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Pendant l’élection présidentielle, la crise a été à la fois absente et omniprésente. Absente, parce que de nombreux commentateurs, en particulier étrangers, ont accusé les candidats de ne pas aborder les « vrais sujets », de s’enfermer dans des polémiques futiles alors que la situation était grave ; omniprésente, car les citoyens, dans les multiples sondages et entretiens auxquels ils ont été soumis, ont souvent fait part de leur résignation, d’une sorte de fatalisme revenant à dire : « De toute manière, avec la crise, le prochain président, quel qu’il soit, n’aura que peu de marges de manœuvre. »Alors, la crise, partout ou nulle part ? Ce n’est pas le moindre de ses paradoxes que d’être les deux à la fois. On la sent sans pouvoir l’assigner, on la perçoit sans la voir vraiment, si l’on n’en est pas directement victime. Qu’est-ce que cette crise, qui enveloppe le monde – surtout occidental – depuis 2008 ? Quelle en est la figure emblématique ? Est-ce le trader, l’ouvrier licencié pour cause de délocalisation, l’indigné sous sa tente avec son masque blanc des Anonymes, le politique contraint à la démission par les marchés ?Alors qu’elle est partout dans l’espace politique, économique, journalistique, cette crise semble n’avoir pas conquis notre imaginaire. Les artistes s’en seraient-ils détournés ? Contrairement, par exemple, à la Grande Dépression, qui évoque immédiatement les visages émaciés des fermiers américains (voir mon article), celle que nous traversons aujourd’hui n’a pas été saisie à bras-le-corps par les artistes, et ne fait pas l’objet de représentations emblématiques…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/09/2012
- https://doi.org/10.3917/espri.1206.0019
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