CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1L’intermédiation désigne ce qui crée du lien entre au moins deux personnes, deux secteurs, deux systèmes, deux agents socio-économiques, … C’est un concept présent et utilisé par d’autres disciplines (sciences de gestion, économie, …) et certains autres domaines (assurance, finance, informatique, biologie, neurosciences, …). La transposition des grilles de lecture vers la science régionale en introduisant la dimension territoriale de l’intermédiation nous semble pertinente, notamment concernant les rôles et fonctions des acteurs qui participent au système territorial, appuyés par des dispositifs particuliers qui mettent en œuvre et matérialisent cette intermédiation.

2Dans un monde global qui se veut uniforme, mais dont les conséquences de son fonctionnement produit aussi des fractures et des imperfections, l’intermédiation apparaît comme nécessaire pour faire lien et mettre du lien entre les individus et leurs comportements décisionnels et organisationnels dans un cadre territorial, qui lui, produit de la spécificité (Pecqueur et Nadou, 2018).

3Pour une conception renouvelée et opératoire du territoire Fernand Braudel parlait de « construction de passerelles ». Nous considérons ces passerelles au travers de la notion d’intermédiation, et des processus qu’elle suppose, pour comprendre la construction et le fonctionnement des territoires d’aujourd’hui et en train de se faire. Autrement dit, la mise en avant et la compréhension de ce concept permettent d’ouvrir la « boîte noire » du développement territorial (Baudelle et al., 2011 ; Campagne et Pecqueur, 2014 ; Torre, 2015) et de donner un cadre analytique des rapports entre acteurs des territoires.

4Alors même que de nombreux dispositifs existent dans la pratique et sur le terrain, l’utilisation de l’intermédiation en science régionale est relativement récente (Nadou, 2013). Des travaux sur l’intermédiation économique (Halbert, 2005) considèrent les activités assurant le fonctionnement en réseau des activités économiques et regroupant les secteurs permettant la circulation des biens, des hommes, du capital et de l’information et qui favorisent l’innovation et organisent l’interface entre les différents acteurs du marché. De son côté, Talandier (2016) a montré les différentes formes d’intermédiation et leurs apports pour analyser l’économie territoriale. Récemment, Muller et Tanguy (2019) ont montré comment certaines structures de l’économie sociale et solidaire sont productrices d’intermédiation en favorisant les proximités entre producteurs locaux et créatrices in fine d’innovations sociales et territoriales. En aménagement du territoire, Nadou (2013) considère que les documents de planification territoriale créent des processus d’intermédiation entre acteurs par leur élaboration, gestion et négociation. L’auteur précise que si l’aménagement du territoire et la planification imposent explicitement ou implicitement des mécanismes de coordination et des périmètres de dialogue entre acteurs locaux, c’est bien parce qu’il existe des processus d’intermédiation entre et avec ces mêmes acteurs que la gouvernance et la coordination des plans et des programmes peuvent fonctionner. Il apparaît en creux que l’intermédiation est fonction des contextes locaux, de l’histoire et de la culture du territoire, et que ses processus de mise en œuvre peuvent varier. D’autres auteurs voient au travers de ce concept d’intermédiation l’expression d’un encastrement social du territoire (Duez, 2011).

5Comme le précise Nadou et Talandier (2018), l’évocation de l’intermédiation territoriale, rassemble plusieurs dimensions et axes d’investigation, et correspond à des croisements entre des logiques résiliaires —verticales et horizontales— et des logiques historiques et sociales : l’intermédiation territoriale s’inscrit alors à la fois dans un système de lieux ; un système de liens et un système d’acteurs, avec des dispositifs et outils qui y sont associés.

6Ainsi, l’IT peut faire apparaître une pluralité de mises en relation entre :

  1. des acteurs d’un même territoire, par exemple au service d’un projet de développement (Joyal et Nadou, 2018) et d’innovation (Tremblay et al., 2012), dont un ou plusieurs acteurs ou structures jouent ce rôle d’intermédiation.
  2. de territoires à différentes échelles (articulation et relation verticale)
    Elle questionne la place de chaque territoire dans le système global de hiérarchie urbaine, l’articulation des échelles et les relations des différentes strates de l’organisation territoriale. Cette intermédiation peut ainsi servir à exprimer une articulation entre des échelles permises par l’existence de territoires particuliers à vocation économique et traduisant une rencontre entre des promotions d’origines endogènes et plus extérieures au territoire (SPL, districts industriels, clusters, …).
  3. des territoires à une même échelle (relation horizontale) dans une approche d’interterritorialité. Les pistes et articulations qui ont été proposées par l’interterritorialité (Vanier, 2008) sont, à ce titre, intéressantes dans la mesure où elles tentent de construire un processus d’intégration politique et de coopérations socio-économiques entre des territoires proches. Mais, elles sont insuffisantes dès lors qu’il n’existe pas d’intermédiation en amont du projet politique abouti entre les acteurs locaux et non locaux, souvent confrontés à des stratégies et comportements opposés ou en parallèle.

7Dans quelle mesure l’intermédiation territoriale peut-elle conduire à un cadre d’analyse des dynamiques territoriales, c’est-à-dire d’explication, de détermination des trajectoires territoriales et de révélation des mécanismes de construction du projet de développement territorial dans son ensemble ?

8Notre démarche porte ici fondamentalement sur les dimensions de l’intermédiation territoriale comme système de liens et comme système d’acteurs, qui révèlent des processus et des comportements décisionnels et organisationnels inscrits dans des spécificités territoriales. L’hypothèse générale de notre raisonnement repose sur le territoire comme cristallisateur de ces comportements, qui nécessitent des régulateurs (compensatoires, anticipateurs, adaptateurs, …) permettant la mise en place de choix et de décisions au niveau local, de même que des ingénieries et des mécanismes de développement.

9La proposition conceptuelle que nous faisons dans cet article est de considérer l’intermédiation territoriale (IT) comme un ensemble de processus, formels et informels, institutionnalisés ou non, régulateurs des relations entre acteurs —principalement locaux— et de leurs comportements, afin de favoriser le projet de développement territorial et de construction des territoires projets.

10L’IT assure par leur mise en relation et leur dialogue, la création ou la facilitation de liens et de passerelles entre des logiques, des secteurs, des sphères, des intérêts, qui, parfois même, peuvent ne pas se connaître ou s’ignorer.

11Ces processus sont mis en œuvre i) par des acteurs (pas seulement territoriaux) jouant à un moment donné et dans l’espace un rôle spécifique d’intermédiaire ; et ii) au travers de dispositifs et d’outils d’accompagnement et de soutien, ad hoc, évolutifs et plus ou moins inscrits dans la durée en fonction de leur nécessité.

12L’intermédiation a sans doute toujours existé, marquant des bifurcations dans les trajectoires de développement selon des mécanismes propres et singuliers. Elle évolue et donne à voir de nouvelles possibilités d’analyse de fonctionnement des territoires, des innovations qui s’y créent et permet de (re)définir le cadre territorial des rapports entre acteurs. Nous montrerons les caractéristiques actuelles de ce que nous considérons comme IT, qui sont théoriquement fondées sur des processus régulateurs entre les acteurs et leurs comportements, et mise en perspective par une revue de littérature et des exemples empiriques (partie 1).

13Les processus d’intermédiation observés sur les territoires, contribuent à garantir des équilibres et des solutions pour la permanence des systèmes relationnels ou organisationnels, en particulier lorsqu’il y a défaillance du marché et/ou une politique publique incomplète ou absente. Le recours à l’intermédiation doit être révélé et mise en discussion au regard du territoire (partie 2), qui est alors un cristallisateur des rapports entre acteurs. Les acteurs locaux et les territoires qu’ils construisent par leurs relations, créent des systèmes et espaces de dialogue, de productions sociales et économiques, de décisions, entre les intérêts individuels et les dynamiques globales et externes.

1 – De l’intermédiation à l’intermédiation territoriale : caractéristiques et modes régulateurs des rapports entre acteurs

1.1 – L’intermédiation comme processus : un régulateur des relations et des comportements entre acteurs

14Si pour certains auteurs la gouvernance territoriale et les activités de production agissent comme les moteurs du développement territorial (Torre, 2018), l’intermédiation serait alors l’huile que l’on met dans les rouages du système territorial dans son ensemble afin de fluidifier, faciliter et permettre des décisions, des politiques publiques, des choix stratégiques et opérationnels. L’intermédiation prend la forme d’un régulateur à l’échelle territoriale des relations entre acteurs en vue de régler des problèmes ou des objectifs de coordination et de gouvernance. L’intermédiation permet de mettre en avant l’informel et le « caché » (Lacour et Nadou, 2018) présents dans les processus relationnels entre parties prenantes du projet de développement territorial. L’importance des relations informelles entre différents acteurs ont été identifiées dans certaines approches et travaux comme ceux de P. Cohendet (2018), sous l’appellation du middleground de l’innovation. Ces relations révèlent des comportements spécifiques et des transmissions d’informations et de connaissances-clés pour le développement des activités de création.

Un système de liens et de processus

15L’intermédiation comme processus, signifie que les relations entre acteurs qu’elles engendrent, évoluent en fonction de la temporalité de ces relations et de leur inscription dans l’espace. De ce point de vue, des travaux ont fait état de l’intermédiation territoriale comme révélant des processus et/ou des comportements relationnels et organisationnels entre acteurs agissant sur les territoires, mais dont les choix et les décisions coordonnées ne vont pas toujours-souvent- de soi, nécessitant des ajustements, des ingénieries spécifiques et des modes de régulation à l’échelle du territoire.

16À la suite de Lacour (1996), pour Nadou (2013), l’intermédiation territoriale désigne « une dynamique relationnelle et organisationnelle entre acteurs locaux, variable dans le temps et dans l’espace. Le territoire, fruit des interactions et des constructions sociales, jouant ici comme un véritable révélateur de leurs comportements, de leurs pratiques et des processus qui les animent » (Nadou, 2013 : 10). Mais au-delà du territoire comme simple révélateur de comportements particuliers, nous y voyons un objet d’appropriation, d’usages et de conflits entre individus qui nécessite d’en décortiquer et d’en comprendre les mécanismes de solutions possibles aux problèmes de développement, de résolution des conflits. Le recours à l’intermédiation met en lumière ces aspects de régulation sociospatiale en dynamique continue, entre intérêts individuels et collectifs, entre institutionnels et non-institutionnels, entre acteurs territoriaux et acteurs extérieurs, entre sphère publique et privée, entre système de valeurs partagé ou non, et dont la coordination ou convergence finale vers des objectifs de développement communs provient d’une « alchimie » complexe. D’autant plus que le territoire n’est pas seulement le lieu d’une rencontre simple entre une relation d’émetteurs et de récepteurs, tout individu y est à un moment donné à la fois récepteur et émetteur dans un processus dynamique d’interaction, évoluant dans le temps et dans l’espace. Le territoire porterait ainsi les résultantes de la concrétisation des comportements et des processus des acteurs (Lacour et Nadou, 2018) au sein duquel l’intermédiation territoriale représente ce qui met du liant, dans les rouages du système territorial dans son ensemble.

17En facilitant la transmission d’informations, en créant un contexte ou un lieu favorable à la discussion, au transfert de connaissance, à la production de biens et services et à la mise en mouvements plus ou moins coordonnée entre individus et de leurs intérêts, les processus d’intermédiation permettent d’abaisser les coûts de transaction entre acteurs.

18Dans cette production de biens et services à l’échelle locale le rôle conjoint des autorités publiques et des acteurs privés est essentiel à l’émergence d’une gouvernance territoriale (Leloup et al., 2005) qui organise l’action publique, à tout le moins, qui ambitionne de coordonner les intérêts de chacune des parties. Les processus d’intermédiation entre ces différents acteurs sont alors très importants et utiles, d’autant plus qu’ils vont permettre de résoudre des questions, voire des conflits, que les formes habituelles des rapports de force et de légitimité institutionnelle ne peuvent pas toujours régler.

L’intermédiation institutionnelle dans la production de territoire

19L’intermédiation introduit des modes de faire, d’interrelations et de dialogues différents entre les acteurs pour aboutir à des choix et orientations. On voit apparaître alors de plus en plus de « formes intermédiaires de régulation dans les phénomènes de territorialisation des activités (…). Ces formes intermédiaires articulent intérêts privés et publics, aspects sociaux et économiques et rendent compatibles efficacité et équité » (Courlet et Pecqueur, 2013 : 104).

20Ces principes de coopération et/ou de coordination élargie, ne peuvent fonctionner que si des processus d’intermédiation, liant les acteurs entre eux existent. Certains politistes, qui ont développé des outils importants pour expliquer et définir la gouvernance, comme Pinson et Rousseau (2011) évoquent que « la performance et la visibilité des politiques d’agglomération tiendraient ainsi moins à la nature des institutions formelles qu’à la capacité différenciée des acteurs à mettre en place et à adapter des mécanismes de coalition, de mobilisation et d’action collective ».

21Cette action collective déjà mise en avant par certains géographes anglo-saxons soulignant le rôle et la dimension que tiennent les institutions dans les processus de développement (Amin et Thrift, 1994). Cela traduit au niveau local une interaction quasi-constante entre les sphères politiques et celles de l’économique, permettant de susciter à la création d’équipements ou d’emplois (Demazière, 2009). Les travaux de la proximité géographique, mais surtout institutionnelle (Boschma, 2005) ont montré eux aussi le rôle essentiel des institutions en justifiant leur activité au niveau économique. La science régionale et la géographie économique (pôles de croissance, districts industriels, milieux innovateurs, SPL et plus récemment sur les clusters) ont montré, la capacité des institutions locales (collectivités territoriales, universités, consulaires…) à participer activement au processus de développement économique et à la mise en place d’actions concrètes (et de financements associés) en la matière. Les institutions publiques locales étant considérées alors comme de véritables acteurs économiques et d’intermédiation territoriale, capables de mettre en réseau les différents intervenants dans le processus, par des structures ad hoc (types agence de développement, observatoires, centre de recherche et d’innovation…) ou des lieux de discussions (conférences, clubs, salons, congrès…).

1.2 – L’intermédiation, comme système d’acteurs : l’importance du rôle des acteurs intermédiaires

Faciliter, fédérer, orchestrer : différentes fonctions d’intermédiation

22Au-delà d’un simple rôle de « l’entre-deux », nous retenons ici trois fonctions principales dans le processus d’intermédiation. Elles sont le fait d’acteurs —intermédiaires— (institutionnels, publics, privés, associatifs, …), des opérateurs qui permettent la mise en relation, pour produire des effets sur l’efficacité productive d’une économie ou d’une structure organisationnelle, relationnelle et sociale entre acteurs.

23De ce point de vue, les travaux en science régionale peuvent venir compléter et enrichir ceux qui ont trait aux analyses sur les intermédiaires développées en économie de l’innovation et en sciences de gestion (entre autres, Howell, 2006 ; Alberdi Pons et al., 2014 ; Shearmur et Doloreux, 2018). Dans une approche récente du management territorial de l’innovation, Bourdin et al. (2020) ont développé une grille théorique autour de l’intermédiation territoriale en montrant le rôle crucial des acteurs intermédiaires (business angels, pôles de compétitivité, clusters, clubs d’entrepreneurs, …) dans la capacité des territoires à rendre opérationnelles les relations de proximité et à mettre en lumière celles qui sont inscrites dans le fonctionnement du territoire pour parvenir à engager des politiques publiques favorisant l’innovation des entreprises.

24Les auteurs proposent différents rôles et fonctions que les acteurs intermédiaires locaux peuvent assurer : i) faciliter la mise en relation et la connaissance des différents acteurs, ii) fédérer des processus et des pratiques opérationnelles permettant le partage commun de projets de développement, iii) orchestrer la mise en œuvre de pratiques et de dispositifs sur le territoire.

25Sur le rôle de facilitateur de projets, de dialogue et/ou de mise en connaissance entre acteurs, de nombreuses initiatives sur les territoires existent et se développent, à l’instar de ce que nous montre le rôle des collectivités territoriales en matière de développement de solutions innovantes en économie circulaire et d’utilisation des déchets comme celles actuellement avec la méthanisation. La collectivité apparaît comme facilitateur de la mise en discussion des acteurs locaux autour des projets de méthanisation aux prises avec la territorialisation des politiques de transitions énergétiques (Bourdin et al., 2019).

26Le rôle de fédérateur existe pour des organisations ou acteurs qui collaborent déjà entre eux ou bien qui envisagent de le faire. L’intermédiaire cherche alors à établir de la confiance entre les partenaires du réseau (Leroux et al., 2014), ce qui va légitimer son action et son rôle au sein du territoire et du système d’acteurs en place.

27Sur le rôle d’orchestrateur, Rychen et Zimmermann (2008), montrent notamment que l’intermédiaire participe à l’animation du réseau local des entreprises en se situant dans le cadre d’une stratégie de coopération. Selon eux, l’intermédiaire est appelé à orchestrer les réseaux d’acteurs en fournissant à ces derniers des incitations en vue de participer à la dynamique territoriale. En étant un « sujet agissant » l’acteur intermédiaire contribue de ce fait à réduire l’inertie organisationnelle en améliorant l’accès à des connaissances et à des ressources jugées indispensables au développement de l’activité productive et aux relations sociales (partage de valeurs, de projets) entre les acteurs qui composent l’écosystème en place ou en construction. En tant qu’orchestrateur, l’intermédiaire peut viser la création de réseaux ou systèmes d’innovation, mais également leur maintien (Chabault et Martineau, 2014). De plus, afin de mieux résister aux fluctuations de marché et qu’un secteur d’activité soit plus compétitif, l’intermédiaire peut également avoir comme objectif la création d’un « système de compétences locales » (Ferru, 2009), renforçant ainsi l’ancrage de son activité.

Des rôles d’interface et de régulateur des intérêts locaux

28Ainsi, le rôle d’un acteur intermédiaire peut s’observer dans différents domaines, comme le soutien aux entreprises, où la création d’un réseau territorial de collaborations devient déterminante. La difficulté ou l’enjeu pour lui est de trouver un ou des partenaires appropriés et mettre en œuvre un processus d’échanges et d’interaction entre les interlocuteurs concernés. L’intermédiaire est par définition conçu comme un tiers-acteur qui offre des services d’interface entre les autres parties. Il peut alors aider les entreprises à maximiser leurs chances d’innovation et à augmenter leur probabilité de succès dans le développement de nouveaux produits et services. En reconnaissant la valeur potentielle d’un tel rôle, plusieurs politiques et programmes ont été développés pour soutenir les interactions entre les différentes tailles d’entreprises dans l’innovation et les autorités publiques ont alors adopté le rôle d’intermédiaire (Bakici et al., 2013).

29Le rôle des acteurs intermédiaires peut aussi impliquer des innovations dans différents secteurs industriels (Tremblay et al., 2012), avec la présence d’acteurs ou structures-clés favorisant des processus d’intermédiation entre eux. Ou bien, la présence d’un certain nombre de ressources et de services intermédiaires, développés par les structures d’animation et de transfert de connaissances vers le changement de modèles d’affaires des acteurs et entreprises impliqués. C’est ce qu’ont montré Leroux et al., (2014) à propos des pôles de compétitivité à la française.

30Initiés en France à partir de 2005, la volonté était la mise en place, entre autres, de coopérations plus étroites entre les entreprises privées et les organismes publics de soutien et d’accompagnement au développement économique et de l’innovation et de favoriser les rapprochements entre entreprises autour de produits ou secteurs ancrés territorialement, avec une mise en synergie des acteurs locaux autour de ces objectifs et processus d’apprentissage collectifs communs, axés sur l’innovation. Partant de l’idée que la créativité était un processus collectif où les connaissances proviennent d’environnements parfois distincts, ces pôles visaient à mettre en réseau des acteurs pour innover, mais dont la dynamique ne va pas de soi (Suire et Vicente, 2008). Froehlicher et Barès (2014) expliquent que le rôle de ces pôles de compétitivité est de créer un écosystème dont le fonctionnement repose sur l’interaction entre des acteurs qui mettent en œuvre des initiatives coordonnées pour innover. Les coopérations inter-organisationnelles (Retour, 2009) sont dès lors facilitées par un ensemble d’actions et de mesures engagées par les équipes du pôle (ou du cluster).

31De plus, en mettant en place des structures d’intermédiation territoriale (Renou, 2018) comme celles de types pôles de compétitivité, les acteurs en charge de la politique publique favorisent les opportunités de collaboration et d’interaction par le renforcement des relations et de mise en réseau, venant se conjuguer à des dynamiques d’ancrage déjà existantes sur le territoire. Les pôles de compétitivité se positionnent alors comme des acteurs légitimes pour favoriser les collaborations et des régulateurs des intérêts locaux entre territoires et secteurs, jusqu’à une échelle interrégionale avec des pôles qui deviennent des nouveaux territoires de l’action publique (Renou, 2016).

Un partage entre public et privé du rôle d’intermédiation

32Aujourd’hui, il y existe des lieux où les acteurs publics et privés partagent le rôle d’intermédiaire. Les entreprises s’y impliquent dans des processus collectifs d’innovation et tirent profit du partage de leurs connaissances (Capdevilla, 2016). Il s’agit de Fab Labs ou Living Labs ou encore d’espaces de coworking, qui ne sont ni le lieu du domicile ni le lieu habituel du travail. Ces nouveaux dispositifs pour innover avec les autres (Elmquist et al., 2009 ; Fabbri, 2015) ont émergé dans les années 2000 et font parfois figure « arènes d’innovation ouverte » (Ollila et Elmquist, 2011) permettant aux startupers de partager des coûts tout en collaborant dans l’innovation. Ils apparaissent ainsi comme des espaces d’intermédiation, souvent financés en partie par des fonds publics et gérés par une entreprise, leur conférant une sorte de double légitimité. Ici, la proximité géographique, dans un espace tiers, favorise l’apparition d’opportunités pour la diffusion de savoir et la collaboration (Cooke, 2008), mais elle ne suffit pas (Boschma, 2005). C’est ce qu’ont mis en lumière Fabbri et Charue-Duboc (2016) dans le cadre des espaces de travail partagés. En particulier, dans ces lieux l’intermédiation passe par l’aménagement de l’espace, la création d’évènements, la mise en place d’outils de communication en lien avec les TIC et surtout le rôle joué par les personnes en charge de l’animation, qui sont des personnes ressources-clés pour faire vivre le lieu et transmettre les informations aux différents usagers/utilisateurs.

1.3 – L’intermédiation territoriale matérialisée et animée par des dispositifs spécifiques : quelques exemples

33Les différents dispositifs, explicites ou informels, institutionnels ou non, participent aux formes opérationnelles d’une intermédiation sur le territoire et dans le processus de régulateur dans la relation entre acteurs. Ces dispositifs techniques ou outils opérationnels entraînent des processus relationnels entre acteurs et permettent aux acteurs locaux de pouvoir faciliter leur échange, leur rencontre, leur connaissance au sein d’une structure ou d’une instance de dialogue. Ils servent également de base à la mise en place d’actions susceptibles d’accroître ou de développer une activité, un marché, ou de favoriser des innovations.

34Bien entendu le développement de nombreuses initiatives et dispositifs d’intermédiation et l’apport positif pour la mise en lien entre individus et acteurs, ne doit pas cacher ou mettre de côté également le risque d’une « surproduction » de lieux, d’acteurs et d’outils institutionnels dans une organisation territoriale déjà riche de normes, de personnes, de structures. L’intermédiation pourrait alors apparaître comme un frein aux projets de développement par l’enchevêtrement excessif de structures et d’acteurs qui stratifieraient encore davantage les processus organisationnels et décisionnels.

35Faire ici une liste exhaustive de l’ensemble de ces dispositifs serait illusoire et difficilement atteignable, tant ils sont nombreux et concernent l’ensemble des acteurs (collectivités, agences de développement économique et d’urbanisme, entreprises, administrations et organismes publics, associations, clubs, …). Toutefois, sur les mises en relation entre acteurs d’un même territoire (ou de territoires voisins ou éloignés), on peut citer un certain nombre d’exemples significatifs qui permettent de mieux saisir l’esprit et les caractéristiques de l’intermédiation que nous avons décrites théoriquement plus haut : les projets alimentaires territoriaux (PAT), les schémas de cohérence territoriale (SCoT), les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), les plateformes collaboratives entre agriculteurs et consommateurs, les plateformes numériques de rencontre entre entrepreneurs et territoires, … Ce sont des illustrations récentes, aux fonctionnements et aux acteurs certes différents ou variés, mais qui ont comme objectif commun le développement des territoires concernés, par la rencontre effective et opérationnelle entre des acteurs socio-économiques, qu’ils soient institutionnels ou non, privés ou publics.

36Intéressons-nous à deux exemples très différents dans ce qu’ils recouvrent comme champ d’action.

Pôles territoriaux de Coopération économique

37Initiés en France par la loi du 31 juillet 2014 relative à l’ESS, les pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) ont eu un relatif succès puisque plus de 160 ont été engagés à la fin 2017, visant à faciliter les coopérations entre acteurs économiques et sociaux et les innovations territoriales. Plutôt orientés vers les territoires en déclin, ces pôles nouvelles générations sont composés d’acteurs multiples de terrain qui s’associent dans la (re)construction du projet territorial de développement. L’originalité de ce dispositif vient du fait que c’est à partir d’un groupement d’entreprises de l’ESS, qui s’associent avec les acteurs économiques « traditionnels » (entreprise privée), institutionnels (collectivités territoriales, universités et établissements d’enseignement supérieur et de recherche, centres de formation, …), associations, que le pôle peut exister et être reconnu afin d’obtenir les financements de fonctionnement. Jusque-là très peu intégré aux projets de développement économique des territoires, c’est bien la reconnaissance du secteur de l’ESS comme acteur primordial au projet qui ressort de l’émergence et l’institutionnalisation de ces pôles. Ils permettent d’engager des nouvelles voies/voix de coopérations entre acteurs économiques et de développement d’innovations à l’échelle des territoires.

Plateforme de rencontre entre entreprises et territoire

38Le développement et l’apport des plateformes (digitales, collaboratives, …) sont également intéressants à observer dans ce qu’elles proposent pour des entrepreneurs souhaitant s’installer dans des bassins de main-d’œuvre qui correspondent à leur activité ou à un changement de localisation d’activité. Dans ce domaine, l’initiative particulière du site Internet nommé « Comm’une Opportunité » créé en 2018 annonce un double objectif : faciliter l’entrepreneuriat à tous les publics, contribuer à la revitalisation des centres-bourgs et centres-villes français. [1] Cette plateforme a été créée et gérée par des acteurs indépendants privés dont l’attachement à la question des territoires est avéré. La plateforme ici en tant que dispositif d’intermédiation, permet la connaissance du milieu (territoire visé) pour l’entreprise et fait connaître auprès du territoire la volonté de s’y implanter (le profil de l’entrepreneur et son projet y sont présentés). À l’inverse, le territoire peut se faire connaître auprès d’entreprises et montrer ainsi ses atouts (offre foncière, disponibilité et formation de main-d’œuvre, aménités culturelles et sportives, …) et travailler ou parfaire son attractivité territoriale. Le rôle de la plateforme ajoute ici un élément supplémentaire dans la relation à distance qu’un territoire et ses acteurs socio-économiques peuvent entretenir avec une entreprise susceptible d’être intéressée pour développer une activité. La plateforme, en tant qu’outil technique facilitant la relation, élargit le champ d’action de l’intermédiation, notamment en dépassant le cadre institutionnel traditionnel qui pouvait exister auparavant (comités de bassin d’expansion ou d’emplois) ou par ailleurs, par l’action notamment des agences et chambres consulaires (agences de développement économique, CCI, …). De plus, l’innovation technologique et l’introduction d’une solution, via la création d’une plateforme ou site Internet, permettent d’enrichir la relation de proximité entre les acteurs, y compris de s’affranchir du cadre d’une proximité géographique qui pouvait s’imposer par le passé.

2 – Du besoin d’intermédiation à la production de territoire : une mise en discussion

39Si l’intermédiation est un processus régulateur des coordinations d’acteurs comme nous l’avons vu dans la première partie de l’article, cela ne veut pas dire pour autant que ce processus soit apparent et lisible. Pour exister, l’intermédiation doit être révélée. Mais, dans un contexte de croissance de type fordiste où dominent les régulations marchandes, le besoin d’intermédiation s’efface au profit du fonctionnement du marché dans un cadre a-spatial. Ce sont les défaillances de la coordination marchande qui vont justifier l’action publique et les politiques publiques nationales ou locales (grâce notamment à la décentralisation). Or, ces politiques sont, elles-mêmes, en crise entraînant une nouvelle appétence pour la démocratie participative (Blondiaux, 2008).

40Nous proposons tout d’abord quelques hypothèses pour expliquer ici que le contexte de crise actuelle crée les conditions de la révélation des intermédiations, puis les éléments de crise de la politique publique et enfin l’articulation nécessaire entre processus d’intermédiation et dynamique territoriale.

2.1 – Les facteurs externes de la crise de la coordination marchande

41Le contexte de crise économique, de l’environnement, du climat, de la santé, qui coïncide avec le renouveau territorial (Pecqueur, 2006 ; Veltz, 2019) et une tendance à la dé-globalisation ou à la démondialisation (Bost et Leriche, 2018), fut-elle provisoire (Jean, 2018), mettent à rude épreuve le modèle productiviste post-fordiste et mettent à nu les failles du marché (Stiglitz, 1989). Depuis une trentaine d’années, le débat s’est élargi au-delà du dilemme marché versus action publique à une troisième voie qui concerne la gestion territoriale qui suppose, d’une part, que les caractéristiques spécifiques des lieux influencent la nature des productions, et d’autre part, qu’il existe des biens ni publics ni privés qui requièrent une gestion davantage citoyenne et justifie les processus d’intermédiation.

42La mécanique du capitalisme a souvent été au cours de l’histoire, remis en cause profondément. La Révolution Industrielle née en Angleterre au milieu du XVIIIe siècle, a sans doute trouvé son apogée sous sa forme industrielle avec le fordisme où la productivité a joué un rôle central en redistribuant des revenus qui ont permis à leur tour d’absorber le surplus de production et d’investir pour accroître à nouveau la productivité. Depuis le capitalisme a entériné la montée des services, la désindustrialisation massive, la financiarisation, etc. Ces évolutions ont provoqué des crises récurrentes d’ampleur diverses mais remarquablement rythmées (de la crise de 1929 à celle de 2008, 79 ans se sont écoulés, soit un cycle dit « Kondratiev »). Il reste que ces crises qui s’inscrivent dans des cycles sont issues des contradictions internes du système et de l’absence de régulateurs efficaces. En ce sens le système est très résilient et bifurque sur des avatars (industriels, financiers, communicationnels, etc.).

43Le contexte récent de ces dernières décennies est bien différent. Les facteurs de crise sont exogènes. C’est-à-dire qu’ils ne découlent pas de contradictions internes au fonctionnement du système, mais de chocs externes liés à la globalisation.

44Tout d’abord, la toute récente crise sanitaire mondiale de la COVID-19 vient bousculer les dogmes les mieux établis. Faire face à l’épidémie apparaît comme non compatible avec le système mondial de production et d’échange et provoque de curieux et dramatiques dilemmes nécessitant d’arbitrer entre sauver des vies et sortir de l’épidémie ou bien sauver le système. Cet état de fait est très illustratif de l’idée de facteurs exogènes au capitalisme nécessitant des transitions fondamentales dont personne ne voit avec netteté les contours.

45Plus fondamentalement, la crise climatique démontre l’aporie du développement économique dans l’état actuel des connaissances scientifiques. Il s’avère d’une part que le modèle productif dominant dans sa course à la productivité, ne peut vivre qu’en augmentant sa dette écologique et en puisant dans les ressources non renouvelables. Le problème est que la dette écologique est croissante mais n’est payée par personne. D’autre part, apparaissent de nombreux dégâts collatéraux engendrant une croissance des coûts publics liés à la production (coûts de santé publique, catastrophes naturelles, etc.). En bref, le besoin est important de recadrer totalement le système. La vocation des politiques publiques est de jouer un rôle régulateur dans les perturbations du système. Le caractère exogène de ces facteurs de crise rend tout autant difficile la réponse par la politique publique.

2.2 – La crise des politiques publiques

46La politique publique au secours du marché, ne résout guère les problèmes liés aux facteurs exogènes de crise tel qu’évoqués plus haut. La décentralisation en France (1982-1983) avait ouvert un espace d’initiatives pour les collectivités territoriales. Les politiques publiques locales, notamment en matière de développement économique se sont essayées à l’aide directe puis indirecte aux entreprises (garantie de prêts, exonérations de taxes, etc.), mais dans le même temps, elles se sont enferrées dans des concurrences sévères entre elles, tout obnubilées qu’elles étaient par la question de l’emploi. Ces concurrences ont fragmenté l’espace national au moment où les outils d’aménagement aux mains de l’État central comme la DATAR, s’amenuisaient, perdaient leurs moyens et leur légitimité. Le caractère vertical de la politique publique et la notion même de planification sont en totale contradiction avec l’idée d’intermédiation qui suppose des connexions interactives entre acteurs. Pour Colletis et Pecqueur (2018, page 61), « nous sommes ici très loin de politiques visant à révéler ou à produire une offre de spécificité territoriale. Les besoins autres que génériques des entreprises sont ignorés et le territoire est vu comme une somme d’acteurs simplement localisés ». La très faible efficacité des moyens publics engagés, l’incapacité à résoudre durablement et, a fortiori, à prévenir les crises industrielles provoquent une crise des politiques publiques locales qui amplifie à son tour les crises de l’appareil productif dans son ensemble.

47Enfin et peut-être surtout, les politiques publiques fussent-elles locales, communiquent peu avec les acteurs qui ne sont ni les producteurs ni les consommateurs ou les usagers. Les pouvoirs publics locaux ont un interlocuteur principal qui constitue la demande sociale et que l’on pourrait qualifier par le terme d’« habitant » (Anquetin et Freyermuth 2008). Même dans la construction de projet, si l’on observe bien des liens entre pouvoirs publics et habitants, ils se situent essentiellement au niveau de l’utilisation des réalisations plutôt que de la conception des projets.

48Donc on ne voit pas l’intermédiation, qui ne peut pas se rendre visible dans un contexte de dégradation de la relation marchande et d’une politique publique très verticale sans lien suffisant avec les acteurs du territoire.

49Entre le public et le privé, les hybridations sont déjà anciennes avec les pratiques de l’économie mixte. Concernant les hybridations entre la sphère publique et la sphère privée, la montée en puissance des dynamiques d’acteurs interroge fortement les politiques publiques. Ainsi, dès 2001, A. Faure écrivait : « Incontestablement le système politique local traverse une tourmente territoriale de grande amplitude, tourmente, paradoxalement confortée par le processus de mondialisation qui s’appuient sur les dynamismes des terroirs, des réseaux de territoire et de la modernité urbaine ». L’enjeu est donc de renouveler les politiques publiques en renouant avec tous les acteurs concernés et en laissant agir les processus d’intermédiation. Des formes d’organisation récentes tels les Living labs, Fabs Labs et autres Tiers lieux, qui activent les liens d’intermédiations, peuvent aussi devenirs acteurs à part entière, interlocuteurs reconnus des politiques publiques (Janin et Pecqueur, 2020)

2.3 – De l’intermédiation au territoire

50Il reste à montrer comment l’intermédiation mène au territoire. Pour cela, on admettra qu’un processus d’intermédiation puisse ne pas être territorialisé comme dans le cas d’un réseau virtuel à l’échelle mondiale. Mais le plus souvent et dans le cas qui nous préoccupe, le réseau se crée pour résoudre des problèmes communs à l’échelle locale et avec une référence géographique. On parlera donc d’intermédiation territoriale.

51Comme on le sait, les territoires construits par les acteurs ne doivent pas être confondus avec les territoires « donnés » du type découpage politico-administratif. Ces acteurs entretiennent des relations multiples entre eux. Ces relations sont du type de l’intermédiation compte tenu de la grande variété des caractères de l’échange qui concoure à la construction territoriale et ne se limite pas à des fonctions uniques (le producteur, le consommateur, etc.). L’intermédiation implique un faisceau de relations complexes souvent non marchandes, parfois inutiles ou redondantes mais qui, globalement concourent au processus de construction territoriale. C’est pourquoi, on peut inférer que les processus d’intermédiation jouent un rôle de structuration des territoires construits.

52Les acteurs se rassemblent par groupes en fonction des problèmes productifs qu’ils ont à résoudre à une échelle « méso-économique » qui n’est donc ni l’individu ni le tout. Ces groupes d’acteurs peuvent avoir des mobiles très divers pour se regrouper en vue d’un avantage dont chaque membre serait bénéficiaire (groupe de pression, syndicat, entreprise…). La sociologie institutionnelle a développé autour des stratégies identitaires des individus les configurations constitutives des groupes. Or, dans l’observation empirique des modes d’organisation des institutions économiques, ce qui frappe, ce sont les stratégies de coalition entre différents groupes autour d’une question productive.

53Ainsi, l’approche méso-économique de l’espace économique constitue-t-elle l’analyse des dynamiques de construction d’un « dedans » par rapport à un « dehors ». Le territoire va résulter de ce processus de discrimination. Un territoire (qui peut donc être provisoire et incomplet) est la conjonction de l’espace commun abstrait construit par des groupes et d’un espace physique lorsque ce dernier contribue à l’élaboration de la ressource qui fonde le « dedans » par rapport au « dehors ». Le territoire ainsi constitué a donc une fonction particulière de repoussoir des acteurs qui ne viennent pas de l’intérieur de ses limites. Le processus de discrimination (à l’instar du search de H. Simon) agit comme un filtre cognitif qui permet de limiter autant que possible l’incertitude radicale subie par chaque individu.

54L’exemple des appellations d’origine contrôlée fait aisément image pour illustrer cette proposition. Dans ce cas, un groupe de producteurs coordonné avec des institutions locales produit un avantage compétitif fondé sur la qualité et la spécificité de la production en délimitant les contours géographiques du territoire. Au terme de négociations parfois longues avec des organisations nationales régulatrices (INAO), les acteurs procèdent au mouvement de discrimination qui définit les bénéficiaires et les exclus de l’avantage. Notons toutefois que la méso-analyse ne constitue pas un intermédiaire entre la micro-analyse et la macro analyse contrairement aux définitions usuelles des dictionnaires. Ce n’est pas non plus le lieu du secteur entre la firme et l’économie nationale (Bauchet, 1977). On pourrait dire que la méso-analyse est un ailleurs qui est le domaine de l’intermédiation territoriale. En effet, la gestion et la coordination d’un groupe ne sont pas de même nature que la gestion d’un tout. Le tout est une donnée définie ex ante censée recouvrir l’ensemble des populations résidentes dans un espace fini. Le groupe se définit à travers ce qu’il partage en commun. Il ne prend pas en compte tous les résidents d’un espace donné mais seulement ceux qui sont partie prenante (les « stakeholders »).

55L’intermédiation apparaît alors comme révélateur du territoire. Ce processus permet, en effet de réunifier de multiples territoires de vie des individus autour d’un territoire de projet. Lacour et Nadou (2018) considèrent que le rôle de l’agent intermédiateur (ils l’appellent l’« intermédiariste », disons plutôt l’opérateur qu’il soit un acteur ou une institution) consiste à réaliser concrètement cette élaboration d’un territoire par des opérations. Ainsi, dans la perspective d’une intermédiation territoriale, l’opérateur agit notamment sur la révélation, puis la valorisation des ressources spécifiques territoriales (Landel et Pecqueur, 2011). Par exemple, les stratégies de développement touristique et les acteurs et structures formelles et informelles en charge de cette stratégie et de sa mise en œuvre jouent un rôle d’intermédiation en faveur du tourisme dans la mesure où cette activité ne se vend pas elle-même. Elle est le vecteur de différents services, qui combinés, forment un bouquet de prestations (l’hébergement, la gastronomie, les sites paysagers, le patrimoine culturel, etc.) qui se valorisent sous une forme multipliée. Dans cet exemple, les ressources spécifiques d’un territoire sont ordonnées et mises en valeur par la prestation touristique (voir par exemple, les routes des vins, (Vandecandelaere et Touzard, 2005)). Ainsi, l’intermédiation territoriale devient-elle un processus qui concoure à valoriser les ressources spécifiques du territoire en jouant un rôle de mobilisateur de réseau, mais aussi comme scène de l’innovation socioterritoriale (Klein, 2018).

56L’opérateur a donc un rôle d’intégration des comportements individuels (microéconomiques) mais aussi de relier entre eux les territoires dans un contexte de globalisation (macroéconomique) à travers des mécanismes d’interterritorialité (Vanier, 2008) et de coagulation des intérêts des acteurs. Dans ce cadre, l’intermédiation se présente comme un nouveau type de solution renouvelant les coordinations entre acteurs, non plus autour du seul échange marchand, mais aussi autour de la construction économique et sociale du territoire.

57Dans leur principe, les deux modes de régulation des échanges marchands que sont les dynamiques d’acteurs d’une part et les politiques publiques d’autre part, diffèrent fondamentalement. Les dynamiques d’acteurs participent à la construction du territoire qui lui-même se définit à travers le projet des acteurs. Le processus d’intermédiation développe une gouvernance et une coordination territoriales qui impliquent tous les acteurs présents et s’appuie sur les spécificités des lieux. Les politiques publiques pour leur part s’appuient sur des institutions politico-administratives délimitées ex ante dans l’espace. Le périmètre est une donnée préalable. La gouvernance décrivant un réseau institutionnel d’élus et d’administrations dotés de compétences pour chaque échelon de décentralisation.

58La question en discussion est celle de la réduction de la tension entre les deux sphères où les pouvoirs publics locaux sont interrogés sur leur capacité à inclure la « société civile » avec ses processus d’intermédiation plutôt que d’intervenir dans les projets de développement en agissant en parallèle de la société civile. La meilleure combinaison des trois sphères passe donc par un processus de reterritorialisation de l’action publique et une transformation des stratégies d’action des pouvoirs publics locaux. Dans ce cadre, des travaux en sociologie interrogent la portée de certains dispositifs de participation citoyenne ou des habitants comme véritable construction d’un dialogue par les professionnels de l’action collective entre les individus et les institutions, entre le citoyen et le politique (Carrel, 2013), contribuant ainsi au changement d’opinion et de regard des uns et des autres, dans le but d’engager les projets autrement.

Conclusion

59Nous avons donc mis en évidence l’émergence de dynamiques d’acteurs constituantes des territoires au sein desquels la fonction d’intermédiation est essentielle. En effet, les acteurs « opérateurs » qui jouent ce rôle d’intermédiation, structurent une gouvernance territoriale.

60Mais aux côtés de la dynamique d’acteurs, persistent deux autres modalités d’action et de coordination. En premier lieu, le marché reste la forme dominante de coordination d’acteurs pour la production et la répartition des biens et services dans la sphère marchande. En second lieu, la coordination publique à travers notamment les politiques publiques locales, constitue une autre sphère autour de la production de biens, services et régulations publics.

61La difficulté de l’analyse tient dans l’impossible distinction entre les trois sphères. Ces trois univers sont inextricablement hybridés.

62La constitution de passerelles « innovantes », de processus d’intermédiation territoriale, constitue pour les territoires des solutions de maîtrise et de réponse aux défis soulevés par la difficile équation de la conjugaison des fonctions de mobilités des hommes, des biens et des capitaux et des fonctions de l’immobilité des éléments matériels constitutifs des territoires où nous vivons. Une meilleure maîtrise par les acteurs des profonds changements induits par l’hypermobilité (Ascher, 2009) des agents socio-économiques et par la déformation croissante des espaces, incite à raisonner sur les points d’articulation à trouver, sur les capacités de relier des logiques nouvelles. Au-delà de l’inter-territorialité (Vanier, 2008) et des projets politiques qui vont de pair et comme solution à développer, il apparaît indispensable de s’attacher à développer et à s’organiser autour des processus d’intermédiation qui rendent opérationnelle cette interterritorialité. Dans cet article, nous avons tenté d’ouvrir la « boîte noire » du développement des territoires en montrant que dans l’hybridation des régulations publiques et marchandes émerge un espace nouveau (par son ampleur) de coordinations d’acteurs régulés par une gouvernance spécifique : l’intermédiation.

63Les politiques de développement territorial apparaissent alors comme « des coproductions qui mettent en présence et en interaction les pouvoirs publics et les initiatives locales portées par la société civile, les élus pouvant jouer en la matière un rôle non seulement de facilitation, mais aussi et surtout de portage et de légitimation » (Itçaina et al., 2007 : 21). On voit ici l’importance de l’action publique locale, qui cristallise des modalités d’une intermédiation réalisée par le territoire. Liefooghe (2018) montre à partir du cas des « Tiers lieux » (que l’on peut considérer ici comme des opérateurs, spatiaux et organisationnels, d’intermédiation) que les politiques publiques ne parviennent que difficilement à renouveler leur action et notamment à réussir l’articulation complexe et nouvelle entre initiative communautaire et initiative publique. Pour l’auteure, la question centrale est : « comment les politiques publiques classiques qui fonctionnent en silo peuvent elles s’adapter aux tiers lieux de travail qui, tout en proposant de nouvelles façons de produire, introduisent la problématique de l’innovation sociale voire expérimentent de nouvelles formes de démocratie ? » (p. 52).

64Les défis à venir du chercheur à propos de l’intermédiation porteront sans doute sur les conséquences du surgissement des initiatives de la société civile et sur les conditions de l’innovation produite par les nouveaux outils de l’économie collaborative et leurs usages. On peut citer par exemple les « Living Lab », « Fab lab », et l’ensemble des pratiques observées dans les « Tiers Lieux » ou bien encore le développement important des plateformes virtuelles et digitales qui bouleversent à la fois le fonctionnement de l’économie de marché, mais aussi qui impactent très fortement les relations au territoire des individus et l’ancrage des activités.

65De même, l’intermédiation interroge la formation et le fonctionnement des écosystèmes territoriaux (entrepreneuriaux, d’innovation, industriels, …), comme les croisements entre acteurs et sphères que le cas de l’écologie industrielle et territoriale suscite.

66Sur le volet des relations et coopérations interterritoriales, les dispositifs récents, comme ceux développés autour des contrats de réciprocité, replacent ce concept d’intermédiation dans la capacité des territoires à créer des espaces de dialogues et de projets entre les « grands » territoires (métropoles) et des territoires plus « petits » (villes petites et moyennes), entre des espaces ruraux et plus denses. L’enjeu de cohésion en est extrêmement fort, en particulier dans un contexte de recompositions imposées par les crises diverses.

67Au final, l’intermédiation —territoriale— interroge la place du territoire et de ses acteurs, à la fois, au travers de la production et la mise en œuvre de liens entre les différentes parties prenantes des changements de modèles de production et de sociabilisation, mais aussi dans la théorie économique générale entre intérêts individuels et variables macroéconomiques.

68Les formes potentielles ne manquent pas, ce qui semble avéré, ce sont les initiatives en forte émergence des acteurs dans un contexte territorial renouvelé.

Français

Notre proposition vise à introduire le concept d’intermédiation territoriale dans la dynamique de développement des territoires et d’en définir les principales caractéristiques. Incarnée par des acteurs intermédiaires et matérialisée par des dispositifs et outils particuliers, elle prend la forme de modes et processus de régulations entre acteurs du système territorial. L’intermédiation territoriale permet ainsi d’ouvrir la « boîte noire » du développement territorial et de comprendre mieux les mécanismes et comportements organisationnels et décisionnels.
L’article montre que le besoin d’intermédiation est particulièrement prégnant dans le contexte actuel de mondialisation et de crises successives, y compris des politiques et actions publiques, qui ont vocation à encadrer le marché et ses défaillances.
L’intermédiation territoriale interroge alors la construction des territoires et la spécificité des lieux, ainsi que la capacité à favoriser la territorialisation des projets portés localement.

  • intermédiation territoriale
  • processus
  • acteurs
  • territoire

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Fabien Nadou
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https://doi.org/10.3166/ges.2020.0016
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