Contrairement à ce qu’affirme le Comité consultatif national d’éthique, les diagnostics génétiques font bien de l’eugénisme, en dépit de l’absence de toute coercition : il s’agit d’améliorer l’espèce humaine. Le refus des naissance différentes porte ainsi atteinte à l’intégrité de l’espèce.
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Dans un avis récent, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’oppose à l’emploi du terme « eugénisme » pour qualifier « les pratiques médicales contemporaines et la médecine du futur ». Pour lui, comme pour nombre de nos contemporains, l’eugénisme correspond nécessairement à une politique d’État et à des pratiques autoritaires. La critique de cet avis nous paraît nécessaire au moment où ce comité influent se montre progressivement favorable à toutes les propositions de la génétique, laquelle est de plus en plus envahissante dans la procréation comme dans la vie quotidienne. De façon formelle et pour la première fois, le CCNE s’inquiète de la qualification négative d’eugénisme pour les pratiques susceptibles de découler de ses préconisations.
Le CCNE rappelle à raison l’ancienneté des politiques eugéniques, mais il omet de remarquer que la science n’a pas été capable de contribuer à l’évolution des pratiques eugéniques depuis l’Antiquité jusqu’au xxe siècle : pendant des millénaires, on ne savait qu’empêcher ou favoriser des unions, et tuer des nouveau-nés. Or des progrès scientifiques et techniques contemporains ont révolutionné la proposition eugénique : la stérilisation des femmes (vers 1900), puis la congélation du sperme et la stimulation ovarienne (vers 1970), l’échographie fœtale et la fécondation in vitro (FIV, vers 1980), le diagnostic préimplantatoire (DPI, 1990) et, récemment, les diagnostics génétiques, le séquençage puis la modification du génome. Ces offres médico-techniques ont fait que l’eugénisme ne passe plus par l’élimination des enfants, une pratique dont la violence exigeait une politique coercitive…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/07/2022
- https://doi.org/10.3917/espri.2207.0097
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