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Le numérique a ses mythes et sa réalité. La Silicon Valley, eldorado de l’épanouissement individuel, est aussi le lieu de l’argent-roi, de la solitude et de la déshumanisation. D’inspiration libertarienne, elle promeut une économie de l’innovation radicale, autorégulée, défiante des États, et tolère de ce fait des monopoles d’une ampleur inédite. Ses réseaux sociaux permettent aux « africactivistes » de garantir la sincérité des scrutins mais forment aussi l’humus sur lequel prospèrent les fake news et autres « vérités alternatives ». Mais avant tout, la Valley est le cœur d’une économie de plates-formes gigantesques, qui nourrissent, encouragent, contrôlent et exploitent une part croissante de l’activité économique, culturelle et militante de la planète.
Longtemps, les débats sur la révolution numérique ont opposé les États, présumés rigides et conservateurs, et les géants de la Silicon Valley, supposés ouverts et innovants. Mais cette aporie occulte la troisième voie ouverte par les communs numériques : Wikipédia, OpenStreetMap, Open Food Facts, les logiciels libres ou en open source comme Linux, Apache ou MySql existent de fait. Ni privés ni publics, produits et utilisés par des communautés actives de contributeurs qui en garantissent la pérennité et l’accessibilité, ces ressources constituent un pan majeur de l’économie numérique.
Cette voie intermédiaire, bien connue en particulier dans le monde du logiciel libre, est depuis peu inscrite à l’agenda public. La consultation en ligne des citoyens organisée en amont de la loi « pour une République numérique », promulguée le 7 octobre 2016, a ainsi fait émerger la notion d…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 02/05/2017
- https://doi.org/10.3917/espri.1705.0132
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