CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Si la géopolitique peut se définir comme l’analyse des rivalités de puissance sur un territoire déterminé, il est clair que les langues sont le reflet des rapports de force. En effet, celui qui s’exprime dans sa langue maternelle possède un avantage sérieux sur celui qui est obligé de s’exprimer dans une langue pour lui étrangère. Une langue est « impériale » lorsqu’elle est imposée à d’autres peuples pour qui elle est indispensable pour subsister. La zone géographique de l’emploi de cette langue ne saurait être indifférente. De là vient que des langues de grande diffusion jouent un rôle politique majeur et donnent leurs traits caractéristiques à une civilisation. De là vient que ces langues reflètent la puissance des États qui les utilisent. La localisation d’une langue, son poids politique sont d’utiles repères pour analyser les raisons et les limites de la puissance des États.

Les circonstances de la géopolitique de l’anglais

2 La première difficulté que l’on rencontre lorsque l’on veut analyser la « géopolitique de l’anglais » tient au fait qu’il n’existe pas véritablement de précédent au succès de la langue anglaise tel qu’il apparaît, à nos yeux, aujourd’hui. « Langue impériale » est une expression qui renvoie au cas chinois et aux langues de l’Empire romain. En dépit du nombre de ceux qui le parlent, le chinois n’offre cependant pas une référence très pertinente car il s’agit d’une langue écrite destinée à unifier des dialectes oraux très divers. Réflexe d’unité, le modèle chinois n’est pas comparable à celui des autres grandes langues. L’exemple du latin n’est pas davantage recevable. Certes, le latin a été un succès politique à la mesure de celui de l’Empire romain. Il a donné naissance à cinq grandes langues européennes qui ont largement essaimé dans le monde entier. Il a été la langue de la puissance des légions. Pour autant, il a cohabité dans l’Empire avec le grec qu’il n’a pas remplacé. Au contraire, il a favorisé le grec, langue de culture, auréolée du prestige de Périclès et de la période hellénistique. On ne saurait parler d’impérialisme linguistique du latin, pas plus d’ailleurs que d’un impérialisme linguistique du grec.

3 Comme la plupart des langues européennes modernes, plus peut-être que d’autres, l’anglais est une langue composite regroupant des apports celtes, latins, français, germaniques pour ne citer que les principaux. En Angleterre, la langue est fixée au XVIe siècle, au moment où naît un État moderne dans ce pays, mais aussi en Espagne et en France. À la différence de ces deux derniers pays, pour lesquels l’horizon politique demeure le continent, l’Angleterre y tourne délibérément le dos. La démarche est progressive mais ferme. Londres rompt avec Rome. Les Tudor choisissent l’engagement maritime. Il en résulte des conséquences capitales pour l’Angleterre. Une hiérarchie religieuse indépendante du pape est implantée par la force. La Bible était déjà traduite en anglais. La liturgie s’en inspire largement. La langue va devenir, pour les penseurs anglais, pour les grands écrivains, une langue de libre arbitre et de non-conformisme alors que le continent, sous l’influence du catholicisme, de la Contre-Réforme et de la Réforme, fait preuve de plus de dogmatisme. La langue anglaise est fixée par les grands écrivains de la période élisabéthaine, langue dans laquelle les emprunts au latin, directement ou par la voie du français, sont considérables. Le XVIIe siècle voit l’espagnol et l’italien détrônés par le français, langue de culture mais aussi langue de la puissance, qu’elle soit militaire, démographique ou diplomatique. S’ouvre alors une compétition entre le français et l’anglais, elle-même portée par la seconde guerre de Cent Ans entre la France et l’Angleterre. C’est le moment où Rivarol prononce son célèbre discours devant l’Académie de Berlin sur l’universalité de la langue française. Le français est, tout au long de cette période, la langue des gens cultivés dans toute l’Europe. La suprématie du français s’effrite face à l’anglais en raison des succès politiques spectaculaires des peuples de langue anglaise, de l’anglicisation des terres vierges et surtout de la victoire de l’Angleterre dans le conflit qui l’oppose à la France. Il s’y ajoute son avance dans le développement du machinisme qui donne à l’anglais l’avantage d’apparaître comme le véhicule du progrès industriel.

4 La langue anglaise, de nationale qu’elle était aux XVIe et XVIIe siècles, est devenue impériale aux XVIIIe et XIXe siècles, puis mondiale pendant la seconde moitié du XIXe siècle. La confrontation politico-militaire avec la France s’est achevée par une victoire de l’Angleterre, malgré la perte des États-Unis d’Amérique. La France a dû renoncer à l’Inde et au Canada ainsi qu’à rivaliser avec la puissance maritime anglaise. Après 1815, la France ne représente plus une menace pour l’Angleterre qui, elle-même, est en voie de devenir une puissance mondiale. C’est l’apogée de l’Angleterre qui est aussi l’apogée de l’Europe. La langue française garde cependant de solides positions avec lesquelles l’anglais doit compter sans être véritablement concurrencé.

5 Au moment où le cycle de l’expansion européenne s’inverse – au début du XXe siècle –, une nouvelle puissance européenne vient menacer la prépondérance de l’anglais : il s’agit de l’Allemagne, portée par ses succès rapides en matière politique, industrielle, scientifique et militaire. Malgré ses atouts, l’allemand ne parvient pas à contester la position internationale de l’anglais. À noter que l’importante émigration allemande vers les États-Unis se fond dans le « melting-pot ». Les deux guerres mondiales, en brisant le cours ascensionnel de l’Allemagne, ne laissent à la langue allemande qu’une aire limitée à l’Europe, plus spécifiquement à l’Europe centre-orientale. Elle ne représente plus une menace pour l’anglais. Enfin le russe, dont les titres de noblesse sont éminents, n’a pas réussi à devenir une langue à vocation universelle malgré les efforts du régime soviétique tendant à en faire la langue de la révolution marxiste-léniniste. La chute de l’URSS a mis fin à cet espoir. Le russe garde sa place pour les rapports entre la Russie et les États successeurs de l’Union soviétique et de la communauté socialiste. Même dans ce domaine, le russe doit céder le pas à l’anglais : la Géorgie, par exemple, n’a-t-elle pas choisi l’anglais comme seconde langue obligatoire après le géorgien au détriment du russe ?La prépondérance de l’anglais n’a pas été inquiétée par ces deux grandes langues que sont le russe et l’allemand. Demeure le français qui continue de soutenir un combat d’arrière-garde. Certes, le français a dû reconnaître la perte de nombreuses positions géopolitiques. Il demeure cependant le premier challenger de l’anglais, étant le mode d’expression d’un État qui joue encore un des premiers rôles en Europe.

6 La langue française conserve des atouts importants. Elle est reconnue comme une des deux langues universelles. Il en est ainsi parce qu’une part importante des élites intellectuelles du monde entier connaît et pratique le français. Ce prestige est renforcé par le rôle de la France sur la scène internationale, notamment au cours des deux guerres mondiales.

7 Le français demeure avec l’anglais l’une des deux langues diplomatiques. Malgré les défaites de Napoléon, le congrès de Vienne ( 1815) s’était déroulé en français. La correspondance de l’Empire des tsars s’est faite en français jusqu’en 1917. Les positions du français diplomatique se sont cependant affaiblies face à l’anglais. Les traités de Versailles ont été signés en français comme en anglais. Le bilinguisme a été instauré à la Société des Nations (SDN). L’anglais, depuis la Seconde Guerre mondiale, ne cesse de progresser. Le français doit se battre pour survivre. Il a obtenu d’être reconnu comme langue officielle de travail à l’Organisation des Nations unies (ONU), au Conseil de l’Europe, à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). L’Union européenne garde le bilinguisme – après une période où le français était dominant.

8 La France a organisé un espace linguistique du français dont sont membres une cinquantaine de pays. Pour une part, il s’agit d’un vestige de l’empire colonial français. Pour une autre, le français cherche à devenir la langue du non-alignement et d’un certain non-conformisme politique. La vigilance dont le français est bénéficiaire est contrebattue un peu partout où le bilinguisme est formellement inscrit dans les textes. Tous les arguments sont bonspour faire prévaloir l’anglais : réduction des dépenses, rapidité et efficacité. Le bilinguisme franco-anglais évolue en faveur de l’anglais. L’anglais n’a donc pas emporté toutes les positions du français mais celles-ci sont entamées et l’on ignore combien de temps elles seront tenables. La carte de la pluralité linguistique est cependant liée à celle du pluralisme politique et au multipolarisme. Le sort du français sera donc fonction de la réussite ou de l’échec de ces attitudes. Dans son débat avec le français, l’anglais peut s’appuyer sur le succès impérial, hier de la Grande-Bretagne, aujourd’hui des États-Unis. L’anglais est la langue de peuples et d’États invaincus, ce qui, naturellement, n’est le cas ni du français, ni de l’allemand, ni de l’espagnol, ni du russe.

Les caractéristiques de la géopolitique de l’anglais

9 Première caractéristique géopolitique de l’anglais : sa diffusion planétaire. À la différence du russe par exemple, limité à l’ancien empire de Staline, l’anglais est présent un peu partout dans le monde. Les principaux foyers sont en Europe (Royaume-Uni), en Amérique du Nord (États-Unis et Canada), en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud. Ces foyers regroupent des populations dont l’anglais est la langue maternelle. Pour d’autres – ex-colonies pour la plupart –, l’anglais n’est pas la langue maternelle, en tout cas pas la langue maternelle des grandes masses de la population. En revanche, il est, de facto, la langue du pouvoir – dans les institutions politiques mais aussi dans les affaires, dans le commerce, dans l’industrie et dans la culture. Tel est le cas pour de grands États comme le Pakistan, le Bangladesh et surtout l’Inde – où l’anglais joue un rôle d’autant plus important qu’il sert d’élément fédérateur. C’est dans cette même catégorie que se retrouvent d’autres grands pays d’Afrique qui ont gardé au moment de leur indépendance un héritage de la période coloniale, y compris naturellement la langue anglaise. Son usage n’a cessé d’être fort répandu. Les structures gouvernementales, judiciaires, universitaires demeurent marquées par l’anglais en particulier dans les pays ne possédant pas une langue nationale : il en est ainsi en Afrique pour les mêmes raisons que pour l’Inde. Bien mieux, l’influence de la langue anglaise ne cesse de progresser. Une troisième catégorie est constituée par des pays qui n’ont pas été colonisés expressément par l’Angleterre mais qui ont subi son influence. Tel est le cas de la Chine, qui paraît choisir l’anglais comme langue internationale. On peut citer de nombreux pays qui ont connu une influence de la langue anglaise, comme l’Égypte, les Émirats du golfe Persique ou d’autres, souvent protectorats de la Grande-Bretagne dans la pratique. Enfin une quatrième catégorie est constituée par des États parfaitement indépendants, tout au moins au sens formel du mot, qui, ayant une langue de faible diffusion, ont choisi l’anglais pour leurs relations avec l’étranger. Un bon exemple de cette catégorie d’États qui ont recours à l’anglais est fourni par les pays scandinaves et les Pays-Bas. Les langues scandinaves et le néerlandais sont des langues vigoureuses nullement menacées de disparaître mais dont la diffusion n’atteint pas la masse critique qui pourrait en faire des langues internationales. Cette catégorie est en pleine expansion. Que l’on songe à l’avant-guerre au cours de laquelle la relation avec l’extérieur pouvait se faire dans une autre langue ou même dans plusieurs. L’on avait recours au français ou à l’allemand tout autant qu’à l’anglais. S’il reste des positions importantes du français et de l’allemand, on doit constater qu’il s’agit de survivances qui reposent sur les générations les plus âgées. Ces positions – en Europe de l’Est en particulier – sont menacées.

10 Il y a plus. D’autres peuples possèdent une langue de grande diffusion – on pense à l’arabe mais aussi au portugais, à l’espagnol. Ils ont, jusqu’à ces derniers temps, choisi comme seconde langue le français, tout au moins pour la recherche et pour l’expression littéraire. Ils se tournent aujourd’hui de plus en plus vers l’anglais. Cette évolution fait douter de la pérennité des positions linguistiques du français dans ces pays. Le jour où il le faudra, le choix de l’anglais risque de s’imposer. Ce déferlement, perceptible depuis quelques années, est d’autant plus grave qu’il affecte, dans les pays en question, des catégories sociales exposées. En définitive, on peut risquer de dire qu’il n’y a aucune catégorie de la population d’un État qui ne soit attirée par l’anglais. Pour certains, ce phénomène s’explique par le fait d’être une langue maternelle; pour d’autres, par la pérennité de l’influence coloniale, plus souvent encore par le poids politique du monde de langue anglaise et par son succès insolent dans tous les domaines de la vie scientifique, économique et industrielle qui la rend attractive quel que soit le poids des traditions auxquelles elle s’affronte.

11 Il n’y a donc aucune catégorie humaine qui ne soit affectée par l’universalité de la diffusion de la langue anglaise, pas même les organisations terroristes. En ce cas, l’installation de réseaux est facilitée par la diffusion de l’anglais. Il n’y a guère à demeurer insensible à l’anglaisque des pays sous-développés. Aller parler de langue anglaise à des hommes et des femmes qui n’ont aucune relation avec l’économie marchande n’a, manifestement, pas de sens. Ainsi a-t-on relevé que l’Albanie d’avant 1990, par exemple, opposait une complète allergie à la diffusion de l’anglais. En dehors de cette frange limitée de l’extrême sous-développement ou de l’enfermement idéologique, on doit constater que l’universalisme de la langue anglaise est bien sa première caractéristique.

12 Le succès de l’anglais a été dû, en partie, pendant les siècles où la langue a été fixée, à son non-conformisme, et c’est une seconde caractéristique. Cette évolution « libérale » a sans doute trouvé un terreau particulièrement fertile dans les institutions représentatives rivales du roi. La fin de la dynastie des Stuarts correspond à un nouvel équilibre des forces en faveur des représentants élus de la nation.

13 L’anglais a bénéficié de ce courant qui va mener à la démocratie. Tandis que l’absolutisme royal et le principe de l’autorité intellectuelle triomphent en France, s’imposent sur le continent dans l’empire des Habsbourg, en Espagne, en Prusse et en Russie, l’anglais devient la langue d’un peuple qui paraît nettement en avance pour les libertés individuelles. Le non-conformisme anglais s’exprime volontiers par l’humour, mettant en doute les idées reçues. Dans une Europe travaillée par l’arrivée des Lumières, l’anglais acquiert des lettres de noblesse. Oui, l’anglais est véritablement une langue de liberté. Il reste quelque chose de tout cela dans l’anglais d’aujourd’hui. À cet égard, l’anglais, à la différence du français ou de l’espagnol dont l’évolution est régie par des académies qui en fixent « le bon usage », paraît être une langue plus souple. L’innovation est accordée plus libéralement à l’anglais qu’au français, par exemple. L’absence de contraintes linguistiques fait juger « plus facile » la connaissance de l’anglais. L’exemple des nouvelles formes de transmission de la pensée montre bien que l’anglais a gardé une souplesse que d’autres langues lui envient.

14 Il est permis de penser que cette évolution, qui n’est pas terminée, prend un tour un peu nouveau du fait de la réussite de la démocratie. En d’autres termes, l’anglais, naguère anticonformiste, n’est-il pas en train d’arriver aux limites de son libéralisme ? N’est-il pas en voie d’exprimer la vision du monde des États-Unis, État dominant d’aujourd’hui moins ouvert aux critiques ? On est certes encore loin de voir le non-conformisme se transformer en dogmatisme. L’anglais demeure une langue de liberté bien que l’on constate de plus en plus d’irritabilité des puissants face à des critiques justifiées de la politique américaine. La liberté d’expression emportée de haute lutte par l’anglais n’est-elle pas menacée de manière subreptice par un pouvoir né de sa réussite ?

15 Ce qui a favorisé l’anglais, c’est le succès extraordinaire des peuples de langue anglaise au plan de l’économie et des rapports de puissance. Pour préserver sa liberté, liberté intellectuelle, liberté individuelle, mais aussi liberté nationale, l’Angleterre s’est opposée à toutes les tentatives destinées à installer la suprématie d’un État sur le continent, cette suprématie étant une menace à sa liberté de manœuvre. Cette lutte a duré de Philippe II à Louis XIV, de Napoléon à Guillaume II, d’Hitler à Staline. À chaque fois, l’Angleterre l’a emporté. La victoire a été en partie due aux institutions de liberté qui ont permis de dégager de fortes personnalités représentatives du peuple anglais. L’Anglais, l’homme qui parle anglais, est en lui-même une réussite. Cet homme est sorti invaincu de ses confrontations avec l’Europe continentale. La langue anglaise reflète ses qualités. Flegmatique, il n’aime pas à être bousculé. Il hésite parfois à se décider, mais une fois sa décision prise, il n’en change pas. Peu imaginatif, il s’informe. Au moment où d’autres fléchiraient, il reste fidèle à ses grandes orientations. Un personnage est créé. Jules Verne fera beaucoup pour l’accréditer en France : il est destiné à dominer le monde. Joseph Chamberlain n’hésite pas à le proclamer. C’est, selon ses propos, « la race de gouvernementla plus efficace qui soit apparue dans l’histoire ».

16 La langue anglaise est parlée par le « gentleman », une catégorie qui caractérise une époque et qui a remplacé le chevalier médiéval et « l’honnête homme » du XVIIe siècle français. Par la langue anglaise se véhicule l’image de la réussite. L’Angleterre est, au XIXe siècle, le premier manufacturier du monde, laissant la France loin derrière elle. Sa place est ensuite menacée par l’Allemagne qui, de fait, va la dépasser vers 1913. Mais à ce moment, ce sont les États-Unis d’Amérique qui prennent le relais. Leur production industrielle égale l’ensemble de celles des grands pays d’Europe occidentale, Royaume-Uni compris.

17 En 1900, au moment où l’Europe atteint son apogée qui est aussi celui de l’Angleterre, la langue anglaise est portée par l’impérialisme anglais, qui se manifeste dans le sud de l’Afrique avec la guerre des Boers. Cecil Rhodes est le véritable prototype de cet impérialisme, même s’il n’est pas un « gentleman ». C’est le moment où le vice-roi des Indes, Lord Curzon, trône à Delhi au milieu d’une cour de princes hindous. C’est le moment du triomphe de Rudyard Kipling, chantre accepté et revendiqué de l’Angleterre triomphante. Depuis un siècle, la littérature anglaise est, sinon la plus brillante, du moins une des plus brillantes du monde entier. Les universités anglaises forment des savants mais aussi des banquiers, deshauts fonctionnaires, des hommes politiques. Leur prestige est grand. Cecil Rhodes consacre sa fortune immense, faite sur le dos des Africains, à développer une synergie entre les divers peuples anglo-saxons, anglais, américains, canadiens, australiens et sud-africains mais aussi allemands. Le monde, peut-on penser alors, va être britannique.

18 La guerre vient ébranler cet édifice bien que la victoire sur l’Allemagne donne un répit à l’Angleterre. Londres élargit son empire colonial, progresse au Proche et Moyen-Orient. Toutefois la paix de Versailles confirme son relatif recul au profit de puissances extra-européennes. Ce sont les États-Unis qui bénéficient le plus de ce nouveau rapport de forces. Ce que la langue anglaise a perdu du fait de la guerre, elle le retrouve, avec avantage, du fait des États-Unis.

19 La période d’entre-deux-guerres méconnaît cette transformation. L’anglais est toujours le support d’une brillante littérature. La Grande-Bretagne comme la France, comme l’Allemagne, comme l’Italie ne prennent pas conscience que le monde dans lequel elles vivent a profondément changé : la Russie soviétique et les États-Unis n’ont pas accepté l’ordre international ancien qui reposait sur le « concert » de quelques États européens. L’histoire de l’entre-deux-guerres est marquée par l’incapacité des Européens à comprendre les changements intervenus. La langue anglaise fait cependant de nouveaux pas en avant. Mais ce n’est plus au profit du Royaume-Uni. Les nouvelles formes de la culture de masse, la radio, la presse écrite mais plus encore le cinéma vont contribuer à américaniser le monde. Upton Sinclair en a eu la prescience dès 1917.

20 La Seconde Guerre mondiale est une nouvelle étape dans la consolidation des positions géopolitiques de la langue anglaise. La guerre redistribue les cartes et renforce l’influence américaine. La défaite de l’Allemagne consacre l’incapacité de la langue allemande de s’imposer comme langue internationale. La victoire soviétique laisse ouvertes les chances du russe. C’est cependant l’anglais – porté par la puissance américaine – qui marque de nouveaux points. Les progrès de l’économie américaine sont foudroyants. En quatre ans de guerre, la production américaine a doublé. Elle est un modèle pour l’ambition de tous les peuples des pays industrialisés qui avaient rechuté de crise économique en défaite. Ils découvrent, une nouvelle fois, l’Amérique. Les industries culturelles sont dominées par les États-Unis.

21 Au cours des quarante-cinq années qui suivent la fin de la guerre, le monde est dominé par deux phénomènes qui vont servir les progrès de l’anglais. En premier lieu, la guerre froide. Celle-ci ne peut être contenue que par la puissance américaine et l’Alliance atlantique qui diffusent la langue anglaise. Le second phénomène est celui de la décolonisation qui se fait rapidement. Il en résulte un affaiblissement stratégique des anciennes puissances coloniales. Les pays successeurs des empires coloniaux sont généralement faibles. Si certains parviennent à jouer un rôle de bascule et si la notion de non-alignement n’est pas vide de sens, la nouvelle configuration du monde facilite la pénétration de la langue anglaise. Les essais de la France d’organiser la francophonie sur le schéma du non-alignement témoignent assez vite de leurslimites. Le non-alignement, après la décolonisation des années 1960, n’a pas beaucoup de portée en matière d’équilibre de puissance car, pour les non-Européens, le non-alignement signifie sous-développement. Le développement pour sa part est prêché par les institutions de Bretton Woods où l’anglais règne en maître. L’écroulement de l’URSS et du pacte de Varsovie se fait si rapidement qu’il ne profite qu’à l’anglais, l’Europe étant incapable de proposer un nouvel ordre international crédible. Porté par le succès de l’Amérique, l’anglais atteint ses limites géopolitiques qui sont celles de l’univers.

Les nouvelles frontières de la géopolitique de l’anglais

22 La langue anglaise a reflété, tout en les consolidant, les progrès politiques et économiques, d’abord de l’Angleterre, aujourd’hui des États-Unis. Nous entrons dans une phase, pas entièrement nouvelle, occultée par le succès de l’anglais en fonction de la réussite politique, culturelle, économique et sociale des pays qui le pratiquent. La géopolitique de l’anglais est désormais moins géographique, moins liée au phénomène du progrès économique de l’Angleterre et des États-Unis. Elle traduit l’apparition d’un nouveau rapport de forces qui n’est pas seulement extérieur, comme il était naguère et continue d’être, mais intérieur à chacune des sociétés présentes, à chacune des entreprises performantes ayant atteint une masse critique qui les rendra – ou sera susceptible de les rendre – internationales.

23 L’anglais a eu une géopolitique relativement simple, en tout cas comparable à celle du français. Langue nationale, elle est devenue impériale. Elle tend à devenir universelle, et pas seulement par la géographie. Elle aspire manifestement à devenir la langue du progrès, de la science, de la recherche; la langue de l’innovation, de la réussite matérielle; la langue de la richesse; la langue des hommes qui sont sûrs d’eux et que l’on prend pour modèle, tout en restant la langue du non-conformisme et de la liberté d’esprit. Telle est la nouvelle phase de la progression de l’anglais. Il conviendra de voir dans quelle mesure l’anglais pourra échapper à la contradiction qui existe entre l’anticonformisme des origines et les lois actuelles du succès matériel.

24 Ce qui frappe le plus dans la nouvelle vocation de la langue anglaise, c’est sa capacité à s’imposer dans le monde de la recherche. Le « brain drain », la fuite des cerveaux, ne date pas d’aujourd’hui. L’Amérique s’est servie de la langue anglaise pour accueillir généreusement de nombreux savants persécutés par les nazis. Cette démarche a été largement responsable du développement du projet Manhattan [1]. Par la suite, l’hospitalité a continué son rôle avec moins de raisons. Le réflexe non conformiste a joué pleinement en faveur de l’anglais. L’anglais, langue scientifique ? Rien n’était gagné à la fin du XIXe siècle. L’allemand et le français contribuaient pour une part importante aux progrès de la science. Plus tard, en particulier après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont ouvert largement les portes de leurs universités et de leurs laboratoires à des étudiants et des chercheurs, notamment européens, mais aussi chinois, japonais et indiens. Pour partie, cette politique était et est généreuse et a contribué à la reconstruction et à la réussite de l’Europe occidentale; pour partie, il s’agissait d’attirer dans le monde de langue anglaise les meilleurs éléments. À cet égard, la liste des prix Nobel est éclairante : nombre d’entre eux, maintenant américains, sont venus d’Europe ou d’Asie. Les raisons qui ont justifié cet appel aux cerveaux étrangers ont changé. Aujourd’hui, pour une bonne part, c’est un des moyens pour les États-Unis de conserver leur avance scientifique – même au détriment du Royaume-Uni.

25 En matière de sciences, sciences pures et sciences appliquées, technologies et techniques, la géopolitique de l’anglais repose sur la liberté et sur un libéralisme économique qui avantagent les secteurs les plus prometteurs sans qu’il y ait besoin de prendre des mesures autoritaires, sous forme de quotas par exemple, pour les favoriser. L’excellence des recherches appelle l’excellence des chercheurs qui savent que leurs mérites seront reconnus, financièrement mais aussi intellectuellement.

26 Un second front de la géopolitique de l’anglais est ouvert dans le domaine de la culture. L’anglais – dans sa version américaine tout particulièrement – est solidement établi dans ce secteur. Allusion a déjà été faite au cinéma. Comme on sait, la production cinématographique française en 1914 était à peu près de même importance que l’américaine. La guerre a facilité le progrès du cinéma américain. Celui-ci rentabilise ses productions sur son marché intérieur. Il peut risquer le « dumping  » sur les autres marchés, conscient que toute vente supplémentaire n’est que profit. Ce sont les États-Unis qui ont pris de l’avance dans le domaine des « industries culturelles ». Le cinéma, la télévision, le disque, la chanson, aujourd’hui le DVD sont des créneaux où l’anglais est particulièrement présent. L’extension des marchés a pour résultat non pas de faciliter la production de « biens culturels » dans des pays qui ne sont pas de langue anglaise mais d’inciter les artistes, les « créateurs » de ces pays à choisir l’anglais comme support linguistique pour atteindre un plus grand marché. L’anglais récupère ainsi ce que la liberté intellectuelle offre par ailleurs aux concepteurs de thèmes ou de moyens nouveaux. La loi économique qui veut que celui qui se trouve en position dominante obtienne plus que sa part se vérifie quotidiennement.

27 L’anglais occupe le terrain du numérique. La densité des internautes accompagne les progrès de l’anglais. Internet est un révélateur de la puissance culturelle américaine – c’est-à-dire celle de la langue anglaise. En effet l’anglais s’impose comme la langue de l’innovation. Naturellement, il ne saurait totalement occuper ce terrain mais une sorte de cheminée d’appel favorise l’usage de l’anglais : plus de diffusion, meilleure image. L’anglais jette ses filets beaucoup plus loin que la géographie ne l’enseigne. Nombre de pays industrialisés, dont la capacité d’innovation est immense et dont la langue est vigoureuse, n’en apportent pas moins un important tribut à l’anglais, résultat des positions acquises dans l’ouverture du marché. Cette démarche est cependant consciente (du moins peut-on le penser). Mais on passe assez rapidement du marché, légitime dans le cadre de l’économie, à une autre dimension qui est celle du profit individuel et de la promotion sociale.

28 L’anglais dispose d’une position dominante dans les secteurs de la recherche scientifique, de la communication, des images, de la culture de masse. Il dispose d’un quasi-monopole dans le secteur de l’innovation technologique. Il en résulte un pouvoir attractif auprès de tous ceux – anglophones ou non – qui recherchent le progrès social, à commencer par les hauts salaires et ce qu’ils permettent. Ainsi naît une nouvelle forme de la géopolitique de l’anglais : l’entreprise, naguère unilingue, est en train de devenir bilingue. Il va de soi que l’entreprise concernée doit avoir atteint une certaine masse critique, au plan de son chiffre d’affaires ou de sa capacité innovante. Dès lors, on constate le développement, dans l’entreprise, d’un secteur de langue anglaise – secteur dont on pourrait fort bien se passer mais qui ronge l’entreprise de l’intérieur. Tout se passe comme si « penser en anglais » devenait nécessaire pour comprendre le monde.

29 Il en résulte – et nous en sommes les témoins – l’apparition, dans les entreprises les plus innovantes, les plus puissantes, d’un secteur qui s’élargit par métastases et qui anglicise de proche en proche tous les départements de l’entreprise. Cette évolution se fait avec le concours actif des personnels concernés qui s’adaptent, autant qu’ils le peuvent, pour profiter des éventuelles retombées, en matière de prestige, d’influence et plus prosaïquement en matière de promotion et de salaire. Il se constitue, parfois au cœur même de l’entreprise, dans la hiérarchie décisionnelle, un noyau dur auquel ceux qui le peuvent cherchent à adhérer. Cette évolution s’accompagne d’un développement parallèle dans la fonction publique qui rejoint le choix – conscient ou non – qui est fait par les politiques, même lorsqu’ils ont le devoir de protéger la langue nationale, pour assurer la cohésion sociale.

30 Si l’usage de l’anglais est bien l’un des moyens les plus rapides et les plus sûrs de promotion sociale à travers l’entreprise, il existe des secteurs où le recours à l’anglais est devenu une nécessité. Tel est le cas du monde de la finance internationale. Le rôle de Wall Street, celui de la « City » sont tels que pour appréhender les problèmes du système monétaire international, il est nécessaire de bien connaître et comprendre l’anglais. L’anglais est la langue des grandes organisations internationales, comme le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Il est, dans la pratique, la langue de la monnaie européenne et plus généralement des banques d’émission. C’est donc un pan entier de l’activité économique mondiale qui lui appartient.

31 La communication est, elle aussi, dominée largement par l’anglais. L’information est dans ce cas. En effet les grandes agences de presse réellement mondiales sont de langue anglaise. Deux de ces agences sont américaines, l’une est anglaise. En dehors des trois grandes, seule l’agence France-Presse, bien que de taille plus restreinte, parvient à jouer un rôle mondial. Les chaînes d’information télévisée sont de langue anglaise. Leurs moyens en images véhiculent des informations de langue anglaise. On se trouve à la confluence entre les moyens de communication et les industries culturelles qui sont largement porteuses de langue anglaise.

32 La langue anglaise exprime aussi une forme de droit bien caractéristique qui découle de l’attitude non conformiste qui est à l’origine de son succès. Face à un courant de pensée qui plonge ses origines dans l’héritage gréco-romain et débouche dans un système juridique fondé sur des principes dont découlent des codes, des lois, une autorité philosophique ou religieuse, l’anglais propose un droit coutumier qui fait référence au libre arbitre, un droit plus souple reposant sur un tissu de précédents qui laisse une possibilité de remise en cause. De même que l’anglais est plus une langue de nuances qu’une langue de clarté, le droit d’expression anglaise fait une place importante à l’empirisme. Il est en passe de dominer, de proche en proche, le monde des affaires. Les grands cabinets d’avocats américains sont en voie d’occuper la quasi-totalité de l’espace du droit des affaires.

33 La langue anglaise, originale dans ses formes juridiques, est respectueuse du passé. Le lien avec les institutions n’y est sans doute pas étranger. L’Angleterre s’est bâti un système politique sans Constitution écrite, s’améliorant ou se modifiant au gré des circonstances. L’un des grands atouts de la géopolitique de l’anglais est sans doute son évolution vers la démocratie. L’anglais a accompagné le progrès de la démocratie représentative, naguère le nec plus ultra du régime politique, démocratie représentative imitée, rarement avec un succès total. La souplesse du système anglais lui a permis de durer. Face à des régimes autoritaires et antidémocratiques comme l’ont été l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste et l’Union soviétique, les pays de langue anglaise n’ont pas dévié dans leurs convictions et surtout l’ont emporté au point que certains ont pu imaginer une extension des gouvernements démocratiques à la terre entière. Cette prédiction a été, pour le moins, prématurée. De nombreux et puissants États n’ont pas rallié le camp des démocraties et n’ont pas l’intention de le faire.

34 On peut dire, aujourd’hui encore, que l’anglais se présente comme une langue porteuse de l’esprit démocratique, ce qui se traduit par le libéralisme dans la pensée politique et dans l’action gouvernementale, du respect des valeurs humanistes et de la libre concurrence dans l’ordre économique. La géopolitique de l’anglais est tout ensemble un reflet du succès politique, économique, culturel des peuples de langue anglaise et un moyen d’accroître leur influence par la diffusion de la langue. Le front géopolitique de l’anglais est à la fois externe – la puissance des États qui adhèrent à sa philosophie avec ses conséquences au plan de la puissance – et interne avec l’anglais comme plus sûr moyen de promotion sociale.

L’avenir de l’anglais, langue géopolitique

35 L’avenir de la langue anglaise dépend de son aptitude à garder l’attrait que lui valent son extension géographique et sa place dans la vie moderne. La question demeure de savoir combien de temps s’écoulera avant que des contradictions affectent la place de l’anglais, son rôle dominant, son caractère impérial et son infaillibilité intellectuelle d’un côté, et de l’autre son attachement au non-conformisme et au libre arbitre. Une trop grande réussite ne risque-t-elle pas de provoquer une rupture entre l’esprit de libre critique et la réussite matérielle ?

36 La géopolitique de l’anglais contient donc en elle-même sa force et sa faiblesse. Sa force principale a été historiquement la liberté de penser, la liberté de s’exprimer, le refus du dogmatisme. C’est en choisissant cette voie que le peuple anglais est parvenu à bâtir un vaste empire tout en confirmant pour lui-même le choix de la démocratie. L’aristocratie anglaise ne s’est pas repliée sur elle-même. Elle s’est ouverte sans les soubresauts que l’on pouvait observer ailleurs et principalement en France et en Russie.

37 Au plan international, l’anglais a exprimé le refus de la suprématie d’un pays d’Europe aux dépens des autres. Au moment de son apogée, la Grande-Bretagne était certes une puissance impériale – même une puissance mondiale – sans toute-fois chercher à imposer un ordre international, en particulier en Europe, comme avaient tenté de le faire Philippe II, Louis XIV et Napoléon. Mais la mesure qui a été la qualité maîtresse de la politique européenne du Royaume-Uni est-elle toujours celle de la langue anglaise aujourd’hui ? Le monde a changé d’échelle. Désormais le pouvoir de la langue anglaise tient à ce qu’elle est la langue des États-Unis. Ceux-ci sauront-ils faire preuve de la modération qui a inspiré le Royaume-Uni ? À l’inverse, les États-Unis peuvent-ils devenir la première puissance amenée à diriger le monde, s’ils sont pris par le doute ? La faiblesse de l’anglaisréside cependant dans le risque de démesure provoqué par la trop grande puissance des États-Unis.

38 Le bilinguisme, qui fut une solution pour l’Empire romain, pourrait-il le devenir pour l’Empire américain ?La pénétration de l’espagnol laisse perplexe mais, pour l’heure, ne met pas en cause la prépondérance de l’anglais. Le bilinguisme anglofrançais, tel qu’il se pratique aujourd’hui, c’est-à-dire aux dépens du français, ne paraît pas ouvrir de perspective, du moins tant que la France et l’Europe n’auront pas choisi d’exister en contestant vigoureusement la politique américaine.

Notes

  • [*]
    Jean-Marie Le Breton a dirigé le Service des Affaires francophones au Quai d’Orsay. Il a servi à Moscou et à Ottawa. Il a été ambassadeur à Sofia, Bucarest et Lisbonne. Il est président de l’Association France-Grande-Bretagne et secrétaire général du Conseil franco-britannique. Il vient de publier Grandeur et Destin de la Vieille Europe : 1492-2004 : essai historique (L’Harmattan, Paris, 2004).
  • [1]
    Qui a abouti à la bombe atomique.
Français

Du point de vue géopolitique, la langue anglaise traduit les victoires politiques de l’Angleterre contre les ambitions de puissances continentales européennes, tandis qu’elle établissait sa domination sur le plus vaste empire de l’histoire. De nos jours, l’anglais étant la langue de la puissance hégémonique que sont les États-Unis, il est devenue la lingua franca de notre temps. Le français mène un combat d’arrièregarde pour retarder la victoire de l’anglais. Dans une certaine mesure, l’anglais est la langue de la démocratie et du non-confor-misme et il envahit la vie domestique des autres peuples. L’anglais est devenu une nécessité si l’on veut faire carrière dans l’industrie, la finance et où que ce soit, dans toute entreprise de quelque importance dans le monde.

Jean-Marie Le Breton [*]
  • [*]
    Jean-Marie Le Breton a dirigé le Service des Affaires francophones au Quai d’Orsay. Il a servi à Moscou et à Ottawa. Il a été ambassadeur à Sofia, Bucarest et Lisbonne. Il est président de l’Association France-Grande-Bretagne et secrétaire général du Conseil franco-britannique. Il vient de publier Grandeur et Destin de la Vieille Europe : 1492-2004 : essai historique (L’Harmattan, Paris, 2004).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 30/11/-0001
https://doi.org/10.3917/her.115.0011
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