CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) développe dès les années 1970 une stratégie d’ouverture et se montre soucieuse de prendre en compte toutes les révoltes : intervention au sein de la jeunesse scolarisée, importance du « travail armée [1] », sensibilité à l’environnement et au nucléaire. Néanmoins, le « travail femme » occupe une place particulière. L’historien Jean-Paul Salles démontre que l’organisation politique s’est laissée surprendre par le surgissement du Mouvement de libération des femmes (MLF), mouvement féministe autonome et non-mixte [2]. Né dans le sillage des événements de mai-juin 68, ce mouvement social demande que les questions d’ordre privé soient reconnues et traitées comme politiques et s’oppose aux formes de militantisme traditionnel. Cette contestation ne tarde pas à se diffuser dans des univers sociaux variés [3], comme les syndicats et les partis à gauche de l’échiquier politique et notamment au sein de la Ligue communiste révolutionnaire.

2 Diverses études nous permettent de retracer l’histoire des trotskysmes en France [4]. Peu adoptent une perspective de genre [5], pourtant, plusieurs publications ont mis au jour le déploiement des rapports sociaux de sexe dans les activités militantes [6]. C’est au début des années 2000 que Jean-Paul Salles entreprend de restituer l’histoire de la LCR de 1968 à 1981. Sa thèse, publiée en 2005, constitue aujourd’hui l’ouvrage de référence. Ses développements sur le « travail femme » montrent comment l’organisation s’est trouvée bouleversée par la prise en compte de cette oppression spécifique [7]. Florence Joshua poursuit ces recherches, souhaitant éclairer les transformations de l’engagement au sein de l’organisation sur le temps long [8]. Selon elle, « l’irruption des revendications féministes et homosexuelles au sein du parti a contribué à faire reculer la violence symbolique exercée par un modèle dominant de militantisme masculin [9] ». L’investissement des militantes de la Ligue au sein du mouvement féministe autonome et non-mixte et le développement de la tendance « lutte des classes » ont été soulignés par les analyses du MLF [10]. Josette Trat commence à restituer « l’histoire oubliée » du courant « féministe lutte des classes » en coordonnant un ouvrage consacré aux Cahiers du féminisme, revue féministe de la LCR éditée de 1977 à 1998 dont elle fut l’animatrice [11].

3 La LCR – et plus généralement les organisations d’extrême gauche et de gauche – est déstabilisée par le féminisme des années 1970 car elle connaît des « contestation[s] par ses militantes de [ses] structures et de [ses] modes de fonctionnement [12] ». Je me propose de revenir sur ce processus de contestation, en m’appuyant sur l’exemple toulousain [13]. La Ligue, bien implantée au sein de la ville [14], se trouve confrontée à l’irruption de mouvements féministes locaux relativement dynamiques. L’analyse des rapports de la LCR au féminisme s’étant principalement construite au niveau national, il s’agit ici de faire travailler le « jeu d’échelle » afin d’effectuer des comparaisons entre espaces de contestation [15]. L’étude de cas permet ainsi de mettre en avant les spécificités toulousaines par rapport à la situation parisienne ; puis de souligner les liens, les logiques d’entraînement et d’imitation de ces mobilisations et contestations à l’échelle nationale. Cette étude s’appuie sur l’hebdomadaire de la LCR – Rouge – et la presse féministe nationale, sur les fonds d’archives de la Maison des femmes de Toulouse [16] et sur les fonds privés d’anciennes militantes de la LCR toulousaine ayant participé au mouvement féministe local [17], enfin, sur une série d’entretiens réalisés dans le cadre d’un master 1 [18] et d’une thèse.

La place des femmes au sein de l’organisation

4 La Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR), fondée le 2 avril 1966 à Paris par environ trois cents jeunes, est une organisation politique bien implantée dans les milieux universitaires toulousains, notamment en lettres, et dans quelques lycées par le biais de meetings, actions et ventes de journaux [19]. Elle s’investit dans l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), qu’elle influence en grande partie avec le Parti communiste internationaliste (PCI). La JCR joue un rôle considérable dans les luttes anti-impérialistes [20] et au cours des événements de mai-juin 68. À Toulouse, ces événements prennent de l’ampleur le 23 avril 1968, à la suite de la tentative d’assassinat de Rudi Dutschke [21]. Le Mouvement du 25 avril apparaît à la suite d’une manifestation de soutien au militant allemand. Il s’agit d’une structure unitaire regroupant toutes les tendances de la lutte étudiante dans lequel la JCR exerce une influence relativement importante. Rejoints par les travailleurs le 11 mai 1968, des grèves et des manifestations massives sont organisées, comme partout en France. Tout ceci renforce les bases militantes de la JCR [22] mais le gouvernement dissout onze organisations en juin 1968, dont cette dernière.

5 S’il est difficile de savoir combien de militantes compte la JCR toulousaine à cette époque, durant les événements de mai-juin 68, les femmes se mobilisent autant que les hommes dans les amphithéâtres ou les manifestations, elles animent des comités d’action et font grève dans les entreprises. La jeunesse refuse de vivre selon les mœurs rigides de cette époque et désire transformer les rapports de sexe au sein de la société, laissant croire aux militantes que « pour elles aussi, sous les pavés se [trouve] la plage [23] ». Irène Corradin, Danièle Delbreil ou encore Violette Marcos s’en souviennent mais soulignent que « Les prises de parole étaient difficiles [24] » ; et précisent que « dans les manifestations, les figures masculines étaient largement dominantes [25] », ce que confirment les nombreux clichés pris au cours des événements [26]. En effet, le mouvement revendique la liberté sexuelle [27] mais sans prendre en compte l’oppression spécifique dont les femmes sont victimes. Pour la majorité des militants masculins, la question de la « condition féminine » est générée par le capitalisme et disparaîtra avec lui. Les leaders masculins sont des héros plutôt virils et la répartition des tâches au sein des comités perpétue la hiérarchie sexuée dans les universités en grève comme dans les usines [28].

6 Pour Florence Joshua, les militants et militantes de la JCR, devenue la Ligue communiste (LC) en 1969 puis la LCR en janvier 1975 [29], n’échappent pas à la règle puisqu’ils et elles sont influencées par le corpus théorique légué du mouvement ouvrier et des théoriciens de la révolution russe d’octobre 1917 [30]. L’organisation est marquée par un modèle de militantisme masculin : « héroïsation de figures quasi exclusivement masculines » ; « valorisation des comportements pensés comme masculins tendant à exclure les femmes du jeu partisan » [31]. Jean-Paul Salles précise qu’au cours des années 1970, la Ligue ne se distingue guère des autres partis politiques concernant la place qu’y occupent les femmes : peu représentées dans les instances de direction et lors des élections, les tâches de trésorières leur sont en revanche volontiers confiées [32]. À Toulouse, les militantes avec qui je me suis entretenue évoquent bien souvent les tâches « secondaires » qui pouvaient parfois leur être données et les difficultés qu’elles éprouvaient lors des prises de parole. Monique-Lise Cohen [33], militante de la Ligue depuis 1968 et investie dans les groupes femmes toulousains, se souvient :

7

[…] les femmes étaient oppressées pas seulement à l’intérieur de la société patriarcale mais également à l’intérieur des partis politiques eux-mêmes, cette oppression-là ne pouvait se résorber d’elle-même, il fallait qu’il y ait un désir, une volonté venant de notre part pour venir à bout de cette oppression. Dans les partis, les hommes prenaient la parole et nous, nous tapions les tracts, ce n’est pas que ça mais c’était un peu comme cela [34].

8 En effet, si le militant est « souvent conçu comme un être asexué, une figure abstraite et générale qui existerait hors du système de genre [35] », de récentes études ont saisi les logiques par lesquelles les questions de genre imprègnent les organisations politiques [36]. Faible présence des femmes – notamment aux postes de direction – ou encore division sexuée du travail partisan, « ce sont […] des organisations qui, par leur fonctionnement [et à des degrés divers], ordonnent et hiérarchisent les sexes [37] ».

9 Pourtant, la JCR et plus généralement le mouvement de Mai 68 contribuent involontairement à l’émancipation des femmes. Ils mettent en avant des revendications relatives au corps et à la liberté, participent à l’accélération de la prise de conscience de la spécificité de l’oppression féminine et accélèrent la formation politique des militantes du mouvement [38].

L’émergence du MLF et le développement du « travail femme » au sein de la LC (1970)

10 Le 27 août 1970, lendemain du dépôt d’une gerbe de fleurs à la femme du soldat inconnu à Paris par une dizaine de femmes, émerge « officiellement » aux yeux de l’opinion publique le MLF. En octobre 1970, dans un numéro de la revue Partisans publié sous le titre Libération des femmes année zéro, le ton est donné : « Le personnel est politique » déclare Carol Hanisch ; tandis que dans son article « l’ennemi principal », Christine Delphy invite à « Trouver les raisons structurelles qui font que l’abolition des rapports de production capitaliste en soi ne suffit pas à libérer les femmes », à « se constituer en force politique autonome » [39]. En décembre 1970, paraît le numéro zéro de Le Torchon Brûle, journal du mouvement [40]. Ces contestations ne tardent pas à se diffuser dans tout le pays, de petits groupes de femmes se réclamant du MLF émergent peu à peu [41].

11 Ceux-ci se forment à Toulouse dès 1970-1971. Danièle Delbreil, qui ne supporte plus cette « forme de cynisme par rapport aux filles, de violence un peu symbolique » présente au sein de la Gauche prolétarienne (GP) [42], participe avec quelques femmes à leur fondation. Les premières réunions ont lieu chez les unes, chez les autres, puis un premier local du MLF est implanté au 51 rue Bayard. Dans la rue ou sur les marchés, elles vendent Le Torchon Brûle, distribuent des tracts où elles dénoncent par exemple les rôles qui leur sont imposés par la société et réclament l’information sexuelle, la contraception et l’avortement libres [43]. Quelques-unes participent à une rencontre européenne qui se déroule à la Tranche-sur-mer du 25 juin au 2 juillet 1972 [44]. Le mouvement local prend rapidement de l’ampleur, les militantes choisissent un nouveau local rue des Blanchers. En 1973-1974, le MLF compte une soixantaine de militantes [45] et regroupe majoritairement « des femmes universitaires [46] ».

12 La Ligue, « un peu désappointée par ce surgissement qu’elle n’[a] pas vu venir », critique ce nouveau mouvement social composé pour l’essentiel de « petites bourgeoises » [47]. L’organisation préfère se tourner vers les États-Unis où le Women’s Liberation Movement s’est développé dès 1966-1967. Elle reprend trois de ses revendications fondamentales : le développement de crèches gratuites ; le salaire des femmes égal à celui des hommes pour un travail analogue ; l’avortement libre et gratuit ; et soutient en plus la nécessaire diffusion des moyens contraceptifs [48]. Sans véritablement comprendre la nécessité d’un mouvement autonome et non-mixte pour lutter contre l’oppression des femmes, quelques militantes de l’organisation toulousaine se rendent pourtant aux premières réunions du MLF. Elles y vont par curiosité ou par intérêt pour les revendications mises en avant par le mouvement :

13

Moi je me souviens d’une des premières réunions du MLF où j’ai été avec une autre copine, les filles du MLF se sont demandé ce qu’on venait faire là. Nous aussi, cela nous est venu progressivement, on allait à ces réunions parce que cela nous intéressait mais on était en même temps encore très liées, liguées, cela m’intriguait à titre personnel, c’était un peu pour moi en continuité avec certaines choses dans le syndicalisme étudiant, cela me parlait un peu. Après je trouvais que ce n’était pas comme cela qu’il fallait faire, j’étais quand même révolutionnaire [49].

14 Leur participation est très mal perçue par les militantes du MLF toulousain, elles les suspectent par exemple d’être « téléguidées par des hommes [50] ».

15 Si l’organisation décide dans un premier temps de ne pas investir de forces militantes dans le MLF, le Comité Central (CC) prend l’initiative de créer dès le mois de novembre 1970 la commission femmes de la LC [51]. Une douzaine de militantes parisiennes s’y réunissent toutes les deux ou trois semaines. Six militantes forment le Secrétariat femmes. Les villes de province intéressées par cette démarche peuvent désigner une correspondante. Leur objectif : « proposer à l’ensemble de l’organisation, à ses instances dirigeantes et aux différents secteurs d’intervention un certain nombre de thèmes, d’initiatives propagandistes [52] » autour des trois axes de revendication cités précédemment. Par conséquent, des meetings, cercles ouverts, débats sont organisés et un travail de publication est entrepris [53]. Si aucune information n’a encore été trouvée sur l’existence d’une correspondante toulousaine, Jean-Paul Salles constate, après avoir consulté une circulaire datée du 25 avril 1972 invitant à un stage de la commission femmes, qu’en province le « travail femme » a commencé vraiment à Rouen, Toulouse, Rennes, Dijon et Grenoble [54].

16 La prise de position de l’organisation en faveur de la contraception et l’avortement libres et gratuits amène bientôt la Ligue à s’investir dans le développement du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC).

Les luttes pour l’avortement et la contraception libres et gratuits (1973-1979)

17 Dès le mois d’avril 1971, des militantes du MLF parisien et des journalistes du Nouvel Observateur prennent l’initiative de publier le manifeste des 343 femmes déclarant avoir avorté portant sur le devant de la scène la mobilisation pour la liberté de l’avortement [55]. La Ligue fait état de sa parution dans son journal Rouge du 12 avril 1971 [56]. Bien qu’elle prenne part à la mobilisation, elle n’en reste pas moins critique envers les militantes du MLF, refusant une nouvelle fois la perspective d’un « mouvement de masse autonome des femmes en France ». Le Mouvement pour la liberté de l’avortement (MLA) se forme à Paris autour du groupe avortement du MLF tout en étant ouvert aux hommes, le MLF toulousain crée quant à lui un groupe non-mixte : le « Groupe Contraception et Sexualité ». Les militantes y parlent ensemble du corps des femmes, de la sexualité, de l’avortement, de l’amour, du couple. Elles se prononcent pour la liberté de l’avortement et revendiquent une information réelle sur la contraception. Elles organisent des manifestations, tiennent une permanence dans le local de la rue des Blanchers tous les lundis et mercredis, distribuent des tracts dans les usines et quartiers pour informer les femmes de l’existence de divers moyens contraceptifs ou des lieux de consultation existants en milieu hospitalier, font des interventions dans les collèges et lycées, participent aux manifestations nationales qui se tiennent à Paris [57].

18 Dès 1972, des médecins militants français découvrent la méthode Karman qui consiste à aspirer le contenu de l’utérus à l’aide d’une canule et d’une seringue dans les six à huit premières semaines de la grossesse. Plusieurs groupes s’intéressent à cette pratique parmi lesquels le Groupe Information Santé (GIS). Créé par de jeunes médecins politisés à l’extrême gauche, le groupe ne tarde pas à rassembler des médecins et professionnels de la santé ayant un engagement préalable ainsi que des non-médecins qui souhaitent réfléchir à la manière de pratiquer la médecine en dehors des rapports de pouvoir et d’argent [58]. Le GIS dispose d’un local à Toulouse situé au 2 rue Duguay-Trouin. Parmi les médecins du groupe sont présents quelques militants de la LC, notamment le docteur Giron. Il distribue des tracts pour dénoncer la propagande mensongère de la presse et des médecins sur les dangers de la pilule ; des modes d’emploi sur la contraception dans les grandes surfaces et organise plusieurs réunions à la salle de la Fourguette et à la faculté de médecine [59]. Le groupe pratique également des avortements à l’aide de la méthode Karman. Quelques militantes du MLF toulousain découvrent cette méthode aux côtés des médecins du groupe, Danièle Delbreil et Elisabeth Lapeyrade se souviennent par exemple de cette initiation [60]. Comme le précise Bibia Pavard, « la découverte de la méthode Karman a pour conséquence la convergence de deux mouvances en faveur de l’avortement libre : les médecins militants et les féministes [61] ».

19 Le 5 février 1973, est publié le manifeste des médecins du GIS parisien, élaboré avec des médecins de Grenoble, dans lequel ils déclarent pratiquer des avortements ou aider à en pratiquer en dehors de tout trafic financier. Ils réclament l’accès de tous à l’éducation sexuelle et à la contraception ainsi que les contraceptifs et l’avortement libre remboursés par la sécurité sociale [62]. Les militantes du MLF soutiennent aussitôt cette initiative [63], tout comme la Ligue qui lui consacre une double page dans son journal Rouge [64] où elle félicite le courage de ces jeunes médecins en rupture avec leur Ordre. Dès la parution du manifeste, l’organisation toulousaine publie un numéro spécial dans lequel figure la liste d’une quinzaine de médecins du GIS de la région déclarant soutenir et signer ce manifeste [65]. Ces signataires organisent une conférence de presse le 16 février 1973 au Clocher de Rodez. Le GIS y fait part de son intention de multiplier les actions : « En plus des meetings qu’ils envisagent d’organiser, sera pratiquée “l’information sauvage” dans des lieux de grande affluence tels que les hypermarchés [66]. » À la suite de cette conférence, cent trente-neuf médecins de Toulouse et de la région rejoignent cette initiative et signent « le manifeste des médecins de la région toulousaine [67] ».

20 Sur la base de cette coopération, une section locale du MLAC est formée dont les statuts sont déposés à la préfecture de la Haute-Garonne le 11 avril 1973. Elle regroupe des militants et militantes du GIS, de la LC, du MLF et à partir de 1974 du Planning familial [68]. Le siège du mouvement se situe rue Bayard ; très rapidement plusieurs équipes de quartier émergent principalement en banlieue : à Bagatelle, Empalot, Rangueil, Colomiers, aux Ponts des Demoiselles, au Mirail [69]. Ce mouvement mixte défend la libre disposition du corps des femmes et s’inscrit pleinement dans la pratique militante des avortements : interruptions de grossesses à l’aide de la méthode Karman ; voyages vers la Hollande et l’Angleterre pour les femmes désirant se faire avorter ; propagande sur les moyens anticonceptionnels ; meetings ; avortements publics ; manifestations pour défendre l’avortement et la contraception libres et gratuits ; actions de soutien aux événements nationaux ; manifestations dans les centres hospitaliers pour obtenir le soutien des médecins et hôpitaux de la ville ; diffusion des films Histoire d’A et Liberté au féminin, etc. [70]. Toutefois des dissensions apparaissent au sein de l’association. Jean-Paul Salles souligne que les membres de la LC seraient plutôt hostiles à la pratique militante des avortements, lui préférant « une mobilisation pour qu’une nouvelle loi permette l’avortement en milieu hospitalier [71] ». Mais à Toulouse, Agnès Fine [72], militante de l’organisation à cette époque, se souvient qu’ils se sentaient « un peu sécurisés » et « fiers » car ils avaient « un vrai médecin qui pratiquait des avortements Karman » : le docteur Giron [73]. Céline Mathieu fait état d’un conflit entre la LC et Révolution ! souhaitant respectivement « s’approprier le mouvement » [74].

21 La loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est votée le 29 novembre 1974, elle dépénalise l’avortement dans certaines conditions pour une durée de cinq ans. Les militantes et militants du MLAC lui reprochent de ne pas prévoir le remboursement de l’IVG par la sécurité sociale et de ne pas concerner les mineures, mais le mouvement se met en veille. Le réexamen de la loi en 1979 redonne lieu à une vaste mobilisation. À Toulouse, à l’appel de la commission Avortement/Contraception/Sexualité des groupes femmes [75], un Collectif Avortement Contraception se forme en février 1979 afin d’impulser une action, la plus unitaire possible, où toutes les organisations apparaîtraient ensemble publiquement tout en gardant leur identité [76]. La LCR répond à l’appel et y participe aux côtés de quelques partis politiques, syndicats, groupes féministes locaux. Le collectif se constitue autour d’une plateforme unitaire intitulée « Avortement, contraception : droit de toutes les femmes [77] ».

22 Vers le milieu des années 1970, des militantes de l’organisation s’investissent dans la construction du mouvement féministe autonome et non-mixte et participent au développement de la tendance « lutte des classes » du MLF.

L’investissement des militantes de la Ligue dans le mouvement féministe autonome et non-mixte (1974)

23 À Paris, le cercle Elisabeth Dimitriev, impulsé en grande partie par des militantes de l’Alliance Marxiste Révolutionnaire (AMR), développe dès 1971 le courant « lutte des classes » du MLF : elles souhaitent combiner à l’intérieur du mouvement autonome des femmes lutte féministe et combat anticapitaliste [78]. Si la domination masculine précède l’émergence de la propriété privée, le capitalisme intègre cette ancienne domination dans de nouveaux rapports sociaux : une ouvrière sera toujours plus opprimée qu’une bourgeoise. L’intervention de militantes de la Ligue puis de Révolution ! vient par la suite cartelliser la tendance, les premières développant les Pétroleuses et les secondes les Femmes travailleuses en lutte. La LCR se donne comme objectif en décembre 1974, lors de son premier congrès, d’impulser des groupes femmes dans les entreprises et les quartiers et confie aux Pétroleuses une double fonction : relier tous les groupes femmes grâce à des coordinations locales, régionales, nationales, de secteurs et des rencontres ponctuelles ; être représentatives de la tendance « lutte des classes » du MLF. Les militantes des groupes femmes qui font directement le lien entre la lutte des femmes et la lutte des classes et qui s’investissent dans la construction du mouvement doivent se nommer Pétroleuses [79].

24 À Toulouse, ce n’est qu’au mois de mars 1974, à partir d’un groupe MLAC de quartier et à l’initiative de quelques militantes de la Ligue, que se forme le premier groupe femmes « lutte des classes » dans le quartier du Mirail. Appelé groupe femmes Bellefontaine, il réunit des femmes âgées de 30 à 40 ans pour la plupart mères de famille et sans emploi. Beaucoup viennent au groupe pour la première fois car elles ressentent un « ras le bol vague qui est dû à l’isolement et à l’aliénation profonde d’une mère de famille au foyer dans un grand ensemble [80] ». Elles parlent entre elles des enfants, de la famille, de la maternité, de la sexualité, du couple, du travail, etc. Elles souhaitent rencontrer les femmes qui ne viennent pas spontanément au MLF : les femmes des milieux populaires étant sous l’influence du Parti communiste (PC) ou du catholicisme. En effet, « [leur] cause [n’]est [pas] celle de toutes les femmes indistinctement : [elles ne se sentent] pas solidaires de mesdames Royer, Chaban Delmas, Giscard d’Estaing, Le Pen, Pinochet, [qui] tirent toutes profit du système que représente leur mari [81] ». Elles développent des revendications à destination des salariées et interviennent dans les entreprises où ont émergé des « grèves féminines », moments privilégiés d’une prise de conscience globale concernant l’oppression dont les femmes sont victimes [82].

25 En juin 1974, après avoir lu le numéro 0 des Pétroleuses, une vingtaine de femmes du groupe se rend en car à la rencontre de Bièvres [83]. À leur retour, elles décident d’organiser une rencontre au Clocher de Rodez pour que d’autres groupes se créent au sein de la ville. Des groupes femmes émergent peu à peu dans les quartiers, les lycées, les universités, les lieux de travail. En 1976, il en existe une douzaine qui réunissent plus d’une centaine de femmes âgées de 15 à 50 ans [84]. Les militantes mettent en place des structures permettant la coordination des groupes locaux : un collectif où se réunissent tous les quinze jours ou tous les mois une ou deux filles de chaque groupe ; une structuration régionale prise en charge par le collectif ; la tenue d’assemblées générales au sein de la ville ; des commissions de travail inter-groupes par thèmes ; la publication du Journal des groupes femmes de Toulouse et enfin l’ouverture d’un Centre d’Information des Femmes vers 1977 [85]. Elles permettent aux groupes femmes de réfléchir, s’unir et lutter ensemble pour la libre disposition du corps des femmes, contre les violences faites aux femmes, pour le droit des femmes au travail, etc. [86].

26 Au sein des groupes interviennent des militantes de la Ligue, de Révolution ! ainsi que des femmes peu ou non politisées. Si les militantes de Révolution ! apparaissent très rapidement en tant que Femmes travailleuses en lutte, l’intervention des militantes de la Ligue en tant que Pétroleuses n’est pas sans poser problème. Cette dénomination est vivement critiquée par certaines militantes de l’organisation toulousaine pour qui il faut « Construire le mouvement autonome des femmes… Et pas les Pétroleuses [87] !... ». En effet, l’absence de l’AMR et la faible présence de Révolution ! permettent l’existence d’un « rapport de force » au sein du mouvement des groupes femmes qui leur est souvent favorable [88]. Des groupes féministes « lutte des classes » non reliés aux Pétroleuses apparaissent au sein de la ville. Cette dénomination est fortement associée à la Ligue et œuvrer à son ralliement leur apparaît « minorisant, sectaire, et surtout contradictoire avec le projet d’unification des groupes femmes, explicitement liés à la lutte des classes (Révo, centristes…) [89] ». Par conséquent, elles reprochent à la LCR de poursuivre ce projet sans tenir compte de la réalité nationale du mouvement puisqu’en régions il semble inadapté, et de nombreuses militantes de l’organisation refusent de l’adopter. La Ligue finit par relativiser cette dénomination, puis par l’abandonner, au profit de la construction d’un « mouvement permanent, de masse, sur des “bases de classes”, autonome, fédératif et unitaire », ce qui provoque le « soulagement » des militantes toulousaines, ce projet ayant été à l’origine de « débats impossibles » au sein des groupes femmes [90].

27 À terme, les militantes de la LCR souhaitent qu’au sein du mouvement autonome tous les groupes femmes ayant une pratique de classe interviennent. Les syndicats sont des lieux d’intervention privilégiés [91], il faut « favoriser le lien “physique” nécessaire […], entre le mouvement des femmes et les syndiquées favorables aux idées féministes [92] ». Par conséquent, les groupes femmes organisent plusieurs initiatives auxquelles sont conviés les syndicats et participent aux manifestations intersyndicales à l’occasion du 8 mars ou du 1er mai [93]. Toutefois, ils restent mal perçus, par exemple, au cours de la manifestation du 1er mai 1976, les syndicats refusent de manifester à leurs côtés et les militantes sont « violemment agressées, frappées et injuriées (putains !, salopes !…) par des militants de la CGT [94] ». Les quelques syndiquées présentes en leur sein s’investissent également dans les commissions femmes de leur centrale afin d’effectuer une réelle transformation des idées syndicalistes sur la question des femmes. En 1977, sept commissions femmes syndicales semblent exister au sein de la ville mais peu d’informations ont été récoltées à ce jour concernant leur fonctionnement [95].

28 Le « travail femme » semble être devenu au cours des années 1970 l’une des priorités de l’organisation politique : défense des revendications féministes, création d’une équipe nationale d’animation de l’intervention féministe, investissement dans le MLAC puis des militantes au sein même du mouvement féministe autonome et non-mixte. Toutefois, comme le rappelle Josette Trat, cette intervention s’est heurtée à de nombreux obstacles, tant internes qu’externes [96].

L’évolution difficile du « travail femme » et l’échec de la construction d’un mouvement unitaire sur des bases de classes

29 L’investissement des militantes de l’organisation sur ce terrain ne fait pas pour autant disparaître le machisme présent au sein de la Ligue. Conséquence de leur double appartenance, des militantes le dénoncent et ressentent le besoin de se réunir entre elles au sein même de l’organisation. En 1974, lors de son premier congrès, la LCR accepte la formalisation éventuelle de groupes femmes non-mixtes, appelés groupes Sand, destinés à lutter contre le sexisme interne [97]. Mais certaines militantes évoquent la perpétuelle remise en cause de cette décision, la persistance de comportements machistes et la marginalisation du « travail femme » au sein de l’organisation. Par exemple, au cours de la seconde moitié des années 1970, la commission Sand-Toulouse (composée de vingt-cinq toulousaines, d’une agenaise, d’une montalbanaise et d’une tarbaise) publie un article dans lequel elle dénonce la sous-représentation des femmes, l’absence de démocratie pour les militantes, les affrontements entre leaders, l’agressivité [98]. Durant un stage étudiant [99],

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[…] des militants de l’orga […] déshabillent du regard la moindre fille qui passe à leur côté, ou qui se lève tremblante, pour tenter de se faire entendre. Clins d’œil entre mecs, chuchotements sur la façon dont elle est foutue, petits sourires ironiques, chansons de Sardou passées à tue-tête dans le bistrot, pour se défouler ; réflexion d’un militant : « Si on ne peut plus draguer les filles dans un stage maintenant, où allons-nous ? » Agressions partout comme dans la rue, dans un bistrot, dans la vie de tous les jours, les retrouver dans l’orga, à l’état brut, en passant pour des hystériques ou autre si on ne les supporte pas, ou pire, si l’on craque, seule dans son coin, si l’on chiale un bon coup, impuissante… [100]

31 Lorsque les militantes demandent du temps pour se réunir en groupe Sand, la direction impose un débat de deux heures pour savoir si leur demande est justifiée ou non.

32 Par conséquent, durant la seconde moitié des années 1970, la Ligue semble confrontée à une « crise profonde, crise de femmes dans l’organisation, crise de l’orientation [101] ». Peu avant la tenue du second congrès de la LCR, cinq parisiennes, trois toulousaines, trois marseillaises, deux rouennaises, une paloise et une lyonnaise, appellent à la constitution d’un groupe de travail non-mixte [102]. Le 8 décembre 1976, le groupe se forme autour des constats suivants : la non-participation de 70 % des femmes de la LCR aux débats ; la démission de nombreuses militantes de l’organisation ; le fait qu’il faille impulser la lutte pour leurs revendications spécifiques de femmes au sein de la LCR ; le fait que les femmes soient encore des « potiches » dans l’organisation et non pas des êtres politiques à part entière [103]. À la suite de cet appel, des groupes de travail non-mixtes se constituent dans les villes et les sections mais le CC désapprouve la non-mixité de leur regroupement et interdit toute coordination nationale. Il supprime les finances pour leurs rencontres et les moyens de diffusion en direction de toute l’organisation. Néanmoins, quelques textes sont élaborés ; des débats sont enregistrés et un rapport collectif est rédigé pour la conférence nationale femmes. Les militantes souhaitent se battre pour l’inclusion de la dimension féministe de leur travail dans les thèmes de discussion du second congrès de la LCR et pour le maintien des groupes Sand [104].

33 Soucieuse de pallier ces carences, le CC et le secrétariat femmes sont chargés en janvier 1977, lors du second congrès de la LCR, de préparer une conférence nationale de toute l’organisation sur ces questions [105]. Durant celle-ci, le parti décide de lancer une revue, Les Cahiers du féminisme, destinée à constituer « un fer de lance susceptible de modifier le rapport de force interne à la Ligue en faveur du féminisme [106] ». Néanmoins, lasses de ces batailles perpétuelles, nombre de militantes finissent par quitter la LCR au cours de ces années. Par exemple, Monique-Lise Cohen et Agnès Fine décident de partir suite au refus de l’organisation de s’associer à Choisir lors des élections législatives de 1978 [107].

34 De plus, dans la seconde moitié des années 1970, la construction d’un mouvement féministe unitaire sur des bases de classes échoue. Malgré l’existence de coordinations locales, la commission nationale femmes constate, en 1976, le repli des groupes femmes sur leur vécu [108]. À Toulouse, le constat des militantes de la LCR est sans appel : « marginalisation », « stagnation », « impasse », « errements politiques », sont autant de termes employés pour évoquer les « évolutions » du mouvement. Cet échec serait dû, d’une part, à la marginalisation du « travail femme » au sein de l’organisation entraînant de ce fait une absence de perspectives pour la construction du mouvement unitaire sur des bases de classes ; d’autre part, aux degrés de politisation divers des militantes qui composent les groupes femmes. Dans un bilan sur le fonctionnement du Mouvement des groupes femmes de Toulouse, les militantes de la LCR précisent que deux courants semblent s’être formés en son sein : d’un côté, des femmes proches de leurs positions, c’est-à-dire préoccupées par la construction du mouvement unitaire sur des bases de classes ; de l’autre, des femmes bercées par « l’illusion […] que le mouvement grossira tel qu’il est par la simple force de son existence et de ce qu’il représente comme lieu où les rapports entre femmes sont différents, où [elles sont] toutes sœurs. La jonction avec le mouvement ouvrier [étant] ressentie comme quelque chose en plus [109] », le second semble alors l’emporter.

Conclusion

35 Les militantes et militants de la Ligue toulousaine se sont rapidement investis dans le « travail femme » de l’organisation. Ils et elles participent au côté de groupes locaux aux luttes pour l’avortement et la contraception libres et gratuits ; puis ses militantes construisent un mouvement unitaire « lutte des classes » propageant de ce fait, au sein du mouvement féministe toulousain, une orientation alternative. Néanmoins, ses militants et militantes ne se contentent pas de suivre la « ligne » adoptée et tentent de s’adapter et parfois d’imposer au sein de leur parti la reconnaissance d’un contexte local particulier. Par exemple, les militantes de la Ligue toulousaine refusent d’intervenir dans le mouvement des femmes en tant que Pétroleuses puisque le projet semble inadapté au contexte local. Ainsi, les militantes investies dans le mouvement autonome des femmes ne cessent de dénoncer le « parisianisme » dont fait preuve leur organisation [110] obligeant la LCR à abandonner le projet – qui vise à organiser les militantes de l’organisation – au profit de la construction d’un mouvement unitaire avec d’autres organisations. Enfin, du fait de leur double appartenance, certaines luttent pour que la question des femmes devienne l’une des priorités de la LCR et plus largement de l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier, participant à la « déconstruction des processus de domination masculine » présents dans leur parti [111]. Ainsi, en souhaitant s’investir sur le terrain des femmes, la LCR a été bouleversée durablement par les contestations féministes des années 1970.

Annexe n° 1 : Trajectoire de Monique-Lise Cohen

36 Monique-Lise Cohen entreprend des études de philosophie à Toulouse. En 1968, elle devient professeure de philosophie dans un lycée à Castelnaudary et s’investit dans la Ligue communiste (LC). Victime de la répression visant à faire sortir les maîtres auxiliaires qui ont participé au mouvement de Mai 68 et qui militent dans les groupuscules d’extrême-gauche, elle reçoit en 1970 un rapport d’inspection très négatif qui l’empêche d’enseigner. Elle obtient un poste de surveillante dans un lycée puis passe un concours qui lui permet d’entrer à la mairie de Toulouse. Elle travaille à la bibliothèque municipale où elle termine sa carrière. Parallèlement, elle devient syndicaliste CGT. Dès 1975, elle s’investit dans les groupes femmes « lutte des classes » locaux et dans la commission féminine de l’Union départementale CGT. À la bibliothèque, elle participe à la création d’un groupe femmes syndiquées/non syndiquées afin d’exprimer des revendications liées à sa profession, c’est-à-dire, des augmentations de salaire, l’égalité avec les hommes et la signature de leurs travaux de recherche. Le groupe femmes réclame aussi le droit de passer en catégorie A, ce qu’il obtient finalement. En 1978, après l’échec de la LCR aux élections législatives, Monique-Lise Cohen quitte l’organisation politique. Dans le mouvement féministe, elle ressent le désir d’écrire. Ce désir se manifeste dans Différence, le journal de l’association féministe toulousaine Esclarmonde ; et en 1989, elle soutient sa thèse en lettres réalisée sous la direction d’Henri Meschonnic sur « Le thème de l’émancipation des Juifs : archéologie de l’antisémitisme. » Ayant soutenu sa thèse et parallèlement à sa carrière de bibliothécaire, elle se lance dans l’écriture de nombreux ouvrages dont les principaux tournent autour de la question du judaïsme.

Annexe n° 2 : Trajectoire d’Agnès Fine

37 En 1961, Agnès Fine part d’Agen pour faire une licence d’histoire et de sociologie à la Sorbonne, diplômes qu’elle valide en 1965. Elle soutient une thèse en histoire – spécialité démographie historique – sous la direction de Marcel Reinhard en 1970 sur « La population de la Seine-et-Oise pendant la première moitié du xix e siècle. » Parallèlement, elle s’inscrit à l’Institut de Démographie de Paris pour devenir démographe. Avant 1968, elle fréquente l’équipe nationale de la Jeunesse Étudiante Chrétienne (JEC), s’intéresse aux activités de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), et participe à la fondation de la Jeunesse Universitaire Chrétienne (JUC). En 1968, elle commence à militer à la JCR. En 1971, elle obtient un poste d’assistante à l’université Toulouse – Le Mirail, elle y enseigne la démographie historique et sociale. Elle s’investit de 1971 à 1978 dans la LC toulousaine devenue par la suite LCR. En 1974 elle participe à la création du premier groupe femme « lutte des classes » dans le quartier du Mirail. En 1979, elle fonde – avec une dizaine d’assistantes et maîtresses-assistantes – le Groupe de recherches interdisciplinaire d’études des femmes (GRIEF) à l’université du Mirail, un groupe qui participe au développement et à l’institutionnalisation des études féministes. De 1980 à 1993, elle est maîtresse-assistante puis maîtresse de conférences à l’UER d’histoire de l’université Toulouse – Le Mirail. Elle soutient une thèse en anthropologie sociale et historique à l’EHESS de Paris sur « L’inceste spirituel. Fonctions symboliques de la parenté spirituelle en Europe » puis devient professeure des universités de 1993 à 2001 à l’université Toulouse – Le Mirail. En 2001, elle devient directrice d’études à l’EHESS de Toulouse (Centre anthropologie), un poste qu’elle occupe jusqu’à sa retraite en 2013. Suite à son investissement dans les groupes femmes « lutte des classes » durant les années 1970, son engagement féministe se fait au travers de la recherche. Elle participe en 1995 à la création de la revue Clio, Femmes, Genre, Histoire destinée à valoriser les recherches en histoire des femmes et du genre ; elle dirige depuis 2008, avec Michelle Zancarini-Fournel, la collection « Le temps du genre » aux Presses universitaires du Midi (PUM) ; et elle participe également, dans les années 2000, à la fondation d’Arpège, un réseau visant à promouvoir les recherches sur le genre.

Notes

  • [1]
    Mobilisation de l’organisation sur des thèmes antimilitaristes.
  • [2]
    Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire (1968-1981). Instrument du Grand Soir ou lieu d’apprentissage ?, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, p. 197-199.
  • [3]
    Voir Laure Bereni, La bataille de la parité. Mobilisations pour la féminisation du pouvoir, Paris, Economica, « Études politiques », 2015 ; Laure Bereni, « Penser la transversalité des mobilisations féministes : l’espace de la cause des femmes », in Christine Bard (dir.), Les féministes de la deuxième vague, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 27-41.
  • [4]
    Une bibliographie très complète a été publiée dans le deuxième numéro de la revue Dissidences. Voir https://revuesshs.u-bourgogne.fr/dissidences/document.php?id=587. Voir également la bibliographie réalisée par l’association RaDAR : http://www.association-radar.org/spip.php?article74.
  • [5]
    Le genre, en tant que concept, permet de rendre visible les relations de pouvoir entre hommes et femmes et d’interroger la construction sociale des identités. Voir par exemple les ouvrages de Michèle Riot-Sarcey, Le genre en questions : pouvoir, politique, écriture de l’histoire, Paris, Creaphis Éditions, 2016 ; Françoise Thébaud, Écrire l’histoire des femmes et du genre, Lyon, ENS Éditions, 2e édition revue et augmentée, 2007.
  • [6]
    Voir Catherine Achin, Laure Bereni (dir.), Dictionnaire genre & science politique : concepts, objets, problèmes, Paris, Presses de Sciences Po, 2013 ; Lucie Bargel et Xavier Dunezat, « Genre et militantisme », in Olivier Fillieule, Lilian Mathieu, Patricia Roux (dir.), Dictionnaire des mouvements sociaux, Paris, Presses de Sciences Po, 2009, p. 248-255 ; Olivier Fillieule, Patricia Roux (dir.), Le sexe du militantisme, Paris, Presses de Sciences Po, 2009 ; « Militantisme et hiérarchie de genre », Politix, vol. 20, n° 78, 2007.
  • [7]
    Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire, op. cit. (n. 2), p. 197-215. Voir également Guillaume Bellart, « Une révolution dans la révolution ? Théories et pratiques du féminisme dans l’extrême-gauche maoïste et trotskiste en France, du début des années 70 à nos jours », Mémoire d’IEP, université de Grenoble II, 1998 ; Jessica Lathus, « Le féminisme et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) de 1968 à 1978 », mémoire de Maîtrise sous la direction de Jean-Paul Salles et Laurent Vidal, université de La Rochelle, 2004.
  • [8]
    Florence Joshua, Anticapitalistes : une sociologie historique de l’engagement, Paris, Éditions La Découverte, 2015.
  • [9]
    Ibidem, p. 178.
  • [10]
    Claire Duchen, Feminism in France: From May 1968 to Mitterrand, Londres, Routledge, 1986 ; Antoinette Fouque (dir.), Génération MLF (1968-2008), Paris, Des femmes – Antoinette Fouque, 2008 ; Naty Garcia Guadilla, Libération des femmes, Le MLF, Paris, Puf, 1981 ; Françoise Picq, Libération des femmes, quarante ans de mouvement, Brest, Éditions-dialogue.fr, 2011 ; Monique Remy, Histoire des mouvements de femmes : de l’utopie à l’intégration, Paris, L’Harmattan, 1990.
  • [11]
    Josette Trat (coord.), Cahiers du féminisme. Dans le tourbillon du féminisme et de la lutte des classes (1977-1998), Paris, Syllepse, 2011 ; Josette Trat, « L’histoire oubliée du courant “féministe lutte des classes” », in collectif Femmes, genre, féminisme, « Les Cahiers de critique communiste », Paris, Syllepse, 2007, p. 9-32.
  • [12]
    Michelle Zancarini-Fournel, « Les partis politiques de gauche au risque de la décennie féministe (1971-1981) », in Gilles Richard, Jacqueline Sainclivier (dir.), Les partis à l’épreuve de 68 : l’émergence d’un nouveau clivage, 1971-1974, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 41-53, p. 42.
  • [13]
    Mes recherches portent sur le développement du MLF en Midi-Pyrénées. Voir http://sms.univ-tlse2.fr/accueil-sms/le-labex-sms/jeunes-chercheurs/theses-en-cours/justine-zeller-327858.kjsp?RH=1350981159731.
  • [14]
    Voir Michel Côme, « La SFQI à Toulouse de 1968 à 1976 », mémoire de Master sous la direction d’Alain Boscus, Toulouse, université de Toulouse – Le Mirail, 2015. La Ligue est fortement implantée en Seine-Maritime, dans le Languedoc-Roussillon et en Haute-Garonne. Voir Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire, op. cit. (n. 2), p. 136.
  • [15]
    Voir Jacques Revel, Jeux d’échelles : la micro-analyse à l’expérience, Paris, Gallimard, 1996.
  • [16]
    Fonds de la Maison des femmes de Toulouse, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [17]
    Fonds privé Agnès Fine, Archives Municipales de Toulouse, non classé ; Fonds privé Monique-Lise Cohen, Archives Municipales de Toulouse, 1Z50.
  • [18]
    Justine Zeller, « Le féminisme tendance “lutte des classes” à Toulouse dans les années 1970 », mémoire de Master 1 sous la direction de Sylvie Chaperon, Toulouse, université de Toulouse – Le Mirail, 2012.
  • [19]
    Avant les événements de Mai 1968, ils seraient une trentaine de militants à Toulouse sur les trois cents cinquante militants que compte l’organisation au niveau national. Michel Côme, « La SFQI à Toulouse », op. cit. (n. 14), p. 83.
  • [20]
    Le 30 novembre 1966, la JCR contribue à créer le Comité Vietnam national (CVN) et soutient toutes les luttes de libération nationale (par exemple, l’organisation lutte contre l’intervention américaine au Vietnam, soutient la lutte révolutionnaire en Amérique latine).
  • [21]
    Le 11 avril 1968, Rudi Dutschke, leader de la Ligue des étudiants socialistes allemands (SDS), est blessé par trois coups de feu. Des milliers d’étudiants et d’étudiantes d’extrême-gauche se soulèvent. Le 23 avril, la JCR et les comités Vietnam (CVN) toulousains manifestent leur soutien. Un cortège d’environ 200 étudiants défile jusqu’à la faculté des Lettres où le doyen Godechot leur permet de s’installer pour échanger avec un étudiant allemand du SDS. Le 25 avril, les étudiants poursuivent la discussion, Daniel Bensaïd est venu leur parler des événements de Nanterre. Des étudiants d’extrême-droite s’opposent toutefois à la tenue de cette réunion. S’ensuit une manifestation où extrême-gauche et extrême-droite continuent à se livrer bataille. Ces événements sont les actes fondateurs du mouvement toulousain.
  • [22]
    Au lendemain des événements de Mai 68, l’organisation compte environ mille militants dont une centaine présents à Toulouse. Michel Côme, « La SFQI à Toulouse », op. cit. (n. 14), p. 87.
  • [23]
    Yannick Ripa, Les femmes, actrices de l’histoire, Paris, Armand Colin, 2e édition revue et augmentée, 2010, p. 139.
  • [24]
    Entretien avec Violette Marcos, réalisé le 11 juin 2008, http://itineraires-militants-68.fr/category/v-marcos/.
  • [25]
    Entretien avec Irène Corradin, date inconnue, http://itineraires-militants-68.fr/category/irene-corradin/.
  • [26]
    Voir Fabienne Arnaud, « La Faculté des Lettres et les événements de Mai 68 à Toulouse : évolution des représentations et relais d’opinion », mémoire d’histoire sous la direction de Pierre Laborie, université de Toulouse – Le Mirail, 1992, volume II, pp. 34-54.
  • [27]
    Voir par exemple Claude Didry, Monique Selim (coord.), Sexe et politique, Paris, L’Harmattan, 2013 ; Philippe Artières, Michelle Zancarini-Fournel (dir.), 68 : une histoire collective (1962-1981), Paris, Éditions La Découverte, 2008.
  • [28]
    Sylvie Chaperon, Les années Beauvoir, 1945-1970, Paris, Éditions Fayard, 2000, p. 347.
  • [29]
    La JCR fusionne avec le PCI en 1969 dans la LC. À nouveau dissoute en juin 1973, elle devient le Front communiste révolutionnaire (FCR) puis la LCR en janvier 1975.
  • [30]
    Florence Joshua, Anticapitalistes, op. cit. (n. 8), p. 179.
  • [31]
    Ibidem, p. 177-209.
  • [32]
    Une seule femme est présente dans le Bureau Politique de 14 membres constitué à l’issue du deuxième congrès de 1977, sept femmes candidates sur 91 candidats aux élections législatives de 1973. Les femmes représentent 29 % des membres de l’organisation au premier congrès de la LCR (1974) et 37 % des sympathisants or elles ne seraient que 16 % dans les directions intermédiaires (DV et DS). Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire, op. cit. (n. 2), p. 197.
  • [33]
    Voir annexe n° 1.
  • [34]
    Entretien avec Monique-Lise Cohen, réalisé en 2012, voir Justine Zeller, « Le féminisme tendance “lutte des classes” », op. cit. (n. 18), p. 184.
  • [35]
    Olivier Fillieule, Lilian Mathieu, Patricia Roux, « Introduction », Politix, vol. 20, n° 78, 2007, p. 7-12, p. 10.
  • [36]
    Voir par exemple Olivier Fillieule, Patricia Roux (dir.), Le sexe du militantisme op. cit. (n. 6).
  • [37]
    Anne-Sophie Petitfils, « Partis politiques », in Catherine Achin, Laure Bereni (dir.), Dictionnaire genre & science politique, op. cit. (n. 6), p. 382-394, p. 382.
  • [38]
    Yannick Ripa, Yannick Ripa, Les femmes, actrices de l’histoire, op. cit. (n. 23), p. 140. Voir également Sylvie Chaperon, « La radicalisation des mouvements féminins français de 1960 à 1970 », Vingtième Siècle, revue d’histoire, vol. 48, n° 1, 1995, p. 61-74 ; Michelle Zancarini-Fournel, « Genre et politique : les années 1968 », Vingtième siècle, n° 75, 2002, p. 133-143.
  • [39]
    « La libération des femmes : année zéro », Partisans, nos 54-55, Maspéro, 1970.
  • [40]
    Six numéros seront par la suite édités de mai 1971 à juin 1973.
  • [41]
    Si les manifestations qui concourent à la fondation du mouvement parisien sont aujourd’hui bien connues, quelques travaux tentent peu à peu de restituer l’histoire des mouvements féministes provinciaux : Centre Lyonnais d’études féministes, Chronique d’une passion : le Mouvement de Libération des Femmes à Lyon, Paris, L’Harmattan, 1989 ; Patricia Godard, Lydie Porée, Les femmes s’en vont en lutte ! Histoire et mémoire du féminisme à Rennes (1965-1985), Rennes, Éditions Goater, 2014 ; Élodie-Cécile Marrel, Mémoire et histoire des féminismes (Angers, 1965-1985), Paris, Centre fédéral de la FEN, 1999.
  • [42]
    Entretien avec Danièle Delbreil, réalisé le 10 décembre 2014.
  • [43]
    Fonds privé Monique Haicault, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [44]
    Voir Le Torchon Brûle, n° 5, p. 18. Cette rencontre féministe est organisée par le groupe Psychanalyse et Politique. Antoinette Fouque souhaite, comme elle l’explique à posteriori, « construire un mouvement original face au Women’s Lib américain, trop orienté vers l’extérieur, la conquête de l’égalité dans le travail, les luttes contre les comportements et les lois discriminatoires », un « mouvement européen héritier de la richesse des idées contemporaines, un mouvement culturel, un mouvement de civilisation et de pensée à l’écoute des émotions, de l’intériorité du sujet, de son identité, soucieux de l’intime ». Voir Antoinette Fouque, Il y a deux sexes. Essais de féminologie, Paris, Gallimard, édition revue et augmentée, « Folio actuel » 161, 2015, p. 199.
  • [45]
    « Liste des participantes MLF 1973/1974 », fonds privé Jacqueline Martin, Archives Municipales de Toulouse, non classé. Certaines d’entre elles ouvrent, à l’automne 1976, la Maison des femmes de Toulouse située rue des Couteliers. Leur objectif : « Interroger et déconstruire la féminitude (imposée depuis des millénaires par l’ordre patriarcal et capitaliste) […]. Une volonté s’affirme, celle de construire une identité “FEMMES”, autrement dit, répondre à la question : “Qu’est-ce qu’être une femme ?”. » Exposition d’Irène Corradin, À Toulouse aussi, des femmes… dans le Mouvement de Libération des Femmes… des années 1970 à aujourd’hui, présentée le 8 mars 2012 à l’Espace des Diversités et de la Laïcité de Toulouse.
  • [46]
    Entretien avec Paule Curvale. Voir Céline Mathieu, « Les mouvements pour la liberté et la gratuité de l’avortement et de la contraception à Toulouse de 1970 à 1974 », mémoire sous la direction de Djamila Amrane et d’Agnès Fine, Toulouse, université de Toulouse – Le Mirail, 1995, p. 238.
  • [47]
    Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire, op. cit. (n. 2), p. 197-198.
  • [48]
    Ibid.
  • [49]
    Entretien avec Claude Bégué, réalisé en 2012. Voir Justine Zeller, « Le féminisme tendance “lutte des classes” », op. cit. (n. 18), p. 168.
  • [50]
    Voir Céline Mathieu, « Les mouvements », op. cit. (n. 46), p. 238. Un texte de Le Torchon Brûle n° 2 adressé « Aux sœurs des organisations principalement trotskystes et maoïstes » fait état de cette extrême méfiance à leur égard, p. 8.
  • [51]
    En revanche, l’organisation s’intéresse plus tardivement à la question homosexuelle. C’est uniquement en 1977, lors de son deuxième congrès, que la LCR décide de créer une Commission Nationale Homosexuelle (CNH) destinée à lancer un travail de masse sur l’homosexualité. Si celle-ci échoue, la Ligue s’investit par la suite dans le Comité d’Urgence Anti-Répression Homosexuelle (CUARH) créé en 1979. Voir Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire, op. cit. (n. 2), p. 211-214.
  • [52]
    Ligue communiste, bulletin intérieur n° 14, supplément à Rouge n° 108, mars 1971, p. 2.
  • [53]
    Ibid. La commission femmes précise avoir publié une brochure sur la contraception et l’avortement, un classique rouge sur « Les Internationales Ouvrières et les Femmes » et des textes sur les femmes dans l’enseignement et dans l’entreprise.
  • [54]
    Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire, op. cit. (n. 2), p. 198.
  • [55]
    Le Nouvel Observateur, n° 334, 5 avril 1971.
  • [56]
    Rouge, n° 109, 12 avril 1971, p. 6. Un mois auparavant, dans un article du journal consacré à l’avortement et la contraception, Christiane Irenes dénonçait les lois de 1920 et 1923 et critiquait la proposition de loi du docteur Peyret. Voir Rouge, n° 104, 8 mars 1971, p. 6.
  • [57]
    Céline Mathieu, « Les mouvements », op. cit. (n. 46), p. 67-71.
  • [58]
    Bibia Pavard, « Genre et militantisme dans le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception. Pratique des avortements (1973-1979) », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, n° 29, 2009, p. 79-96.
  • [59]
    Céline Mathieu, « Les mouvements », op. cit. (n. 46), p. 89.
  • [60]
    Ibidem, p. 73.
  • [61]
    Bibia Pavard, Si je veux, quand je veux : contraception et avortement dans la société française, 1956-1979, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 168.
  • [62]
    « Des médecins s’accusent », Le Nouvel Observateur, 5 février 1973.
  • [63]
    Dans un tract, le MLF de Toulouse déclare approuver « pleinement la déclaration et les actes de ces médecins qui ont enfin pris publiquement position sur le problème de l’avortement dans un sens favorable aux femmes. » Elles invitent les personnes qui le souhaitent à signer une pétition de soutien dans son local le 10 février de 10h à 12h. Voir Céline Mathieu, « Les mouvements », op. cit. (n. 46), p. 182-183.
  • [64]
    Rouge, n° 191, 10 février 1973, p. 10-11. L’organisation réédite également, à la fin du mois, un bulletin entier consacré à l’Avortement et [à la] Contraception libres et gratuits, une seconde édition revue et augmentée : document disponible sur le site de l’association RaDAR, http://www.association-radar.org/spip.php?article894.
  • [65]
    Ligue communiste, Étincelle dossier spécial, fonds privé Agnès Fine, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [66]
    La Dépêche du Midi, 22 février 1973. Voir Céline Mathieu, « Les mouvements », op. cit. (n. 46), p. 188.
  • [67]
    La Dépêche du Midi, date inconnue. Voir Céline Mathieu, « Les mouvements », op. cit. (n. 46), p. 200.
  • [68]
    Céline Mathieu, « Les mouvements », op. cit. (n. 46), p. 90-91.
  • [69]
    En décembre 1973, neuf équipes de quartier existent au sein de la ville. Ibidem, p. 99.
  • [70]
    Ibidem, p. 98-111.
  • [71]
    Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire, op. cit. (n. 2), p. 201.
  • [72]
    Voir annexe n° 2.
  • [73]
    Entretien avec Agnès Fine, réalisé le 18 décembre 2015.
  • [74]
    Suite à ces dissensions, des militantes et militants créent un second groupe qui s’installe rue de la Chaîne. En mars 1974, a lieu une nouvelle scission puisqu’est créé le Groupe pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception (GLAC). Il se veut plus méticuleux sur la pratique militante des avortements. Il ne prend en charge que les femmes dont la gestation est inférieure ou égale à huit semaines et exige que lui soient remis un certificat médical attestant de l’âge de la grossesse, un bilan gynécologique et une carte du groupe sanguin avant toute intervention. Céline Mathieu, « Les mouvements », op. cit. (n. 46), p. 115-120.
  • [75]
    Les groupes femmes de Toulouse créent dès 1976 des commissions de travail par thèmes. Elles permettent la mise en place de réflexions et d’actions communes entre les militantes des groupes. Dès 1977, trois commissions semblent avoir fonctionné : avortement/contraception ; juridique ; et journal. Voir « Bilan du mouvement des groupes femmes (1977) », fonds privé Monique-Lise Cohen, Archives Municipales de Toulouse, 1Z50.
  • [76]
    « Lettre de la commission Avortement/Contraception/Sexualité des groupes femmes de Toulouse », fonds de la Maison des femmes de Toulouse, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [77]
    « Plateforme unitaire « avortement, contraception : droit de toutes les femmes » », fonds de la Maison des femmes de Toulouse, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [78]
    Le groupe développe dès 1971 des « comités MLF » dans les quartiers et pose dès 1972, avec sa plate-forme Sortir de l’Ombre, les bases théoriques de ce courant.
  • [79]
    Ligue communiste révolutionnaire, « Une chance historique pour la révolution socialiste : thèses du 1er congrès de la LCR », Cahier Rouge, Nouvelle série n° 1, p. 50-57.
  • [80]
    « Bilan du groupe femmes Bellefontaine », fonds privé Agnès Fine, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [81]
    « Tract du groupe femmes du Mirail », fonds privé Monique-Lise Cohen, Archives Municipales de Toulouse, 1Z50.
  • [82]
    Voir Les Pétroleuses, n° 3, 1975, p. 14-16.
  • [83]
    Les militantes de la Ligue parisienne proposent d’organiser les groupes femmes « lutte des classes » et les invitent à une rencontre nationale qui se tient à Bièvres les 15 et 16 juin 1974.
  • [84]
    « 2 ans d’histoire. Groupes femmes de Toulouse », fonds privé Agnès Fine, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [85]
    Voir Justine Zeller, « Le féminisme tendance “lutte des classes” », op. cit. (n. 18), p. 72-75 et p. 80-82.
  • [86]
    Ibidem, p. 83-87. Parallèlement, durant la seconde moitié des années 1970, la LCR invite tous ses militants et militantes à participer aux campagnes successives sur les thèmes du viol, de la prostitution. Voir Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire, op. cit. (n. 2), p. 201-204. De plus, ces mobilisations et l’existence de liens d’amitié et amoureux permettent aux groupes femmes de s’unir avec les groupes féministes locaux qui se réclament également du MLF, malgré la présence de divergences théoriques.
  • [87]
    « Construire le mouvement autonome des femmes… Et pas les Pétroleuses !… », fonds privé Agnès Fine, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [88]
    « Construire le mouvement autonome des femmes », fonds privé Monique-Lise Cohen, Archives Municipales de Toulouse, 1Z50.
  • [89]
    Ibid.
  • [90]
    Certaines militantes toulousaines dénoncent le manque de clarté de cette dénomination. Elle aurait provoqué de nombreuses « crispations » au sein des groupes femmes : « Pétroleuses = tendance du MLF ? ou = mouvement ? ou = tendance-creuset-du-futur-mouvement-unitaire ? ou pas de Pétroleuses du tout ! ». Ibid.
  • [91]
    « Le travail femmes en secteur ouvrier », fonds privé Agnès Fine, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [92]
    « Construire le mouvement autonome des femmes », fonds privé Monique-Lise Cohen, Archives Municipales de Toulouse, 1Z50.
  • [93]
    Justine Zeller, « Le féminisme tendance “lutte des classes” », op. cit. (n. 18), p. 76-77.
  • [94]
    « Lettre ouverte aux syndicats », fonds privé Monique-Lise Cohen, Archives Municipales de Toulouse, 1Z50. Monique Rémy rapporte que des événements semblables ont eu lieu à Paris et à Rouen. Voir Monique Rémy, Histoire des mouvements de femmes : de l’utopie à l’intégration, Paris, L’Harmattan, 1990, p. 96. Les syndicats reprocheraient aux groupes femmes, structures autonomes et non-mixtes, de vouloir diviser la classe ouvrière.
  • [95]
    Justine Zeller, « Le féminisme tendance “lutte des classes” », op. cit. (n. 18), p. 77-79.
  • [96]
    Josette Trat (coord.), Cahiers du féminisme, op. cit. (n. 11), p. 15.
  • [97]
    Ligue Communiste Révolutionnaire, Mouvement des femmes et lutte de classe : Résolution et débats, Paris, Éditions de la Taupe Rouge, 1978, p. 57.
  • [98]
    « Commission Sand-Toulouse », fonds privé Agnès Fine, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [99]
    Pour permettre la formation politique et culturelle, la section toulousaine met en place une école de formation centrale afin d’assurer la formation communiste de base et organise tous les ans des stages régionaux au château de Bruguières. Voir Michel Côme, « La SFQI à Toulouse », op. cit. (n. 14), p. 96-99.
  • [100]
    « Commission Sand-Toulouse », fonds privé Agnès Fine, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [101]
    « Suite à l’appel à la création d’un groupe de travail non-mixte », fonds privé Agnès Fine, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [102]
    « Appel à un groupe de travail de femmes », fonds privé Agnès Fine, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [103]
    « Projet de déclaration du groupe de travail non-mixte au congrès », fonds privé Agnès Fine, Archives Municipales de Toulouse, non classé.
  • [104]
    Ibid.
  • [105]
    Cette conférence se déroule au début de l’année 1977. Voir Ligue Communiste Révolutionnaire, Mouvement des femmes et lutte de classe, op. cit. (n. 97).
  • [106]
    Josette Trat (coord.), Cahiers du féminisme, op. cit. (n. 11), p. 15.
  • [107]
    Voir Justine Zeller, « Le féminisme tendance “lutte des classes” », op. cit. (n. 18).
  • [108]
    La majorité fonctionne encore comme des groupes de parole et peine à construire le mouvement. Voir Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire, op. cit. (n. 2), p. 204-205.
  • [109]
    « Bilan du mouvement des groupes femmes », fonds privé Monique-Lise Cohen, Archives Municipales de Toulouse, 1Z50.
  • [110]
    Ceci n’est pas sans rappeler les critiques formulées au sein même du mouvement autonome des femmes. Par exemple, des militantes du mouvement niçois envoient au Torchon Brûle n° 5 la « Lettre des arriérées de province » dans laquelle est dénoncé le « centralisme parisien ».
  • [111]
    Florence Joshua, Anticapitalistes, op. cit. (n. 8), p. 199.
Français

Au cours des années 1970, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) est bouleversée par les contestations de la « seconde vague » féministe. Ses militantes et militants s’investissent dans le « travail femme » de l’organisation aux échelles nationale et locale. Ils et elles participent aux luttes pour l’avortement et la contraception libres et gratuits ; puis ses militantes construisent un mouvement unitaire « lutte des classes » au sein du mouvement féministe autonome et non-mixte. Mais du fait de leur double appartenance, certaines d’entre elles contestent les structures et modes de fonctionnement de la LCR contribuant de ce fait à la « déconstruction des processus de domination masculine » présents au sein même de leur organisation. L’analyse des rapports de la LCR au féminisme s’étant principalement construite au niveau national, s’appuyer sur l’exemple toulousain permet de faire jouer le « jeu des échelles » afin d’effectuer des comparaisons entre les espaces de contestation.

Mots-clés

  • Années 1970
  • Toulouse
  • Ligue communiste révolutionnaire
  • féminisme
  • contestations
Justine Zeller
Justine Zeller est doctorante en histoire contemporaine à l’université Toulouse – Jean Jaurès (Framespa, UMR 5136). Ses recherches consacrées aux relations entre mouvements féministe et ouvrier durant les années 1970 (« Le féminisme tendance “lutte des classes” à Toulouse dans les années 1970 », mémoire de Master 1 sous la direction de Sylvie Chaperon, 2012 ; « Le développement de l’Union des femmes françaises en Haute-Garonne (1968-1980) », mémoire de Master 2 sous la direction de Sylvie Chaperon, 2013) l’ont amenée à travailler, dans le cadre de sa thèse, sur le développement du Mouvement de libération des femmes (MLF) en Midi-Pyrénées. Elle s’intéresse à l’histoire des mouvements féministes locaux (toulousain et tarbais) et, plus largement, à la construction d’un « espace de la cause des femmes » à l’échelle régionale.
Mis en ligne sur Cairn.info le 04/04/2018
https://doi.org/10.3917/rhis.181.0123
Pour citer cet article
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