CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Les limites du modèle énergétique sud-africain fondé sur l’usage massif de charbon à bas coût ont été atteintes avec la grave crise du système électrique survenue fin 2007-début 2008, durant laquelle la multiplication des coupures tournantes a été très mal vécue par la population et par les entreprises. Depuis lors, l’opérateur public national, Eskom, a lancé un grand programme d’investissements en partie financé par de spectaculaires augmentations du tarif basique du kWh revendu : 0,20 rand en 2007 ; 0,61 en 2012 ; 0,89 programmé en 2017 [2], soit une hausse de 345 % (valeur courante) en dix ans. Cette crise a contraint le pouvoir d’État à enfin s’engager, après une décennie d’atermoiements, sur un chemin de transition énergétique. Pour tenter de s’affranchir des sources d’énergie carbonées, le Department of Energy (DoE) a rendu public en 2010 le premier plan national intégré des ressources (IRP2010) : à l’horizon 2030, les énergies renouvelables sont censées fournir 26 % du bouquet énergétique sud-africain.

2Les spectaculaires hausses de tarif comme le nouveau cadrage national ont des conséquences directes à l’échelle des 8 municipalités métropolitaines, qui constituent la sphère locale de pouvoir dans le système de gouvernement multiniveaux. L’électricité est en effet une ressource stratégique pour les gouvernements urbains locaux. D’une part, achetée en gros à Eskom puis revendue, elle produit des excédents mobilisés pour financer des péréquations internes ainsi que des mesures sociales en faveur des citadins pauvres. D’autre part, définies comme des gouvernements de développement local dans le Municipal System Act, n°32, 2000, ces municipalités ont une obligation de soutien au développement économique et les tarifs de l’électricité comme la régularité et la qualité du service sont des facteurs essentiels de production et de compétitivité.

3Selon les contextes locaux, des agendas verts municipaux existaient avant la crise électrique et l’IRP2010, mais ces derniers en ont rendu urgente l’application. Au Cap, deuxième ville du pays avec 3,7 millions d’habitants en 2011, où le premier programme d’énergies renouvelables date de 1998, une stratégie de transition a été mise au point durant la décennie 2000 et, en 2010, un plan d’action visant à porter la part des énergies renouvelables à 10 % du mix énergétique local en 2020, puis à environ 1/3 en 2050, a été approuvé. Comme partout ailleurs sont posés des problèmes de capacité réelle, d’effectivité et d’efficacité de l’action urbaine locale. Les débats actuels sur les transitions énergétiques urbaines montrent que la place des collectivités locales dans la transition vers une société post-carbone reste une question ouverte (pour un état des lieux, voir : Rutherford et Coutard, 2014).

4Elle l’est d’autant plus au Cap que les marges de manœuvre de la municipalité, City of Cape Town (CoCT), sont réduites. Du côté des usages, la consommation d’électricité diminue depuis 2010 (CoCT, 2012b) : les actions incitatives locales, très médiatisées, portent peut-être leurs fruits, mais la récession économique de 2009 et la forte hausse des tarifs domestiques sont bien plus déterminantes. Du côté de la production d’énergies renouvelables, la municipalité a peu de choix [3] et elle est marginalisée : les grands producteurs éoliens et solaires privés passent par un système national d’appel d’offres [4] et le solaire photovoltaïque urbain, surtout mobilisé par les entreprises, est encadré par Eskom. Finalement, la diffusion de chauffe-eau solaires est l’un des rares champs d’une possible action municipale directe.

5C’est au Solar Water Heater Advanced Programme (SWHAP), tentative originale en termes de transition énergétique à une échelle urbaine, que le propos de cet article est consacré. Articulant équipement en chauffe-eau solaires de ménages solvables et soutien actif aux industriels locaux, combinant des politiques sectorielles nationales et des innovations locales, le SWHAP a aussi été conçu comme un outil de structuration compétitive d’entreprises métropolitaines. En mettant en place un mécanisme visant à améliorer les relations institutionnelles entre entreprises d’une part, entre entreprises et ménages d’autre part, et en se portant garante de la qualité et de la pérennité de ces liens comme des règles du nouveau jeu coopératif, la municipalité a ainsi tenté de créer des liens de confiance stables entre citadins et entrepreneurs. Dans ce dispositif de gouvernance mixte, on retrouve des éléments constitutifs de la « ville assurantielle » (Veltz, 2005), le territoire urbain devenant un opérateur de confiance, un fournisseur de densité de relations et de facilitation des apprentissages qui permettent de gérer les risques, de réduire les incertitudes et de diminuer les coûts de transaction.

6Or, engagé en juillet 2012, le SWHAP a été annulé et remplacé, en juillet 2013, par un programme dérivé, le Residential Solar Water Heater Accreditation Programme (RSWHAP). Quels enseignements peut-on tirer de cette bifurcation quant aux réelles possibilités d’action de la municipalité ? L’idée ici défendue est qu’au delà de sérieux problèmes de gouvernance locale, CoCT n’a aucune prise sur les principaux obstacles auxquels le SWHAP a été confronté et qui relèvent de l’économie politique nationale. La municipalité peut tenter de s’adapter aux contraintes subies, adopter un scénario de l’attentisme intelligent (Theys et Vidalenc, 2013) mais, dans les conditions actuelles de fonctionnement du gouvernement multiniveaux et en raison du poids considérable des acteurs de la sphère centrale, elle ne peut pas être un acteur majeur de la production d’énergies renouvelables. En revanche, sa capacité d’innovation peut lui permettre d’inventer des modes d’action publique anticipant une éventuelle décompression autoritaire de la gestion centralisée du système énergétique national. En ce sens, l’expérience du SWHAP aura montré son utilité en termes d’ingénierie institutionnelle.

Un volontarisme vert affiché

La formation d’une coalition métropolitaine verte

7Alors que la construction d’une coalition locale de croissance économique demeure laborieuse et conflictuelle, les enjeux de la transition énergétique semblent avoir mobilisé plus efficacement des acteurs de tous types, publics, privés marchands et associatifs, qui sont parvenus à créer un dispositif commun de réflexion et de proposition à l’issue d’une décennie d’intense production de rapports d’expertise et de documents prospectifs.

8On peut y voir une expression de spécificités du Cap. La base productive locale, éloignée du Gauteng, cœur économique sud-africain, n’est pas ancrée dans le complexe minéralo-énergétique (MEC, Minerals-Energy Complex), mais elle en dépend pour sécuriser son approvisionnement en énergie électrique. Ce complexe est défini par Fine et Rustomjee (1996) comme un système spécifique d’accumulation combinant un cœur (exploitation minière et production énergétique) et des activités organiquement liées (métallurgie, carbochimie, chimie, transport et services multiples). Il est chevillé à la construction, sur le temps long, du pouvoir d’État sud-africain et structure les rapports entre ce dernier et le marché. Depuis les années 1990, avec la financiarisation liée à la globalisation, le complexe a certes évolué, McDonald (2011) le qualifiant de MEC+, mais il garde un rôle d’autant plus vital qu’une re-primarisation caractérise aujourd’hui l’appareil productif. La quête d’un relatif affranchissement de la dépendance du réseau national, dont la gestion trop centralisée et bureaucratique entraverait les innovations locales, est une constante du discours tenu par les grandes entreprises privées et la municipalité (Jaglin, 2013). Quant aux nombreuses et très actives associations militantes vertes, elles prônent depuis fort longtemps un autre chemin de croissance. L’accent est ainsi mis sur la qualité environnementale de la péninsule, brandie comme une arme de marketing international ou un argument conservationniste. Le parc national de la Montagne de la Table, les spécificités botaniques du domaine floral et de formations végétales uniques (fynbos), la présence de nombreux « écosystèmes » protégés et de vignobles de qualité au sein du vaste territoire métropolitain (2 500 km2) sont ainsi convoqués pour promouvoir Le Cap dans la compétition mondiale, magnifier le Cape lifestyle, capter des investissements étrangers et faire progresser rapidement la ville dans tous les classements internationaux. Le nécessaire changement d’une image qui surévalue la rente touristique et l’immobilier de haut de gamme pour riches retraités, la quête d’une rupture avec le business as usual et la promotion d’une ville entrepreneuriale, verte et durable, nourrissent un discours décarbonné qui valorise les énergies renouvelables, solaire et éolienne en particulier, également présentées comme d’efficaces outils de lutte contre la pauvreté et la précarité énergétique.

9De fait, les conditions climatiques locales sont favorables. Le Cap reçoit en effet 2 198 kWh/m2/an de rayonnement solaire et sur une surface de captation maximale, il est possible d’obtenir en moyenne 6,02 kWh/m2/jour, soit 15 % de plus que la moyenne nationale. Aux échelles intra-urbaines, les situations sont certes fort diverses, mais la péninsule bénéficie d’atouts qui n’ont pas échappé d’abord aux activistes verts, ensuite à la municipalité et aujourd’hui aux couches moyennes et aisées. En 2007, avant la crise de l’électricité, il était déjà possible de réaliser d’importantes économies d’énergie : 1m2 de capteur solaire permettait de produire 2 017 kWh/m2/an, soit 26 000 kWh sur 15 ans, durée de vie moyenne d’un chauffe-eau solaire ; or, la surface moyenne des capteurs alors installés au Cap était de 2,8m2 (Du Toit, 2010). Quant au potentiel éolien, c’est l’un des plus élevés d’Afrique du Sud selon le Wind Atlas of South Africa (WASA, http://www.wasa.csir.co.za).

10L’intérêt de ces données n’a pas non plus échappé au gouvernement provincial. En 2000, le Western Cape, qui produisait alors 26 % de la valeur ajoutée des énergies renouvelables nationales, était déjà considéré comme un haut lieu d’expertise. À partir de 2008, le gouvernement provincial s’engage résolument dans l’action d’équipement (premier projet pilote d’installation de 1 000 chauffe-eau solaires dans des lotissements du programme national de logements subventionnés) et l’incitation institutionnelle. Le White Paper on Sustainable Energy for the Western Cape Province, promulgué par la Provincial Gazette le 20 septembre 2010, fixe un objectif – produire 15 % du bouquet énergétique à partir d’énergies renouvelables en 2014 –, recommande la mise en place de nouveaux projets, surtout éoliens, ainsi que de partenariats entre les municipalités et les promoteurs privés. En octobre 2010, est rendu public le Mass Solar Water Heater Implementation in the Western Cape, qui souligne l’engagement du pouvoir provincial en termes d’appui à l’émergence d’une industrie locale et à la formation professionnelle, de partenariat avec des institutions financières nationales et de négociations avec les assureurs. Deux années plus tard, Alan Winde, ministre provincial de l’Economic Development and Tourism, déclare que le Western Cape doit devenir le hub vert de l’Afrique du Sud, les emplois concernés pouvant passer de 3 000 en 2010 à 20 000 en 2025 (Engineering News, 10 August 2012) ; en 2013, ces objectifs sont confirmés dans un document exposant la stratégie économique verte de la province (Western Cape Government – WCG, 2013).

11C’est donc dans un contexte provincial très favorable qu’a émergé la coalition métropolitaine verte du Cap, née d’une initiative de la municipalité. Le 22 septembre 2009, lors de la première réunion du Climate Change Think Tank, financé par l’ambassade du Danemark, 30 universitaires et militants verts se sont engagés à dresser un état des lieux et à proposer une évaluation prospective des conséquences du changement climatique au Cap. Le travail du groupe, synthétisé dans un ouvrage (Cartwright et alii, 2012), vise aussi à influencer l’agenda municipal (“shape and drive the implementation of progressive, pragmatic and effective climate change policies, programmes and on-the-ground interventions”, CoCT, Media Release, 22 September 2009).

12Le moment décisif est issu de la candidature du Cap à l’accueil de la COP 17 (17th Conference of the Parties to the United Nations Framework Convention on Climate Change/UNFCCC), finalement organisée à Durban fin 2011, et de l’élaboration de propositions communes à tous les acteurs impliqués, fédérant des initiatives auparavant dispersées. Le 2 mars 2012, lors de l’International Council for Local Environmental Initiatives/ICLEI Conference on Local Climate Solution for Africa 2011 (Le Cap, 27 avril-3 mars), a été créée la Cape Town Climate Change Coalition, regroupant des acteurs publics, privés marchands et associatifs [5]. Cet activisme militant est concomitant d’une part de l’intégration de la question énergétique dans les priorités municipales, d’autre part d’ajustements institutionnels internes à la municipalité.

L’ajustement municipal, une réponse institutionnelle à la question énergétique

13L’énergie comme vecteur de la ville durable a en effet été ajoutée à la liste des objectifs stratégiques du plan intégré de développement (IDP) en 2008. La même année a été créé l’Energy and Climate Change Committee, qui facilite la coopération entre le Mayoral Committee et l’administration, les deux grandes composantes politique et technique du dispositif municipal.

14Pour susciter les échanges entre les départements administratifs concernés d’une part, entre ces départements et les conseillers élus d’autre part, trois groupes de travail transversaux ont été mis en place : Energy Security and Carbon Mitigation ; Adaptation and Climat Resilience ; Communication and Education. Au sein de l’administration municipale, l’approche énergie durable est coordonnée et promue par le City’s Environmental Resource Management Department, en charge des projets et des programmes, la réflexion et l’élaboration des documents étant confiés à l’Energy and Climate Change Unit dans laquelle ont été recrutés des militants verts très actifs.

L’expression du volontarisme : de l’Energy and Climate Change Strategy 2006 à l’Energy and Climate Action Plan 2010

15Synthétisant de nombreux textes élaborés depuis 1998, l’Energy and Climate Change Strategy 2006 fixait comme principal objectif pour 2010 l’équipement en chauffe-eau solaires de 10 % des ménages ainsi que de 10 % des logements municipaux locatifs (50 % en 2020 pour ces derniers). Pour y parvenir, il fallait élaborer un cadre réglementaire local d’action (by-law), un plan d’aide financière, engager une coopération avec la sphère centrale de pouvoir et financer l’aménagement des bâtiments appartenant au gouvernement métropolitain.

16La crise de l’approvisionnement en électricité en 2008 a accéléré la mobilisation de la municipalité, d’autant plus que la tentative de coalition alternative locale visant à accroître la part du gaz tournait court [6]. La stratégie adoptée en 2006 a donné naissance à l’Energy and Climate Action Plan (ECAP). Approuvé par le conseil municipal en mai 2010, ce plan global et intégré propose 11 objectifs complémentaires visant à réduire la consommation énergétique urbaine, à promouvoir les énergies renouvelables, censées fournir 10 % de l’approvisionnement énergétique du Cap dès 2020, et à stimuler le développement économique local via ces énergies. Ces objectifs à court terme ont été confirmés dans plusieurs documents ultérieurs (CoCT 2011a, b, c ; CoCT 2012a, b ; Atwell, 2013). Le State of Energy 2012 propose des objectifs de plus long terme, portant la part des énergies renouvelables à environ 1/3 du bouquet énergétique du Cap, dont 26 % pour l’éolien et 8 % pour le solaire à l’horizon 2050.

Le SWHAP, un dispositif de « ville assurantielle »

17Préparé depuis 2007, le Solar Water Heater Advancement Programme a réellement pris corps avec le lancement en juillet 2012 d’un appel d’offres de préqualification (CoCT, 2012c) destiné à sélectionner des fournisseurs capables de réaliser un vaste programme de diffusion de chauffe-eau solaires auprès des ménages. Ce choix repose sur des constats statistiques : l’électricité représente 39 % de la consommation énergétique totale de la ville, 43 % de la consommation électrique provient du secteur résidentiel et, en moyenne, la fourniture d’eau chaude domestique par des systèmes classiques représente 40 % à 42 % des dépenses en électricité des ménages. Il existe donc un marché solaire local potentiel dont la municipalité cherche à devenir un acteur. Pour ce faire, CoCT a identifié des segments de marché particuliers et surtout élaboré un dispositif contractuel visant à prémunir les citadins et les entreprises concernés contre les risques et l’incertitude.

Un principe : la segmentation sociale et technique

18L’approche municipale de ce marché est fondée sur une segmentation sociale et technique (mid and high income demand).

  • Les citadins pauvres (environ 39 % de la population totale), qui ne disposent pas de chauffe-eau électrique et utilisent des bouilloires ou des fourneaux pour obtenir de l’eau chaude, relèvent surtout d’une politique nationale. Le gouvernement central et Eskom financent ou doivent financer l’installation d’appareils à basse pression, moins onéreux (4 000 rands en moyenne) et adaptés aux conditions techniques de la desserte en eau dans les quartiers pauvres, sans contrepartie monétaire demandée aux ménages concernés (low pressure free SWH scheme). La municipalité est néanmoins impliquée en tant que maître d’ouvrage délégué de la planification urbaine (infrastructures et équipements), et depuis 2010, de la production du logement subventionné, mais au Cap, où une partie des ménages pauvres est desservie en électricité par Eskom, cet opérateur pourrait être le principal protagoniste via ses divers systèmes de subvention.
  • Les couches moyennes et aisées équipées d’un chauffe-eau électrique relèvent d’une politique municipale consistant à favoriser le remplacement de ces chauffe-eau par des systèmes solaires à haute pression. La municipalité entend devenir un intermédiaire facilitateur entre les fournisseurs, les acheteurs et les banques. Elle va plus loin en tentant d’une part de promouvoir l’émergence d’une industrie solaire dans la métropole ou dans la province, d’autre part de structurer le monde hétéroclite des fournisseurs de chauffe-eau solaires.

A local demand side management: créer un marché en soutenant les acheteurs potentiels

19Il demeure difficile d’évaluer le marché capetonien, le nombre de chauffe-eau solaires existants étant lui-même mal connu. Selon Du Toit (2010), il y en avait environ 10 000 en 2007, et depuis la mise en œuvre en 2008 d’un système de rabais à l’achat par Eskom, puis du plan national d’équipement des ménages (National Solar Water Heater Programme, NSWHP) en 2010, aucune source disponible ne permet de préciser le nombre de nouveaux appareils installés au Cap. D’après le gouvernement provincial, 70 % des habitants du Cap disposaient en 2010 de chauffe-eau électriques remplaçables par des systèmes solaires.

20À partir de ses propres bases de données, la municipalité évalue à 336 000 le nombre de ménages moyens et aisés (définis comme ceux consommant plus de 450 kWh/mois) susceptibles d’acheter des chauffe-eau solaires. En excluant les propriétaires logeant dans des immeubles en copropriété ainsi que les locataires, le nombre est réduit à 216 000 ménages ; en estimant prudemment que les 2/3 d’entre eux pourraient être intéressés par le remplacement des chauffe-eau électriques, la municipalité parvient à un objectif final de 144 000 ménages à équiper (CoCT, 2012c).

21Le calendrier d’installation sur 5 ans a été établi en concertation avec des fabricants et des distributeurs, selon lesquels il est nécessaire de poser au moins 1 000 appareils par mois, quantité minimale indispensable pour réaliser une économie d’échelle réduisant les coûts unitaires et rendant les prix de vente attractifs. Pour faciliter le démarrage, puis la montée en puissance du programme, mais également pour rassurer les acquéreurs sur le bien-fondé de leur achat, les ingénieurs municipaux ont simplifié les normes techniques et formulé des exigences procurant un avantage financier aux consommateurs. Les fournisseurs doivent proposer trois types de chauffe-eau à thermosiphon, de 150, 200 et 300 litres. Le prix et les performances techniques de chaque appareil (incluant un contrat de maintenance 24h sur 24h équivalant aux contrats en cours pour les chauffe-eau électriques) doivent permettre de garantir une durée de remboursement de 5 à 7 ans au maximum, les gains mensuels sur la consommation d’électricité devant être supérieurs au montant du remboursement. L’appel d’offres propose des annexes méthodologiques détaillées, inspirées de la plus grande enquête nationale du genre conduite en 2007 par Eskom, qui a évalué les performances de 50 appareils, équipés ou non de minuteurs et installés au Cap, à Johannesburg et à Pretoria, de septembre 2006 à juillet 2007. Les résultats montrent qu’en moyenne, avec un appareil à minuteur, 42 % de l’énergie nécessaire à la production d’eau chaude provient de l’électricité et 58 % du capteur solaire, les meilleurs appareils fonctionnant avec seulement 28 % d’apport en électricité. Au prix de l’électricité en 2012 au Cap, en fonction des types d’appareils, de leur rendement et des économies réalisables, l’appel d’offres aboutit à des propositions de remboursement mensuel qui doivent rester constantes, ce qui est aussi une manière de garantir les acheteurs contre l’inflation. Les entreprises candidates sont invitées à présenter leur méthodologie et à comparer leurs propositions avec celles formulées dans l’appel d’offres, à charge pour elles de démontrer qu’elles peuvent faire mieux ou aussi bien.

22Pour contrer le prix élevé des chauffe-eau solaires disponibles sur le marché [7], la municipalité propose la mise en place d’un nouveau partenariat public-privé dans lequel elle se positionne en arrangeur financier entre les fournisseurs, les acheteurs et les banques, sans subventionner les acheteurs, ce que la législation nationale interdit, et sans se substituer aux entreprises mais en facilitant l’établissement de contrats entre les parties concernées (voir le schéma infra).

Schéma contractuel suggéré par la municipalité du Cap

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Schéma contractuel suggéré par la municipalité du Cap

Source : CoCT, 2012 c, p. 11.

23Le schéma contractuel qui est suggéré exclut tout paiement d’acompte (les montants des acomptes pratiqués étant considérés comme dissuasifs), l’acheteur d’un chauffe-eau solaire devant rembourser à terme (5 à 7 ans) le montant total de l’achat. La municipalité s’engage à collecter le montant mensuel du remboursement en l’incluant dans les factures municipales (high pressure billing linked SWH scheme) par ajout d’une ligne spéciale, ce qui permet de vérifier le niveau d’endettement public et la fiabilité de l’acheteur dans la base municipale de données. Les montants prélevés sont ensuite transférés aux fournisseurs selon des modalités qui restent à discuter.

A business driven policy: soutenir les fournisseurs en structurant l’appareil productif local

24Prenant acte des contraintes pesant sur la production locale de chauffe-eau solaires et surtout de l’accroissement des importations depuis le lancement du NSWHP, la municipalité s’engage dans une politique de soutien aux fabricants comportant deux volets. Le premier consiste à garantir l’émergence d’un marché métropolitain devant permettre un essor industriel structuré, le second vise à faciliter l’accès à des financements privés procurant les investissements nécessaires.

25L’incitation à la structuration compétitive n’était pas une priorité du NSWHP, du moins jusqu’en octobre 2012, lorsque fut signé le Green Economy Accord entre le DoE et le DTIPE (Department of Trade, Industry and Public Enterprises). De son côté, la municipalité du Cap entend promouvoir une industrie locale en incitant les fournisseurs à s’organiser et à sortir de la concurrence exacerbée entre les acteurs de la filière. L’appel d’offres vise à sélectionner des entreprises ayant une taille critique minimale, pouvant fournir environ 12 000 appareils par an ou démontrant qu’elles peuvent atteindre rapidement cette taille et programmer une profitabilité non réduite au très court terme. Sont ainsi uniquement concernées des entreprises démontrant leur capacité à gérer le montant d’un prêt d’au moins 100 millions de rands/an (et potentiellement d’1 milliard, valeur estimée du montant total de l’opération dans le cas où une seule entreprise serait finalement sélectionnée). C’est donc une structuration de l’appareil productif qui est recherchée. L’appel d’offres privilégie les entreprises utilisant des capteurs et des réservoirs fabriqués au Cap ou dans le Western Cape et y assurant l’assemblage final, à condition qu’elles démontrent leur compétitivité. Les appareils fournis doivent être conformes aux normes nationales, mais aussi être adaptés aux spécificités climatiques du Cap, respectueux des normes environnementales adoptées par la municipalité, y compris celles relatives au recyclage des matériaux utilisés, et être certifiés conformes par des plombiers et électriciens enregistrés au Cap. Enfin, chacune des entreprises choisies aura en charge un périmètre urbain délimité, ce qui devrait lui assurer un marché suffisant et garanti pour au moins 5 ans.

26Considérant qu’elle sécurise les entrepreneurs en quête de soutien financier, la municipalité cherche aussi à susciter des partenariats facilitant le montage de prêts spécialement conçus pour les entreprises sélectionnées tout en garantissant le recouvrement auprès des acheteurs, ce qui rassure à la fois les entreprises et les banques. Tous les types de montage sont encouragés, du simple contrat passé entre une institution financière et une entreprise intégrée (fabricant, installant et assurant la maintenance) à la formation de consortiums, de joint-ventures ou d’arrangements innovants (special purpose vehicles). La garantie municipale permet enfin d’engager des négociations entre fournisseurs, acheteurs et sociétés d’assurance, ces dernières étant sollicitées pour élaborer des solutions équivalentes à celles des chauffe-eau électriques remplacés (Kritzinger, 2011). Le positionnement de CoCT en tant que garant des conditions et des modalités des arrangements contractuels proposés correspond à des éléments soulignés par Veltz à propos de la ville assurantielle. Les nouvelles formes de compétitivité résident moins dans la productivité des opérations que dans l’efficacité de ce qui se passe entre les opérations, et la qualité des relations entre acteurs est un facteur clé de l’abaissement des coûts de transaction ; en ce sens, le SWHAP est bien un dispositif à dimension assurantielle.

27En termes de procédure négociée entre la municipalité et les fournisseurs, aboutissant à une proposition dont les qualités techniques et l’intérêt institutionnel sont incontestables, le SWHAP peut être considéré comme une réussite : fin mars 2013, sur 34 réponses à l’appel d’offres, 20 ont été évaluées (ECCC, 2013). Cependant, son élaboration au sein du dispositif municipal a été laborieuse et conflictuelle. Le by-law, indispensable réglementation locale, est en préparation depuis 2007, mais l’appel d’offres de présélection des entreprises n’a été lancé qu’en juillet 2012. Une quinzième (et ultime ?) version du by-law a été mise en ligne en 2008, mais en juillet 2013, le texte n’a toujours pas été soumis au vote du conseil municipal et finalement, le SWHAP a été remplacé par un nouveau programme. Loin d’être réductible à des questions de temporalité ou de gouvernance, cette situation exprime les contraintes considérables auxquelles se heurte la municipalité.

Du SWHAP au RSWHAP : l’action municipale sous contraintes

28Les vicissitudes du SWHAP résultent de la combinaison de trois types d’obstacles, de nature et d’échelles différentes, auxquels se heurte l’action municipale. Le premier procède de la gouvernance locale, le second du poids des acteurs nationaux dans la gouvernance multiniveaux, le troisième des conditions de l’accumulation dans la filière économique.

Gouvernance locale : controverses autour de l’émergence d’un nouveau domaine d’action

29Un premier registre d’explication tient à l’importance des acteurs intermédiaires, ou de second rang (Lorrain, 2008), de leurs cultures, de leurs représentations et de leurs manières de faire dans la conduite de l’action collective.

Des cultures institutionnelles inconciliables ?

30Les vicissitudes du by-law ont ainsi été analysées en termes de contradiction insurmontable entre les cultures institutionnelles prévalant au sein de l’Environmental Resource and Management Department (ERMD) et du Planning and Building Development Management Department (PBDMD), deux départements de l’administration municipale directement impliqués dans la procédure de préparation du texte (Froestad et alii, 2012). Les membres du premier, souvent issus d’associations de militants verts, défendent un idéal écologique et entendent incorporer la valeur environnement dans tout processus de décision municipale. Ils plaident pour un changement rapide des styles de vie citadins mais aussi des pratiques municipales afin d’obtenir des résultats significatifs dans le court terme (quick environmental wins). En conséquence, ils conçoivent la règle (ici le by-law) comme un moyen et une contrainte nécessaires pour impulser un changement rapide des comportements citadins tout en cherchant aussi à bousculer les habitudes et les priorités de l’administration municipale. Ce faisant, ils se heurtent à trois obstacles de taille. D’abord, l’élaboration du budget municipal prend très rarement en compte les coûts environnementaux et la logique comptable marginalise les agendas verts : le système financier local est “green unfriendly”. Ensuite, les performances du Cap sont évaluées en interne au moyen d’indicateurs économiques et sociaux (score cards) qui ne permettent pas, ou peu, de populariser les actions en faveur de l’environnement. Enfin, modifier les pratiques administratives suppose l’abandon de routines ; or, en dépit (ou à cause) des incessants changements de personnel survenus depuis 2000, ces dernières marquent fortement tous les départements, à commencer par le PBDMD.

31Dans ce dernier, surtout composé d’ingénieurs du bâtiment et des travaux publics, la pratique est celle du “go slow to go fast”, la prudence étant la clé du succès, l’exact contraire de la position de l’ERMD. Ancrés dans la certitude de leur légitimité professionnelle, les ingénieurs du département considèrent qu’il faut du temps pour évaluer le coût de tout changement, qu’il faut inciter plutôt que contraindre les citadins et soulignent que toute innovation technique à l’échelle métropolitaine est tributaire des réglementations nationales. Ils rappellent ainsi que toute nouvelle réglementation locale autorisant la pose de chauffe-eau solaires et/ou introduisant des énergies renouvelables est légalement subordonnée à la modification des normes nationales de construction par le gouvernement central. Ils rappellent également que le contrôle technique des bâtiments exige un personnel d’inspection dont leur département ne disposait pas ou plus à l’issue d’une décennie de restructuration administrative. Plus fondamentalement, ils demeurent très circonspects vis-à-vis des modèles internationaux en circulation, et la green city en est un, préférant souligner les spécificités, voire les inerties locales que toute action doit intégrer.

32Au sein de chaque département, tous les individus n’ont évidemment pas la même posture, des ingénieurs comme des militants verts sont à la recherche de compromis sociotechniques et nul n’ignore que le processus d’apprentissage réciproque comme l’élaboration d’une culture de projet commune prendront du temps en raison du poids des représentations héritées. En attendant, et bien que la réglementation nationale des normes de construction ait été modifiée, le statu quo perdure comme à Durban (Aylett, 2010).

Que faire avec les pauvres ? Une incertitude et un blocage

33Pour nombre de conseillers municipaux, et pas seulement ceux de l’opposition, la municipalité, dont la devise est “This City Works for You”, ne peut pas se contenter d’aider les plus aisés, déjà favorisés par le système de rabais mis en place par Eskom. Elle doit aussi formuler des propositions pour les citadins pauvres. Pour d’autres, l’effort significatif doit avant tout porter sur les segments hauts du marché, les citadins riches étant les plus gros consommateurs d’électricité. Par ailleurs, dissocier l’action en faveur des plus démunis de celle visant les citadins solvables est considéré comme un alignement sur les principes du NSWHP et comme une résultante de leçons tirées d’expériences locales antérieures, dont celles menées à Lwandle et à Kuyasa, deux quartiers défavorisés du Cap (Laakso, 2011 ; Wlokas, 2012). Il est en effet inutile d’escompter une diffusion massive d’équipements solaires domestiques pour les populations pauvres sans mettre en place un dispositif de subvention totale, ce qui n’est pas réalisable par la seule municipalité.

34Il peut cependant paraître a priori surprenant qu’une municipalité à la pointe de l’équipement en électricité des quartiers pauvres, y compris informels, dont la politique sociale est plutôt hardie, n’ait pas élaboré de proposition spécifique pour les populations démunies, comme l’ont fait par exemple Nelson Mandela Bay Municipality et eThekwini (Durban). Certes, ces expériences ont montré leurs limites, les gouvernements locaux louvoyant aux marges de leurs prérogatives constitutionnelles, et celui du Cap, dirigé par la Democratic Alliance (DA), doit être encore plus attentif que d’autres au moindre risque de conflit avec le gouvernement central de l’African National Congress (ANC), mais cela n’explique pas tout.

35Pour comprendre le contenu du programme municipal du Cap, il faut se tourner vers des contraintes particulières. La réalisation des programmes destinés aux pauvres et aux populations résidant dans l’habitat public subventionné demeure en effet très conflictuelle dans tout le territoire municipal, en particulier à Khayelitsha. Surtout, l’ANC est très divisé au Cap : le parti a localement implosé lors des dernières élections municipales, et en décembre 2012, la lutte a été intense entre factions rivales à la veille du congrès national. Dans ce contexte, une posture politique adoptée par nombre de sections de l’ANC est le refus de tout compromis avec la DA, ce qui conduit à une hostilité générale envers la plupart des projets municipaux, à laquelle s’ajoute le poids des gangs, sans l’autorisation, l’accord tacite et/ou la protection desquels beaucoup de résidents hésitent à s’engager.

Gouvernance multiniveaux : interférences et concurrences des acteurs publics nationaux

“Green building” : une subordination aux normes nationales

36Les National Building Regulations (NBRs) fixent les normes de construction des bâtiments, au respect desquelles doivent veiller les municipalités délivrant les permis de construire. En termes d’énergies renouvelables, leur modification était donc l’une des plus importantes et des plus attendues. Mis en discussion en juillet 2010, les amendements au National Building Regulations and Building Standards Act 1977 (Act 103 of 1977) ont été notifiés aux municipalités le 9 septembre 2011 pour une entrée en vigueur à partir du 10 novembre 2011. Ces amendements stipulent que les modalités de chauffage de l’eau et d’isolation d’un bâtiment doivent figurer dans la demande de permis de construire et surtout, que pour toute construction nouvelle ou extension de construction existante, 50 % au moins de l’énergie utilisée doit provenir de chauffe-eau solaires, de pompes à chaleur ou de toute autre source renouvelable. Ces normes ont des implications opérationnelles fortes : dans l’état actuel des techniques et des coûts de production du kWh, les chauffe-eau solaires et les pompes à chaleur sont les mieux à même de répondre à cet impératif, ce qui ne laisse guère d’autres options aux programmes municipaux.

Entre Eskom et le NSWHP : quelle place pour les municipalités ?

37En 2008 a été lancé le programme national Eskom Demand Side Management (DSM), doté d’un budget de 10 milliards de rands permettant de financer plusieurs actions, dont l’Eskom Solar Water Heating Programme qui prévoyait l’installation de 950000 chauffe-eau solaires en 2013 et mettait en place un mécanisme de subvention à l’achat et à l’installation. Lors du lancement du programme, le montant de la subvention finale variait de 15 à 20 % du prix de vente ; puis, Eskom a annoncé le doublement de la subvention pour les chauffe-eau à haute pression à partir du 11 janvier 2010.

38En 2010, pour stimuler la diffusion de chauffe-eau solaires, a été mis en œuvre le NSWHP. Confirmant l’objectif de près d’un million d’appareils installés à la fin 2013, il divise la population en trois principaux segments de marché et définit les modalités d’intervention précises ainsi que les objectifs poursuivis dans chacun d’entre eux. Dans les segments dits de moyen et haut revenus (6 000 à 16 000 rands/mois et plus de 16 000 rands/mois), il s’agit de remplacer les chauffe-eau électriques par des appareils à haute pression en utilisant le mécanisme de rabais d’Eskom ; dans le segment des bas revenus (moins de 6 000 rands/mois) où il n’y a pas de chauffe-eau électriques, il s’agit de faciliter la pose d’appareils à basse pression. La dernière version du NSWHP vise l’installation de 5,6 millions de chauffe-eau solaires d’ici 2020. Au delà des difficultés rencontrées dans la réalisation d’objectifs fluctuants (en mai 2013, toutes opérations publiques et privées confondues, environ 35 % de l’objectif fixé pour l’année 2013 avait été atteint), un constat s’impose : les municipalités métropolitaines ont été marginalisées dans les choix opérés comme dans les procédures adoptées mais, en revanche, elles doivent trouver leur place dans un cadre normatif qui les contraint.

Acteurs économiques de la filière et pouvoirs publics : instabilité et rivalité des initiatives

39Deux constats sont partagés par de récentes enquêtes menées auprès des entrepreneurs (Du Toit, 2010 ; Hardie, 2011) : la prolifération des revendeurs et des installateurs depuis 2008, avec pour conséquence la jeunesse des entreprises, et le faible nombre de manufacturiers locaux, de plus en plus concurrencés par les importateurs. À la jeunesse de la plupart des entreprises s’ajoute leur multi activité, une minorité d’entre elles tirant leur revenu de la seule fourniture de chauffe-eau solaires, ce qui pèse sur les stratégies de croissance.

Le coût final de production, un obstacle majeur

40Selon des données obtenues à l’échelle du Western Cape (Du Toit, 2010), les intrants matériels représenteraient en moyenne 68 % du coût de production d’un capteur solaire plat. Le cuivre compterait en moyenne pour 42 % du coût des intrants matériels (28,6 % du coût total de la chaîne de valeur d’un système complet installé, et plus si on tient compte des réservoirs et des tuyaux de transmission vers les robinets), l’aluminium et l’acier 25 %, le verre 23 %. Le travail coûterait 11 % de la valeur de la production d’un capteur et 35 % de celle de l’installation, au total 18,5 % de la chaîne de valeur.

41Ce n’est donc pas le coût du travail qui pèse sur la compétitivité, ce qui n’exclut pas les problèmes de gestion. La production des capteurs et des réservoirs est assez simple, mais les ouvriers doivent être formés pour les installer quand le fabricant assure aussi cette fonction. Or, l’installation, souvent rendue complexe par le type de toiture, exige un savoir-faire parfait. Pourtant anciens en Afrique du Sud, les chauffe-eau solaires restent peu connus des consommateurs et il est vital pour la crédibilité du produit fourni et celle des entreprises que la réputation de ces dernières ne soit pas ternie par des erreurs d’installation. Les chefs d’entreprises soulignent les problèmes consécutifs aux départs de salariés qui, une fois formés, s’installent souvent à leur propre compte. Ce turn-over a un coût qu’il faut intégrer ou tenter d’éviter par une politique de promotion interne, mais cette politique est compliquée, voire impossible à mettre en œuvre en raison des rapports très tendus entre patrons et salariés (Du Toit, 2010).

42Le coût élevé des intrants matériels demeure toutefois le problème essentiel. D’abord, les volumes commandés auprès de grossistes sud-africains restent trop modestes pour obtenir des prix avantageux. Ces intrants sont certes disponibles et moins chers d’environ 15-20 % à l’international, mais de petits volumes ne sont pas intéressants à importer, le verre par exemple (prismatic glass) demeurant un produit marginal sur le marché national. Ensuite, les pratiques commerciales des grossistes sont défavorables aux manufacturiers, qui doivent par exemple leur acheter du cuivre à tuber au prix international auquel sont ajoutés les coûts d’importation de ce cuivre en Afrique du Sud (import parity level) alors qu’on extrait du cuivre dans le pays et qu’il y est transformé. On ne dispose d’aucune donnée fiable sur le coût réel de production du cuivre et des produits dérivés en Afrique du Sud. En outre, les deux grandes firmes qui dominent le marché national ont des pratiques monopolistiques et sont soupçonnées d’entente illicite aboutissant à un partage du marché. Dans ces conditions d’opacité totale, les grossistes fournisseurs de cuivre alignent leurs prix au plus haut pour fournir des volumes qui demeurent finalement très modestes, ce qui garantit le maintien de leurs marges.

Les rapports de pouvoir dans la chaîne de valeur : l’asymétrie des relations et ses effets négatifs

Les entreprises de chauffe-eau solaires au Cap en 2012

tableau im2
Type d’entreprise Nombre Manufacturiers : 17 - producteurs de chauffe-eau 6 - producteurs d’intrants 11 Fournisseurs : 66 - importateurs seulement 5 - importateurs-installateurs 9 - fournisseurs seulement 17 - fournisseurs-installateurs 35 Installateurs seulement 46 TOTAL 129

Les entreprises de chauffe-eau solaires au Cap en 2012

Source : Dubresson, 2013

43Dans une situation d’offre fragmentée (voir le tableau supra), Du Toit souligne l’absence de coopération entre acteurs au sein de la chaîne de valeur de la filière. Or, la qualité des institutions pèse sur la performance économique (North, 2005) et la coopération entre acteurs d’une filière est essentielle en termes de baisse des coûts de transaction, d’innovation et de compétitivité. Il y a donc un problème de structuration générale, de nature et de qualité des relations entre les protagonistes. Les grossistes d’intrants matériels contrôlent les ressources et dominent leurs relations avec les producteurs de chauffe-eau solaires. Leur pouvoir est d’autant plus fort que ces intrants sont destinés à un marché réduit et volatile, dans lequel les prises de risques sont faibles (pas de stocks importants pour faire face à des pics de demande soudaine par exemple). En outre, le monde des fournisseurs est constitué de sociétés à activités multiples pour lesquelles le marché des chauffe-eau solaires demeure peu important, ce qui réduit les possibilités de négociation des fabricants. Les importateurs d’intrants sont aussi en position de force. Les prix de parité sont en effet désavantageux et handicapent les manufacturiers locaux. De plus, les revendeurs et/ou installateurs indépendants ajoutent leurs propres marges. Rivaux entre eux mais aussi avec les manufacturiers qui ont leur propre réseau d’installation, ils mettent ces derniers en concurrence pour accroître leurs marges. Dans ce contexte fragmenté, il n’y a pas ou peu de coopération entre acteurs et les coûts de transaction demeurent élevés.

Politique nationale de la demande et/ou politique de l’offre : la posture originale du Cap remise en cause ?

44Jusqu’ici, c’est plutôt le soutien à la demande qui a été privilégié à l’échelle nationale et des combinaisons variées entre offre et demande à l’échelle métropolitaine. Le rabais d’Eskom, relayé par le NSWHP, avait pour objectif de rendre les chauffe-eau solaires plus accessibles aux couches moyennes sans se préoccuper des conditions d’ajustement aux intérêts des producteurs locaux, par exemple en instaurant une taxe, même à titre temporaire, sur les appareils importés de Chine ou d’Allemagne. Quant aux conséquences de l’application des normes de certification nationales, elles sont très controversées. Ces normes sont censées protéger la production sud-africaine, mais elles ne s’appliquent dans les faits qu’aux seuls programmes Eskom et elles n’empêchent nullement l’arrivée massive de produits chinois à bas prix et hors normes sur le territoire national. Trop sophistiquées pour les chauffe-eau solaires basiques, les normes renchérissent les coûts de production locaux, celui de l’accréditation obligatoire des appareils pouvant parfois dépasser le montant du rabais proposé par Eskom. Elles rendent donc difficile l’entrée de petits et moyens entrepreneurs locaux sur le segment de marché à bas prix, où les marges sont faibles. A contrario, les normes nationales pourraient être un moyen de protéger les manufacturiers locaux à condition d’être intégrées dans une politique globale, tardivement esquissée avec le Green Economy Accord.

45À l’échelle locale, des municipalités (Durban, Nelson Mandela Metro) ont lancé des programmes de redistribution d’appareils subventionnés en passant des accords préférentiels avec des fournisseurs. Au Cap, où les manufacturiers pourraient augmenter leur production d’au moins cinq fois si la demande le permettait (Du Toit, 2010), le SWHAP tente de combiner le soutien à la demande et celui aux entreprises en facilitant et en améliorant les relations entre acheteurs, fournisseurs et banquiers tout en cherchant à structurer la filière à l’échelle métropolitaine ou provinciale. Cette structuration est un enjeu de grande importance, car la chaîne de valeur locale, déjà vulnérabilisée par les importations croissantes, est aussi en concurrence avec d’autres chaînes de valeur sud-africaines, celle du Gauteng en particulier. L’intérêt de la proposition formulée par la municipalité est donc moins à rechercher dans le soutien à la demande, même si la formule adoptée est originale et novatrice, que dans la tentative d’accroissement de la capacité institutionnelle des fournisseurs à se repositionner au sein de la chaîne de valeur en se prévalant d’un marché garanti, de taille importante et en expansion. En confortant leur position dans le jeu coopératif/concurrentiel, la municipalité donne ainsi aux manufacturiers une marge de manœuvre transactionnelle, à charge pour eux d’en faire bon usage pour réduire les coûts des intrants.

46Cependant, cette marge est menacée par les conséquences locales de la nouvelle orientation nationale pro-offre. Doté d’un montant total de 4,5 milliards de rands, un nouveau programme triennal à déclinaisons multiples, élaboré par Eskom, le DoE et le DTIPE a été exposé lors de la South African Energy Efficiency Conference organisée à Johannesburg le 14 novembre 2012. Il met fin au système de rabais pour les chauffe-eau solaires à basse pression dès le 1er janvier 2013, les opérations en cours devant être achevées fin mai de la même année, mais le reconduit pour les appareils à haute pression, sous réserve que le financement soit mis en place. Surtout, il instaure un mécanisme de soutien à la production nationale. Un contractual procurement model a été lancé pour sélectionner des entreprises qui auront accès à des aides financières. Le DoE et les municipalités doivent choisir ensemble les quartiers à équiper, Eskom gérant l’ensemble du nouveau système entré en vigueur en été 2013 et pour le moment destiné au segment de marché des pauvres, dans la continuité des options du NSWHP. Mais qu’adviendra-t-il des autres segments de marché si le financement du rabais pour les appareils à haute pression ne peut pas être maintenu en 2013 ou après ?

47On peut considérer que sur ces segments, le rabais incitatif n’est pas (ou plus) indispensable, qu’il est socialement injuste puisqu’il profite aux plus aisés et que les obstacles à la diffusion massive de chauffe-eau solaires résultent moins des prix de vente que des réticences des ménages à s’équiper, lesquelles diminuent cependant en raison de l’augmentation des tarifs de l’électricité. Le véritable problème n’est donc pas là ; il est de savoir si Eskom entend être l’intermédiaire de la fourniture en gros des appareils à basse pression destinés au seul programme national ou bien si cette fonction sera étendue aux programmes publics locaux concernant tous les types d’appareils. En se prévalant d’une politique d’organisation de la filière, Eskom, qui est au centre du jeu, pourrait ainsi encadrer les modes de distribution de tous les chauffe-eau solaires fabriqués en Afrique du Sud par les entreprises sélectionnées, en subventionnant totalement les appareils pour le segment de marché des pauvres et en fixant les règles pour les autres segments. Dans ce contexte d’incertitude, l’appel d’offres de préqualification lancé par la municipalité a été annulé et le SWHAP a été remplacé, en juillet 2013, par le Residential Solar Water Heater Accreditation Programme. Visant à dresser une large liste de fournisseurs accrédités tout en sécurisant les relations entre acheteurs, fournisseurs et banquiers, le nouveau programme, devenu opérationnel en novembre 2013, est beaucoup moins ciblé sur les manufacturiers. Cette bifurcation illustre certes la capacité de réaction institutionnelle de la municipalité, mais elle apparaît aussi comme un repli face à l’action engagée par l’opérateur public national en faveur des industriels.

Conclusion

48Les difficultés du SWHAP et l’abandon de l’appel d’offres de préqualification sont de bons révélateurs des limites mais aussi de l’intérêt de l’initiative municipale. D’abord, ils ne résultent pas principalement de problèmes de gouvernance locale et/ou de gouvernance multiniveaux, même si ces derniers sont importants ; c’est l’absence de coordination entre politique industrielle et politique énergétique nationale, au moins jusqu’en octobre 2012, qui est ici en cause. Ensuite, si la tentative de structuration de la filière à l’échelle métropolitaine a été remarquablement pensée, la municipalité n’a pas, ou peu, de prise réelle sur les coûts de transaction et sur la compétitivité des entreprises locales.

49Ces deux constats renvoient à des enjeux situés à une tout autre échelle que celle de la métropole et enracinés dans l’économie politique de l’Afrique du Sud. Les acteurs de la sphère centrale de pouvoir sont en effet d’autant plus puissants que l’électricité est une ressource politique, historiquement chevillée au complexe minéralo-énergétique. Depuis la création d’Eskom en 1923 et jusqu’à aujourd’hui, la maîtrise centralisée de cette ressource a contribué à l’édification et au contrôle du pouvoir d’État. Dès lors, on voit mal comment un gouvernement local pourrait construire une quelconque autonomie en termes de productions énergétiques alternatives, y compris dans une modeste filière, surtout au Cap, bastion de l’opposition politique à l’ANC. On voit mal également comment le déploiement en cours du programme national d’énergies renouvelables pourrait être accompagné d’une décompression gestionnaire aux échelles infranationales, à moins que celle-ci ne soit conçue comme un outil du pouvoir central pour se reproduire sous une forme nouvelle. Cela n’empêche nullement la mise en œuvre de programmes nationaux à l’échelle locale urbaine, mais penser que les municipalités sud-africaines sont, ou peuvent, devenir des acteurs majeurs de la production d’énergies renouvelables et d’organisation des filières est d’autant plus illusoire que la Constitution de 1996 ne leur donne pas mandat de produire de l’électricité, fut-elle « verte ». Cependant, dans ce rapport asymétrique entre le national et le local, les municipalités métropolitaines ne sont pas condamnées à la passivité. Le montage du SWHAP, puis du nouveau programme, montre que des innovations institutionnelles, créées dans les interstices des cadres normatifs nationaux, sont possibles et pourraient peut-être contribuer à amoindrir l’asymétrie du rapport de force.

Notes

  • [1]
    Ce texte utilise des données collectées lors d’une mission effectuée au Cap du 21 octobre au 5 novembre 2012, financée par le programme ANR TERMOS et l’ex laboratoire Gecko. Sauf indication contraire, les données sur l’énergie proviennent d’Eskom, celles concernant Le Cap proviennent de la municipalité. Je remercie les relecteurs qui ont permis d’améliorer la version initiale.
  • [2]
    En décembre 2012, 1 rand = 0,11 euro en moyenne.
  • [3]
    “There is not a great potential in the short term” selon Brian Jones, Head of Green Energy, CoCT Electric Services (entretien avec Sylvy Jaglin le 24/08/2011).
  • [4]
    Une part infime, environ 0,1 %, de l’électricité consommée au Cap provient depuis 2008 de la ferme éolienne indépendante de Darling, issue d’un partenariat entre le Central Energy Fund, la Development Bank of South Africa, le gouvernement danois et CoCT. Mais l’extension initialement prévue n’est plus envisagée.
  • [5]
    Accelerate Cape Town, Cape Chamber of Commerce, Cape Higher Education Consortium, Cape Town International Convention Centre, Cape Town Partnership, Cape Town Routes Unlimited – Cape Town Convention Bureau, Cape Town Tourism, City of Cape Town, Desmond Tutu Peace Centre, Fedhasa, International Polar Foundation, Optimal Energy, SANParks – Table Mountain National Park, University of Cape Town (African Centre for Cities and Graduate School of Business), University of Stellenbosch, University of the Western Cape, Wesgro, Sustainable Energy Africa and the Provincial Government of the Western Cape.
  • [6]
    Ce projet, reposant sur un partenariat entre CoCT et le Central Energy Fund, envisageait la création d’une centrale localisée sur le nouveau terminal portuaire du Cap et utilisant du gaz en provenance de Mossel Bay, où le projet Ikhwezi est en cours (extension de la capacité d’une usine de gaz liquéfié).
  • [7]
    Dans la gamme proposée, les prix de vente et d’installation varient de 15 000 à 30 000 rands (3 500 à 8 000 rands dans la gamme basse pression destinée aux citadins pauvres).
Français

Durant la décennie 2000, la municipalité métropolitaine du Cap a élaboré une ambitieuse stratégie de transition énergétique, opérationnalisée par l’Energy and Climate Action Plan adopté en 2010. L’un des éléments de ce plan est le Solar Water Heater Advanced Programme (SWHAP), destiné à équiper des ménages en chauffe-eau solaires. La difficile mise en œuvre de ce programme révèle les limites de l’action métropolitaine. Celles-ci ne résultent pas principalement de problèmes de gouvernance locale et/ou de gouvernance multi niveaux, mais de contraintes et d’enjeux situés à une tout autre échelle que celle de la métropole et enracinés dans l’économie politique de l’Afrique du Sud. L’idée ici défendue est que toute autonomisation d’une politique métropolitaine de transition énergétique est aujourd’hui illusoire en Afrique du Sud.

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Alain Dubresson
Alain Dubresson, géographe, est professeur émérite à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense et membre de l’équipe Mosaïques, LAVUE (UMR 7218). Ses recherches actuelles portent sur les coalitions de croissance et le développement économique local dans les villes d’Afrique du Sud.
Mis en ligne sur Cairn.info le 24/03/2014
https://doi.org/10.3917/flux.093.0043
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