegarder la vocation pastorale historique de la grande plaine du seeno par l’instauration d’une zone pastorale est née des premiers échanges entre la population et l’équipe du projet. Le projet finance alors l’aménagement d’une zone de près de 50 000 hectares (fig. 2).

Figure 2 : La zone pastorale de Barani, commun à vocation pastorale territorialisé

Figure 2 : La zone pastorale de Barani, commun à vocation pastorale territorialisé

Figure 2 : La zone pastorale de Barani, commun à vocation pastorale territorialisé

Cartographie : A. Gonin, J. Robert, Université Paris Nanterre.Sources : Landsat 2010, USGS ; Direction Régionale des Ressources Animales Boucle du Mouhoun ; CDGRN Barani ; enquêtes terrains.

17La zone pastorale de Barani peut être considérée comme un commun. Elle en remplit les trois critères :

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  1. Des ressources, qui sont réhabilitées et reconnues pour leur vocation pastorale première. Les pâturages de saison des pluies sont délimités par des balises en béton et des pare-feux sur le pourtour de la zone. Les agriculteurs installés dans la zone depuis les années 1970 sont expulsés. Les puits et forages pastoraux rénovés.
  2. Des règles de gestion, qui sont formalisées dans un cahier des charges rédigé dans le cadre du PDRI au milieu des années 1990 et réécrit en 2010. Ce cahier des charges entérine les limites de la zone, les règles d’usage, détaille l’organisation des instances de gestion de la zone, prévoit des sanctions en cas de non-respect des règles. Des comités villageois de gestion des ressources naturelles (CVGRN) ont un pouvoir de gestion : ils surveillent la zone, perçoivent les droits d’entrée dans la zone, sont chargés des travaux d’entretien dans leur périmètre. Un comité départemental de gestion des ressources naturelles (CDGRN), basé à Barani, détient le véritable pouvoir sur la zone : il a des droits de gestion supérieurs à ceux des CVGRN et un droit d’exclusion. Les recettes des droits d’entrée dans la zone sont centralisées dans sa caisse. Il décide des dépenses : entretien de la zone et financement de patrouilles de surveillance motorisées. Il est l’instance de résolution des conflits et le garant de l’intégrité de la zone contre les tentatives de mise en culture des pâturages. Il est l’interlocuteur privilégié des intervenants extérieurs : services de l’État, organisations non gouvernementales (ONG)…
  3. Une communauté d’ayants droit se partage la ressource. Le faisceau de droits permet de distinguer différents types d’acteurs :

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  • les simples usagers qui ont des droits d’accès et de prélèvement contre le paiement d’un droit d’entrée ;
  • les membres des CVGRN qui ont des droits d’accès, de prélèvement et de gestion ;
  • les membres du CDGRN qui ont des droits d’accès, de prélèvement, de gestion et d’exclusion.

20Près de vingt-cinq ans après son instauration, on peut raisonnablement estimer que le commun de Barani fonctionne correctement. La zone pastorale respecte sept des huit critères de performances institutionnelles identifiées par Ostrom (1990) : les limites de la communauté d’usagers (ceux qui ont payé le droit d’entrée, ceux qui font partie des groupes de gestion) et de la ressource (matérialisée par des bornes) sont clairement définies ; les règles d’usage permettent le renouvellement de la ressource fourragère (grâce aux dates d’entrée et de sortie) ; la surveillance émane des comités d’usagers et non pas d’une autorité municipale ou étatique extérieure ; des sanctions graduelles sont prévues et appliquées en cas de fraude ; les conflits se règlent à moindre coût devant le CDGRN et non devant des autorités extérieures ; l’usage, la surveillance et la gouvernance sont organisés selon des niveaux différents et imbriqués. Le seul critère qui n’est pas rempli est celui des dispositifs de choix collectifs, selon lequel la plupart des individus concernés par les règles opérationnelles peuvent participer à la modification de ces règles, car ce sont eux qui connaissent le mieux la ressource et qui sont le plus à même de définir des règles adaptées. À première vue, la nouvelle rédaction du cahier des charges à Barani en 2010 s’est déroulée selon un processus participatif, dont les usagers de la zone étaient censés être les principaux acteurs. Pourtant, ce cahier des charges est, sur la très grande majorité des points, identique à celui d’autres zones pastorales du pays. Cela laisse entrevoir une faille du processus participatif local. Le cabinet de consultants qui avait pour charge d’animer les ateliers d’écriture des règles dans chaque zone pastorale semble avoir eu une influence déterminante sur les usagers pour que tous les cahiers des charges se ressemblent à ce point.

2.3. Territorialisation d’un commun à vocation pastorale, ayants droit et exclus

21L’exemple de la zone pastorale de Barani montre comment la refondation d’un commun sur des bases territorialisées pose à nouveaux frais la question de l’accès aux ressources. L’instauration d’un territoire pastoral, et donc la redéfinition du groupe des ayants droit et de celui des exclus, a entraîné le renversement des rapports de force. En reprenant les faisceaux de droits de Schlager et Ostrom, on peut dessiner un gradient de l’exclusion à l’inclusion dans le commun sur lequel placer les différents acteurs (tabl. 1).

Tableau 1 : Gradient d’inclusion/exclusion du commun selon les faisceaux de droits de Schlager et Ostrom

Tableau 1 : Gradient d’inclusion/exclusion du commun selon les faisceaux de droits de Schlager et Ostrom

Tableau 1 : Gradient d’inclusion/exclusion du commun selon les faisceaux de droits de Schlager et Ostrom

ZP = zone pastorale
Source : d’après Schlager E., Ostrom E., 1992.

22Du côté des exclus dépourvus de tout droit d’usage dans la zone, on trouve d’abord les agriculteurs. Il s’agit de ceux installés sur les parcours dans les années 1970 et 1980. L’équipe du PDRI et les Peuls Sidibé se sont alliés pour les expulser de la zone pastorale en cours de constitution (fig. 2). Il s’agit aussi des producteurs, en large majorité riimaaybe, dont l’activité agricole est majoritaire, qui ne peuvent pas agrandir leur champ, pris en tenailles par la zone pastorale, d’un côté, et par la forte pression foncière des espaces cultivés, de l’autre.

23Toujours du côté des exclus, on trouve ensuite les éleveurs qui n’ont pas pu s’acquitter du droit d’entrée. Cela concerne les pasteurs de la commune de Barani, trop pauvres pour payer l’entrée. Cette exclusion n’est pas très pénalisante, car ils disposent en général d’effectifs réduits qu’ils peuvent faire paître dans les brousses résiduelles, entre les espaces cultivés. Les règles sont plus excluantes pour les pasteurs des communes voisines qui doivent payer des droits d’entrée deux fois plus élevés que les pasteurs de Barani (tabl. 2) ; (en 2012, 20 % des usagers de la zone venaient d’une commune extérieure). Dans la même logique, les pasteurs maliens doivent payer des droits d’entrée vingt fois plus élevés pour les bovins. Ils font face à un obstacle insurmontable pour la plupart. En conséquence, seuls 2 % des usagers de la zone venaient du Mali en 2012 (fig. 3).

Figure 3 : Provenance des usagers de la zone pastorale de Barani

Figure 3 : Provenance des usagers de la zone pastorale de Barani

Figure 3 : Provenance des usagers de la zone pastorale de Barani

Cartographie : A. Gonin, J. Robert, Université Paris Nanterre. Sources : Landsat 2010, USGS ; coupons d’entrée dans la ZP, CDGRN Barani.

Tableau 2 : Droits d’entrée dans la zone pastorale de Barani

Tableau 2 : Droits d’entrée dans la zone pastorale de Barani

Tableau 2 : Droits d’entrée dans la zone pastorale de Barani

Source : CDGRN Barani, 2013.

24Sur le gradient de l’exclusion à l’inclusion, on trouve ensuite les simples usagers, les éleveurs qui se sont acquittés du droit d’entrée. C’est un groupe très ouvert, du fait de la modicité des tarifs pour les éleveurs de Barani : ils étaient 422 durant la saison des pluies de 2012 à faire pâturer leur troupeau dans la zone. Inclus dans le territoire, ils se trouvent pourtant exclus du commun. En effet, ils disposent seulement des droits d’accès et de prélèvement et ne disposent d’aucun des droits de choix collectifs. Si, comme Ostrom le met en avant, un commun se caractérise par le fait que les usagers eux-mêmes participent à la définition des règles d’usage, alors la plupart des éleveurs qui fréquentent la zone de Barani se trouvent en fait exclus du commun.

25Le premier groupe à participer réellement au commun est celui des membres des CVGRN, désignés sur la base du volontariat. S’ils disposent de droits de gestion, ceux-ci ne leur permettent pas de disposer d’un véritable pouvoir, leurs ordres provenant du CDGRN. C’est bien ce dernier groupe, restreint et plus difficile d’accès, qui détient le véritable pouvoir sur le commun de Barani. Ses membres disposent de droits de gestion supérieurs et des droits d’exclusion (notamment en fixant le prix d’entrée dans la zone). Le CDGRN est renouvelé tous les quatre ans. Les membres sont désignés par une assemblée réunie à Barani. En 2012, cinq des six membres du CDGRN étaient des membres ou des proches de la famille royale, dont le chef de canton qui en était le président. Il faut y voir une preuve de l’influence prépondérante des Sidibé dans les rapports de pouvoir locaux. L’instauration d’un commun territorialisé à Barani, avec l’appui essentiel d’un projet extérieur, leur a permis de reconquérir leur influence perdue.

Conclusion

26La pression foncière croissante impose de repenser les modalités de cohabitation de l’agriculture et de l’élevage. Si de nombreuses synergies sont en place entre les deux activités, une concurrence spatiale est à l’œuvre en saison des pluies, et en saison sèche et chaude dans les espaces de transhumance. Dans des espaces ruraux de plus en plus agricoles, il faut toutefois garder une place pour l’élevage. Des territoires réservés à la pâture doivent être pensés localement. L’échec des zones pastorales montre qu’ils ne peuvent être imposés par les États. L’exemple de Barani montre qu’une approche bottom-up a plus de chance d’être légitime localement. Les communs peuvent alors servir de modèle pour construire ces territoires de manière participative, dans un contexte de fortes tensions foncières. On peut imaginer une reproduction du modèle de Barani dans les brousses des terroirs locaux, sur de plus petites superficies. À plus grande échelle, les forêts classées pourraient constituer des réserves fourragères. Beaucoup d’entre elles sont actuellement illégalement investies par les éleveurs. On pourrait imaginer régulariser cette situation en instaurant des règles qui permettent à la fois le pâturage et la protection des écosystèmes. Les États délégueraient la gestion de ces territoires aux populations locales sur le mode des communs.

27Barani montre aussi que la territorialisation et les communs ont deux facettes indissociables : l’inclusion et l’exclusion. Spatialement, le but recherché est bien d’exclure l’agriculture (et non pas les agriculteurs, qui sont souvent également éleveurs) des parcours ainsi protégés. Mais socialement, beaucoup d’usagers se trouvent eux aussi exclus, si ce n’est de la zone de pâture, de sa gestion. C’est sur ce point que les failles de Barani doivent être analysées avant de tenter d’autres expériences. Deux thèmes méritent réflexion pour trouver des réponses locales. D’abord, comment instaurer des comités de gestion de manière à ce que l’ensemble des usagers participent effectivement à la gestion des territoires pastoraux ? Enfin, la question de l’intégration des transhumants à la gestion des parcours, alors qu’ils sont par définition souvent absents du territoire et qu’ils ont tendance à être exclus par les tarifications adoptées est difficile à résoudre. Les règles de gestion adoptées dans le cadre de l’exemple étudié ne peuvent donc être reproduites telles quelles si l’on tente de généraliser ce modèle.

Notes

  • [1]
    Le terme désigne au départ l’appropriation privée des communs au Royaume-Uni à partir du xviie siècle. Passé au français, il désigne tout processus de privatisation d’un commmun.
Français

Les communs sahéliens historiques protégeaient les mobilités pastorales, mais ils ont été déstructurés. Les éleveurs n’ont plus d’accès sécurisé aux ressources pastorales, qui régressent devant l’avancée des espaces cultivés. Les deux piliers du développement de l’élevage ouest-africain, la mobilité et l’intégration agriculture-élevage sont menacés. Pour refonder un régime foncier plus sécurisant, les communs sont une solution possible pour légitimer des territoires pastoraux dans les zones agricoles. Mais la délimitation de nouveaux territoires pastoraux pose la question du partage des ressources entre ayants droit et exclus. Cette question politique ne peut recevoir de réponses que locales, comme le montre l’exemple de la zone pastorale de Barani.

Mots-clés

  • pastoralisme
  • foncier
  • communs
  • territorialisation
  • Afrique de l’Ouest

Bibliographie

  • En ligneBassett T. J., Turner M. D., 2007, « Sudden Shift or Migratory Drift? FulBe Herd Movements to the Sudano-Guinean Region of West Africa », Human Ecology, vol. 35, no 1, p. 33-49.
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Alexis Gonin
Géographe, Alexis Gonin mène ses recherches sur les enjeux fonciers dans les espaces ruraux d’Afrique de l’Ouest, en particulier ceux liés aux espaces de parcours. Maître de conférence à l’université Paris Nanterre, rattaché au laboratoire Architecture, ville, urbanisme, environnement (Lavue) de l’université Paris Ouest-Nanterre, il s’intéresse notamment aux thématiques liées au foncier, à la géographie rurale ou aux communs.
A récemment publié : Gonin A, 2017, « “La terre est finie !” Quel avenir pour le pastoralisme en Afrique de l’Ouest ? », Métropolitiques, 18 septembre, http://www.metropolitiques.eu/La-terre-est-finie-Quel-avenir.html (consulté en novembre 2017).
Gonin A., 2016, « Les éleveurs face à la territorialisation des brousses : repenser le foncier pastoral en Afrique de l’Ouest », Annales de géographie, no 707, p. 28-50.
Gonin A., Gautier D., 2016, « FulBe’s Territorialities and Social Differentiation in Western Burkina Faso », Nomadic People, vol. 20, no 1, p. 62-87.
Gonin A., Gautier D., 2015, « Shift in Herders Territorialities from Regional to Local Scale: The Political Ecology of Pastoral Herding in Western Burkina Faso », Pastoralism, vol. 5, no 7, https://link.springer.com/article/10.1186/s13570-015-0023-z (consulté en novembre 2017).
Mis en ligne sur Cairn.info le 14/02/2018
https://doi.org/10.3917/ried.233.0033
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