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La confirmation de Brett Kavanaugh comme neuvième juge de la Cour suprême des États-Unis, samedi 6 octobre, est venue clore une séquence politique particulièrement tendue et révélatrice du dérèglement des institutions et des normes démocratiques aux États-Unis.« C’est un vrai cirque », a déclaré Brett Kavanaugh aux sénateurs qui recueillaient son témoignage en réponse aux accusations de harcèlement sexuel formulées quelques jours plus tôt par Christine Blasey Ford. En effet, à observer le déchaînement des passions de part et d’autre pendant tout le temps qu’a duré la procédure de confirmation, il fallait lutter contre une sensation de vertige. Pour les commentateurs « libéraux » dans le sens américain du terme, c’est-à-dire de gauche, Brett Kavanaugh était le type même du mâle blanc privilégié et dominateur que dénonce le mouvement #MeToo ; dans les talk-shows de Fox News et parmi les conservateurs, il était au contraire la victime innocente d’une chasse aux sorcières inspirée par les soutiens de Bill et Hillary Clinton, prêts à tout pour traîner un honnête homme dans la boue. Mais depuis l’élection de Donald Trump il y a deux ans, les séquences hallucinantes se succèdent à un tel rythme qu’on ne sait plus, du spectacle politique permanent ou des émissions de télé-réalité, ce qui est le plus incroyable et affligeant.
À dire vrai, les audiences de confirmation de hauts fonctionnaires devant le Sénat des États-Unis ont toujours tenu pour partie du théâtre. Il s’agit précisément, dans ces entretiens publics qui tournent parfois à l’interrogatoire de police, de dramatise…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 05/11/2018
- https://doi.org/10.3917/espri.1811.0033
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