Article
La mobilisation en Turquie autour de la place Taksim a eu comme point de départ la contestation d’un projet d’aménagement urbain autour du parc Gezi. Comment expliquer qu’un mouvement de protestation urbaine ait pris autant d’ampleur, au-delà même de la ville d’Istanbul ?
Depuis quelques années, le Premier ministre turc, Tayyip Erdo?an, se présente comme l’autorité morale suprême. Par exemple, son gouvernement limite la vente d’alcool après 22 heures et interdit toute publicité portant sur les boissons alcoolisées. On peut s’interroger sur la nécessité d’une telle régulation, sous couvert d’une politique de santé publique, dans un pays où la consommation d’alcool pur par habitant est six fois plus faible qu’en France. Mais ce sont surtout les propos avilissants du Premier ministre contre les personnes consommant de l’alcool qui ont suscité des réactions. Il en va de même pour des œuvres d’art qui ne sont pas à son goût, le nombre d’enfants que les familles doivent avoir, la décence dans les transports publics ou dans les modes vestimentaires… À cela s’ajoute la volonté d’Erdo?an de tout contrôler, de décider de tout, même des affaires qui relèvent d’une municipalité de quartier. D’où un vrai ras-le-bol devant ses interventions autoritaires et moralisatrices.
À ce ras-le-bol s’ajoutent, dans le cas d’Istanbul, les tensions, les frustrations et les inquiétudes engendrées par d’incessants projets d’aménagement urbain aux allures pharaoniques personnellement menés par le Premier ministre, qui se voit et se comporte toujours comme le maire d’Istanbul…
Auteurs
html et pdf (par article) Ajouter au panier
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/08/2013
- https://doi.org/10.3917/espri.1308.0202
![Chargement](./static/images/loading.gif)
Veuillez patienter...