Dans les entreprises et les services publics, on observe une multiplication des consignes visant à assurer un accueil adapté aux personnes trans. Depuis plus d’une décennie, les institutions européennes appellent à garantir le respect des droits de cette population (Commissaire aux droits de l’homme, 2009 ; Direction générale des politiques internes du Parlement européen, 2010). En France, le Défenseur des droits (2015) et la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (2019) ont récemment élaboré des guides prévus à cet effet. Ces recommandations entendent limiter les discriminations sur la base de l’identité de genre, lesquelles sont entrées dans le Code pénal français en 2017 sans plus ample définition, laissant le champ libre à une « appropriation multiforme » de ce critère (Jaunait, 2020). De telles mesures prennent place dans un contexte de transformations de l’ordre du genre. Avec le développement des mobilisations féministes et LGBT – les mouvements spécifiquement trans ayant fait l’objet d’une montée en visibilité particulièrement remarquable depuis les années 2000 – émergent de nouvelles normes égalitaires, bien que l’organisation de réelles formations destinées aux agent·e·s demeure rare dans les services publics. Dans ce contexte, qu’en est-il concrètement pour les personnes concernées ? Les limites des discours et politiques d’inclusion ont déjà été explorées en France à propos de l’égalité femmes/hommes (Sénac, 2015), ou encore à propos de la norm…