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Jeremy Corbyn a été élu à la tête du Labour avec une large majorité. En début de campagne, personne ne donnait pourtant cher de sa peau. La plupart des parlementaires qui lui ont accordé leur parrainage ne l’ont fait que pour garantir un débat équitable et à la dernière minute : Corbyn était l’agneau qu’on allait sacrifier sur la gauche du parti. Comment peut-on expliquer une victoire qui a surpris tout le monde par son ampleur et sa rapidité ?
Les caciques du parti ont d’abord été pris de court par le tout nouveau système électoral au sein du Labour : mis en place pour minorer l’influence du vote des syndicats, il a rendu possible l’adhésion massive de jeunes sympathisants, éprouvés par la précarité de l’emploi, les difficultés de logement et la hausse des frais de scolarité, ainsi que le retour au parti d’anciens encartés pacifistes qui avaient fait défection au moment de l’engagement militaire britannique en Irak. Ces nouveaux venus ont voté presque à l’unanimité pour Corbyn, alors que seule une infime minorité des élus parlementaires, pour la plupart héritiers du New Labour, l’ont fait. L’ancien Premier ministre Tony Blair, artisan de trois victoires électorales, considère que les principes de son successeur sont inconciliables avec l’exercice du pouvoir. Il avertissait les sympathisants de Corbyn pendant la campagne : « Si votre cœur penche pour lui, demandez à ce qu’on vous en greffe un nouveau ! » Si l’héritage du New Labour et de la troisième voie a subi un cinglant désaveu pendant la campagne, Corbyn a affirmé depuis son élection qu’il voulait malgré tout garantir l’unité de son parti en favorisant un débat libre et ouvert…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/12/2015
- https://doi.org/10.3917/espri.1512.0127
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