CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Après 1918, alors même que l’Europe ne cesse de parler de paix, de démobilisation, d’organisation de la sortie de la Grande Guerre, la réorganisation de l’Empire ottoman pourtant ardemment souhaitée par une partie des populations locales provoque une nouvelle déstabilisation des territoires libérés de la tutelle turque. L’état de déliquescence de territoires soumis au blocus pendant la guerre, l’improvisation politique qui préside à l’organisation des mandats adossée à la difficulté de savoir si l’on est ou non dans un cadre colonial (le mandat n’est pas perçu par tous de la même manière), la durée avec laquelle les nouvelles structures se mettent en place localement entraînent des incompréhensions multiples, et pour finir la reprise d’un état de guerre qui apparaît au grand jour au cours de l’année 1920. La guerre ne se contente pas d’être visible sur un seul front, d’opposer un seul adversaire : elle se dédouble entre une guerre contre les Arabes à l’intérieur de la Syrie nouvellement constituée par les autorités mandataires et une guerre contre les Turcs au nord du territoire. Entre rupture et continuité, ces deux conflits s’inscrivent dans des luttes de nature différentes pour forger un État : les Arabes se battent pour la reconnaissance politique de leur pouvoir par la construction d’un État, les Turcs se battent aussi pour la reconnaissance politique, par la négociation sur les frontières.
En Syrie proprement dite, l’état de guerre procède de la difficulté à définir ce qu’est un État…

Français

À l’issue de la Grande Guerre, Fayçal, fils de Hussein chérif de La Mecque, apparaît comme un partenaire des Alliés. Soutenu par les Britanniques, il montre une impatience croissante à former un royaume. Acclamé roi de Syrie en mars 1920 par une assemblée parlementaire auto-proclamée, laquelle est aussitôt considérée comme illégale par les Alliés, Fayçal tente d’organiser un État bien qu’il dépende financièrement et matériellement de la France et de l’Angleterre. Les choix effectués – élaboration d’un drapeau, décision de battre monnaie et de recruter une armée – montrent qu’il met en œuvre des outils régaliens et symboliques alors même que ses anciens alliés se dissocient progressivement de ses prises d’initiatives.

Julie d’Andurain
Université de Lorraine
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Mis en ligne sur Cairn.info le 17/03/2022
https://doi.org/10.3917/gmcc.285.0019
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