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Les faux prophètes sont légion. Ce n’est pas nouveau : le cinéma américain ne les a jamais oubliés dans ses terres marquées du sceau biblique, en témoignent Elmer Gantry, le charlatan (1960), de Richard Brooks, ou le Malin de John Huston (1973), adaptation d’une œuvre de Flannery O’Connor. Mais les faux prophètes ne se résument pas à ces religieux en mal de pouvoir, qui épousent le visage de Satan ! Les faux prophètes, menteurs, séducteurs et bonimenteurs ne sont pas toujours des archaïques ; ils sont tout aussi nombreux chez les « modernes », dans l’arène politique ou dans l’univers de plus en plus comploteur et harceleur de la communication.
Mais aujourd’hui, les « vrais » prophètes sont bien rares : notre monde a renoncé aussi à la mise à l’épreuve de son histoire, sans laquelle le message prophétique perd son sens et ne peut être entendu. Ce renoncement accompagne une époque où le rapport au « lendemain » alterne brutalement entre le prévisible et l’imprévisible, où se succèdent « prophéties auto-réalisatrices » (une croyance/slogan qui fait l’affaire des marchés) et accidents universels. D’où le sentiment de catastrophe finale qui se répand. Ce n’est pas un hasard si Donald Trump, ce personnage inattendu, est considéré comme « imprévisible ».
Entre la prophétie auto-réalisatrice des marchés et l’imprévisibilité, n’y a-t-il pas à entendre à nouveau les prophètes que la tradition biblique a mis en scène depuis des siècles, ou ceux que la vie politique du xixe siècle a qualifiés de prophètes en France et en Europe, ceux qui voulaient inventer une nouvelle religion de l’humanité et valorisaient u…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/01/2017
- https://doi.org/10.3917/espri.1701.0086
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