CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Un complot antiéthiopien ?

1L’Éthiopie n’évoque pas seulement les famines dans l’esprit de nos contemporains; s’y mêlent des images de Haylä Sellasé abrité sous une ombrelle multicolore et entouré de prêtres chamarrés. On associe, à tort, ces derniers à l’Église copte alors que l’Église éthiopienne est, depuis 1952, autocéphale et indépendante du patriarcat d’Alexandrie. La survie de cette chrétienté au sud du Sahara surprend tellement que, périodiquement, on annonce sa disparition, absorbée par l’islam, forcément conquérant [1]. Depuis la fin du XIXe siècle, une littérature, plus ou moins missionnaire bien pensante, s’est proposée de sauver cette « chrétienté en péril » [Cleret, 1957]. Elle a retrouvé un second souffle quand le Panzersozialismus de Mängestu a prétendu imposer un athéisme officiel. La fin de la dictature, en 1991, a entraîné la fin des persécutions et... de l’« union sacrée » entre les religions. Des incidents, parfois violents, opposent maintenant, non pas, comme on l’attendait, chrétiens et musulmans, mais des chrétiens entre eux. Certes, des mosquées financées par l’Arabie saoudite grandissent dans les quartiers des villes en plein essor mais les églises des diverses confessions poussent au même rythme. Plus que de l’islam, les Éthiopiens, attachés à leur Église « nationale », s’effraient des progrès impressionnants des Églises « étrangères » et se scandalisent de leur prosélytisme, parfois agressif. Ils notent que les chrétiens éthiopiens sont la cible de leurs prédicateurs et missionnaires beaucoup plus que les musulmans et les païens. Ils se plaignent d’une « concurrence déloyale » d’Églises disposant de moyens matériels considérables et ils les accusent de pratiquer des belly conversions[2] : c’est-à-dire d’acheter l’adhésion des fidèles. En 1994, selon le recensement, plus de 10% des Éthiopiens appartenaient à une Église « protestante », soit un chrétien sur six [CSA, 1998].

2Cette progression fulgurante a gravement perturbé l’équilibre religieux de régions importantes pour l’avenir et l’unité de l’Éthiopie. Elle s’ajoute à trente ans de bouleversements démographiques, politiques, agraires, économiques qui, depuis 1970, se sont abattus sur le vieil empire, en même temps que les famines et la guerre civile. Pour beaucoup d’Éthiopiens, au même titre que le droit à la sécession reconnu aux « peuples, nations et nationalités » d’Éthiopie dans la Constitution fédérale de 1994, l’essor récent des Églises « étrangères » porte atteinte à l’unité nationale. Leurs prédications attaquent l’unité « spirituelle » de l’Éthiopie afin de préparer son éclatement déjà préfiguré par l’indépendance de l’Érythrée. Ce complot fomenté « de l’étranger » contre l’Éthiopie relève du phantasme et s’enracine, sans doute, dans les souffrances et le désarroi endurés par la population. Il fournit, cependant, des explications simples à la succession d’événements incroyables qui accablent les Éthiopiens depuis trente ans : qui aurait imaginé que la mutinerie d’obscurs militaires déposerait, en quelques mois, le 225e descendant, en droite ligne [3], de Salomon ? Que des officiers formés aux États-Unis imposeraient le marxisme ? Écartons cette théorie du complot et remarquons que le prosélytisme des Églises qui se disent évangéliques remet en question le compromis politico-religieux instauré par Menilek II ( 1889-1913) lors de la formation de la Grande Éthiopie. Il introduit des changements géopolitiques régionaux considérables dans l’accès au pouvoir, et à son exercice, qui, à mon sens, ne menacent pas nécessairement l’unité nationale. Néanmoins, l’activisme religieux, quelque peu débridé, des Églises pentecôtistes ( penté), exacerbe les tensions avec l’Église éthiopienne, avec l’islam et avec les traditions culturelles éthiopiennes.

Le compromis de Menilek II, fondateur de la Grande Éthiopie

L’islam plutôt que Rome

3On prête à Menilek l’adage suivant : « La religion pour chacun et l’État pour tous. » L’a-t-il jamais prononcé ? Peu importe, il résume ce qu’était le climat des relations entre les religions et l’État sous l’Ancien Régime éthiopien. Le pouvoir du negusä nägäst (roi des rois) [4] n’était sûrement pas laïc : descendant, en droite ligne (sic), de l’union de Salomon et de la reine de Saba, il était cousin du Christ, lui-même de la lignée de David, fils de Salomon. Selon une tradition écrite aux XIIIe et XIVe siècles, le fils de Salomon, Menilek Ier, était revenu, à sa majorité, en Éthiopie avec l’Arche d’alliance et accompagné des Israélites. Ainsi, les Éthiopiens étaient-ils devenus le peuple élu et l’Éthiopie devenait Israël, la Terre sainte [5]. Au IVe siècle, le christianisme, venu d’Égypte mais qui a conservé les prescriptions de la loi de Moïse, est devenu religion officielle. L’Église éthiopienne a reçu, jusqu’à son émancipation du patriarcat d’Alexandrie, son évêque, l’abuna, désigné parmi les moines des couvents d’Égypte. Elle se rallia, à l’instar des Églises copte, arménienne et syriaque jacobite, au monophysisme [6] tout en gardant son indépendance doctrinale. Elle préfère maintenant s’appeler orthodoxe afin de se différencier des Églises missionnaires protestantes et catholique. On doit, néanmoins, réserver orthodoxe aux Églises orientales chalcédoniennes et il est préférable d’utiliser täwahedo qui signifie « uni ». Les relations entre l’Église täwahedo et les negus furent souvent difficiles : excommunications, emprisonnements, persécutions se succédèrent.

4En dépit de ce césaro-papisme, les rapports avec l’islam, installé dès le VIIe siècle, furent plutôt pacifiques [7] avec, certes, des périodes d’hostilité. Du XIIIe au XVe siècle, les campagnes miliaires éthiopiennes soumirent les émirats des hautes terres du Nord tandis qu’au XVIe siècle le jihad d’Ahmed Graññ (le Gaucher) menaçait d’emporter le royaume chrétien sauvé par l’arrivée des Portugais et de leurs fusils. Les deux adversaires, affaiblis, ne purent s’opposer aux migrations des Oromo, en majorité païens, qui submergèrent les hautes et basses terres du Sud. Paradoxalement, l’échec du jihad instaura une sorte de pacte de non-agression entre les negus et l’islam qui fut observé jusqu’à l’arrivé des Européens dans la Corne de l’Afrique. Venus avec les fusiliers portugais, les jésuites s’employèrent à ramener l’Église éthiopienne dans l’obédience romaine. Ils réussirent à gagner au catholicisme l’entourage du roi Susenyos et puis lui-même. Pour les mêmes raisons qui suscitèrent l’échec de Ricci en Chine, ils subirent un fiasco complet : Fasiladäs renversa le roi, les expulsa et força les catholiques à abjurer. Les negus livrèrent même aux Turcs, installés sur les côtes de la mer Rouge, les missionnaires européens pris dans leurs États [Caraman, 1988]. En revanche, à Gondär, la capitale, les marchands musulmans du quartier Islambét (Maison de l’islam) avaient accès à la cour. Jusqu’au règne de Menilek, les missions catholiques, chassées par les negus, durent gagner les royaumes païens ou les territoires contrôléspar les Égyptiens (Kärän, Harär). Les protestants, surnommés « ennemis de Marie », n’étaient pas mieux considérés et s’établirent à Massawa chez les musulmans. Les Italiens les en chassèrent quand ils fondèrent la Colonia Eritrea en 1890 et Menilek les accueillit au Wällägga.

La Grande Éthiopie et le compromis de Menilek

5Nombre de provinces annexées par Menilek à la Grande Éthiopie appartenaient à des États musulmans. Les sultans des éleveurs nomades afar et somali des basses terres se rallièrent à Menilek qui exigea le tribut. Sur les hautes terres, le sultan de Jimma Abba-Jiffar demeura autonome jusqu’à sa mort mais l’émir de Harär fut chassé. En effet, le negus confia à ras Mäkonnen, son fidèle cousin et père du futur Haylä Sellasé, la ville et de la province d’où était parti le jihad de Graññ. Il y fit construire une église mais n’interdit aucunement le culte et ne força aucune conversion. Les paysans musulmans durent entretenir l’armée, l’administration et l’Église comme les autres paysans. Au Harär, Haylä Sellasé mena une politique d’ouverture vers l’islam que les Italiens courtisaient. La guerre italoéthiopienne réveilla la méfiance vis-à-vis des catholiques et le souverain, pourtant élevé à la mission de Harär [8], interdit, par décret, en décembre 1944, les vieilles provinces chrétiennes aux missions. Elles durent se replier sur les territoires conquis par Menilek et enseigner en amharique, la langue nationale. Dans les années 1960, protestants et catholiques, nombreux parmi les indépendantistes érythréens, suscitaient toujours la méfiance des autorités. Au même moment, le negus promouvait des officiers et des administrateurs musulmans à de hautes fonctions. Il cherchait ainsi à détacher les populations des sécessionnistes érythréens et des irrédentistes somali soutenus par les pays arabes. Haylä Sellasé assistait au pèlerinage chrétien de Qulubi, au Harär, et au pèlerinage des Oromo musulmans au tombeau de cheikh Hussein du Balé [9].

6Sous l’Ancien Régime, le sort des musulmans n’était peut-être pas l’égalité complète avec les chrétiens mais il était plus favorable que celui des dhimmi des pays arabes. Il était (et il est toujours) possible de changer de religion sans encourir la peine de mort. Dans maintes provinces les unions entre chrétiens et musulmans ne sont pas rares même s’il est parfois difficile de leur faire consommer la même viande. Les chrétiens, dans les marchés des villes et les bourgs, ont besoin des marchands et artisans qui, traditionnellement musulmans [10], n’avaient pas accès à la terre, jusqu’à la réforme agraire de 1975. Plus que l’islam, l’Église éthiopienne dénonçait les Églises étrangères et cherchait, par des pressions sur les autorités, à limiter leur influence. Elle protesta contre l’autorisation, donnée à l’Église évangélique luthérienne Mäkannä Iyyäsus (Sacerdoce de Jésus), d’ouvrir la station Radio-Voix de l’Évangile. Le président du consistoire étant ministre de Haylä Sellasé, cette protestation resta sans effet. Le compromis, résumé dans l’adage prêté à Menilek, a assuré la cohabitation pacifique des religions des peuples annexés à la Grande Éthiopie.

L’échec de la « trinité de Mängestu » et le break-up of Ethiopia

Une réforme agraire sacrilège

7Dans les débuts de la révolution ( 1974-1976), les militaires du Därg[11] procla-mèrent l’égalité des cultures et des peuples d’Éthiopie. Ils autorisèrent les publications dans les langues régionales et les fêtes musulmanes devinrent fériées au même titre que les fêtes chrétiennes; les autorités saluaient désormais les pèlerins partant pour LaMecque. La réforme agraire dépouilla l’Église éthiopienne täwahedo de ses droits fonciers et du pouvoir de percevoir l’impôt. Les Églises missionnaires, notamment les Églises catholique éthiopienne et Mäkanä Iyyäsus, au clergé en majorité éthiopien, accueillirent favorablement la fin de l’Ancien Régime agraire et culturel. L’opposition de l’Église täwahedo à la réforme agraire n’était pas seulement motivée par la perte des terres et du produit de l’impôt. L’ordre socio-politique de la Terre sainte était voulu par Dieu et le changer était sacrilège : les évêques excommunièrent les land tenure officers en charge de la réforme agraire. Cette mesure qui donnait la terre aux musulmans et aux faläsha souleva les paysans du Nord et ce fut l’armée qui y imposa la réforme agraire. Les paysans rejoignirent en masse le Front populaire de libération du Tegray (FPLT) quand il calqua le réseau de ces cellules politiques, pourtant marxistes, sur les assemblées villageoises (bayto) qui redistribuaient périodiquement les lopins de terre [Gebru, 1991].

La résistance à la « trinité de Mängestu »

8La dégradation de la situation intérieure et extérieure permit à Mängestu Haylä Maryam de s’emparer du pouvoir, en 1977. Il s’allia à l’URSS pour sauver le régime aux abois face à la guérilla urbaine, à l’offensive des fronts indépendantistes d’Érythrée et du Tegray et à l’invasion somalienne. La révolution fit du marxisme-léninisme un substitut du messianisme éthiopien : la Terre sainte devint la patrie du socialisme. On afficha partout les portraits de Marx, Engels et Lénine, la« Trinité de Mängestu [12] » comme disaient les Éthiopiens malicieux. Le régime attaqua l’« opium du peuple »; il interrompit les émissions de Radio-Voix de l’Évangile, poursuivit les cultes païens traditionnels, interdit les pèlerinages chrétiens et musulmans et expulsa des missionnaires. En 1979, à Addis Ababa, des escadrons de la mort qui traquaient les opposants au Därg assassinèrent Abuna Téwoflos, le pasteur Guddinaa Tumsaa, président du consistoire de l’Église évangélique Mäkannä Iyyäsus, et des membres de la famille de l’iman de la grande mosquée [Dawit, 1989]. Les protestants du Wällägga subirent une répression particulièrement dure car on les soupçonnait d’être partisans du Front de libération des Oromo (FLO) sous prétexte que le frère de Guddinaa en était membre [Eide, 2000].

9En 1987, Mängestu troqua son uniforme pour l’habit de président de la République populaire d’Éthiopie tout en demeurant chef du parti unique. Il s’agissait de donner un peu de respectabilité à la dictature militaire fragilisée par la révélation de la famine de 1984-1985 et par ses échecs en Érythrée et au Tegray. Le patriarche de l’Église éthiopienne et le chef de la communauté musulmane furent appelés à siéger au Parlement (Shängo). Les persécutions s’arrêtèrent au Wällägga et le régime invita les Églises évangéliques pentecôtistes à prendre en charge les fidèles esseulés de l’Église Mäkanä Iyyäsus [Van de Loo, 1991]. Dans ce domaine comme dans d’autres, le Därg a laissé un lourd héritage de souffrances. Néanmoins, il n’a pas réussi à dresser les fidèles d’une confession contre les autres. Bien au contraire, la répression et les martyrs ont affermi la résistance des croyants qui ont afflué, en dépit des risques d’être dénoncés, dans les mosquées, les églises et les temples.

Sécession et alphabet

10Le terrible passif du régime de Mängestu faillit emporter l’unité même de l’Éthiopie qui devint, en 1991, une fédération, qui semblait bien fragile avec l’indépendance, de fait, de l’Érythrée. On attendait, au mieux, la formation d’une CEI à l’éthiopienne et, au pire, la « somalisation » du vieil empire. La sécession fut également religieuse : soutenue par le gouvernement d’Asmära, l’Église täwahedo d’Érythrée se sépara de l’Église d’Éthiopie. Les nombreux opposants au fédéralisme ne dénoncent pas seulement la reconnaissance, dans la Constitution de la République fédérale d’Éthiopie, du droit à la sécession des peuples. Ils épinglent aussi l’adoption, par les régions-États (kellel), des langues officielles régionales qui se substituent à l’amharique, demeuré, toutefois, langue nationale. Ces idiomes peuvent s’écrire avec l’alphabet latin et non plus avec le seul syllabaire guèze (geez), la langue liturgique de l’Église täwahedo. L’unité intellectuelle et culturelle de l’Éthiopie apparaît menacée au même titre que son unité spirituelle. Rappelons que sous Haylä Sellasé, il était interdit d’imprimer et de détenir un exemplaire de la Bible dans une autre langue éthiopienne que l’amharique. Le Därg avait autorisé l’écriture des langues régionales mais uniquement en caractères guèzes. La question de l’alphabet concerne surtout l’écriture de l’afaan oromo, langue officielle des Oromo, le peuple le plus nombreux d’Éthiopie dans le kellel Oromie/ Oromiyaa, le plus vaste [13]. D’autres langues sont écrites avec des caractères latins mais, sauf le somali (plus de 4 millions de locuteurs), elles rassemblent moins d’un million de locuteurs (pour 77 millions d’Éthiopiens en 2005). Pour comprendre comment se nouent les fils de ce qui apparaît aux yeux d’une partie de l’opinion éthiopienne comme un complot contre l’unité du pays, il faut se reporter aux données démographiques à l’échelle régionale.

CARTE 1.

APPARTENANCES RELIGIEUSES EN ÉTHIOPIE

CARTE 1.
CARTE 1. – APPARTENANCES RELIGIEUSES EN ÉTHIOPIE PAR RÉGIONS (RECENSEMENT DE 1984) L’Érythrée est en 1984, la 14 e province éthiopienne Mer Rouge ÉRYTHRÉE ? Asmara SOUDAN TIGRÉ YÉMEN ? GONDAR Makalé WALLO Golfe d'AdenDJIBOUTI Gondar ? Dessié GOJJAM Debré Markos WALLAGGA HararAddis-Abéba Nekemté SOMALIE HARARGÉCHOA Metou Arsella Djimma ARSIILU-BABOR Goba KAFA BALÉ AwassaArba Mentch GAMO- GOFA SIDAMO KÉNYA 250 km Plus de 80 % de chrétiens, Plus de 60 % de musulmans, Autres religions, moins de 20 % de musulmans moins de 40 % de chrétiens 50 % Plus de 60 % de chrétiens, Plus de 60 % de musulmans, ? de 15 à 30 % de musulmans, Pas de donnéesmoins de 30 % de chrétiens, autres religions de 5 à 15 % autres religions, moins de 10 % D’après A. Gascon, Université de Paris VIII/CÉAF. Source: d’après Unité de sécurité alimentaire de l’UE ( 1996).

APPARTENANCES RELIGIEUSES EN ÉTHIOPIE

d’après Unité de sécurité alimentaire de l’UE ( 1996).
CARTE 2.

APPARTENANCES RELIGIEUSES SELON LES RÉGIONS-ÉTATS (KELLEL)

CARTE 2.
CARTE 2. – APPARTENANCES RELIGIEUSES SELON LES RÉGIONS-ÉTATS (KELLEL) (RECENSEMENT DE 1994) ÉRYTHRÉE Mer Rouge YÉMEN TIGRÉ SOUDAN AFAR DJIBOUTI Golfe d’Aden AMHARA BÉNISHANGUL Diré Daoua Addis-Abéba Harer OROMIEGAMBELA SOMALI Peuples,nations et nationalités du Sud SOMALIE KENYA 250 km Plus de 80 % de chrétiens (täwahedo) moins de 18 % de musulmans Plus de 95% de musulmans, Plus de 65 % de chrétiens, (plus de protestants Plus de 60% de musulmans, que de täwahedo), autres religions, plus de 18 %, moins de 40 % de chrétiens (täwahedo) de 5 à 16 % de musulmans, De 40 à 50 % de chrétiens, (plus de 5 % de protestants) de 45 à 40 % de musulmans, autres religions, de 5 à 10 % D’après A. Gascon, Université de Paris VIII/CÉAF. Source: d’après Unité de sécurité alimentaire de l’UE ( 1996).

APPARTENANCES RELIGIEUSES SELON LES RÉGIONS-ÉTATS (KELLEL)

d’après Unité de sécurité alimentaire de l’UE ( 1996).

La nouvelle donne politico-religieuse éthiopienne

Des recensements fiables ?

11Les deux recensements, réalisés en 1984 et 1994, publient les résultats des enquêtes sur les langues et les religions. Remarquons tout d’abord que Population et Sociétés attribue la note « B » aux données démographiques éthiopiennes et examinons ces résultats en les croisant avec d’autres enquêtes et l’expérience du terrain. Un obstacle empêche de comparer 1984 et 1994 : les circonscriptions ne sont plus les mêmes. En 1984, aucune surprise, même si trois régions troublées, l’Érythrée, le Tegray et le Wällo, n’ont pas été enquêtées, les régions des plateaux du Nord et de l’Ouest sont chrétiennes entre 80% et 95%, l’Est, hautes et basses terres, et le Käfa sont musulmans entre 60% et 90%. De même qu’on ne sait rien des autres religions majoritaires au Sud-Ouest, on ne peut trier parmi les chrétiens. Le recensement de 1994 n’introduit pas de bouleversements énormes : il y a toujours un peu plus de 60% de chrétiens en Éthiopiens et entre 30 et 35% de musulmans. Cinq kellel : Oromie, Amhara, Sud, Tegray et Somali (dans l’ordre d’importance) et Addis Ababa renferment près de 95% de la population totale. Dans les kellel Amhara, Tegray et Addis Ababa, les chrétiens forment plus de 80% du total, plus de 70% à Gambéla, plus de 65% dans le kellel Sud et plus de 50% en Oromie. Les Afars et les Somalis sont musulmans à plus de 95%, Harär et Dirré Dawa à plus de 60% et enfin à Oromie 40%. Les effectifs des deux religions s’équilibrent au Béni Shangul et Gumuz. Les autres religions (sic) représentent 10% au Béni Shangul, plus de 15% dans le Sud et plus de 20% à Gambéla. Sans doute note-t-on les progrès des religions monothéistes mais, à part le Sud, les deux autres kellel ont quelques centaines de milliers d’habitants.

L’Église évangélique Mäkannä Iyyäsus, pilier de l’ethnofédéralisme

12Le principal intérêt du recensement de 1994 est le dénombrement des chrétiens en täwahedo, catholiques et protestants. Les catholiques représentent moins de 1% de l’effectif total hormis dans le Sud, à Addis Ababa, à Harär et à Dirré Dawa. Ce sont les protestants, plus de 10% du total, qui suscitent le plus de craintes. Ils sont plus nombreux que les täwahedo au Sud et à Gambéla (respectivement 36,8% contre 27% au Sud et 44% contre 24% à Gambéla). En Oromie ils sont 8,6% (moins que la moyenne nationale), plus de 5% au Béni Shangul et 4% à Addis Ababa. C’est surtout l’Oromie, le Sud et marginalement Gambéla et le Béni Shangul et Gumuz qui apparaissent comme des places fortes du protestantisme. La « menace » du Sud est tempérée car ce kellel hétérogène a adopté l’amharique comme langue administrative (comme d’ailleurs le petits kellel). C’est naturellement l’Oromie qui pose problème : des statistiques affinées à l’échelle des zones montreraient l’opposition fondamentale entre l’Est (Harär, Balé, Arsi) et Jimma majoritairement musulmans et l’Ouest (Choa, Wällägga) où dominent les chrétiens [14]. Or, les Oromo de l’Ouest ont rejoint l’Église évangélique Mäkanä Iyyäsus qui, tant sous l’Ancien Régime que sous le Därg, les a protégés du pouvoir central. Le FLO, allié aux maquisards du Front populaire de libération du Tegray (FPLT) contre Mängestu, a rompu, en 1992, avec la coalition au pouvoir depuis 1991 et est entré dans la clandestinité. Le Front islamique de libération des Oromo (FILO) et d’autres mouvements islamiques qui ont pris le maquis dans l’Est refusent de se joindre au FLO. Fondée au Wällägga, l’Organisation populaire et démocratique des Oromo (OPDO) participe au gouvernement du Premier ministre Mälläs Zénawi où elle occupe des postes importants [15]. Ce qui provoque les craintes, évoquées plus haut, et des incidents, c’est la présence, au pouvoir, d’Oromo protestants. Ils viennent, en majorité, de l’église Mäkanä Iyyäsus qui, soutenue par les Églises évangéliques allemande et scandinave, a passé l’épreuve révolutionnaire. Ces cadres, formés en Europe plus qu’aux États-Unis, ont enseigné lorsqu’ils étaient en exil et s’y sont parfois mariés. Ils s’appuient sur le réseau des ONG liées à la Fédération luthérienne mondiale. Leurs accusateurs les dépeignent en train de préparer, en sous-main, l’indépendance de l’Oromie, un État dirigé par les « ennemis de Marie », en s’alliant aux Tegréens, « bradeurs de l’Érythrée ».

Les Églises penté annonciatrices d’une « révolution religieuse »

13Par ignorance ou pour faire l’amalgame, l’opinion (et parfois les étrangers) confond Église évangélique et Églises pentecôtistes ou penté. Quelques-unes (adventistes, Sudan Interior Mission) étaient présentes avant 1936 mais leur influence était minime. Depuis la fin de la dictature, l’Éthiopie est en proie à une véritable « révolution religieuse » marquée par la progression exponentielle des chrétiens penté [Eide, 2000]. De multiples obédiences apparaissent et... disparaissent sur le « marché religieux » éthiopien. Elles ont en commun d’organiser de longues et spectaculaires cérémonies où les fidèles affluent pour entendre des prédicateursguérisseurs. Elles concurrencent les pèlerinages de l’Église éthiopienne täwahedo où le clergé cure, avec l’eau bénite, les malades/pécheurs au cours de longues processions et messes [Gascon et Hirsch, 1992; Kriss, 1992]. Les penté utilisent les techniques modernes de communication et les langues vernaculaires locales. Ils emploient de nombreux catéchumènes, prédicateurs et assistants, et s’appuient sur un réseau serré d’ONG nationales et locales qui recrutent parmi les Éthiopiens éduqués. Ils ouvrent des écoles de bon niveau par rapport à l’enseignement de l’État et de l’Église éthiopiens [16]. On remarque partout, car ils portent un uniforme de toile orange, les élèves des classes de l’Église Mullu Wängél (Tout l’Évangile). Cette dernière, particulièrement active, a des fidèles parmi les Éthiopiens engagés dans les affaires et affrontés à la méfiance traditionnelle à l’égard des commerçants. Ils sont sensibles à son discours où la réussite sociale est un signe de bénédiction divine alors que le clergé täwahedo prêche un idéal de pauvreté et de frugalité.

14Les penté s’efforcent de protéger leurs recrues des atteintes d’un monde dominé par le péché. Ils prohibent les boissons alcoolisées, le tchat[17], la danse, les chants (ou les édulcorent), la musique profane, les mauvais livres et les mauvais films. Ils prônent l’abstinence comme seul remède à la pandémie du sida et les guérisons collectives pour lutter contre les maladies. Les « élus » doivent vivre en quasi-autarcie dans des communautés fermées où les contacts avec le monde démoniaque sont réduits au minimum. Les pentecôtistes sont sévères vis-à-vis des chrétiens dans l’erreur, notamment les täwahedo. Ils manifestent de l’intolérance et parfois de l’agressivité à l’encontre des musulmans qui restent, en majorité, insensibles à leur prosélytisme. Cette attitude sectaire ne déborde pas, paradoxalement, dans le domaine politique : le monde étant intrinsèquement mauvais et destiné à disparaître, à quoi bon y investir son énergie ?Cette indifférence conforte le conformisme politique et les Églises penté ne prêchent pas plus la théologie de la libération que l’Église täwahedo. Rappelons que certaines sont venues, à la demande de Mängestu, prendre en charge les fidèles de Mäkanä Iyyäsus désemparés par les persécutions [Van de Loo, 1991]. Indifférence ne veut pas dire neutralité. La Sudan Interior Mission, connue maintenant sous le nom de Qalä Heywät (Parole de vie), était présente, dès l’Ancien Régime, dans l’ouest de l’Éthiopie où elle s’occupait d’œuvres sociales et culturelles. À Ambo ( 125 kilomètres à l’ouest de la capitale), elle dirigeait l’hôpital et la bibliothèque « Porte de vie » où j’y découvris parmi la littérature politique conservatrice le livre du sénateur Barry Goldwater [18].

Menaces sur l’unité et l’identité de l’Éthiopie ?

15Plus qu’un bilan, ce texte est un état des lieux de l’Éthiopie postrévolutionnaire quatorze ans après la chute de la dictature. Les appartenances religieuses sont très changeantes, très volatiles car la pression sociale n’est pas telle qu’elle exclue toute conversion, notamment en ville. Le compromis attribué à Menilek est-il remis en question après la grave crise révolutionnaire qui prit comme devise Ityopiya Täqdem (Éthiopie d’abord)? En 2004, il tenait toujours : à Harär, la capitale de l’islam, près de l’église, construite à la place d’une mosquée, par Menilek, des banderoles appelaient à célébrer l’Id; à Läqämté, au Wällägga en Oromiyaa, l’Église täwahedo mobilisait les foules pour Temqät (Épiphanie/Théophanie) et prêchait en oromo... L’émulation, et même la compétition, saisit toutes les Églises et l’islam qui rivalisent pour édifier des lieux de culte. À l’exemple de l’Église catholique ou de l’Église Mäkanä Iyyäsus, sous l’Ancien Régime, l’Église éthiopienne organise des ONG tournées vers le développement et s’appuie sur les fonds collectés auprès de la diaspora. Elle réclame et obtient des autorités, qu’on dit pourtant protestantes, la restitution partielle de ses biens fonciers.

16Il subsiste des rancœurs et il circule toujours des rumeurs dont la presse, en dépit de procès, se fait l’écho. On soupçonne les musulmans, non plus de jihad, mais d’acheter les ressources de l’Éthiopie avec la complicité du gouvernement. Cheikh Al-Amudi, l’homme d’affaires éthio-saoudien, proche de Mälläs, a pris le contrôle de nombreuses entreprises d’État privatisées. On assure toujours que l’unité éthiopienne est menacée par une conjuration étrangère qui a fait adopter l’ethnofédéralisme et favorise le protestantisme et le pentecôtisme. Ces fantasmes trouvent leur origine dans le prosélytisme agressif et l’intolérance dont font preuve beaucoup d’Églises penté. Leur comportement sectaire – sont-elles ou non des sectes ? Je ne me prononcerai pas ici – vis-à-vis de l’islam et notamment des mariages interconfessionnels peut, par ricochet, gagner des groupes musulmans plus larges et provoquer des heurts aux conséquences désastreuses. Regroupant au moins la moitié des Éthiopiens, le christianisme täwahedo domine les hautes terres du Nord et la capitale. L’Église demeure toujours le dépositaire et le garant de l’authenticité de la culture et de l’histoire éthiopiennes. Aucune institution, même une Église, ne peut lui disputer ce rôle. L’islam fait partie de l’histoire éthiopienne comme repoussoir parfois, mais souvent comme partenaire. Ce qui est nouveau, c’est l’apparition dans les provinces méridionales, réunies dans la Grande Éthiopie par Menilek, d’un christianisme différent qui épouse une autre façon, plus récente, d’être Éthiopien. Mäkanä Iyyäsus est une Église éthiopienne depuis plus d’un siècle. Elle a contribué à intégrer les Oromo de l’Ouest à l’Éthiopie et a subi les mêmes persécutions que l’Église éthiopienne. Les penté devront se couler dans le moule éthiopien ou seront rejetés comme le furent les catholiques au XVIIe siècle ou comme le fut le marxisme-léninisme en 1991. Ils bénéficient d’une embellie, me semble-t-il, conjoncturelle : leur dynamisme, leur message et leur nouveauté et leurs moyens attirent une population soumise à de rudes épreuves. Sauront-ils surmonter leurs divisions et leur sectarisme ?

Notes

  • [*]
    Institut français de géopolitique, université Paris-VIII, Centre d’études africaines (CNRS/EHESS), chargé de cours à l’INALCO.
  • [1]
    François THUAL : « L’Église catholique à l’horizon 2025 », interview par Djenane Kareh-Tajer, Le Monde des religions, n° 11, avril-mai 2005, p. 22.
  • [2]
    « Conversion pour manger ». Expression empruntée à Lawrence dans Les Sept Piliers de la sagesse.
  • [3]
    Selon la Constitution de 1955.
  • [4]
    Improprement rendu par empereur. Le titre officiel est atsé : on dit atsé Menilek.
  • [5]
    Les manuscrits du Käbrä Negäst (la Gloire des rois), compilation de textes arabes, syriaques et coptes, appuient la restauration d’une dynastie « salomonienne » en Éthiopie avec negus Yekuno Amlak.
  • [6]
    Le concile œcuménique de Chalcédoine ( 451) condamna le monophysisme par lequel la nature divine prévaut sur la nature humaine dans la personne du Christ.
  • [7]
    D’après la tradition, les Éthiopiens auraient été les proches compagnons du Prophète, alors persécutés.
  • [8]
    MgrJarosseau, vicaire apostolique de Harär et opposé aux Italiens, fut démissionné par le Vatican et mourut en France.
  • [9]
    À Qulubi, il exauçait le vœu que son père avait formulé avant la conquête de Harär.
  • [10]
    Les artisans juifs (faläsha ou bét israél) qui ont émigré en Israël n’avaient pas non plus accès à la terre.
  • [11]
    Nom amharique du Comité militaire administratif provisoire (junte) qui dirigea le gouvernement militaire provisoire d’Éthiopie de 1974 à 1987.
  • [12]
    Trinité se disant sellasé en amharique, on mesure l’impertinence de ce peuple incorrigible.
  • [13]
    Soit 35,3% de la population totale sur 31,9% du territoire éthiopien [CSA, 2005].
  • [14]
    Respectivement plus de 90% et de 85% de chrétiens au recensement de 1984.
  • [15]
    Le ministère de l’Agriculture. Le premier président fédéral Negaso Gidada, membre de l’OPDO, a démissionné en 2001 et son successeur, Germa Wäldä Giyorgis Bulcha, un Oromo, était député indépendant.
  • [16]
    Depuis plus de trente ans, l’État pratique le shifting system : les élèves, divisés en deux moitiés, vont en cours soit le matin, soit l’après-midi. Les prêtres font apprendre par cœur les Écritures.
  • [17]
    Catha edulis forsk. Excitant dont on mâche les feuilles, trompe la faim, l’ennui et le chômage.
  • [18]
    Candidat républicain battu à la présidence par Johnson en 1964. Précurseur de la moral majority de Reagan et des néo-conservateurs actuels.
Français

En Éthiopie, le christianisme, implanté depuis le IVe siècle, ne doit rien aux missions européennes. Très tôt, l’islam a gagné les basses terres puis les hautes terres de la Corne de l’Afrique. Entre les monothéismes s’est institué un pacte de « non-agression» parfois rompu par des jihad (XVIe siècle) et par les conquêtes des negus, notamment sous Menilek ( 1889-1913). Les souverains éthiopiens, pourtant d’ascendance salomonienne, ont toléré, même dans la famille royale, la présence des musulmans alors qu’ils ont, jusqu’à Menilek, persécuté et expulsé les missions européennes. Sous Mängestu, le régime persécuta les chrétiens, les musulmans et les cultes païens. Le retour à la liberté religieuse a réveillé les rivalités entre les obédiences chrétiennes. Pour l’Église éthiopienne monophysite, les Églises « étrangères» menacent l’unité du pays au même titre que l’ethnofédéralisme. Le recensement révèle que, désormais, plus de 10% des Éthiopiens appartiennent à des Églises « protestantes».

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Alain Gascon [*]
  • [*]
    Institut français de géopolitique, université Paris-VIII, Centre d’études africaines (CNRS/EHESS), chargé de cours à l’INALCO.
Mis en ligne sur Cairn.info le 30/11/-0001
https://doi.org/10.3917/her.119.0095
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