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Il y a dix ans, le philosophe et ancien dissident hongrois Gáspár Miklós Tamás observait que les Lumières, terreau intellectuel de l’idée d’Union européenne, exigent la citoyenneté universelle. Mais alors, de deux choses l’une : soit les pays pauvres qui fonctionnent mal deviennent des États où il n’est pas indigne d’être un citoyen, soit l’Europe ouvre ses frontières à tous. Ni l’une ni l’autre n’est près d’arriver. Aujourd’hui, le monde est rempli d’États défaillants dont personne ne souhaite être citoyen, l’Europe n’a pas la capacité de laisser ses frontières ouvertes, et ses électeurs ne se mettront jamais d’accord pour le faire. Le véritable débat en Europe ne concerne donc pas la question de savoir si l’Union européenne doit rendre ses frontières plus difficiles à franchir – il est clair qu’elle doit le faire ; le désaccord porte sur la question de savoir si nous devons nous sentir moralement justifiés à le faire et comment nous devons aider les personnes les plus vulnérables du monde.
En 1981, quand des chercheurs de l’université du Michigan ont mené leur premier sondage sur les valeurs mondiales, ils ont été surpris de constater que le bonheur des nations n’était pas déterminé par le confort matériel. À cette époque, les Nigérians étaient aussi heureux que les Allemands de l’Ouest. Mais trente-cinq ans plus tard, la situation a changé. Selon les derniers sondages, les gens sont, presque partout, aussi heureux que leur Pib permet de l’anticiper. Entre-temps, les Nigérians ont acquis des écrans de télévision et la diffusion d’Internet a permis aux jeunes Africains ou aux jeunes Afghans de voir comment les Européens vivent et à quoi leurs écoles et leurs hôpitaux ressemblent…
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Ce texte est paru en anglais dans Iwmpost, no 117, printemps-été 2016.
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/01/2017
- https://doi.org/10.3917/espri.1701.0119
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