CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1Le vieillissement des populations occidentales a conduit de nombreux pays à adopter des plans de politiques publiques pour favoriser le « vieillissement en bonne santé ». En France, depuis le tournant du siècle, on assiste à une forme de segmentation des politiques sociales de la vieillesse, séparant la question de la dépendance, associée au grand âge, et la question du « bien vieillir », ciblant par des mesures préventives les âges compris entre 50 et 70 ans (Puijalon et Trincaz, 2014) que nous appellerons « l’entrée dans le vieillissement », pour insister sur la dimension processuelle, de préférence aux notions de « troisième âge » ou de « seniors » (Caradec, 2001 ; Hummel, Mallon et Caradec, 2014). Les épidémiologistes ont montré que l’alimentation joue un rôle majeur dans le maintien en bonne santé, mais aussi dans les inégalités sociales de santé (Gakidou et al., 2017; Inserm, 2014 ; Marmot et Wilkinson, 2006). L’alimentation, incluse dans les mesures de prévention, a fait l’objet de recommandations très concrètes, aussi bien dans le cadre du Programme National Bien Vieillir (2003-2005), que dans différents guides édités dans le cadre du Programme National Nutrition Santé (par exemple, Guide nutrition à partir de 55 ans). Ces recommandations sont susceptibles d’entrer en concurrence avec d’autres normes définissant le « bien manger » (Lahlou, 1998) portées par d’autres acteurs que ceux de la santé publique. Les professionnels de la gastronomie, les producteurs et industries agroalimentaires, les divers acteurs (associations, politiques publiques, etc.) qui identifient dans l’alimentation une porte d’entrée pour agir sur la famille, promeuvent et diffusent aussi des normes de consommation auxquelles les personnes sont plus ou moins exposées et réceptives (Bildtgård, 2010 ; Cardon, Depecker et Plessz, 2019 ; Plessz, Dubuisson-Quellier, Gojard et Barrey, 2016).

2En population générale, les femmes et les personnes plus diplômées sont plus réceptives aux recommandations de santé et ont une alimentation plus conforme aux normes nutritionnelles (Cardon et al., 2019 ; Régnier et Masullo, 2009 ; Saint Pol, 2010). Au fil de l’avancée en âge, les pratiques corporelles évoluent mais sont ancrées dans la continuité des parcours de vie (Hénaff-Pineau, 2014 ; Pillonel, 2018). Des travaux portant sur les hommes « à l’âge critique » montrent que les pratiques alimentaires peuvent jouer un rôle dans la maîtrise d’un processus de vieillissement, dont l’origine perçue est extrêmement variable (Diasio et Fidolini, 2019). Par ailleurs, un certain nombre de changements contextuels interviennent qui peuvent introduire des ruptures dans les pratiques alimentaires : les retraités prennent davantage leurs repas à domicile que les actifs (Hurd et Rohwedder, 2006 ; Stancanelli et Soest, 2012). Après la retraite, les hommes mangent donc plus souvent des repas préparés par leur conjointe ou une aidante (Cardon, 2015 ; Plessz et Guéguen, 2017), ce qui pourrait rapprocher l’alimentation des hommes de celle des femmes.

3On peut alors se demander si les différences d’alimentation, notamment en fonction du sexe, se maintiennent ou se transforment avec l’avancée en âge. Si des recherches ont porté sur les changements alimentaires au grand âge, notamment suite à l’entrée en dépendance (Cardon, 2010 ; Cardon et Gojard, 2009), l’évolution de l’alimentation au début du processus de vieillissement, précisément aux âges ciblés par les injonctions au « bien vieillir », reste peu documentée et a fortiori peu quantifiée.

4Des travaux portant sur des données transversales montrent que les personnes de plus de soixante ans ont une alimentation plus conforme aux normes nutritionnelles que les plus jeunes (Escalon et Beck, 2010 ; Hébel, Pascale et Gaignier, 2005), mais qu’il subsiste une forte hétérogénéité parmi les plus de 60 ans, notamment selon la classe d’âge, le sexe, le niveau d’éducation et la situation familiale (Fraser, Welch, Luben, Bingham, et Day, 2000 ; Host, McMahon, Walton et Charlton, 2016 ; Irz et al., 2014). Quelques recherches sur des données françaises en pseudo-panel [1] (Babayou et Volatier, 1997 ; Recours et Hébel, 2007) et en cohorte prospective (Plessz, Guéguen, Goldberg, Czernichow et Zins, 2015) montrent en outre que les différences entre classes d’âge renvoient à la fois à des effets d’âge et de génération ; elles offrent cependant une vision de l’alimentation fragmentée par produit alimentaire.

5Le but de cet article est de décrire l’évolution de l’ensemble de l’alimentation au fil de l’avancée en âge [2] : se rapproche-t-elle des recommandations de santé publique, des recommandations gastronomiques ou marchandes ? En particulier, l’inégale prégnance des normes de prévention nutritionnelle entre hommes et femmes se maintient-elle ?

6Nous utilisons la cohorte Gazel, constituée de 20 625 agents des entreprises EDF-GDF nés entre 1939 et 1953, dont nous analysons l’alimentation sur les âges 45 à 75 ans. Nous construisons une vision synthétique de l’alimentation sous la forme d’un espace alimentaire en trois dimensions, qui renvoient à différents registres normatifs (marchand, nutritionnel, et gastronomique). Nous étudions ensuite l’évolution de l’alimentation des hommes et des femmes sur ces trois dimensions, au moyen de modèles mixtes à constante aléatoire. Enfin nous discutons ces résultats au regard de la question des inégalités dans le vieillissement.

Matériaux et méthodes : la cohorte Gazel

La cohorte Gazel

7Gazel est une cohorte épidémiologique prospective [3]. Sans être une enquête en population générale, la cohorte Gazel repose sur des invitations systématiques (non sur le volontariat). L’alimentation y est une thématique récurrente mais mineure. Cela évite les biais de recrutement sur l’intérêt pour la nutrition et en fait un des rares jeux de données disponibles en France pour mesurer l’évolution des consommations alimentaires.

8La cohorte a été constituée en 1989 par l’invitation de tous les agents des entreprises Électricité de France (EDF) et Gaz de France (GDF) âgés de 40 à 50 ans pour les hommes et 35-50 ans pour les femmes, à compléter le premier questionnaire. La moitié des invités a répondu, soit 20 625 personnes [4]. Ils sont suivis chaque année par un questionnaire papier par voie postale. Des données sont aussi extraites des registres des décès et des cancers, de la Sécurité sociale (SNIIR-AM) et des services des entreprises (médecine du travail, ressources humaines et caisse de retraite). En particulier, EDF-GDF ou la caisse de retraite fournissent toujours la dernière adresse postale des enquêtés, ce qui évite les « perdus de vue ».

La population d’étude

9Les participants de Gazel ne sont pas représentatifs de la population française de 1990, ni même de la population française en emploi, du fait de leur génération de naissance et de leur secteur d’activité particulier. Non seulement ils font partie des cohortes de naissance privilégiées identifiées par Louis Chauvel (1998) mais en tant qu’agents d’entreprises publiques, ils relèvent également du salariat à statut (Cartier et al., 2010). Au cours de leur vie, ils ont ainsi bénéficié également de l’expansion scolaire, de la croissance économique, de carrières très continues et de retraites précoces (entre 55 et 60 ans).

10Une comparaison avec les données du recensement de 1990, en retenant les hommes et les femmes des mêmes tranches d’âge que dans Gazel, permet de préciser ce point. La distribution des niveaux de diplôme des enquêtés de Gazel montre une surreprésentation des diplômes du secondaire professionnel (CAP, BEP). Cette surreprésentation est aussi observable parmi les salariés EDF-GDF du recensement. La cohorte compte une proportion de bacheliers et diplômés du supérieur comparable au salariat dans sa globalité pour les hommes, et plus faible pour les femmes.

Figure 1

Niveaux de diplômes dans le recensement et dans Gazel selon le sexe

Figure 1

Niveaux de diplômes dans le recensement et dans Gazel selon le sexe

Note : BEPC (et -) : brevet, certificat d’études, ou sans diplôme. CAP BEP : Certificat d’aptitude professionnelle, Brevet d’études professionnelles. BAC et + : Baccalauréat, diplôme du supérieur.

11Pour cet article, nous avons exclu les participants qui ont pris leur retraite avant 50 ans [5] (1308 exclus) et qui n’ont pas répondu à l’autoquestionnaire en 1998, 2004, 2009 ou 2014 (9012 exclus) ou rempli moins de deux tiers des questions du fréquentiel alimentaire (329 exclus). La population retenue dans le présent article est donc de 7562 hommes et 2414 femmes (diagramme en annexe A1). Nous pouvons caractériser (tableau 1) ces hommes et ces femmes par leur diplôme et par leur cohorte de naissance même si elles sont très rapprochées : 1939-1943 ; 1944-1948 ; et 1949-1953 (pour les femmes seulement).

Tableau 1

Année de naissance et diplôme dans la cohorte Gazel (population incluse dans l’étude)

HommesFemmesTotal
Année de naissance
1939-19433 169 (41,9 %)623 (25,8 %)3 792 (38 %)
1944-19484 393 (58,1 %)931 (38,6 %)5 324 (53,4 %)
1949-1953 (femmes)860 (35,6 %)860 (8,6 %)
Diplôme
Inférieur ou égal au BEPC1 436 (19 %)650 (27 %)2 086 (21 %)
CAP, BEP, lycée3 888 (51 %)1 126 (47 %)5 014 (50 %)
Bac ou études supérieures2 238 (30 %)638 (26 %)2 876 (29 %)
Total7 562 (100 %)2 414 (100 %)9 976 (100 %)

Année de naissance et diplôme dans la cohorte Gazel (population incluse dans l’étude)

L’alimentation dans les questionnaires de la cohorte Gazel

12L’alimentation a figuré de manière identique à quatre reprises dans le questionnaire annuel de Gazel, en 1998, 2004, 2009 et 2014. Ces questionnaires comprennent un fréquentiel alimentaire introduit par la question Combien de fois par semaine mangez-vous (repas et collations compris) et l’enquêté peut répondre : Jamais ou presque ; une à deux fois par semaine ; pas tous les jours mais plus de 2 fois par semaine ; tous les jours ou presque. Ce fréquentiel couvre des groupes d’aliments comme : Des aliments frits (frites, chips, beignets, viandes ou poissons panés…) ou des œufs. Certains de ces items présentent des modalités rares (choisies par moins de 5 % de l’échantillon), que nous avons regroupées avec la modalité adjacente (par exemple pour le pain « jamais ou presque » avec « une à deux fois par semaine »). S’y ajoutent des questions sur la consommation de sel, de sucre, de produits allégés et de matières grasses, soit 22 items au total, listés dans l’annexe A2.

L’alimentation dans Gazel en 1998 : trois dimensions

13L’analyse factorielle permet de construire, à partir de ces 22 items, un espace alimentaire où les individus se situent les uns par rapport aux autres. Nous avons effectué cette analyse (ACM) [6] sur les données de 1998, sans séparer les hommes et les femmes. En effet, les goûts des hommes ne se situent pas seulement par rapport à ceux des autres hommes mais aussi par rapport à ceux des femmes. Dans l’ACM, après examen des valeurs propres, nous avons retenu les trois premiers axes qui sont décrits dans le tableau 3 [7] (les plans factoriels figurent en annexe A3 et A4).

14Le premier axe oppose des participants qui mangent fréquemment des produits gras et/ou sucrés (friture, charcuterie, pâtisseries, sucre, boissons sucrées, desserts, etc.), sur la gauche de l’axe horizontal, aux faibles consommateurs de ces produits. Cet axe peut s’interpréter comme l’expression d’une prédominance de « Produits gras et sucrés » dans l’alimentation. On pourrait le rapprocher du dietary pattern occidental (western) souvent isolé par les nutritionnistes (Kant, 2004) ; en ce sens, il pourrait refléter la propension à consommer des produits alimentaires considérés comme peu favorables à la santé. Il comprend une part importante de produits transformés. Il pourrait donc aussi s’interpréter comme le signe d’une affinité avec les prescriptions portées par les acteurs marchands du secteur agroalimentaire, par exemple à travers la publicité.

15Le deuxième axe oppose les grands consommateurs de fruits, légumes, laitages, produits allégés, en haut du graphique, aux faibles consommateurs de ces produits ainsi que de poisson, en bas du graphique. Nous isolons ici une dimension « Fruits, légumes, laitages », qui peut être rapprochée de ce que les nutritionnistes identifient comme un type d’alimentation « sain », aussi qualifié de « prudent ». Les prescriptions nutritionnelles destinées aux personnes vieillissantes recommandent une consommation de produits laitiers plus élevée que pour la population générale. On pourrait donc caractériser cet axe comme reflétant l’adéquation de l’alimentation avec les recommandations nutritionnelles dans le vieillissement.

16Le troisième axe isole les grands consommateurs de viande rouge, vin, fromage, mais aussi légumes et pain, et faibles consommateurs de fruits, produits allégés, laitages. Cette dimension, que nous appelons « Viande, vin, fromage » renvoie à des produits de la cuisine française traditionnelle, par opposition aux produits élaborés industriellement, qu’ils soient compatibles ou non avec les recommandations nutritionnelles, comme les produits allégés ou les fritures. Le fait que le vin y figure est révélateur de la spécificité française en matière de consommation d’alcool, en particulier parmi les âges les plus élevés aujourd’hui (Beck, Legleye et Peretti, 2008).

Tableau 2

Inertie et liste des modalités les plus contributives pour les trois premiers axes de l’Analyse des correspondances multiples*

DimensionInertiePlus fortes contributionsInterprétation d’une coordonnée positive
Coordonnées négativesCoordonnées positives
15,17 %Charcuterie jamais ou presque
Friture jamais ou presque
Sucre jamais ou presque
Viande* moins de 3 fois/semaine
Dessert jamais ou presque
Légumes tous les jours ou presque
Charcuterie au moins 1/semaine
Friture au moins 1/semaine
Boisson sucrée au moins 1/semaine
Féculents moins de 3 fois/semaine
Viennoiserie au moins 1/semaine
Produits gras et sucrés
24,19 %Crudité moins de 3 fois/semaine
Fruits jamais ou presque
Légumes moins de 3 fois/semaine
Laitage jamais ou presque
Poisson jamais ou presque
Légumes tous les jours ou presque
Crudité tous les jours ou presque
Laitage tous les jours ou presque
Fruits tous les jours ou presque
Fruits, légumes, laitages
33,89 %Pain pas tous les jours
Laitage + de 2 fois par semaine
Lait 1 à 5 fois par semaine
Light + de 2 fois par semaine
Laitage jamais ou presque
Vin 3 verres/jour ou plus
Viande tous les jours ou presque
Féculent tous les jours ou presque
Fromage tous les jours ou presque
Produits Light jamais ou presque
Crudités plus de 4 fois par semaine
Légume tous les jours ou presque
Charcuterie plus de 2/semaine
Viande, vin, fromage

Inertie et liste des modalités les plus contributives pour les trois premiers axes de l’Analyse des correspondances multiples*

* Viande : viande rouge (un autre item concerne les volailles).

17En 1998, la position des participants et participantes à Gazel sur ces trois axes dépend peu de leur diplôme ou de leur génération, en revanche les femmes ont un score moyen nettement plus faible que les hommes sur le premier axe (« Produits gras et sucrés »), donc une consommation (déclarée) moins fréquente de ces produits. Ces données confortent l’hypothèse d’une plus grande sensibilité des femmes aux recommandations nutritionnelles, en particulier celles exprimées sous forme restrictive (Lhuissier, 2010).

18L’espace dans lequel se situe l’alimentation des participants à Gazel en 1998 peut donc se résumer en trois dimensions. Nous pouvons à présent décrire comment les enquêtés s’y déplacent au fil de leur avancée en âge. Pour cela, nous calculons les coordonnées de chaque individu sur les trois axes de l’ACM, d’après ses réponses aux questionnaires de 2004, 2009 et 2014 [8].

Avancée en âge et alimentation

19Pour analyser l’évolution de l’alimentation, nous utilisons des modèles mixtes [9] dont la variable dépendante est le score des enquêtés sur chaque axe (soit trois modèles) [10]. Nous estimons ces modèles séparément pour les hommes et pour les femmes, ce qui nous permettra de savoir si les modifications de l’alimentation avec l’avancée en âge sont différentes selon le sexe.

20Les participants à Gazel avaient le droit de prendre leur retraite entre 55 et 60 ans selon leur carrière professionnelle (97 % ont pris leur retraite avant 60 ans). Aussi, nous avons codé l’âge comme une variable continue en deux morceaux, afin de savoir si les modifications de l’alimentation sont plus fortes avant et après 60 ans. En outre, nous introduisons la cohorte de naissance et le diplôme dans nos modèles ; elles servent de variables de contrôle (pour ne pas confondre par exemple l’effet d’âge avec un effet de cohorte) et donnent un ordre de grandeur par rapport à l’effet de l’avancée en âge : un coefficient d’une valeur de -2,1 quand un individu vieillit d’un an peut être comparé à la différence de 1,79 entre un individu qui a le certificat d’études et un individu au moins bachelier (tableau 3, axe 1, hommes).

Tableau 3

Modèles mixtes prédisant la position des participants sur les trois dimensions de l’alimentation au fil de l’avancée en âge dans Gazel1,2

Tableau 3
Hommes Femmes Axe 1 Axe 2 Axe 3 Axe 1 Axe 2 Axe 3 Produits gras et sucrés Fruits, légumes, laitages Viande, vin, fromage Produits gras et sucrés Fruits, légumes, laitages Viande, vin, fromage Âge (avant 60 ans)1 -2,10*** 0,82*** 0,38*** -1,52*** 0,59*** 0,58*** Âge (à partir de 60 ans)1 -0,22*** 0,15*** 0,085** 0,028 -0,047 0,19** BEPC 0 0 0 0 0 0 CAP BEP 1,23 4,20*** -0,61 -0,53 1,81 0,81 Bac et + -1,79* 4,45*** -2,04** -0,93 2,86* 0,34 1939-1943 0 0 0 0 0 0 1944-1948 -2,08*** 0,26 -3,15*** -1,39 1,15 -1,66 1949-1953 (femmes) -2,70* -1,90 -3,12** Constante -7,15*** 1,06 6,41*** -31,1*** 6,65*** 1,68 ICC2 0,6 0,53 0,51 0,58 0,51 0,44 Observations 30 248 30 248 30 248 9 656 9 656 9 656 Participant.e.s 7 562 7 562 7 562 2 414 2 414 2 414

Modèles mixtes prédisant la position des participants sur les trois dimensions de l’alimentation au fil de l’avancée en âge dans Gazel1,2

1 Effet d’une année d’âge supplémentaire. Les scores factoriels ont été multipliés par 100.
2 Corrélation des résidus intraclasse (entre les 4 résidus obtenus pour chacun des participants à chaque année d’observation).
* p < 0.05, ** p < 0.01, *** p < 0.001

21C’est sur la première dimension (« Produits gras et sucrés ») que l’âge a l’effet le plus fort, en particulier avant 60 ans. Les participants ont un score décroissant sur cet axe au fur et à mesure qu’ils vieillissent, c’est-à-dire qu’ils tendent à abandonner les produits gras, sucrés, et manufacturés. Après 60 ans toutefois, pour les femmes, la pente est presque nulle, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de changement sur cette dimension. Pour les hommes, la pente devient beaucoup plus faible. En outre, les femmes à tous les âges ont un score nettement inférieur à celui des hommes sur cet axe (la constante est de -7.15 pour eux contre -31.1 pour elles), ce qui signifie qu’elles déclarent consommer globalement moins ce type de produits.

22Sur la deuxième dimension (« Fruits, légumes, laitages ») pour les hommes, le diplôme fait plus de différence que l’avancée en âge. L’écart entre Brevet d’études et Baccalauréat est comparable au fait de vieillir de 6 années, alors que sur la première dimension il était proche de l’effet d’un an de plus. Pour les femmes, même si tous les coefficients sont plus faibles, on retrouve cet ordre de grandeur. Au vu de la constante, les femmes ont un score plus élevé sur cet axe à tous les âges (elles déclarent donc une alimentation plus proche des normes nutritionnelles) mais l’écart est moins important que sur la première dimension.

23Sur la troisième dimension (« Viande, vin, fromage »), l’âge et le diplôme jouent un rôle modeste chez les hommes et plus encore chez les femmes. C’est sur cette dimension de l’alimentation que l’année de naissance fait le plus de différence. Au fil de l’avancée en âge, les enquêtés déclarent consommer plus souvent ces produits typiques de la cuisine française et familiale mais ce constat est plus marqué encore pour la génération la plus ancienne.

24Enfin, l’examen des constantes et des coefficients associés aux variables d’âge sur chaque axe indique que les trajectoires des hommes et des femmes convergent. Cette convergence est lente, surtout après 60 ans, et surtout perceptible sur la dimension « Produits gras et sucrés », qui est aussi celle sur laquelle l’écart initial entre hommes et femmes est le plus grand.

Discussion

25Bien que constituée d’une population spécifique, la cohorte Gazel présente l’intérêt de ne pas être constituée sur la base d’un intérêt pour l’alimentation ni même pour la santé. Elle permet de décrire l’effet de l’avancée en âge sans le confondre avec un effet de génération et d’analyser les différences dans l’évolution de l’alimentation.

26Tout d’abord, les modifications de l’alimentation au fil de l’avancée en âge sont plus fortes avant 60 ans qu’après. En France, plusieurs événements biographiques marquants surviennent souvent à la cinquantaine : départ des enfants du foyer, éventuelle naissance des premiers petits-enfants, et pour nos enquêtés, passage à la retraite. Une analyse en termes de bifurcation biographique (Bessin, Bidart et Grossetti, 2010) pourrait expliquer que les changements que nous observons soient plus rapides entre 45 et 60 ans qu’entre 60 et 75 ans. Dès lors, on peut parler de vieillissement inégal au sens où se succèdent des phases de changement inégalement rapides.

27Ensuite, entre la quarantaine et l’âge de 75 ans, l’alimentation des participants de la cohorte Gazel se rapproche des recommandations nutritionnelles : leur score sur l’axe signalant une alimentation riche en produits gras et sucrés se réduit, à l’inverse leur score augmente sur le second axe associé aux légumes, fruits et laitages. Toutefois, une telle interprétation rabat peut-être trop vite les évolutions observées sur la problématique des inégalités de santé. Certes nos résultats correspondent à ceux de nombreuses études d’épidémiologie nutritionnelle recherchant des patterns alimentaires (Kant, 2004) : à première vue, nous avons un premier axe assez proche du type « occidental », un second comparable au type « prudent », et plusieurs études mentionnent un type « traditionnel ». Mais on peut aussi y voir la trace de différents ordres normatifs sur l’alimentation. Le premier axe renvoie aux produits valorisés par des normes qu’on pourrait qualifier de marchandes, car il fait une place importante aux produits transformés et valorisés par la publicité et les supermarchés. Le deuxième axe renvoie à une alimentation régie par des normes diététiques et marquée par une logique de frugalité. Moins qu’à un « régime méditerranéen » décontextualisé, il semble faire écho aux recommandations qui visent de plus en plus nos enquêtés au fur et à mesure qu’ils vieillissent : les produits laitiers sont particulièrement recommandés après 55 ans. Le troisième axe enfin renvoie à une alimentation régie par des normes gastronomiques et culinaires, mettant à distance autant les produits transformés de la dimension « Produits gras et sucrés » que la frugalité de la dimension « Fruits, légumes, laitages », comme le montre la présence du fromage et non des laitages ou du lait. Plutôt que l’image d’une alimentation saine en trois dimensions, on pourrait donc y voir trois façons de bien manger, inscrites dans des logiques différentes et portées par des prescripteurs spécifiques (Plessz et al., 2016 ; Warde, 2016) – les acteurs marchands de l’agroalimentaire, les acteurs savants de la santé publique et l’environnement proche à travers la famille et la restauration.

28Nous pouvons donc reformuler nos conclusions ainsi : au fil du vieillissement, les pratiques alimentaires des participants à Gazel renvoient à une définition de « bien manger » qui s’éloigne des prescriptions marchandes et se rapproche des prescriptions de la santé publique. La proximité aux normes culinaires ou gastronomiques n’évolue quasiment pas au fil du vieillissement (effet de l’âge très faible sur la dimension « Viande, vin, fromage ») mais est marquée par des effets de cohorte qui traduisent la socialisation dans un contexte historique spécifique. Les premières grandes surfaces en libre-service alimentaire ouvrent dans les années 1960 en France et les enquêtés nés après 1944 ont sans doute plus souvent appris à faire leurs courses d’emblée en grandes surfaces que leurs aînés. À l’appui de cette interprétation en termes de registres normatifs, on constate que le diplôme est associé à un score nettement plus élevé sur la dimension « Fruits, légumes, laitages ». Évaluer si les différences liées au diplôme augmentent ou diminuent au cours de l’avancée en âge excéderait l’espace de cet article mais on peut affirmer que prendre en compte l’âge et la génération de naissance ne suffit pas à rendre compte des différences d’alimentation selon le niveau de diplôme, différences qui peuvent avoir des conséquences sur la santé des personnes vieillissantes.

29Enfin, les différences entre hommes et femmes, particulièrement visibles sur la dimension « Produits gras et sucrés », tendent à diminuer au fil de l’avancée en âge. Cela pourrait être dû à une modification du contexte des repas. Avec le passage à la retraite, les ménages ont plus recours aux préparations domestiques et moins à la restauration commerciale (Hurd et Rohwedder, 2006 ; Stancanelli et Soest, 2012). Ils prennent plus souvent leurs repas à domicile (Plessz et al., 2015), ce qui peut favoriser une convergence des pratiques alimentaires masculines et féminines. Plus précisément, l’alimentation des hommes change plus vite que celle des femmes, suggérant qu’ils adoptent des normes qu’elles mettent déjà en application. Les femmes sont largement responsables de la santé de leur famille, en particulier en matière d’alimentation (Beagan, Chapman, D’Sylva et Bassett, 2008 ; Cardon et al., 2019 ; Roos, Johansson, Kasmel, Klumbiené et Prättälä, 2001). C’est particulièrement vrai pour les générations étudiées ici (Ribet et al., 2001). Peut-être cela explique-t-il que l’effet de l’âge soit plus fort pour les hommes : en vieillissant, en passant plus de temps à leur domicile, ils sont plus sous le contrôle (ou l’influence) de leur femme. Par ailleurs, au fil de l’avancée en âge, l’effacement d’une sociabilité professionnelle (dont Nicoletta Diasio et Vulca Fidolini (2019) montrent l’importance dans l’injonction à la performance de la masculinité) peut favoriser des modifications de pratiques alimentaires.

30En conclusion, dans la cohorte Gazel, les injonctions à « bien manger » au sens de la santé publique sont de mieux en mieux prises en compte entre 45 et 75 ans, en particulier entre 45 et 60 ans. L’alimentation fait moins de place aux produits gras et sucrés et contient plus souvent les produits recommandés pour la nutrition des personnes vieillissantes. Cependant, l’effet de la socialisation antérieure persiste et se manifeste par la proximité à d’autres définitions de « bien manger » : les cohortes les plus anciennes sont plus proches d’une définition gastronomique, les moins diplômés restent plus distants des recommandations de santé publique. Enfin, les écarts importants entre hommes et femmes se réduisent mais très modestement. Pour mettre en évidence ces résultats, en particulier pour distinguer les effets d’âge et de génération, nous avons mobilisé des données portant sur une population spécifique, recrutée dans un seul secteur d’activité. Malgré sa relative homogénéité liée à son appartenance à une entreprise à statut, cette population présente des différences dans les consommations alimentaires déclarées et des évolutions au fil de l’âge. De plus, les processus que nous avons décrits sont cohérents avec de nombreux résultats en sociologie sur l’alimentation, les pratiques corporelles et le vieillissement, suggérant que leur portée peut contribuer à une réflexion plus générale sur les inégalités dans le vieillissement.

Remerciements

Cette recherche a bénéficié de financements de l’INRA (Département SAE2) et d’AgroParisTech, ainsi que du soutien de Marie Zins, Marcel Goldberg et l’UMS 011 « Cohortes épidémiologiques en population » qui ont permis l’accès aux données de la cohorte Gazel. Les auteures remercient tous les membres de l’UMS 011 pour leurs nombreuses explications sur le fonctionnement de la cohorte et leurs conseils pour les analyses. La recherche a également bénéficié, à divers stades de son avancement, des conseils de Blandine Comte, Sébastien Czernichow, Isabelle Mallon, Nicolas Robette et Alan Warde.
Annexes
A1

Diagramme de sélection de la population incluse dans l’étude

A1

Diagramme de sélection de la population incluse dans l’étude

31Pour les individus n’ayant pas répondu à toutes les questions alimentaires (de 1 à 8 valeurs manquantes sur 22) nous avons remplacé les valeurs manquantes par le mode obtenu pour les participants de même tranche d’âge, sexe, position professionnelle en 1989, situation conjugale et diplôme (procédure établie par Le Port et al., 2012).

A2

Liste des items inclus comme variables actives dans l’analyse des correspondances multiples

Items du fréquentielDe la viande (bœuf, porc, veau, abats…)
De la volaille (poulet, dinde…)
De la charcuterie (jambon, pâté, lard, boudin, andouillettes…)
Du poisson
Des œufs
Des aliments frits (frites, chips, beignets, viandes ou poissons panés…)
Des féculents sauf pain (pâtes, riz, pommes de terre, légumes secs, petits pois…)
Des légumes cuits en entrée, potage ou plat principal (poireaux, choux, haricots verts…)
Des crudités ou légumes crus (salade verte, carottes, tomates, radis, betteraves…)
Du lait
Des laitages y compris au petit-déjeuner (petits suisses, yaourts, fromage blanc…)
Du fromage
Des desserts sucrés : (crèmes dessert, entremets, glaces, compotes), + (pâtisseries, biscuits secs, viennoiseries…)
Des fruits frais (y compris les fruits pressés)
Du pain (baguette, pain, pains spéciaux, biscottes, pain de mie…)
QuestionsCombien de viennoiseries (croissants, brioches, pains au chocolat…) consommez-vous par semaine ? (au petit-déjeuner, goûter…) ?
Combien de morceaux de sucre (sauf sucrettes) ou de cuillerées à café de sucre en poudre consommez-vous par jour (nature, dans le café, thé, yaourt…) ?
Quelle quantité de boissons sucrées (jus de fruits sucrés, sirops, sodas, coca-cola, schweppes…) buvez-vous par jour ?
Quel type de matières grasses utilisez-vous le plus souvent pour cuire les aliments (une seule réponse) ? (Beurre Huile Margarine Autres)
Consommez-vous des produits « light » ou allégés ?
Combien de tasses de café buvez-vous par jour ?
Au cours de la dernière semaine avez-vous consommé du vin ? Si oui quelle quantité maximum par jour ? (1 verre, 2 verres, 3 verres, 4 verres, 5 verres et +, 1 litre et +, 2 litres et +)

Liste des items inclus comme variables actives dans l’analyse des correspondances multiples

A3

Premier plan Factoriel : Axes 1 et 2 de l’ACM

A3

Premier plan Factoriel : Axes 1 et 2 de l’ACM

A4

Deuxième Plan Factoriel : Axes 1 et 3 de l’ACM

A4

Deuxième Plan Factoriel : Axes 1 et 3 de l’ACM

Notes

  • [1]
    Enquête répétée à l’identique sur des populations différentes.
  • [2]
    Nous parlons d’avancée en âge car nous utilisons l’âge chronologique (différence entre année d’enquête et année de naissance), et non le vieillissement tel qu’il est vécu par les participants (Caradec, 2001).
  • [3]
    Elle est financée par l’Inserm et par EDF-GDF, leurs comités d’entreprise et leur mutuelle complémentaire ; ses principaux investigateurs sont Marcel Goldberg et Marie Zins (Goldberg et al., 2007). Gazel a été approuvée par la Commission Nationale Informatique et Liberté (n° 105728).
  • [4]
    Du fait du secteur d’activité, la cohorte ne compte que 5614 femmes (27 % des participants).
  • [5]
    Ces personnes ont souvent été placées en retraite après plusieurs années d’incapacité de travail pour raison médicale, selon les statuts de l’entreprise. Nous les excluons car leur état de santé dégradé peut affecter leurs habitudes alimentaires et leur trajectoire de vieillissement.
  • [6]
    Les travaux d’épidémiologie nutritionnelle utilisent souvent des analyses factorielles (analyses en composantes principales) pour construire des types de diètes (dietary patterns, voir la revue de littérature de Ashima K. Kant, 2004). L’ACM (analyse en composantes multiples) est adaptée à des variables codées en catégories. Les inerties des axes sont plus faibles que celles produites par une analyse en composantes principales (Husson, Pagès et Lê, 2009, p. 140).
  • [7]
    Pour faciliter l’interprétation, on a inversé les signes des coordonnées sur certains axes.
  • [8]
    Nous avons vérifié que les axes dégagés de l’ACM en 1998 étaient toujours pertinents pour décrire l’alimentation des enquêtés jusqu’en 2014 de la façon suivante : nous avons effectué une ACM sur chaque questionnaire alimentaire, sur le même échantillon et après les mêmes recodages des variables alimentaires, et calculé la corrélation entre les axes 1 de chaque année, des axes 2 et des axes 3. Ces corrélations étaient systématiquement supérieures à 0,97.
  • [9]
    Plus précisément, des modèles linéaires avec constante aléatoire, qui tiennent compte du fait que nous avons quatre observations pour chaque individu. Ces modèles ont en outre l’avantage d’être robustes aux données manquantes MAR (missing at random).
  • [10]
    Pour faciliter la lecture des tableaux, nous avons multiplié les scores factoriels par 100. Leur distribution en 1998 suit une loi normale de moyenne 0 et d’écart-type 33 (la quasi-totalité des individus ont un score entre -100 et 100).
Français

Les politiques publiques de prévention du vieillissement incitent à bien manger pour « bien vieillir » mais ces recommandations sont en concurrence avec d’autres registres normatifs. Le rapport aux normes nutritionnelles étant socialement différencié, cet article étudie l’évolution de l’alimentation au fil de l’avancée en âge pour les hommes et les femmes dans la cohorte prospective française Gazel. Ils sont suivis de 45 à 75 ans soit aux âges visés par les politiques de prévention en matière de vieillissement. Une analyse factorielle montre que leur alimentation est structurée par trois dimensions, qui expriment des façons différentes de « bien manger » : l’expression de normes marchandes pour la première (« Produits gras et sucrés »), nutritionnelles pour la seconde (« Fruits, légumes, laitages ») et gastronomiques pour la troisième (« Viande, vin, fromage »). En analysant comment se modifie la position des individus dans cet espace au fil du temps, nous montrons que les différences liées au sexe et au diplôme sont sensibles, mais que l’alimentation des hommes se rapproche lentement de celle des femmes. Les habitudes alimentaires des enquêtés se rapprochent des normes nutritionnelles tandis que la proximité aux normes gastronomiques est surtout liée à la cohorte de naissance.

  • générations
  • alimentation
  • prescriptions
  • nutrition
  • genre
  • cohorte

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Charlotte E. Dion
INRAE, ALISS UR1303, Paris-Saclay Université
Séverine Gojard
INRAE, Centre Maurice Halbwachs (EHESS, ENS, CNRS, PSL)
Marie Plessz
INRAE, Centre Maurice Halbwachs (EHESS, ENS, CNRS, PSL)
Marie Zins
UMS 011, Cohortes épidémiologiques en population, Inserm
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Mis en ligne sur Cairn.info le 10/08/2020
https://doi.org/10.3917/gs1.162.0099
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